Cenchrus divisus
Cenchrus divisus est une espèce de plantes monocotylédones de la famille des Poaceae. Cette plante du désert est courante sur l'ensemble du Sahara, de la péninsule arabique jusqu'en Inde où elle vit à moyenne altitude dans les lits pierreux et sableux-limoneux des oueds de l'étage tropical où l'eau coule lors des rares pluies. Elle est appréciée des herbivores et plus particulièrement des Dromadaires. Cenchrus divisus est une graminée vivace de taille moyenne et dense dont les tiges de 50 cm à 1 m de haut sont dressées. Ses épillets sont entourés de soies ondulées et densément groupés en un épis roses, hérissés et dressés, d'une longueur de 20 à 40 cm.
Taxonomie
Cette espèce est décrite par le Suédois Pehr Forsskål en 1775 à partir de spécimens récoltés en Égypte sous le nom Panicum dichotomum, un nom illégitime déjà utilisé par son compatriote Carl von Linné. En 1791, l'Allemand Johann Friedrich Gmelin, reprend sa description et lui donne le nouveau nom Panicum divisum[1]. Cependant, nombreux sont les textes du XXe siècle[3] et du XXIe qui se réfèrent à la recombination Pennisetum dichotomum du français Alire Raffeneau-Delile[4]. En 2014, les recherches phylogénétiques moléculaires démontrent la forte proximité génétique entre les genres Panicum et Cenchrus, ils sont alors mêlés au sein du genre légitime Cenchrus[1].
Synonymie
Cette espèce a pour synonymes[5] :
- Cenchrus elatus (Hochst. ex Steud.) Verloove
- Cenchrus ramosissimus Poir.
- Gymnotrix longiglumis Munro ex Hook.f.
- Panicum dichotomum Forssk.
- Panicum divisum J.F.Gmel.
- Pennisetum asperifolium Hochst. & Steud.
- Pennisetum dichotomum Delile
- Pennisetum divisum (J.F.Gmel.) Henrard
- Pennisetum elatum Hochst. ex Steud.
DĂ©nominations vernaculaires
En tamachek, la langue des Touaregs, Cenchrus divisus est nommée « talenfézout », « talemfezzout », « tehaoua », « tanafezzout », « farfadi » et « fatfadé », selon les sensibilités des transcripteurs européens. En alphabet Tifinagh, son nom est orthographié ⵜⵌⴼⵏⵏⵏⵜ. En arabe, elle est nommée « mekhamla » et « oum khamela ». Dans les deux langues, l'espèce n'est pas différenciée de Cenchrus orientalis[3].
Description
Cette graminée forme des touffes un peu arrondies, hautes de 65 cm à 1 m : ses chaumes sont très rameuses et ont la dureté des joncs du désert[6].
Les rameaux sont effilés, épais seulement de 2 à 3 mm, ils sortent 2 à 3 en faisceau au-dehors de plusieurs gaînes de feuilles avortées. Les feuilles, qui naissent le long des rameaux, sont linéaires, aiguës, larges de 2 à 4 mm, longues de 1 à 2 dm, y compris leur gaine ; la lame des feuilles est lisse en dessous, striée et rude en dessus et sur les bords ; la gaine est rude en dehors ; sa ligule est formée de cils[6].
Les épis sont terminaux, solitaires, longs d'environ 1 dm ; l'axe est rude, anguleux. Les épillets sont solitaires ou géminés sur chaque dent de l'axe, entourés de soies rudes et plumeuses, plus longues que ces épillets. Le calice est à deux valves lancéolées, aiguës, un peu plus courte que les fleurons, qui sont au nombre de deux, l'un mâle, l'autre hermaphrodite. Les valves des fleurons sont longues de 7 mm. Les anthères sont bifides ; le style est capillaire, glabre, de la longueur du calice, et se termine en deux stigmates plumeux dont la longueur surpasse celle des valves des fleurons[6].
Les fruits sont de petits akènes secs ornés de longues soies[4].
Espèce proche
Cenchrus ciliaris est une espèce morphologiquement proche à la distribution beaucoup plus vaste : les deux espèces ne diffèrent ni par la structure de leurs feuilles, ni par celle de leurs épis. Seulement l'axe de l'épi est velu chez C. ciliaris, glabre chez C. divisus. Les involucres sont roux et les épillets violets chez C. ciliaris, tandis que les involucres et les épillets sont roses et jaunes très pâles chez C. divisus[6].
Biologie
Cenchrus divisus est une plante vivace adaptée aux conditions climatiques extrême du désert. Ses parties aériennes présentent un xéromorphisme accentué, mais sans caractères originaux alors que l'appareil souterrain est remarquable par sa grande extension verticale et latérale, qui assure à chaque individu un volume d'alimentation en eau énorme. Ses feuilles montrent une transpiration élevée et sensible au pouvoir évaporant de l'air; néanmoins la chute des limbes en période de grande sécheresse lui assure une protection efficace contre les pertes d'eau. Ce débit d'eau élevé, grâce à un mécanisme d'absorption très efficient lié à une circulation rapide est commun aux graminées vivaces du Sahara[7].
En Tunisie, Cenchrus divisus est en concurrence directe avec l'invasive Cenchrus setaceus. Cette dernière produit deux à neuf fois plus de graines par plante que l'indigène. En outre, le taux de germination des graines fraîches est sensiblement plus élevé pour C. setaceum (47%) que pour C. divisus (14%). De même, C. setaceum se remet plus rapidement de la tonte et du brûlage, tant en termes de croissance végétative que de floraison, ce qui lui donne un avantage dans les environnements perturbés. En revanche, C. divisus fleuri et produit des graines sur des stations à très faible teneur en eau et en nutriments à l'inverse de C. setaceum, ce qui indique une meilleure tolérance aux faibles ressources[8].
Sous l'insertion de la gaine des feuilles, se trouve un bourgeon destiné à produire de nouvelles hampe florales[6].
Écologie et répartition
Cenchrus divisus se développe au sein des oueds, le long du réseau hydrographique et dans les steppes arides du Sahara, du Sahel (Maroc, Sahara occidental, Mauritanie, Algérie, Tchad, Tunisie, Libye, Égypte et Niger) et des zones désertiques de la Péninsule arabique, de la Syrie, du Liban, de la Palestine, de l'Irak, de l'Iran, de l'Afghanistan, du Pakistan et de l'Ouest de l'Inde ainsi que de la corne africaine (Érythrée et Somalie). Elle est considérée comme invasive dans les îles Canaries [5] - [9].
Usages
Cenchrus divisus est une espèce appréciée de nombreux herbivores tels que les ovins et les camelins. Elle supporte une pression de pâturage moyenne, la richesse des parcours étant plus élevée en cas de pâturage contrôlé[4].
Sur la péninsule arabique, cette graminée est fréquente dans les désert où elle a servi, une fois tressée, à fabriquer des cabanes de berger[6].
Références
- Filip Verloove, Rafaël Govaerts et Karl Peter Buttler, « A new combination in Cenchrus (Poaceae: Paniceae), with lectotypification of Panicum divisum », Phytotaxa, vol. 181, no 1,‎ , p. 59 (DOI 10.11646/phytotaxa.181.1.5, lire en ligne)
- Tropicos.org. Missouri Botanical Garden., consulté le 12 février 2021
- Sous le nom Pennisetum dichotomum : (la) René Maire, Études sur la flore et la végétation du Sahara Central, première et deuxième parties, (lire en ligne)
- Sous le nom Pennisetum dichotomum GAMOUN, Mouldi; OULED BELGACEM, Azaiez; HANCHI, Belgacem; NEFFATI, Mohamed; GILLET, François, « Effet du pâturage sur la diversité floristique des parcours arides du sud tunisien », Revue d'Écologie, vol. 67,‎ , p. 271-282 (lire en ligne)
- POWO. Plants of the World Online. Facilitated by the Royal Botanic Gardens, Kew. Published on the Internet; http://www.plantsoftheworldonline.org/, consulté le 13 février 2021
- Sous le nom Pennisetum dichotomum : Alire Raffeneau-Delile, « Flore d'Égypte, explication des planches », Description de l'Égypte, ou, Recueil des observations et des recherches qui ont été faites en Égypte pendant l'expédition de l'armée française., Commission des sciences et arts d'Egypte, vol. 2,‎ , p. 145-320 (lire en ligne)
- Georges Lemée, « L'économie de l'eau chez quelques Graminées vivaces du Sahara septentrional: avec 5 figures », Vegetatio, vol. 5-6, no 1,‎ , p. 534–541 (ISSN 0042-3106, DOI 10.1007/BF00299607)
- (en) Haouari, C. C. ; Nasraoui, A. H. ; Haouari, A. ; Gouia, H., « Reproductive ecology of a Pennisitum dichotomum versus its invasive competitor Pennisetum setaceum. », Journal of Environmental Research and Development, vol. 6, no 4,‎ , p. 953-963 (ISSN 0973-6921, lire en ligne)
- Le Houérou et Henri Noël, « Écologie et désertisation en Afrique », Travaux de l'Institut de Géographie de Reims, vol. 39, no 1,‎ , p. 5–26 (DOI 10.3406/tigr.1979.1070, lire en ligne, consulté le )
Liens externes
- (en) Référence Catalogue of Life : Cenchrus divisus (J.F.Gmel.) Verloove, Govaerts & Buttler (consulté le )
- (en) Référence IPNI : Cenchrus divisus (J.F.Gmel.) Verloove, Govaerts & Buttler (consulté le )
- (en) Référence Plants of the World online (POWO) : Cenchrus divisus (J.F.Gmel.) Verloove, Govaerts & Buttler (consulté le )
- (en) Référence Kew Garden World Checklist : Cenchrus divisus (J.F.Gmel.) Verloove, Govaerts & Buttler (consulté le )
- (en) Référence Tropicos : Cenchrus divisus (J.F.Gmel.) Verloove, Govaerts & Buttler (+ liste sous-taxons) (consulté le )
- Claude Lemmel & Zahora Attioui, « Cenchrus divisus », sur atlas-sahara.org, (consulté le )