Château de Grignon
Construit au XVIIe siècle, le château de Grignon est situé dans la commune française de Thiverval-Grignon, dans le département des Yvelines. Il est actuellement la propriété d'AgroParisTech.
Château de Grignon | |
Début construction | XVIIe siècle |
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Protection | Inscrit MH (1941) |
Coordonnées | 48° 50′ 52″ nord, 1° 56′ 23″ est |
Pays | France |
RĂ©gion | ĂŽle-de-France |
DĂ©partement | Yvelines |
Commune | Thiverval-Grignon |
Histoire
Période pré-révolutionnaire
Pomponne de Bellièvre (1529-1607), président à mortier du Parlement de Paris puis chancelier de France jusqu'à sa mort, achète le domaine à Diane de Poitiers en 1582, ainsi que le domaine de Buc. À cette époque, un manoir s’élève sur le fief de Buc depuis le XIIe siècle. Au XVIIe siècle (en 1636[1]) et pendant la Renaissance française (du couronnement de Louis XIII en 1610 jusqu'en 1684), son fils Nicolas de Bellièvre (1583-1650), seigneur de Neauphle, fait construire le château de Grignon actuel, et réussit à faire ériger Grignon en marquisat en 1651[2].
En 1674, le domaine de Grignon est agrandi par un échange de terres avec l’église de Thiverval et la clôture. Une partie des maisons de Thiverval sont sacrifiées et ce village est déplacé vers l’ouest[2].
Le , Pierre de Bellièvre vend à André Potier, chevalier, seigneur de Novion, conseiller au Parlement, le marquisat de Grignon et la seigneurie de Saint-Germain-de-la-Grange[3].
Période post-révolutionnaire
À la Révolution française, après la dernière marquise de Grignon, Madame de Brassac, le domaine devient la propriété de Monsieur Auguie dont la fille épouse le maréchal Ney en 1802. Le mariage est célébré à Thiverval dans la maison du maire (appelé par la suite le château de Thiverval).
L'École nationale d'agriculture puis d'agronomie
Le futur maréchal Bessières d'Istries lui ayant acheté le château, le parc, les terres et les fermes de Grignon en 1809, sa veuve les met en vente en 1826. L'adjudication a lieu en faveur de Charles X qui en fait l'Institution royale agronomique de Grignon.
Cette école d'agriculture de Grignon changera plusieurs fois d'appellation : elle devient l'École impériale d'agriculture en 1852, l'École nationale d'agriculture en 1870, l'École nationale supérieure d'agronomie de Grignon, en 1960, puis l'Institut national agronomique Paris-Grignon en 1971. C'est aujourd'hui AgroParisTech, ce qui en fait la plus ancienne des écoles françaises d'agriculture et d'agronomie.
Les élèves y passent la première année de leur scolarité à l'école, et sont logés dans des résidences voisines du château. Des laboratoires de recherche sont également installés sur le site (laboratoires du centre INRA de Versailles-Grignon ou laboratoires associés comme celui de Terres Inovia) ainsi que des administrations de l'INRA.
Perspectives à la suite du déménagement de l'école
L'implantation de l'école sur le plateau de Saclay étant prévue pour 2021, il était envisagé de vendre le château pour en faire le centre d'entraînement du PSG, ce qui occasionna des contestations[4] - [5]. Le club décide finalement en de retenir le site de Poissy, avec qui Grignon était en compétition[6].
L'Association Patrimoine AgroParisTech-Grignon 2000, reconnue d'intérêt général, et créée en 1999 par des anciens élèves, des enseignants-chercheurs de l'AgroParisTech et des amis de Grignon, souhaite en faire un campus international de rencontres, de débats, de recherche consacré à l'agriculture, l’alimentation et l'environnement, qui soit un lieu original de médiation, de formation et d'innovation[7].
Dans la nuit du 15 au 16 mars 2021, certains étudiants de première année de l'école d'ingénieurs AgroParisTech, soutenus par leurs aînés ainsi que par une large partie de la communauté de travail d'AgroParisTech et de l'INRAe initient un blocage du site, pour s'opposer au processus de vente. Ils invoquent l'absence d'écoute par l'État de la communauté AgroParisTech, qui n'a cessé d'exprimer ses inquiétudes sur le devenir du site, et relèvent le manque de visibilité quant aux compétences du jury chargé du processus de vente, mais aussi la remise en question des critères de rachat présents dans l'appel d'offre ainsi que leur pondération. Le mouvement, historique au sein de l'école, est alors exceptionnel et surprend l'administration de l'école tant par son organisation que sa coordination[8].
En novembre 2021, le processus de vente du domaine au promoteur immobilier Altarea, qui avait été choisi en août[9], est suspendu par l'État ; une nouvelle procédure doit être lancée au second semestre 2022[10] - [11].
En juin 2022, l'État met en vente aux enchères du mobilier provenant du château, dans des conditions controversées[12] - [13], qui amènent le procureur général près la Cour des comptes à ouvrir une instruction contentieuse[14].
En novembre 2022, il est confié à l'association Emmaüs France, qui y héberge deux-cents migrants[15] - [16].
Architecture et jardins
Situé au cœur d'un parc de 300 hectares (dont 130 de terres agricoles et 130 de bois[10]) clos par un long mur, le château construit en U dans le style Louis XIII (parement de briques et de pierres) est entouré de nombreux autres bâtiments composés d'anciens communs et d'installations plus récentes à vocation scientifique datant du XIXe siècle, puis du XXe siècle et du début de ce siècle.
Tout cet ensemble intra muros est classé par les Monuments historiques et donc protégé.
Le château de Grignon est inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du [17].
Notes et références
- « Le Domaine de Grignon », sur Club géologique Île-de-France (consulté le ).
- « Un peu d'histoire », dans « Découvrir Thiverval-Grignon », sur thiverval-grignon.com (consulté le ).
- Histoire de Saint-Germain-de-la-Grange, situation historique, page 3.
- « L’arrivée possible du PSG met en émoi un petit village des Yvelines », sur lemonde.fr.
- Mathias Destal, « La curieuse tambouille du gouvernement pour se débarrasser du domaine de Grignon », marianne.net, 4 août 2016.
- « Le PSG va déménager à Poissy » lequipe.fr, 12 juillet 2016.
- Annabelle Grelier, « Le domaine de Grignon veut devenir un phare de la transition de l’agriculture et de l’alimentation », France Culture,‎ (lire en ligne, consulté le )
- Par Jeanne Cassard Le 23 mars 2021 à 10h14, « Contre la privatisation de Grignon, «Les étudiants ont osé, on n’a pas réussi, nous, à mobiliser autant» », sur leparisien.fr, (consulté le ).
- acserb78, « ALTARÉA, les châteaux de Grignon et de Pontchartrain, la Surintendance des Bâtiments de Versailles », sur Association ACSERB, (consulté le )
- « L’Etat renonce à vendre le domaine de Grignon au promoteur Altarea Cogedim », Le Monde avec AFP, 15 novembre 2021.
- Par Jeanne Cassard Le 5 novembre 2021 à 14h53, « Vente du domaine de Grignon par l’État : l’opération fiscale qui «fausse le prix de vente» au bénéfice du promoteur », sur leparisien.fr, (consulté le )
- Didier Rykner, « L'État brade du mobilier précieux du château de Grignon », sur La Tribune de l'Art, (consulté le ).
- « À saisir, fauteuil Louis XVI à prix cassé : à Grignon, l’État brade son patrimoine », sur Télérama, (consulté le )
- « Vente des meubles du château de Grignon : un réquisitoire d'initiative pris par le Procureur général près la Cour des comptes » , sur Cour des comptes, (consulté le )
- Par Mehdi Gherdane Le 17 décembre 2022 à 18h20, « Yvelines : 200 migrants sont hébergées au château de Thiverval-Grignon », sur leparisien.fr, (consulté le ).
- « Le château de Grignon, désaffecté, va accueillir des sans-abri pour l'hiver », sur LEFIGARO, (consulté le ).
- « Notice n°PA00087653 », sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
Voir aussi
Bibliographie
- Lucien Brétignière et L. Risch, Histoire de Grignon, Châteauroux, Impr. de Langlois, (BNF 34117392, lire en ligne), « Grignon depuis les origines jusqu'à la fondation de l'école », p. 1-100