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Malevil

Malevil est un roman de science-fiction post-apocalyptique de l'écrivain français Robert Merle, paru en 1972.

Malevil
Auteur Robert Merle
Pays Drapeau de la France France
Genre Roman de science-fiction
Éditeur Éditions Gallimard
Collection Blanche
Date de parution 1972
Nombre de pages 541

Thème

La situation de départ (la destruction de la civilisation humaine par une explosion d'origine inconnue mais probablement atomique[1]) rejoint le thème post-apocalyptique, alors très populaire en science-fiction. Le roman raconte comment un groupe de survivants miraculés relève le défi de la reconstruction d'une société humaine dans des conditions archaïques[1].

De nombreux thèmes sont abordés dans ce roman : la religion, la politique, la place des femmes dans la société, le monde rural, le rôle du chef, certes sous l'angle d'une mini-communauté mais qui renvoient à notre société.

Résumé

À la suite d'une explosion, probablement nucléaire[1], qui a selon toute vraisemblance ravagé la Terre entière le dimanche de Pâques, en 1977, Emmanuel Comte et ses six compagnons (La Menou, Momo, Peyssou, Meyssonnier, Colin et Thomas) font du château de Malevil, dont la profonde cave leur a permis de survivre, la base de départ de leurs efforts de reconstruction de la civilisation, qui passera également par l'affrontement avec d'autres groupes de survivants, que ce soient des bandes errantes ou des groupes structurés nomades ou sédentaires.

Les premières questions font état de l'absence de femmes dans cette région, ce qui pose des problèmes quant à leur renouvellement de génération. L'arrivée de quelques femmes permet de lever cette inquiétude, tout en posant la question de la place de la femme dans leur nouvelle société, et également celle des unions et leur validité face à la situation.

La narration est principalement l'œuvre du héros principal, Emmanuel Comte, mais fait également figurer les notes de Thomas qui soit complètent, soit donnent une autre vision de scènes racontées précédemment par Emmanuel.

Personnages

  • Emmanuel : continuant le rĂŞve de son oncle dĂ©funt, achète avec l'hĂ©ritage, le château Malevil et le restaure. Il Ă©levait des chevaux avant la catastrophe, et avait des vues sur la mairie de Malejac. DĂ©terminĂ© et charismatique, il s'impose rapidement comme chef de la communautĂ© des survivants de Malevil, prenant le commandement lors des opĂ©rations militaires puis en Ă©tant Ă©lu abbĂ© de Malevil. Peu portĂ© sur la religion, il accepte nĂ©anmoins de l'introduire Ă  Malevil afin de garantir la cohĂ©sion de la communautĂ© et surtout pour contrer le faux prĂŞtre Fulbert qui prĂ©tend rĂ©genter Malevil en s'autoproclamant Ă©vĂŞque. Manipulateur mais non tyrannique, il dĂ©cide de tout en consensus avec le reste des survivants, n'usant de son autoritĂ© que lorsque la situation l'exige. Il meurt Ă  la fin du livre, d'une crise d'appendicite non opĂ©rĂ©e. Il est le narrateur de l'histoire, Ă©crivant Ă  la première personne comme dans un journal.
  • La Menou : vieille femme frĂŞle mais pleine de caractère, elle s'exprime le plus souvent en patois. LiĂ©e Ă  Malevil, elle servit l'oncle, puis Emmanuel. Après la catastrophe, elle s'occupe de la cuisine et des vaches. Elle aime les jeunes hommes virils, dont elle apprĂ©cie surtout la force de travail et a une attitude revĂŞche avec les femmes, surtout celles qui lui paraissent des bouches inutiles. Elle a un fils, Momo. Elle ne survit pas longtemps Ă  la mort d'Emmanuel.
  • Momo : fils de la Menou et attardĂ© mental, il a des difficultĂ©s Ă  s'exprimer et garde un esprit enfantin. Il dĂ©teste se laver et adore les chevaux. C'est le premier mort de la communautĂ©, tuĂ© d'un coup de fourche par un pillard lors de la première attaque de Malevil.
  • Peyssou : ami d'enfance d'Emmanuel, il faisait partie du Cercle. Grand et fort, il est affectĂ© aux tâches les plus dures : labour, construction d'un mur…
  • Meyssonnier : Ă©galement membre du Cercle, c'est aussi un ami d'enfance d'Emmanuel. Il a la particularitĂ© d'ĂŞtre communiste, ce qui provoque quelques frictions lorsque les questions religieuses ou politiques font surface. Après la dĂ©faite de Vilmain et de Fulbert, et Ă  la demande d'Emmanuel, il quitte Malevil pour diriger la communautĂ© de La Roque qui l'a choisi comme maire.
  • Colin : quatrième membre du Cercle, il est petit, susceptible mais plein d'astuce. Le regard brillant et le sourire en coin, il se distingue par son habiletĂ© Ă  manier l'arc et son rĂ´le majeur dans la bataille finale contre Vilmain. Il devient le chef de Malevil après la mort d'Emmanuel mais devient tyrannique et finit par se faire tuer lors d'une attaque de pillards en s'exposant inconsidĂ©rĂ©ment pour regagner l'estime de ses compagnons.
  • Thomas : gĂ©ologue, il travaillait Ă  une thèse sur les roches de la rĂ©gion lors de la catastrophe et Ă©tait logĂ© au château. Ă‚gĂ© de 25 ans au moment de celle-ci (donc le plus jeune des survivants de Malevil), il intègre la communautĂ© petit Ă  petit. Mais il se sent souvent Ă©cartĂ©, ne maĂ®trisant pas le patois et Ă©tant athĂ©e. Il intervient dans le roman en annotant le journal d'Emmanuel afin d'apporter une autre vision de certains Ă©vĂ©nements, et en y ajoutant des Ă©vĂ©nements postĂ©rieurs Ă  la mort d'Emmanuel. Ă€ la mort de Colin, il devient chef de Malevil et Ă©vĂŞque de La Roque et poursuit l'Ĺ“uvre d'Emmanuel.
  • Évelyne : orpheline de La Roque, asthmatique, Évelyne est prise en charge par Emmanuel qui noue avec elle des relations ambiguĂ«s mais platoniques. Ă‚gĂ©e de 14 ans, elle finit par obĂ©ir au doigt et Ă  l'Ĺ“il au chef de Malevil. Elle se suicide d'un coup de poignard lorsque celui-ci meurt.
  • Miette : jeune fille muette, elle est trouvĂ©e Ă  l’Étang après l'assaut donnĂ© contre celui-ci. Première femme en âge de procrĂ©er de Malevil, elle distribue Ă©quitablement ses charmes Ă  chacun en suivant l'ordre des places Ă  table.
  • Jacquet : fils d'un premier mariage du beau-père de Miette et de Catie, il est fait prisonnier lors de l'attaque de l’Étang mais semble heureux d'intĂ©grer Malevil. Jeune homme vigoureux et simple, il est toujours prĂŞt Ă  donner un coup de main.
  • Catie : sĹ“ur de Miette, elle Ă©tait placĂ©e Ă  La Roque au moment de la catastrophe. Elle rejoint Malevil lorsque Thomas tombe amoureux d'elle de la première visite des Malevilais Ă  La Roque. Ils se marient, cependant Catie, infidèle mais franche, sĂ©duit Ă©galement les autres hommes de Malevil.
  • La Falvine : grand-mère de Miette et Catie, et petite cousine de La Menou (qu'elle ne connaissait cependant pas avant « le jour de l'Ă©vĂ©nement »), elle est tout son opposĂ© : corpulente et parlant sans arrĂŞt, mĂŞme toute seule, elle subit les rĂ©primandes et moqueries de la Menou. Elle rejoint la communautĂ© après la prise de l’Étang.
  • Fulbert : faux prĂŞtre, il dirige La Roque d'une main de fer, utilisant la religion, en particulier la pratique de la confession, pour asseoir sa tyrannie. Lors de l'attaque de Vilmain, il se rallie Ă  lui, ce qui lui aliène ses derniers soutiens. Il finit lynchĂ© par la population après un procès intentĂ© contre Emmanuel.
  • Armand : homme de main de Fulbert. Il meurt poignardĂ© dans le dos par un habitant dont il a tentĂ© de violer la femme.
  • Vilmain : comptable se faisant passer pour un ancien para, il est le chef d'une bande de pillards de dix-sept hommes particulièrement bien armĂ©e et dangereuse. Il possède des fusils et un bazooka. Il envahit La Roque et le hameau de Courcejac, avant de s'attaquer Ă  Malevil. Il est tuĂ© par un de ses hommes qui a dĂ©sertĂ© sa bande pour rejoindre Malevil dans la première phase du combat. Son Ă©quipe Ă©tant surtout constituĂ©e d'hommes recrutĂ©s sous la contrainte, les survivants n'ont aucun scrupule Ă  se rallier Ă  son vainqueur.

Lieux

L'action se situe dans le Périgord, où vit l'auteur. Les lieux cités font étrangement penser à des lieux existants. Ainsi Malevil serait partiellement inspiré du site de Commarques (sa grotte, son abri troglodyte et son château)[2], tandis que le village de la Roque serait partiellement inspiré de la Roque Saint-Christophe, forteresse troglodyte voisine du château de Commarque.

  • Malevil : château datant du Moyen Ă‚ge, il est fortifiĂ© et possède de multiples protections. Une double enceinte permet un repli stratĂ©gique en cas d'invasion. Un pont-levis encore en Ă©tat de fonctionnement assure la possibilitĂ© de retranchement. On y trouve Ă©galement un donjon, une grotte servant d'Ă©curie pour les bĂŞtes malades, une cave Ă  vin. S'il a pu ĂŞtre partiellement Ă©pargnĂ© par l'explosion atomique, c'est en raison de sa situation particulière : il est adossĂ© Ă  une falaise qui le protège. Le terrain situĂ© Ă  proximitĂ© est Ă©galement très grand et très fertile.
  • La Roque : situĂ© Ă  une dizaine de kilomètres de Malevil, La Roque est un village qui a rĂ©sistĂ© Ă  la catastrophe. Abritant une vingtaine de survivants, il est dirigĂ© de manière tyrannique par Fulbert qui s'appuie sur une fausse condition de prĂŞtre et sur la peur provoquĂ©e par son homme de main, Armand, pour imposer son pouvoir. La Roque, après avoir Ă©tĂ© prise par les pillards menĂ©s par Vilmain, est finalement dĂ©livrĂ©e par la communautĂ© de Malevil. Meyssonnier y est Ă©lu maire, après y avoir Ă©tĂ© poussĂ© par Emmanuel qui veut garder un contact fort avec La Roque. Le modèle de La Roque est sans doute La Roque-Gageac, avec son manoir, tandis que la situation de la Roque-Saint-Christophe, Ă  Peyzac-le-Moustier, est plus appropriĂ©e.
  • L'Étang : petite ferme abritĂ©e par une falaise, ce qui l'a protĂ©gĂ©e de l'explosion. Elle abritait une famille dirigĂ©e autoritairement par un certain Wahrwoorde. Elle fonctionne de manière autarcique, ce qui lui a permis de survivre. Le père (nommĂ© dans le roman "Le Wahrwoorde"), autoritaire et violent, est tuĂ©, après avoir organisĂ© une expĂ©dition contre Malevil afin de leur voler une jument. La prise de l’Étang, ferme riche en rĂ©serves diverses, permet Ă  Malevil d'acquĂ©rir des vaches supplĂ©mentaires, un Ă©talon, du blĂ© et beaucoup d'autres denrĂ©es. Les habitants de Malevil hĂ©ritent Ă©galement du Wahrwoorde la technique du tir Ă  l'arc, qui se rĂ©vèle une arme silencieuse et efficace. Il y a en effet a 1 km en aval de la Beune le vallon des Moutonnies, avec un Ă©tang et des cluzeaux qui furent habitables.
  • La vallĂ©e des Rhunes : inspirĂ©e de la vallĂ©e des Beunes, et plus prĂ©cisĂ©ment la grande Beune.
  • Malejac : bourg situĂ© non loin de Malevil, il est rĂ©duit en cendres durant la catastrophe. Meyssonnier, Peyssou et Colin y vivaient avec leurs femmes avant le jour de l'Ă©vĂ©nement.
  • Courcejac : petit village abritant sept survivants, il est dĂ©truit et les habitants massacrĂ©s par la bande de Vilmain.

Prix et récompenses

Prix John-Wood-Campbell Memorial 1974 (ex æquo avec Rendez-vous avec Rama (Rendezvous with Rama) par Arthur C. Clarke).

Postérité

Ce roman est cité dans La Bibliothèque idéale de la SF, Albin Michel, (1988).

Adaptation cinématographique

Le roman a fait l'objet en 1981 d'une adaptation cinématographique de Christian de Chalonge, avec Michel Serrault, Jacques Dutronc, Jacques Villeret et Jean-Louis Trintignant. Partant de la situation d'origine du roman de Robert Merle intitulé Malevil et en utilisant la plupart des personnages, le traitement scénaristique s'écarte progressivement du livre et s'achève par une fin complètement différente. Robert Merle, estimant que l'esprit de son roman était dénaturé, a demandé que son nom ne figure pas au générique, où seule apparaît la mention : inspiré librement du roman Malevil (éditions Gallimard).

Adaptation théâtrale

Le roman fait l'objet, avec l'autorisation d'Olivier Merle, fils de Robert Merle, d'une adaptation théâtrale librement inspirée de l'œuvre initiale, sous le titre Ceux de Malevil. Cette adaptation, écrite et mise en scène par Jérôme Dalotel, a été jouée pour la première fois à Paris, le au Théâtre Espace Marais, par la Compagnie des Barriques, et s'ouvre au public, au À la Folie Théâtre à Paris, du au .

Adaptation télévisuelle

En 2010, France 3 a commandé un téléfilm à Denis Malleval, avec Bernard Yerlès (Emmanuel) et Anémone (madame Menou), Jean-Pierre Martins, Slony Sow (Thomas), Pierre Val (Colin) [3]. Le téléfilm est diffusé le [4].

Notes et références

  1. Louis-Vincent Thomas, « Catastrophisme et Science-fiction / Catastrophism and Science Fiction », Archives de sciences sociales des religions, vol. 1, no 53,‎ , p. 79-80 (DOI 10.3406/assr.1982.2243, lire en ligne).
  2. Brigitte Delluc, Gilles Delluc, Jean Chaline, Jacques Evin, B. Galinat, Arl. Leroi-Gourhan, Cécile Mourer-Chauviré, Thérèze Poulain et F. Schweingruber, « La grotte ornée de Comarque à Sireuil (Dordogne) », Gallia préhistoire, t. 24, no 1,‎ , p. 1, note 1 (DOI 10.3406/galip.1981.1666, lire en ligne [sur persee]).
  3. Malevil, le téléfilm sur Première.fr
  4. Samuel Douhaire, « Malevil », sur Télérama.fr, (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • Natacha Vas Deyres, Ces Français qui ont Ă©crit demain : utopie, anticipation et science-fiction au XXe siècle, Paris, HonorĂ© Champion, coll. « Bibliothèque de littĂ©rature gĂ©nĂ©rale et comparĂ©e » (no 103), , 533 p. (ISBN 978-2-7453-2371-2, prĂ©sentation en ligne).
    Réédition : Natacha Vas Deyres, Ces Français qui ont écrit demain : utopie, anticipation et science-fiction au XXe siècle, Paris, Honoré Champion, coll. « Bibliothèque de littérature générale et comparée » (no 103), , 533 p. (ISBN 978-2-7453-2666-9).

Articles connexes

  • Ravage (1943), roman de RenĂ© Barjavel qui Ă©voque l'effondrement d'une civilisation française hyper-technicisĂ©e et son remplacement, après une catastrophe, par une civilisation agricole.
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