Catherine O'Leary
Catherine O'Leary (aussi connue comme Cate O'Leary), née le en Irlande et morte le à Chicago, est une immigrée d'origine irlandaise vivant à Chicago qui est devenue célèbre pour avoir été accusée à tort d'être responsable d'avoir accidentellement provoquée le Grand incendie de Chicago survenu le [1].
Naissance | |
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Décès |
(Ă 68 ans) Chicago |
SĂ©pulture |
Biographie
C'est sur sa terre natale d'Irlande que Catherine rencontre son futur époux Patrick O'Leary (né en 1819 dans le comté de Kerry - mort en 1894 à Chicago), un entrepreneur de confession catholique. Ils ont trois enfants, deux garçons (Cornelius et James), et une fille (Mary). Ils émigrent aux États-Unis dans les années 1850 et s'installent à Chicago.
En 1864, les O'Leary s'installent dans le secteur de Near West Side, au sud-ouest du centre-ville de Chicago et achètent une propriété au 137 DeKoven Street pour 500 dollars[2]. Leurs trois enfants sont baptisés à l'église de la Sainte Famille, fondée en 1857 sur la 12th Street (aujourd'hui Roosevelt Road). Les enfants fréquentent l'école du quartier, les parents payant chacun 50 cents par mois pour leurs frais de scolarité[2].
La propriété comprenait deux maisons séparées qui se jouxtaient, les O'Leary occupant la plus petite structure arrière, tout en louant à la famille McLaughlin la plus grande maison (avec deux chambres) située à l'avant[2]. L'arrière de la propriété était occupée par une petite grange, où Catherine O'Leary entretenait son entreprise laitière, composée de six vaches, ainsi qu'un cheval et un chariot pour effectuer les livraisons[2].
Faits et accusations
Chicago, 1871. Le feu démarra le dimanche à 21 heures dans un hangar situé sur DeKoven Street[3] et détruisit 48 blocs jusqu’à Fullerton Avenue au nord, réduisant en cendres une surface de 6 kilomètres (4 miles) par 1 kilomètre (3/4 miles), soit environ 9 km2 (2 000 acres)[4], causant pour plus de 222 millions de dollars de dégâts, soit le tiers de la valeur foncière de la ville. Après l’incendie, 125 corps furent retrouvés. Les estimations définitives vont de 200 à 300 morts. On dénombrait également au moins 100 000 sans-abri[5]. Des accusations lourdes à porter pour la famille O'Leary.
L'histoire voulue que cet incendie ait été amorcé par une vache ayant rué dans une lampe dans la grange de Patrick et Catherine O'Leary. Mme O'Leary était le parfait bouc émissaire : elle était une femme, immigrée d'origine irlandaise et de confession catholique - une combinaison qui ne valait pas grand-chose dans le climat politique du Chicago de l'époque. En effet, les immigrants irlandais catholiques étaient particulièrement mal vus dans une Amérique majoritairement protestante.
Sans la moindre présomption d'innocence, ce ragot circulait déjà dans tout Chicago avant même que les flammes ne s'éteignent et elle était publiée dans la première édition du Chicago Tribune après l'incendie. Michael Ahern, le journaliste qui avait inventé cette histoire de vache, admit lui-même en 1893 qu'il avait tout imaginé, car il pensait faire un article haut en couleur[6]. Cependant, le nom des O'Leary resta dans les mémoires.
Les McLauglin, qui louaient la maison de devant aux O'Leary, ont déménagé dans les deux jours suivant l'incendie. Les O'Leary sont partis au début de l'année 1874, déménageant à Dashiel Street (maintenant Union Avenue) près de la 41e rue, à proximité des Union Stock Yards. Ils ont vendu la propriété de DeKoven Street en 1879 pour 1 150 dollars. Les nouveaux propriétaires ont démoli la maison d'origine (intégralement construite en bois) et l'ont remplacée par un bâtiment plus solide, qui arbora plus tard une plaque indiquant le site comme le lieu d'origine de l'incendie.
Après l'incendie
« Site d'origine de l'incendie de Chicago de 1871. Le grand incendie de Chicago a commencé le 8 octobre 1871, dans la grange O'Leary au 137 DeKoven Street. Attisé par un fort vent, dans une ville largement construite en structures de bois, l'incendie a fait rage pendant près de 30 heures. Les flammes se sont propagées vers le nord jusqu'à Fullerton Avenue, avant de finalement s'éteindre sous une fine pluie le mardi 10 octobre au petit matin. Presque tout ce qui se trouvait sur son passage a été détruit. »
– Désigné Chicago Landmark le 15 septembre 1971[7] par le conseil municipal de Chicago et Richard J. Daley, maire de Chicago.
Patrick et Catherine O'Leary ont ensuite acheté une maison au 5133 S. Halsted Street. En septembre 1894, Patrick O'Leary est pris d'un malaise en rentrant chez lui. Il atteint le perron de sa maison où il s'effondre. Ses enfants le porte à l'intérieur mais constatent la mort de leur père avant qu'ils aient pu l'amener sur le canapé.
Le deuxième fils des O'Leary, James, eut beaucoup de succès dans le monde des affaires. Après quelques années à travailler dans les abattoirs de New City (Union Stock Yards), il ouvra un saloon au 4183 S. Halsted Street, qui comprenait des bains turcs, un restaurant, une salle de billard et un bowling. Il ouvrit également une opération de jeu à l'arrière du bâtiment et, avec le temps, s'imposa comme un entrepreneur influent à Chicago.
En 1956, les restes de la maison des O’Leary furent rasés pour la construction de l’académie des pompiers de Chicago (Chicago Fire Department Academy), un camp d’entraînement pour les pompiers de la ville (Chicago Fire Department).
En 1961, une sculpture en bronze en forme de flammes s'entremêlant intitulée « Pillar of Fire » est érigée au point d'origine de l'incendie de Chicago (sur l'emplacement actuel de l’académie des pompiers de Chicago). La sculpture est l'œuvre de Egon Weiner. Dix ans plus tard, en septembre 1971, une plaque est érigée juste à côté de la sculpture par la ville de Chicago pour marquer le centenaire de la tragédie. La plaque ainsi que la sculpture sont désignées au titre des Chicago Landmarks (CL)[7].
En 1997, à la suite de thèses présentées par des historiens et du témoignage de l'arrière-arrière-petite-fille des O'Leary, les membres du comité du Chicago Police Department votèrent pour disculper officiellement Catherine O'Leary de tout acte répréhensible et de toute responsabilité dans la propagation de l'incendie. La même année, le maire de Chicago Richard M. Daley propose un texte de loi qui est voté par le conseil municipal déclinant toute responsabilité de la vache de Catherine O'Leary dans la propagation de l'incendie, mettant fin à plus d'un siècle de brimades[8].
Trois ans après, le 14 juillet 1874, un nouvel incendie éclate dans le quart sud-ouest du Loop[9] (actuel quartier de Printer's Row). Cet événement, connu comme l'Incendie de Chicago de 1874 (aussi appelé « Deuxième incendie de Chicago ») fut moins dévastateur que l'incendie de 1871, mais fit néanmoins de nombreux dégâts. Environ 812 bâtiments furent détruits et 20 personnes perdirent la vie[10].
À ce jour, les autorités municipales ignorent les causes exactes de l'incendie[11].
Fin de vie
Catherine O'Leary meurt à 68 ans des suites d'une pneumonie le dans sa maison au 5133 Halsted Street. Elle est enterrée au cimetière Mount Olivet, un cimetière catholique situé à Chicago.
Dans le documentaire Chicago : City of Century de PBS, un descendant des O'Leary expliqua qu'à la suite de la tragédie de 1871, Cate vécue difficilement, sa maison attirant notamment les curieux parfois même les hostilités de la part de certains voisins (une situation qui l'obligea à déménager) et qu'elle fut sans arrêt blamée pour ce dont elle n'était pas responsable et ce jusqu'à sa mort[12].
Dans la culture populaire
- Le morceau The Element: Fire, extrait du coffret The Smile Sessions du groupe américain les Beach Boys rend hommage à Cate O'Leary.
- L'actrice Alice Brady interprète Catherine O'Leary dans le film américain L'Incendie de Chicago (In Old Chicago) sorti en 1938 et réalisé par Henry King.
- Catherine O'Leary est citée dans la chanson Put the Blame on Mame interprétée par l'actrice Rita Hayworth dans le film Gilda sorti en 1946.
Notes et références
- https://greatchicagofire.org/oleary-legend/
- https://www.glessnerhouse.org/story-of-a-house/tag/Mrs.+O%27Leary
- (en) Bessie Louise Pierce, A History of Chicago : Volume III : The Rise of a Modern City, 1871-1893, Chicago, University of Chicago Press, 1957, rep. 2007, 4 p. (ISBN 978-0-226-66842-0)
- Donald Miller, City of the Century : The Epic of Chicago and the Making of America, New York, Simon & Schuster, , 704 p. (ISBN 0-684-83138-4, lire en ligne), p. 159.
- Richard Bales, « What do we know about the Great Chicago Fire? », (consulté le )
- The Great Chicago Fire par Robert Cromie, publié par Rutledge Hill Press (ISBN 1-55853-264-1) et (ISBN 1-55853-265-X) (pbk. edition)
- https://webapps1.chicago.gov/landmarksweb/web/landmarkdetails.htm?lanId=1272
- (en) Molly Edmonds, « Did the Great Chicago Fire really start with Mrs. O'Leary's cow? », HowStuffWorks (consulté le )
- « The Chicago Fire », The Intelligencer and Wheeling News Register,‎ , p. 1
- The Chicago Fire of 1874
- L.L. Owens, The Great Chicago Fire, ABDO, (ISBN 978-1604538076), p. 7
- Obituary, Chicago Tribune, July 4, 1895, p.1.