Château de Commarque
Le château de Commarque[1] est un ancien château fort, dont l'origine remonte au XIIe siècle, qui se dresse sur la commune française des Eyzies dans le département de la Dordogne, en région Nouvelle-Aquitaine. Le site castral regroupe, à l'intérieur d'une enceinte, un château, une chapelle et des maisons nobles. La grotte de Commarque se trouve en dessous, à l'aplomb du donjon.
Type | |
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Fondation |
XIIe siècle |
Patrimonialité |
Classé MH () |
Site web |
Localisation |
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Coordonnées |
44° 56′ 30″ N, 1° 06′ 07″ E |
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Localisation
Le château de Commarque, édifié sur un éperon rocheux surplombant le petit vallon de la Beune, qui creuse le plateau du Périgord noir entre la Dordogne et la Vézère[2], se dresse entre Sarlat et Les Eyzies, dans le département français de la Dordogne.
Il fait face au château de Laussel, situé sur l'autre rive de la Beune, occupé au Moyen Âge par les Anglais.
L'accès au château s'effectue par un chemin empierré, puis par un sentier d'environ 600 m à travers bois. Cet accès est si peu aisé d'accès qu'on lui donne le nom de « Forteresse oubliée ».
Étymologie
Commarque est un nom de famille existant également ailleurs, parfois écrit Comarque ; un château dans le département de Lot-et-Garonne, par exemple. Ce nom est sans doute à rattacher au latin cōmarchus, maire dans un bourg. Par ailleurs, le radical est marca et il désigne un fief en limite ou limitrophe, une « marche » en français, territoire qui est commis à la garde d'un « marquis ».
La devise des Commarque « Cum Arcâ », (cum arcam) et qu'on traduit « avec l'arche d'alliance » se lit sous des armoiries parlantes (sorte de rébus), mais ne constituent pas l'origine du nom.
Histoire
Fondé au cours du XIIe siècle, ou avant, sur la demande des abbés de Sarlat, le château de Commarque, qui n’est alors qu’une simple tour de bois, doit à l'origine assurer la sécurité de la vallée qui voit le croisement de deux routes commerciales importantes de la région : la route de Périgueux à Cahors et celle de Brive à Bergerac. Au XIIe siècle il existe une agglomération, un donjon avec un logis, une chapelle indépendante[3] et des maisons-tours : c'est le castrum de Commarque semi-troglodytique.
Progressivement, après que la famille de Beynac s'est rendue maîtresse du château, la tour en bois est remplacée par un donjon en pierre plusieurs fois rehaussé, en particulier en 1380, et couronné de mâchicoulis[4]. Ainsi, les seigneurs du lieu, les Beynac, logeaient dans le donjon seigneurial.
Plusieurs autres tours sont ensuite construites, accompagnées à chaque fois d'un logis. Les maisons-tours sont tenues par des lignages de petite noblesse dont quelques noms sont connus : les Commarque, les Cendrieux, les Gondrix, les La Chapelle, etc. Chaque maison-tour est constituée d’un enclos, d'accès propres et de fossés.
Pendant la guerre de Cent Ans, les Beynac restent les défenseurs fidèles de la couronne de France. Les Anglais s'emparent néanmoins du château en 1406[5] et le conservent pendant quelques années. Le déclin de la famille de Beynac date de cette époque. Dans les années 1500, il semble que le castrum soit déjà déserté par les anciennes familles résidentes. Plus tard, en 1569, le castrum est à nouveau pris pendant les guerres de Religion par les catholiques. C'est sans doute à cette époque que s'est effondrée la salle voûtée.
Guy de Beynac, dernier châtelain de Commarque, y meurt en 1656. Le site est abandonné définitivement au XVIIIe siècle. Un siècle plus tard, le château est en ruine.
En , l'abbé Henri Breuil découvre la grotte préhistorique de Commarque dans la falaise qui soutient le château. Elle renferme 150 dessins gravés par l'homme il y a 15 000 ans, au Magdalénien. La grotte est classée au titre des monuments historiques en 1924[6].
Avant la Première Guerre mondiale, un gentilhomme germanique rachète le château et s'en sert de carrière de pierres pour construire les ailes néogothiques de son château, situé près de Sarlat[6].
En 1968, Hubert de Commarque, descendant de la famille originelle, achète les ruines du château. Le site est, à l'époque, entièrement recouvert par la végétation. Il entreprend de consolider les parties les plus abîmées. Depuis 1994 se succèdent des campagnes de consolidation et de restauration.
Le castrum a fait l'objet dans les années 1990 d'une étude approfondie, par Gilles Séraphin, et dans les années 2000 par le bureau Hadès. Les relevés du bâti ont mis en évidence les nombreuses reprises de maçonnerie, s'échelonnant du XIIe au XVIIe siècle[7].
En 2023, la propriétaire est Aude de Commarque dont les parents ont racheté le château au cours du XXe siècle.
Description
Campé sur un roc à flanc de coteau, le château est naturellement défendu sur les côtés nord et est par un ravin. Sur les autres cotés, un fossé profond a été taillé dans le rocher ; les tours et donjon y ont été installés afin d'en interdire l'accès.
La forteresse proprement dite est située à la pointe du rocher, formant un quadrilatère et comprenant un double donjon, un corps de logis et une grande salle et sa petite tour d’escalier ronde. Isolé du reste du site par de profonds fossés taillés dans le rocher, il était accessible par la barbacane du XIIIe siècle et le ravelin du XIVe siècle.
Sous sa protection on a construit, à flanc de coteau, de riches logis. Côté plateau, un fossé et une basse-cour protègent ses abords[2].
Côté vallon, le castrum était défendu par un ouvrage consistant en une enceinte de courtine avec une grosse tour près de la porte. Au-dessus de la porte se trouve la chapelle.
À l'extérieur du castrum, dans la falaise située sous le château, se trouvent deux cluzeaux : habitations creusées et aménagées dans la falaise qui servaient de refuge contre les envahisseurs. À l’intérieur cohabitaient hommes et animaux comme le montrent l'étable et la bergerie creusées à côté des salles d'habitation.
Galerie
- Le château vu depuis la basse-cour.
- Tour d'escalier.
- La fenĂŞtre Ă colonnettes du donjon roman.
- Le château de Laussel vu depuis le donjon.
- La chapelle Saint-Jean dont le milieu s'est effondré et la maison du four.
- La maison tour Ă contreforts et la maison au four.
- Logis des Commarque et Ă gauche les vestiges de la tour des Escars.
- Le grand Cluzeau de Commarque.
Protection
Le château de Commarque est classé monument historique par arrêté du [8].
Visite
Le château est ouvert au public depuis l'an 2000. Afin de financer la restauration, des activités ludiques, des concerts, des animations médiévales ou encore des séminaires y sont organisés[6], ainsi que des expositions d'artistes.
Le château dans la littérature et l'art
En littérature
L'écrivain Robert Merle, qui a longtemps passé ses vacances dans sa résidence secondaire dans le village tout proche de Marquay, s'inspire partiellement de ce site pour divers lieux figurant dans certains de ses romans : ainsi Malevil, décrivant la survie d'un petit groupe humain dans le Périgord après la bombe A[9] (la rivière Beune devient les Rhunes) et toute la série des romans historiques Fortune de France qui décrit la résistance d'un groupe de huguenots lors des guerres de Religion.
Lieu de tournages
En 1977, Ridley Scott a tourné le duel final du film Les Duellistes[6] - [10] - [11] au sein des ruines, ainsi que certaines scènes au pied du château, dans la vallée de la Grande Beune.
D'autres productions cinématographiques ou télévisuelles ont utilisé le château comme lieu de tournage :
- en 1985, 831, Voyage incertain, de Jean-Louis Lignerat[12] ;
- en 1989, Les Bois noirs de Jacques Deray[11] ;
- en 1990, Les Enfants de Lascaux de Maurice Bunio[11] ;
- en 1997, À tout jamais, une histoire de Cendrillon de Andy Tennant[11] ;
- en 2009, Cartouche, le brigand magnifique téléfilm d'Henri Helman[13] - [11] ;
- en 2012, un épisode de la série chinoise Fleurs et Brume, réalisé par Ding Yang Guo[13] ;
- en 2017, la scène d'ouverture du téléfilm Meurtres à Sarlat de Delphine Lemoine[11].
Début , des scènes de la mini-série Sauver Lisa (adaptation de la série japonaise Mother) sont tournées à Commarque sous la direction de Yann Samuell[14].
Notes et références
- Gilles Séraphin, Le castrum de Comarque, p. 161-193, dans Congrès archéologique de France. 156e session. Monuments en Périgord. 1999 - Société Française d'Archéologie - Paris - 1999.
- André Châtelain, L'évolution des châteaux forts dans la France au Moyen Âge, Éditions Publitotal, , 319 p. (ASIN B004Z1ACJ4), p. 36.
- Nicolas Mengus, Châteaux forts au Moyen Âge, Rennes, Éditions Ouest-France, , 283 p. (ISBN 978-2-7373-8461-5), p. 251.
- André Châtelain, Châteaux forts - Images de pierre des guerres médiévales, Paris, Rempart, 2003, (ISBN 2-904-365-001), p. 50.
- Prise de Commarque par Archambaud d'Abzac, dans Le Chroniqueur du PĂ©rigord et du Limousin, 1854, p. 182 (lire en ligne).
- Ghislain de Montalembert, « Château de Commarque. Les 12 travaux d'Hubert », Le Figaro Magazine, semaine du , p. 58-66.
- Christian Rémy, « Les multiples facettes du château », Dossiers d'archéologie, no 404,‎ , p. 11 (ISSN 1141-7137).
- « Château de Commarque », sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- [Delluc et al. 1981] Brigitte Delluc, Gilles Delluc, Jean Chaline, Jacques Evin, B. Galinat, André Leroi-Gourhan, Cécile Mourer-Chauviré, Thérèze Poulain et F. Schweingruber, « La grotte ornée de Comarque à Sireuil (Dordogne) », Gallia préhistoire, t. 24, no 1,‎ , p. 1, note 1 (DOI 10.3406/galip.1981.1666, lire en ligne [sur persee]).
- Les Duellistes sur le site L2TC.com, consulté le 9 novembre 2020.
- Franck Delage, « Quand Commarque fait son cinéma », Sud Ouest édition Dordogne, , p. 22.
- Jean-Luc Aubarbier, Michel Binet et Guy Mandon, Nouveau guide du PĂ©rigord-Quercy, p. 411-412, Ouest-France, 1987, ( (ISBN 2-85882-842-3)).
- Les films tournés en Dordogne (archive), Dordogne cinéma, consulté le .
- Franck Delage, « Une série dans le château », Sud Ouest édition Dordogne, , p. 22.
Voir aussi
Bibliographie
- Anatole de Rouméjoux, « Notice sur le château de Comarque », dans Bulletin monumental, 1861, p. 512-522 (lire en ligne)
- Guy du Chazaud, Commarque en PĂ©rigord, Les Eyzies de Tayac-Sireuil, Les Nouvelles Ă©ditions Latines, Paris, 1986 (ISBN 2-7233-0312-8) ; p. 30
- Guy Penaud, Dictionnaire des châteaux du Périgord, p. 87-88, Éditions Sud Ouest, Bordeaux, 1996 (ISBN 2-87901-221-X)
- Gilles Séraphin, « Le castrum de Comarque », dans Congrès archéologique de France. 156e session. Périgord. 1998, Paris, Société française d'archéologie, (lire en ligne), p. 161-194
- Jacques Lagrange, Dominique Audrerie, Pierre Pommarède, Le Périgord des Mille et Un châteaux, p. 243-246, Pilote 24 édition, Périgueux, 2005 (ISBN 2-912347-51-3)
Articles connexes
Liens externes
- Site officiel
- Ressource relative Ă l'architecture :
- Société archéologique du Midi, Pierre Garrigou Grandchamp, Inventaire des édifices domestiques romans et gothiques des XIIe, XIIIe et XIVe siècles dans le Périgord, août 2000
- (fr) Richesheures.net, article et photos sur le château de Commarque