Caverne du Dragon
La Caverne du Dragon se situe sur le Chemin des Dames, sur le territoire de la commune d'Oulches-la-Vallée-Foulon, dans le département de l'Aisne, en région Hauts-de-France. Il s'agit d'un lieu stratégique lors de la Première Guerre mondiale et plus précisément lors de l'offensive Nivelle, pendant la bataille des observatoires[1].
Destination initiale |
Carrière de pierre |
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Construction | |
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Coordonnées |
49° 26′ 29″ N, 3° 43′ 57″ E |
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Ce sont les Allemands qui, lors de leur occupation de la caverne, l'ont surnommée la caverne du Dragon (Drachenhöhle en allemand). Les flammes et étincelles des mitrailleuses, sortant des entrées de la caverne au cours des combats, leur faisaient penser aux flammes crachées par les dragons depuis leurs grottes[2].
Un lieu stratégique
La caverne est à l'origine une carrière souterraine, d'une superficie de 3 hectares située à 14 mètres de profondeur[3], creusée au Moyen Âge dans le calcaire du plateau du Chemin des Dames. Ses pierres ont notamment servi à la construction de l'abbaye de Vauclair[4].
Ces carrières, ou creutes, que l'on retrouve en Somme comme dans l'Aisne, ont été utilisées comme casernes souterraines, abris, postes de secours, pour accueillir des états-majors ou bien, comme c'est le cas ici, comme poste défensif avancé.
La Caverne du Dragon est en effet située à proximité de l'isthme de l'Hurtebise, c'est-à -dire là où le plateau est le plus étroit. En outre, sa position en rebord de plateau offre un large panorama sur la vallée de l'Aisne.
La Caverne du Dragon pendant la Première Guerre mondiale
Les troupes françaises qui prennent possession de cette carrière, le , construisent des tranchées face aux positions allemandes situées sur la crête[3].
Elle était assez organisée, elle servait, d'abri, de cantonnement, de dortoir, de lieu de culte, à stocker les munitions, la nourriture, les soldats et l'eau.... Elle contenait pharmacie, bloc opératoire, puits d'eau, une chapelle...
Près de 400 soldats y ont vécu pendant les 4 années de la guerre, à 15 mètres sous terre, par 12 degrés et 90% d'humidité[5].
Le les Allemands lancent une attaque sur la caverne pour conforter leurs positions sur le plateau du Chemin des Dames. Après de très durs combats, les 102e et 103e régiments d'infanterie allemands parviennent à repousser le 18e régiment d'infanterie français dans La Vallée-Foulon[3]. Les Allemands se trouvent désormais à six-cents mètres de la première ligne française et quatre-vingt mètres au-dessus[6].
Ce poste avancé est alors protégé et réaménagé : les Allemands y amènent l'électricité et le téléphone, un puits y est creusé et une chapelle est même édifiée. Enfin, ils relient la Caverne avec la 3e ligne de défense par l'intermédiaire d'un tunnel de 125 mètres de long permettant en cas d'attaque l'arrivée rapide, et sans encombre, des renforts et des munitions tandis que les blessés sont évacués dans les mêmes conditions.
Le , lors de l'assaut de l'offensive Nivelle, les hommes sortant de la Caverne du Dragon prennent à revers les tirailleurs Sénégalais qui s'étaient lancés à la conquête de l'isthme d'Hurtebise. Les Sénégalais sont désorientés et cèdent à la panique : cela met un coup d'arrêt à leur avancée. L'existence de nombreuses creutes reliées à l'arrière par des tunnels est une des explications de l'échec brutal de l'offensive.
Après plusieurs attaques en avril et mai 1917, les Français, tiennent quelques tranchées au niveau de l'isthme de l'Hurtebise.
Le 25 juin, la 164e division d'infanterie est chargée de mener une nouvelle attaque pour contrôler l'ensemble de l'isthme et, si les circonstances le permettent, d'occuper la sortie nord de la caverne du Dragon. En préparation de cette attaque, les Français envoient des gaz asphyxiants collongite dans les entrées sud de la grotte et prennent les Allemands au piège. L’assaut est mené à 18 h par le bataillon Lacroix du 152e RI - le régiment des Diables Rouges - et le bataillon Moréteaux du 334e Régiment d'Infanterie. Les nids de résistance sont nettoyés aux appareils lance-flammes Schilt[7] des Compagnies Z du génie. Dans leur progression, les troupes françaises repèrent trois descentes permettant d'accéder à la grotte. L'exploration des boyaux révèle la présence de troupes allemandes qui, après négociation, acceptent de se rendre. « Le chiffre des prisonniers dénombré atteint 340, dont 10 officiers » (communiqué du 27 juin). Cette passe d'armes est alors célébrée comme une grande victoire militaire en France[8].
Le 26 juillet 1917, les troupes d'assaut allemandes parviennent à reprendre pied dans la carrière, ce qui conduit à une cohabitation avec les Français jusqu'au 2 novembre 1917[3].
Redevenue française à la suite du repli allemand après la bataille de la Malmaison, en octobre 1917, elle est à nouveau réaménagée et accueille le PC du secteur d'Hurtebise.
Le 27 mai 1918, lors de l'opération Blücher-Yorck, les troupes françaises sont débordées et les défenseurs de la caverne du Dragon contraints de se rendre. Elle sera reprise par les troupes françaises, le 12 octobre, après la retraite des troupes allemandes, la veille, au-delà de l'Ailette.
La caverne est inscrite au titre des monuments historiques en 2006[9].
L'espace muséographique
Aujourd'hui, la Caverne du Dragon a été aménagée par le conseil général de l'Aisne en un espace muséographique consacré à la Première Guerre mondiale à côté de l'ancien musée.
Christian Lapie a édifié, en 2007 dans le cadre des commémorations du 90e anniversaire, un groupe de sculptures nommé la Constellation de la douleur en hommage aux tirailleurs sénégalais.
Dans le cadre de la Mission du centenaire, le président de la République François Hollande a inauguré le 16 avril 2017 une sculpture en bronze, recréée par Haïm Kern[Note 1] sur la terrasse agrandie de l'espace muséographique[10].
Notes et références
Notes
- Cette sculpture avait déjà été inaugurée sur le plateau de Californie en 1998, mais elle avait été vandalisée à deux reprises, avant d’être dérobée le 12 août 2014 par deux hommes condamnés en décembre 2016 par le tribunal correctionnel de Laon pour cet acte qui semble avoir été commis dans l'unique but de récupérer le métal. Cf. « Une sculpture installée sur le chemin des Dames en mémoire des soldats de 14-18 », sur francetvinfo.fr, .
Références
- Thierry Hardier et Jean-François Jagielski, Combattre et mourir pendant la Grande Guerre : 1914-1925, Paris, IMAGO, , 375 p. (ISBN 2-911416-56-2), p. 30.
- « Histoire de la caverne du Dragon », sur le site du musée du Chemin des Dames et de la caverne du Dragon (consulté le ).
- Carnet du Chemin des Dames - mai 2019 page 4 et suivantes
- Picardie, Baie de Somme, Boulogne-Billancourt, Michelin, coll. « Guide Vert », , 351 p. (ISBN 978-2-06-718631-6), p. 201.
- « 11 Novembre : sous l'enfer du Chemin des Dames, la Caverne du Dragon », sur France Culture (consulté le )
- Thierry Hardier, La Caverne du Dragon in N. Offenstadt, Le Chemin des Dames. De l'évènement à la mémoire, Stock, 2004.
- capitaine ingénieur Victor Schilt, chef du service technique des sapeurs-pompiers de Paris
- Le Chemin des Dames dans la Grande Guerre
- « Carrière dite Caverne du Dragon », notice no IA02001924, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- Pascal Charrier, « François Hollande au Chemin des Dames, la commémoration délicate d’un échec », sur la-croix.com, .