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Cephaloscyllium ventriosum

Holbiche ventrue

Biofluorescence observée chez l'Holbiche ventrue.

Cephaloscyllium ventriosum, l’Holbiche ventrue1er_avril_2023_1-0">[1], est une espèce de requins de la famille des Scyliorhinidae vivant dans les eaux océaniques tropicales et subtropicales et les baies et ayant été décrite par Samuel Garman en 1880[2]. Ce requin a la particularité de pouvoir absorber de l'eau et de l'air pour augmenter sa taille dans le but d'échapper à ses prédateurs.

Habitat

L'Holbiche ventrue vit dans l'est de l'océan Pacifique, de la Californie centrale, dans la baie de Monterey, au sud du Mexique et au centre du Chili[3].

On retrouve cette espèce Ă  des profondeurs variant du niveau de la mer jusqu'Ă  457 m de profondeur, mais elle est plus commune aux profondeurs comprises entre 5 Ă  37 m. Cephaloscyllium ventriosum affectionne les zones rocheuses et couvertes d'algues et de lits de varech. Cette espèce est gĂ©nĂ©ralement immobile dans les grottes et les crevasses rocheuses pendant le jour, et nage lentement Ă  travers les algues de fond ou en eau libre près du fond la nuit.

Description

Cephaloscyllium ventriosum est un requin fortement panaché. Les holbiches sont généralement de couleur jaune-brun avec de nombreuses taches sombres et des taches claires occasionnelles sur le corps, les nageoires et le dessous de la tête et de l'abdomen. Les individus plus jeunes sont généralement de couleur plus claire que les adultes matures. Le museau est très court et largement arrondi avec des volets nasaux atteignant la bouche.

Cette espèce possède deux nageoires dorsales, la seconde Ă©tant beaucoup plus petite. La taille maximale est d'au moins 100 cm, les mâles adultes mesurent entre 82 et 85 cm et la taille Ă  l'Ă©closion est de 14 Ă  15 cm[3].

Le squelette de Cephaloscyllium ventriosum est majoritairement cartilagineux mais certains tissus étudiés lors du développement d’embryons ont montré des signes de minéralisation caractéristiques des os[4].

Biofluorescence

Il a récemment été découvert que les holbiches ventrues présentaient des motifs fluorescents vert vif provenant de la présence de pigments ainsi que de cellules photoréceptrices dans leur peau[5].

Les analyses de fluorescence des panaches de Cephaloscyllium ventriosum ont montrĂ© qu'avec une excitation des cellules photorĂ©ceptrices par de la lumière Ă  355 nm de longueur d’onde, une fluorescence bleue vive Ă©tait associĂ©e aux zones les plus sombres de leur peau, tandis qu'une faible fluorescence bleue-verte Ă©tait observĂ©e dans les rĂ©gions beiges plus claires. Lorsque les photorĂ©cepteurs sont excitĂ©s par une lumière de 390 et 470 nm de longueur d’onde, une fluorescence verte intense est gĂ©nĂ©rĂ©e par les zones pigmentĂ©es les plus sombres et les plus claires de la peau.

La biofluorescence aurait selon les chercheurs un impact majeur sur la biologie et le comportement de ces requins.

Mode de vie

Comportement social

Cephaloscyllium ventriosum peut être observé dans de petits groupes restreints (parfois même mêlés et nageant les uns sur les autres) bien qu'il soit considéré comme un requin plutôt solitaire. L'Holbiche ventrue est un requin benthique (vivant à proximité du fond des mers et océans, des lacs ou des cours d'eau). Ce requin présente par ailleurs des signes distincts d’activité nocturne[6].

Alimentation

À l'approche de la nuit, Cephaloscyllium ventriosum se déplace vers les fonds sableux à la recherche de nourriture. Il tend une embuscade à ses proies en se reposant sur le fond, la gueule grande ouverte, attendant que des proies passent devant lui pour s'en saisir[3].

Stratégie de fuite et de protection

Une caractéristique intéressante de l'Holbiche ventrue est sa capacité à gonfler son estomac avec de l'eau. Lorsque ce requin se sent menacé, il plie son corps en forme de « U » et attrape sa nageoire caudale avec sa bouche. Il avale alors une grande quantité d'eau, gonflant son corps jusqu'à deux fois sa taille normale. Cela décourage les prédateurs potentiels, qui ont alors du mal à mordre ou à extraire le requin d'une crevasse. Lorsque la menace est passée, le requin émet une sorte d'aboiement en expulsant l'eau. Si l'Holbiche ventrue est capturée et ramenée à la surface, elle peut également gonfler son corps avec de l'air de la même manière qu'avec de l'eau[7].

Reproduction

L'Holbiche ventrue est ovipare. Dans ce mode de reproduction, une glande sĂ©crète une coquille qui entoure l'Ĺ“uf lors de son passage dans l'oviducte. Cette coquille protège l'embryon jusqu'Ă  son Ă©closion. La mère dĂ©pose et ancre deux oothèques Ă  la fois dans des habitats rocheux recouverts d'algues. Chaque oothèque triangulaire mesure 3 Ă  6 cm sur 9 Ă  13 cm et possède des vrilles Ă  chaque coin qui s'accrochent aux rochers et aux algues[7]. Les Ĺ“ufs sont caoutchouteux et pâles lorsqu'ils sont libĂ©rĂ©s lors de la ponte, mais ils durcissent rapidement et deviennent plus foncĂ©s au cours des premières heures. L’œuf possède des rĂ©serves vitellines qui fournissent des nutriments Ă  l'embryon en dĂ©veloppement jusqu'Ă  ce que celui-ci Ă©close après 9 Ă  12 mois[8]. Cette pĂ©riode de temps entre la libĂ©ration de l'Ĺ“uf par la mère et la sortie du petit de l'Ĺ“uf dĂ©pend de la tempĂ©rature de l'eau.

Le nouveau-né a des denticules élargis le long de son dos qui lui permettent de se libérer de l'œuf, ceux-ci disparaissent rapidement après l’éclosion lors de la croissance qui est isométrique [9].

Une fois sorti, le petit mesure 15 cm de long et commence immĂ©diatement Ă  se nourrir de petits mollusques et crustacĂ©s benthiques[10].

Prédateurs

Parmi ses prédateurs, on compte des requins plus grands et des mammifères marins, notamment des phoques. Les escargots marins percent souvent des trous dans la couche protectrice résistante des œufs, consommant l'embryon en développement[11].

Interactions avec l'homme

L'Holbiche ventrue n'est pas un requin pêché de manière volontaire dans les pêches industrielles. Cependant, il est souvent retrouvé comme prise accessoire dans les pièges à homards et à crabes, les filets maillants et les chaluts commerciaux. Les prises accidentelles de cette espèce pourraient menacer l'espèce en raison de sa maturité tardive et du faible nombre de petits qu'il met au monde.

L'Holbiche ventrue est parfois pêchée à des fins récréatives, mais n'est pas consommé par l'homme en raison de la mauvaise qualité de sa chair.

Les aquariums d'exposition publique incluent souvent cette espèce dans leurs bassins car les individus sont capables de survivre en captivité pendant de longues périodes.

Cephaloscyllium ventriosum est inoffensif pour l'homme et préfère éviter tout contact par peur. Ces requins peuvent tout de même se montrer agressifs lorsque des blessures leur sont infligées ou s'ils se sentent agressés[7].

Statut de conservation

L'Holbiche ventrue est actuellement inscrite sur la liste des espèces de "préoccupation mineure" de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). L'UICN est une union mondiale d'États, d'organismes gouvernementaux et d'organisations non gouvernementales qui, dans le cadre d'un partenariat, évaluent l'état de conservation des espèces[12].

Systématique

Le nom valide complet (avec auteur) de ce taxon est Cephaloscyllium ventriosum (Garman, 1880)1er_avril_2023_1-1">[1].

L'espèce a été initialement classée dans le genre Scyllium sous le protonyme Scyllium ventriosum Garman, 18801er_avril_2023_1-2">[1].

Ce taxon porte en français le nom vernaculaire ou normalisé suivant : Holbiche ventrue1er_avril_2023_1-3">[1] - 1er_avril_2023_13-0">[13].

Cephaloscyllium ventriosum a pour synonymes1er_avril_2023_1-4">[1] :

  • Catulus uter Jordan & Gilbert, 1896
  • Cephaloscyllium uter (Jordan & Gilbert, 1896)
  • Scyllium ventriosum Garman, 1880

Liens externes

Notes et références

  1. 1er_avril_2023-1" class="mw-reference-text">GBIF Secretariat. GBIF Backbone Taxonomy. Checklist dataset https://doi.org/10.15468/39omei accessed via GBIF.org, consulté le 1er avril 2023
  2. Samuel Garman, On West Indian Iguanidae and on West Indian Scincidae in the collection of the Museum of Comparative Zoology at Cambridge, Mass., U.S.A, s.n., (lire en ligne)
  3. (en) Compagno, L. Rome: Food and Agriculture Organization of the United Nations., « Sharks of the world. An annotated and illustrated catalogue of shark species known to date. Part 2. Carcharhiniformes. », FAO species catalogue. Vol. 4,‎
  4. (en) B. Frank Eames, Nancy Allen, Jonathan Young et Angelo Kaplan, « Skeletogenesis in the swell shark Cephaloscyllium ventriosum », Journal of Anatomy, vol. 210, no 5,‎ , p. 542–554 (ISSN 0021-8782 et 1469-7580, PMID 17451531, PMCID PMC2375745, DOI 10.1111/j.1469-7580.2007.00723.x, lire en ligne, consulté le )
  5. (en) David F. Gruber, Ellis R. Loew, Dimitri D. Deheyn et Derya Akkaynak, « Biofluorescence in Catsharks (Scyliorhinidae): Fundamental Description and Relevance for Elasmobranch Visual Ecology », Scientific Reports, vol. 6, no 1,‎ , p. 24751 (ISSN 2045-2322, PMID 27109385, PMCID PMC4843165, DOI 10.1038/srep24751, lire en ligne, consulté le )
  6. Donald R. Nelson et Richard H. Johnson, « Diel Activity Rhythms in the Nocturnal, Bottom-Dwelling Sharks, Heterodontus francisci and Cephaloscyllium ventriosum », Copeia, vol. 1970, no 4,‎ , p. 732 (DOI 10.2307/1442315, lire en ligne, consulté le )
  7. (en) Castro, J.I., The sharks of North American waters (Vol. 1), College Station: Texas A & M University Press.,
  8. (en) Charles A. Grover, « Juvenile denticles of the swell shark Cephaloscyllium ventriosum : function in hatching », Canadian Journal of Zoology, vol. 52, no 3,‎ , p. 359–363 (ISSN 0008-4301 et 1480-3283, DOI 10.1139/z74-043, lire en ligne, consulté le )
  9. L. A. Ferry-Graham, « Feeding kinematics of hatchling swellsharks, Cephaloscyllium ventriosum (Scyliorhinidae): the importance of predator size », Marine Biology, vol. 131, no 4,‎ , p. 703–718 (ISSN 0025-3162 et 1432-1793, DOI 10.1007/s002270050362, lire en ligne, consulté le )
  10. Charles A. Grover, « Juvenile denticles of the swell shark Cephaloscyllium ventriosum: function in hatching », Canadian Journal of Zoology, vol. 52, no 3,‎ , p. 359–363 (ISSN 0008-4301 et 1480-3283, DOI 10.1139/z74-043, lire en ligne, consulté le )
  11. David L. Cox et Thomas J. Koob, « Predation on elasmobranch eggs », Environmental Biology of Fishes, vol. 38, nos 1-3,‎ , p. 117–125 (ISSN 0378-1909 et 1573-5133, DOI 10.1007/bf00842908, lire en ligne, consulté le )
  12. (en) « Conservation status of the swell shark », sur IUCN, International Union for Conservation of Nature
  13. 1er_avril_2023-13" class="mw-reference-text">UICN, consulté le 1er avril 2023
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