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Catastrophe du mont Sainte-Odile

Vol Air Inter 148

Vol Air Inter 148
F-GGED, l'Airbus A320 d'Air Inter impliqué dans l'accident, ici en janvier 1991
F-GGED, l'Airbus A320 d'Air Inter impliqué dans l'accident, ici en janvier 1991
Caractéristiques de l'accident
Date
TypeImpact sans perte de contrĂ´le
CausesErreur de pilotage due à la confusion entre l'altitude et la vitesse + le GPWS (alarme de proximité de sol) non installé
SitePrès du mont Sainte-Odile, en Alsace
CoordonnĂ©es 48° 25′ 31″ nord, 7° 24′ 18″ est
Caractéristiques de l'appareil
Type d'appareilAirbus A320-111
CompagnieAir Inter
No d'identificationF-GGED
Lieu d'origineAéroport de Lyon-Saint Exupéry, en France
Lieu de destinationAĂ©roport de Strasbourg, en France
PhaseApproche
Passagers90
Équipage6
Morts87
Blessés9
Survivants9

GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Vol Air Inter 148
GĂ©olocalisation sur la carte : Alsace
(Voir situation sur carte : Alsace)
Vol Air Inter 148

La catastrophe du mont Sainte-Odile (Vol Air Inter 148) est un accident aérien ayant eu lieu le à 19 h 20 min (en heure française, soit 18 h 20 min en heure universelle) où à la suite d'une mauvaise approche de l'aéroport de Strasbourg, un Airbus A320-111 de la compagnie française Air Inter en provenance de Lyon Satolas (aujourd'hui Lyon Saint-Exupéry) s'écrase sur les hauteurs boisées de La Bloss, sur le territoire de la commune de Barr, près du mont Sainte-Odile, en Alsace. La cause est une confusion entre les pilotes et la machine. Une désactivation fatale des systèmes d'alerte de proximité du sol a aussi contribué à l'accident. L'accident cause la mort de 87 passagers et membres d'équipage, dont les deux pilotes, seuls neuf occupants de l'avion survécurent.

Le , 14 ans après les faits, le procès de l'accident s'ouvrait devant le tribunal correctionnel de Colmar. Six personnes — dirigeants d'Air Inter, d'Airbus, de l'Aviation civile et un contrôleur aérien — comparaissaient pour « homicides et blessures involontaires ». Le , le tribunal relaxait les accusés, au motif qu'« ils n'ont pas commis de faute pénale », c'est-à-dire qu'ils n'ont pas commis de faute caractérisée au sens de la loi Fauchon[1]. Néanmoins, la responsabilité civile d'Airbus pour une faute civile liée à la conception du cockpit de l'A320, et celle d'Air France, qui avait absorbé Air Inter, en sa qualité de transporteur, a été reconnue[1].

Contexte

Il s’agit d’un Airbus A320-111 immatriculé F-GGED, livré à Air Inter en 1988[a 1]. Il est doté de moteurs CFM56-5-A1 construits en coopération par General Electric et la Snecma, et commercialisés par leur société commune CFMI[a 2]. L'Airbus A320 est issu de la volonté de la société Airbus d'offrir une gamme d'appareils diversifiée[2]. Mis en route en 1982, le projet met en place un avion fortement informatisé, technologiquement en avance sur l'industrie aéronautique américaine alors dominante. Pour assurer sa commercialisation, Airbus met en avant la facilité d'utilisation de cet appareil, ainsi que sa fiabilité. De plus, l'ordinateur est considéré comme plus sûr que l'esprit des pilotes, amenant ainsi à privilégier l'action de l'informatique de bord sur celle de l'équipage[3].

L'accident survient après les accidents d'Habsheim en 1988 (faute de pilotage majeure, non-respect de l'altitude minimale règlementaire, non prise en compte du spool up time) et de Bangalore en 1990 (trajectoire non stabilisée à l'atterrissage, hésitation puis retard dans la prise de décision de remise des gaz) .

Vol

Le commandant de bord, Christian Hecquet, âgĂ© de 42 ans, a accumulĂ© 8 806 heures de vol. Sur un Airbus A320, son expĂ©rience est de 162 heures[a 3]. Le copilote, JoĂ«l Cherubin, âgĂ© de 37 ans, a derrière lui 3 615 heures de vol. Sur Airbus A320, il a volĂ© 61 heures[a 4].

L’avion assurait une liaison entre l’aéroport de Lyon-Satolas (nommé aujourd'hui Lyon-Saint-Exupéry) et celui de Strasbourg-Entzheim. Le rapport final du BEA reconstitue le vol en se basant sur les communications avec les contrôleurs, les enregistrements des paramètres de vol et des conversations dans le cockpit, les données radar enregistrées au sol.

L’avion dĂ©colle de Lyon-Satolas le vers 17 h 39 (TU) avec Ă  bord 90 passagers, six membres d'Ă©quipage dont les deux pilotes et quatre personnels navigants commerciaux. L'avion passe au-dessus du VOR de Luxeuil-les-Bains et doit se diriger vers le point repère ANDLO près de Barr. Son cap est de 50° environ c'est-Ă -dire directement sur l'axe de la piste 05 de l'aĂ©roport de Strasbourg Entzheim. L'avion passe sous le contrĂ´le de la TMA Strasbourg puis sous celui de la CTR Strasbourg. Ce dernier s'apprĂŞte Ă  faire atterrir l'A320 directement en piste 05 avec une approche de type VOR DME. L'Ă©quipage n'a pas l'habitude de faire ce type d'approche. Le ciel est nuageux et il fait nuit[4].

Le commandant de bord, qui est le pilote en fonction pour ce vol, prĂ©fère atterrir indirectement, en faisant un tour de piste Ă  vue après s'ĂŞtre alignĂ© au-dessus de la piste au cap 051° grâce au dispositif ILS de la piste 23 (sens opposĂ© de la 05). N'ayant pas prĂ©vu de descendre directement en piste 05, les pilotes ont mis du temps pour rĂ©duire leur vitesse et leur altitude. Ceci ne leur permet donc pas d'effectuer l'atterrissage direct prĂ©vu par le contrĂ´leur ; ils demandent donc Ă  faire leur tour de piste Ă  vue. Mais comme plusieurs avions attendent pour dĂ©coller, le contrĂ´leur leur demande de faire la procĂ©dure complète VOR DME sur la 05, plus longue mais qui donnera le temps aux avions au sol pour dĂ©coller. Cette procĂ©dure va obliger l'avion Ă  faire un demi-tour puis s'Ă©loigner de 11 NM passer au-dessus des collines du mont Saint-Odile Ă  une altitude de 5 000 pieds, puis Ă  nouveau faire demi-tour pour s'aligner dans l'axe de la piste 05 (en s'alignant grâce au VOR de Strasbourg), passer Ă  nouveau au-dessus du point ANDLO et commencer Ă  descendre. C'est Ă  la fin de ce dernier virage que l'avion va s'Ă©craser Ă  une altitude d'environ 800 mètres dans les collines vosgiennes.

Trajectoire d'arrivée (en bleu), la procédure normale (vert), la voie d'approche planifiée (jaune), vol contrôlé au radar (rouge).

Cette procédure VOR DME pour la 05 n'enchante pas les pilotes car cela retarde leur arrivée. Pour leur faire gagner un peu de temps, le contrôleur leur propose d'effectuer cette procédure mais avec un guidage radar directement vers ANDLO : il leur indique les moments pour virer et les caps à prendre. En effet, cela permet de virer plus tôt et de raccourcir le circuit d'approche. Ainsi, au lieu de faire un large dernier virage, l'avion va faire un virage plus serré et récupérer l'axe de piste plus directement.

L'avion vire vers le sud-ouest et s'éloigne. Puis le contrôleur leur demande de virer à gauche au cap 90°. Puis il leur demande de continuer le virage pour s'établir sur la radiale 051° du VOR STR.

Le problème est que le pilote a affiché 051° dans le pilote automatique ce qui a pour conséquence un virage trop serré. L'avion se retrouve au bon cap (051°) mais à gauche de l'axe de piste et du point ANDLO. C'est au point ANDLO que devait commencer la descente. L'équipage doit donc gérer la trajectoire dans les deux plans à la fois, vertical et horizontal : ils doivent commencer la descente en même temps qu'ils doivent capturer l'axe de piste. Le tout sans visibilité extérieure car ils sont dans la couche nuageuse, et avec, pour seule aide, l'affichage des instruments sur le tableau de bord. C'est le copilote qui s'aperçoit en premier, semble-t-il, de l'erreur de trajectoire et qui suggère la correction de cap. Le commandant de bord exécute cette correction « avec une impression de réserve » selon le BEA.

C'est à ce moment-là (45 secondes avant l'écrasement) que la descente est amorcée avec un taux beaucoup trop élevé.

Vingt secondes avant le crash, le commandant fait une remarque sur la descente : « faut faire attention qu'il descende pas... ». Il est interrompu par le copilote qui annonce « sur l'axe ! ». Il est évident qu'à ce moment-là, les deux pilotes ne s'occupent que de la trajectoire latérale et pas de la descente. Le copilote rajoute : « On arrive sur l'axe !... un demi point de l'axe. Là voilà, il a été au soixante c'est bon tu vois ici ».

Ă€ 18h20:33 (TU), inclinĂ© Ă  gauche de 12° pour interception de l'axe d'approche finale, l'avion percute le mont La Bloss Ă  la vitesse de 190 nĹ“uds (345 km/h), sur une trajectoire de descente d'environ 11°. L'Ă©crasement s'est produit Ă  une altitude proche de 800 mètres (2620 pieds)[5], Ă  environ 0,8 mille nautique (1 500 m) Ă  gauche de l'axe d'approche et Ă  10,5 milles nautiques (19,5 km) du seuil de piste[a 5].

Les coordonnĂ©es de l'accident sont 48° 25′ 31,61″ N, 7° 24′ 18,99″ E.

Les restes du vol 148 aprés le crash.

Secours

Les heures sont en TU. Pour l’heure française, ajouter une heure[6].

  • 18 h 31, l’alerte est donnĂ©e par l’approche de Strasbourg, qui prĂ©vient le centre de coordination et de sauvetage (RCC) de Drachenbronn, le centre de contrĂ´le de Reims (CRNA Est) et la prĂ©fecture du Bas-Rhin ;
  • 18 h 34 : le RCC dĂ©clenche le plan SATER/2 auprès de la prĂ©fecture. La zone de recherche concerne le mont Sainte-Odile ;
  • 18 h 40 : lancement du plan rouge. CrĂ©ation d’un poste de commandement opĂ©rationnel (PCO) installĂ© Ă  la brigade de gendarmerie de Barr ;
  • 18 h 41 : le RCC demande la restitution de l'enregistrement du radar de Drachenbronn, des dispositions similaires sont prises par le CRNA Est. La restitution n’est mise Ă  la disposition du RCC respectivement qu'Ă  20 h 10 et Ă  22 h 04, en raison des moyens de restitution des trajectoires radar existant dans ces centres Ă  la date de l'accident, et des procĂ©dures en vigueur quant Ă  leur mise en Ĺ“uvre. Ces Ă©lĂ©ments ne permettent au RCC de rĂ©duire que lentement la zone des recherches telle que dĂ©finie Ă  19 h 09 puis 19 h 30, d'autant plus que la balise Argos de l'avion a Ă©tĂ© totalement dĂ©truite au moment de l'impact ;
  • 19 h 09 : la prĂ©fecture, Ă  la demande du RCC, dĂ©clenche SATER/3. Les recherches s’étendent dans un secteur compris entre le mont Sainte-Odile et Andlau ;
  • 19 h 13 : dĂ©collage d’une Alouette III de la sĂ©curitĂ© civile basĂ©e sur l'aĂ©roport de Strasbourg-Entzheim. Il fait des recherches visuelles, mais qui ne concernent ni le mont Sainte-Odile ni La Bloss ;
  • 19 h 30 : le secteur de recherches est Ă©largi : il se situe dĂ©sormais entre le mont Sainte-Odile, Barr, Andlau et Le Hohwald ;
  • 20 h 45 : en fonction des indications donnĂ©es au PCO par deux agents d'Air Inter sur le point survolĂ© par l'A320 lors de son dernier contact radio (Breitenbach), trois zones de recherches de km de cĂ´tĂ© sont dĂ©finies. La zone no 1, prioritaire, Ă©tait centrĂ©e sur La Bloss. Il Ă©tait question d'y engager les forces de gendarmes mobiles Ă  mesure qu’elles arrivaient afin de faire des recherches dans ce secteur avec l'aide des sapeurs-pompiers et des guides du Club vosgien. Le dĂ©ploiement des diffĂ©rentes Ă©quipes de recherche dans cette zone a Ă©tĂ© effectuĂ© de 21 h 00 Ă  21 h 35 ;
  • Deux journalistes correspondants de TF1 Ă  Strasbourg, Jean-Pierre Stucki et son collègue Eric Sching, ayant fait des recherches Ă  leur propre initiative, dĂ©couvrent les survivants et la carcasse de l’appareil. Ils informent les gendarmes de l'emplacement [7];
  • 22 h 35 : grâce Ă  ces indications, le groupe de gendarmerie mobile rejoint l'endroit. Les gendarmes apportent les premiers secours. Quatre personnes sont Ă©vacuĂ©es par les gendarmes car jugĂ©es transportables ;
  • Sept autres personnes ont Ă©tĂ© Ă©vacuĂ©es entre 23 h 20 et 0 h 15 par des moyens identiques. Certaines d'entre elles ont Ă©tĂ© examinĂ©es et mĂ©dicalisĂ©es sur le site par des mĂ©decins militaires ;
  • La deuxième colonne de secours venant d'Obernai via Ottrott est arrivĂ©e environ 45 minutes après la première. La progression est compliquĂ©e par le mauvais Ă©tat des routes et leur encombrement dĂ» Ă  l’afflux de badauds. La mise en place des vĂ©hicules est rendue difficile par la prĂ©sence de nombreux autres vĂ©hicules (autres secours, service d'ordre, badauds, journalistes). En montant vers le site de l'accident, les mĂ©decins et secouristes croisent la colonne descendante. Les blessĂ©s sont alors pris en charge sur des brancards par cette deuxième colonne et transportĂ©s sur la route dĂ©partementale oĂą se trouvent les ambulances ;
  • Environ 1 h 30 : dĂ©but des Ă©vacuations vers les hĂ´pitaux de la rĂ©gion.

De nombreuses critiques ont été formulées quant au retard des secours. Il apparaît que la définition d’un périmètre de recherche trop large, à 19 h 30, est en partie en cause : nécessitant un grand nombre d’hommes pour les recherches, il a obligé les autorités à attendre la concentration d’effectifs suffisants pour partir sur le terrain. Les secours, une fois mis en route, sont retardés par une route encombrée de badauds[8]. 4 h 30 s’écoulent entre l'écrasement et leur arrivée, ce qui est énorme. Durant ce laps de temps, plusieurs rescapés mourront.

Bilan

La clairière, site de l'accident
Plaque commémorative des victimes
  • Survivants : 8 passagers, plus un membre d’équipage. Six victimes ne sont dĂ©cĂ©dĂ©es qu'après l'impact, dont deux auraient probablement survĂ©cu si les secours Ă©taient intervenus dans les deux premières heures (elles sont dĂ©cĂ©dĂ©es pendant leur transport)[a 6].
  • Morts : 82 passagers, 5 membres d’équipage[a 6] . La sĹ“ur du dessinateur Tomi Ungerer fait partie des victimes.
  • L'appareil est dĂ©truit[a 7].

Causes de l’accident

Plusieurs facteurs ont contribué à la survenue de la catastrophe, à des degrés divers. Pour la justice française qui n'a condamné personne à la suite des différents procès, c'est l'erreur de pilotage qui a été déterminante.

Erreur d'affichage

Une descente trop rapide, amorcĂ©e quelques secondes avant l'impact : un taux de descente de 3 300 pieds/minute (16,7 m/s) au lieu d'environ 800 pieds/minute. Selon le BEA, l'hypothèse la plus probable est une erreur de programmation du pilotage automatique par l'Ă©quipage qui aurait affichĂ© un taux de descente de 3 300 pieds/minute (16,7 m/s) au lieu d'un angle de descente de 3,3°[a 8]. Cela serait dĂ» Ă  une confusion liĂ©e Ă  l'affichage du taux de descente en pieds/minute (« 33 » pour 3 300 pieds/minute) qui se fait sur le mĂŞme cadran que l'angle de descente (« 33 » pour 3,3°). La diffĂ©rence de lecture se fait selon le mode sĂ©lectionnĂ© : angle de descente (mode FPA - Flight Path Angle) ou vitesse verticale (mode VS - Vertical Speed). Le pilote a enregistrĂ© sur l’ordinateur de bord la valeur « 33 », croyant ĂŞtre en mode FPA alors qu’il Ă©tait en mode VS.

Le BEA a souligné le manque de rigueur des pilotes qui délèguent un certain nombre d'actions aux automatismes sans les contrôler. Les pilotes n'annoncent pas les actions qu'ils effectuent comme cela est prévu. En effet, alors qu'environ 45 secondes se passent entre la mise en descente et l'impact, les pilotes ne s'aperçoivent pas de l'erreur de trajectoire. Cela est peut-être dû à leur attention qui était portée sur leur action qui consistait à s'aligner sur l'axe en direction de la piste (plus exactement le radial 051° du VOR STR).

Sur le FCU (Flight Control Unit) l'indication numérique de pente/vitesse verticale est identique pour les deux modes, à savoir HDG/VS ou FPA/TRK, mais le mode sélectionné est clairement indiqué sur ce même FCU, HDG/VS ou FPA/TRK. En outre chaque pilote a face à lui un PFD (Primary Flight Display) qui indique très clairement dans sa partie supérieure FMA (Flight Mode Annonciator) le mode sélectionné et donc pour la vitesse verticale, V/S pour des pieds/minute ou bien FPA pour un angle de descente. Malgré toutes ces indications, l'équipage n'a pas pris conscience de l'erreur de mode de descente. Il est très surprenant que des pilotes aussi aguerris puissent se faire surprendre par un taux de descente aussi important (3300 pieds/minute) en partant d'une altitude de 5000 pieds. Il est plus que probable que l'équipage était "tête basse" concentré sur le FMS. Un facteur très aggravant et rarement mentionné est l'inexpérience de cet l'équipage sur A320, en effet à peine plus de 220 heures cumulées pour les deux pilotes. Et surtout le fait qu'ils étaient tous les deux issus de la Caravelle, ceci implique une différence essentielle tant dans le domaine de la philosophie du cockpit que dans la gestion du vol.

Pour finir, le GPWS (Ground Proximity Warning System) qui aurait certainement pu éviter ce désastre avait été écarté par les pilotes d'Air Inter pour causes de "Nuisance Warning", en effet ces gens avaient l'habitude de débouler à 300kt+ en dessous du FL100.

[non neutre]

Autres facteurs

D'autres facteurs mis en évidence par le BEA ont amené la justice à mettre en examen Airbus, Air France ou le contrôleur, mais ils ont été relaxés :

  • Le système de navigation VOR est mis en cause : plusieurs dĂ©faillances de cet appareil ont Ă©tĂ© signalĂ©es par ailleurs. Le dĂ©calage entre l’axe et l’avion est tel qu’une erreur de lecture de l’équipage est exclue[a 9].
  • Le contrĂ´leur aĂ©rien militaire qui a donnĂ© des indications ambiguĂ«s[a 10]. De plus, il met fin au guidage radar avant que l'appareil soit Ă©tabli sur la trajectoire d'approche finale et sans avoir averti l'Ă©quipage de la fin du guidage radar[9].
  • L’absence d’alerte de proximitĂ© du sol (GPWS) : cet appareil donnait très souvent de fausses alarmes en zone montagneuse. Air Inter, après test, a donc dĂ©cidĂ© de ne pas utiliser cet instrument. Air Inter Ă©tait une des rares compagnies françaises Ă  ne pas avoir de GPWS sur des avions tels que ceux visĂ©s par la norme OACI[a 11]. La Direction gĂ©nĂ©rale de l'Aviation civile s'Ă©tait par ailleurs abstenue de transposer dans la rĂ©glementation française les dispositions de l'annexe 6, section 6.15 de la Convention de Chicago qui Ă©dicte que « tous les avions Ă  turbomachines dont la masse maximale au dĂ©collage certifiĂ©e dĂ©passe 15 000 kg ou qui sont autorisĂ©s Ă  transporter plus de trente personnes seront dotĂ©s d'un dispositif avertisseur de proximitĂ© du sol »[10].

Conséquences

Ă€ la suite de cet accident :

  • Pour Ă©viter toute confusion entre la vitesse de descente (en pieds par minute) et l'angle de descente (en degrĂ©s), l'affichage de l'instrument de bord des Airbus est modifiĂ© : l'affichage du taux de descente passe Ă  quatre chiffres au lieu de deux (par exemple 3300 pour 3 300 pieds par minute) ; la pente de descente reste indiquĂ©e comme avant avec deux chiffres (33 pour 3.3 degrĂ©s)
  • Le système d'avertisseur de proximitĂ© du sol GPWS, refusĂ© Ă  l'origine par les pilotes d'Air Inter lui reprochant plusieurs fausses alarmes (notamment lors de survols de terrains granitiques), est adoptĂ©[11].
    • Le GPWS a Ă©tĂ© refusĂ© par les pilotes d'Air Inter pour "nuisance alarms", notamment lors de leur approches jugĂ©es "cavalières" Ă  300kts + en dessous du FL100. DĂ©jĂ  en 1992, le GPWS est considĂ©rĂ© comme un outil efficace dans la prĂ©vention des CFIT. Cette volontĂ© d’Air Inter de s’en affranchir dĂ©montre un sentiment de vanitĂ© ou d’excès de confiance de la part de certains pilotes de l’époque..
  • L'emport d’une balise de dĂ©tresse, type ELT (Emergency Locator Transmitter), Ă  bord d’un avion commercial devient obligatoire. C'est en que l’obligation rĂ©glementaire apparaĂ®t. DĂ©sormais, tous les avions sont munis de cette balise de localisation d'urgence dĂ©diĂ©e Ă  l'aviation, Ă  dĂ©clenchement automatique en cas d'accident.

À la suite de la difficulté d'identifier les victimes, l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale se dote en d'une Unité de Gendarmerie d'Identification de Victime de Catastrophe (UGIVC)[12]pour le recueil des renseignements ante mortem et post mortem[13].

Rondache: Unité de Gendarmerie d'Identification des Victimes de Catastrophe




EnquĂŞte

  • : crĂ©ation de l’association Entraide de la Catastrophe des Hauteurs du Sainte-Odile (ECHO) fondĂ©e par le dessinateur Tomi Ungerer, dont la sĹ“ur est dĂ©cĂ©dĂ©e dans l'Ă©crasement[14] - [15] ;
  • : première mise en examen : Jacques Rantet[16] ;
  • : 2e mise en examen : Daniel Cauvin[17] ;
  • : le rapport Monnier est publiĂ©[18] ;
  • : plainte contre la DGAC et le centre de Drachenbronn ;
  • : premier rapport de Venet et Jean Belotti ;
  • : quatre nouvelles mises en examen : Pierre-Henri Gourgeon et Claude Frantzen, Auguste Gayte, cadre d’Air Inter, Eric Lammari, contrĂ´leur aĂ©rien[19] ;
  • : rapport complĂ©mentaire[20] ;
  • 11 et : les experts chargĂ©s d’une expertise complĂ©mentaire s’opposent[20] ;
  • : publication du rapport Anglade et Louvel[14] ;
  • : mise en examen de Bernard Ziegler[21] ;
  • : Bernard Ziegler comparait au tribunal de grande instance de Colmar[14] ;
  • : dĂ©pĂ´t du rapport Anglade et Becavin (complĂ©ment d'expertise du VOR)[14] ;
  • : manifestation des familles des victimes Ă  Entzheim[14] ;
  • : ordonnance considĂ©rant que le VOR a bien fonctionnĂ©[14] ;
  • : nomination de deux experts : Partrick Anglade et Henry Becavin ;
  • : nomination de trois nouveaux experts : Claude Guibert, Jacques Rolland, Pierre Wannaz[PDF][20] ;
  • : publication d’une contre-expertise affirmant que le VOR n’est pas la cause dĂ©terminante de l’accident[22] ;
  • : le juge Guichard, ancien adjoint (PS) au maire de Strasbourg, non rĂ©Ă©lu en , quitte ses fonctions au tribunal de Colmar et rejoint l'inspection gĂ©nĂ©rale de la Ville de Paris[23]. ;
  • FĂ©vrier 2002 : le juge AndrĂ© Schmidt remplace le juge Guichard[22] ;
  • : expertise affirmant que l’accident serait dĂ» au DME (Distance Mesuring Equipment - Équipement mesurant la distance de l'avion par rapport Ă  une balise)[22] ;

Mesures

Cockpit d'un A320 lors d'un vol de nuit en 2008.

Six mois après l'accident, prenant en compte les premières expertises, plusieurs systèmes dans l'A320 ont été améliorés ou ajoutés : installation d'un GPWS (alarme de proximité du sol), transformation de l'ergonomie du tableau de bord (cadrans de descente, boutons poussoirs du FPA, Flight Path Angle et du taux de descente VS, Vertical Speed), modification du système VOR et de l'emplacement des radio balise de détresse à bord des avions pour que leur probabilité de fonctionnement soit améliorée en cas d'écrasement[24].

Procès

Premier volet : l'accident

Six personnes poursuivies pour homicides et blessures involontaires et encourant deux ans de prison et 4 500 euros d'amende, sont concernĂ©es :

  • Pierre-Henri Gourgeon : directeur gĂ©nĂ©ral de l'Aviation civile Ă  l'Ă©poque de l'accident.
  • Claude Frantzen : chef du service de la formation aĂ©ronautique et du contrĂ´le technique.
  • Daniel Cauvin : directeur gĂ©nĂ©ral adjoint d'Air Inter chargĂ© des problèmes techniques.
  • Jacques Rantet : directeur de l'exploitation aĂ©rienne chez Air Inter.
  • Bernard Ziegler : directeur technique d'Airbus Industrie au moment des faits.
  • Éric Lammari : contrĂ´leur aĂ©rien.

Le premier procès s'ouvre devant le tribunal correctionnel de Colmar le et s'achève le de la mĂŞme annĂ©e[15]. Il aboutit le Ă  la relaxe de tous les prĂ©venus, toutefois une faute civile est retenue Ă  l'encontre du concepteur de l'avion, Bernard Ziegler, et Airbus est dĂ©clarĂ© responsable, solidairement avec Air France, venant aux droits d'Air Inter, du prĂ©judice subi par les victimes, l'association ECHO, l'association de dĂ©fense des familles de victimes, se voit attribuer 500 000 euros d'indemnitĂ©s et certaines familles devant pour leur part toucher des sommes de 10 000 Ă  50 000 euros[15]. Mais le le parquet fait appel de cette dĂ©cision[15].

Le débute le procès en appel à Colmar[15]. Les six prévenus sont à nouveau relaxés le , et cette fois aucune faute n'est retenue contre Bernard Ziegler ni contre Airbus aucune indemnité n'est accordée pour ECHO[15]. Celle-ci dépose un pourvoi en cassation le , mais est déboutée le de la même année[15].

Second volet : la lenteur de la justice

En , l'association ECHO entame une procédure contre l'État français pour « durée excessive » de la procédure pénale[25] - [15]. Le , le procureur de Strasbourg sollicite le renvoi du procès intenté par l'association contre l'État français à une date ultérieure pour prendre des réquisitions. La juge accède à sa requête. L’audience ne dure que trois minutes. Le même jour, les membres de l’association ECHO, en colère après cette péripétie, déposent la déclaration de principe d’une requête à la Cour européenne des droits de l'homme[26] - [15]. La requête est effectivement déposée le [27] - [28]. Le les familles de victimes voient rejetée par le tribunal de grande instance de Colmar leur demande de condamnation de l'État[15].

Le , l'association ECHO est déboutée par la cour d'appel de Colmar de son action en appel contre l'État[29]. L'association décide d'aller en cassation et, en cas d'échec, de porter l'affaire devant la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH)[29]. Le pourvoi est rejeté le . En , elle manifeste son mécontentement et son sentiment d'avoir été flouée et en prend la décision de tout abandonner, notamment le projet d'une requête devant la CEDH[30] - [31] - [15].

Contrairement à des informations ayant circulé en 2014[32], date à laquelle l'ancien président quitte ses fonctions, l'association ECHO continue d'exister. En 2022, trente plus tard, elle perpétue encore la mémoire des victimes de la catastrophe[33].

Notes et références

  1. « Crash aérien du mont Sainte-Odile : les six prévenus relaxés », sur Le Monde, (consulté le ).
  2. Jean-Claude Boetsch, Le crash d'Habsheim, une affaire d'État ?, p. 41.
  3. Michel Asseline, Le pilote est-il coupable ?, pp. 66-67. Voir p. 87 : « Et, même si les modifications successives apportées aux logiciels et aux systèmes mécaniques apportent enfin la fiabilité prévue initialement, il n'en reste pas moins que c'est l'homme qui a été contraint de s'adapter à la machine, de telle sorte qu'on en est arrivé à une régression de capacité de l'ensemble pilote-machine. ».
  4. Jean-Pierre Otelli, Catastrophes aériennes : les passagers ont le droit de savoir, Altipresse, , p. 103
  5. Le Mont La Bloss culmine à 826 mètres et le lieu de l'accident est proche du sommet.
  6. Au sujet des recherches et des secours : Rapport final, chapitre 116.2 et 116.3
  7. france3-regions.francetvinfo.fr
  8. À ce sujet : Rapport final, chapitre 116.22 : « Il faut noter qu'un nombre important de véhicules privés a afflué très rapidement sur toutes les routes donnant accès au mont Sainte-Odile, comme conséquence, semble-t-il, des annonces faites par les médias (notamment par les radios locales). »
  9. Ordonnance de renvoi devant le Tribunal correctionnel p. 509
  10. Ordonnance de renvoi devant le Tribunal correctionnel p. 509-510
  11. Pierre Julien, « Le crash du Mont Sainte-Odile », émission L'Heure du crime, RTL, 4 janvier 2012.
  12. La police scientifique de la gendarmerie
  13. Sirpa Gendarmerie, Gendarmerie nationale, « https://www.gendarmerie.interieur.gouv.fr/pjgn/ircgn/l-unite-d-investigations-et-d-identification-u2i/l-unite-gendarmerie-d-identification-des-victimes-de-catastrophe-ugivc », sur www.gendarmerie.interieur.gouv.fr (consulté le )
  14. « L'historique » (version du 27 juin 2001 sur Internet Archive).
  15. Caroline Moreau, « Il y a 25 ans : le crash du Mont Sainte-Odile », sur France Info, (consulté le ).
  16. L'Humanité, 19 janvier 1993.
  17. L’Humanité, 4 juin 1993.
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  19. L’Humanité, 20 janvier 1995.
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  23. Nicole Gauthier, « Sainte-Odile, une enquête sans issue », sur liberation.fr, .
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Rapport final du BEA (lire en ligne)
  1. Chapitre 16.1
  2. Chapitre 16.2
  3. Chapitre 15.11
  4. Chapitre 15.12
  5. Chapitre 1.1
  6. partie 116.14
  7. chapitre inconnu
  8. Chapitre 22.33
  9. Chapitre 22.12
  10. Chapitre 22.6, notamment 22.64(conclusion)
  11. Chapitre 16.3 et chapitre 22.36

Annexes

Articles connexes

Bibliographie

  • Francis Guthleben et Jean-Pierre Stucki, La nuit du mensonge : la vĂ©ritĂ© sur la catastrophe du mont Sainte-Odile, Paris, Albin Michel, , 233 p. (ISBN 978-2-226-06343-4, lire en ligne)
  • Norbert Jacquet et Olivier Fedrigot, Airbus : l'assassin habite Ă  l'ElysĂ©e, Paris, Première ligne Distributeur Distique, (ISBN 978-2-84144-009-2, lire en ligne)
  • Romain KroĂ«s, Erreurs humaines ?, Ed. de Magie, 1993.
  • Jean-Pierre Otelli, Catastrophes aĂ©riennes : les passagers ont le droit de savoir, Levallois Perret, Altipresse, , 345 p. (ISBN 978-2-911218-11-8)
  • Jean-Claude Boetsch, Le crash du mont Sainte-Odile : le procès, Colmar, J. Do Bentzinger, , 218 p. (ISBN 978-2-84960-087-0 et 2849600873).
  • Jean-Claude Boetsch, Justice pour un crash : les victimes du Mont Sainte Odile, Raedersheim, J. C. Boetsch, , 237 p. (ISBN 978-2-7466-1357-7).
  • Jean-Pierre Roussel, Dans la nuit d'Altitona, C.O.P.S.E (ComitĂ© pour la Promotion du Scoutisme en Europe). - Ed'Image 1992 : Roman scout Ă©voquant ce qu'aurait pu ĂŞtre le sauvetage dès les premières heures avec la participation active des scouts français et allemands.
  • Francis Guthleben, Survivre : l'histoire intime et secrète du crash du mont Sainte-Odile : rĂ©cit, Barr, Le Verger Ă©diteur, , 335 p. (ISBN 978-2-84574-129-4 et 2845741294)
  • Christian English et FrĂ©dĂ©ric Thibaud, Affaires non classĂ©es, t. 2, Paris, First Ă©dition, , 294 p. (ISBN 2-87691-909-5 et 9782876919099, OCLC 469728493), « Le crash du mont Saint-Odile »

Documentaire télévision

  • Secrets d'actualitĂ©, le 19 fĂ©vrier 2006, Le crash du Mont Sainte-Odile, sur M6.
  • L'accident a fait l'objet d'un Ă©pisode dans la sĂ©rie tĂ©lĂ© Air Crash nommĂ© « Catastrophe au Mont Sainte-Odile » (saison 9 - Ă©pisode 6).

Liens externes

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