Castel Volturno
Castel Volturno est une commune italienne d'environ 27 830 habitants (2022), située dans la province de Caserte en Campanie.
Pays | |
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RĂ©gion | |
Province | |
Chef-lieu |
Castel Volturno (d) |
Superficie |
72 km2 |
Altitude |
3 m |
Coordonnées |
41° 03âČ 00âł N, 13° 55âČ 00âł E |
Population |
27 838 hab. |
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Densité |
386,6 hab./km2 |
Gentilé |
castellani |
Statut |
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FĂȘte | |
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Saint patron |
Castrense (it) |
Code postal |
81030 |
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ISTAT |
061027 |
TGN | |
Indicatif téléphonique |
0823, 081 |
Immatriculation |
CE |
Site web |
En 2010, Castel Volturno comptait 25 000 habitants et environ 18 000 immigrés africains. En 2019, la ville recensait environ 25 000 personnes, dont on estime que les deux tiers sont des immigrés illégaux liés à la mafia nigériane, exploitant prosituées souvent mineures et trafic de drogues[1].
Administration
Hameaux
Ischitella Lido, Marina di Lago Patria, Pinetamare Villaggio Coppola, Pineta Nuova, Cepparule
Communes limitrophes
Histoire
Antiquité
Castel Volturno a Ă©tĂ© une colonie des Opiques puis des Ătrusques, qui l'appelaient Volturnum, et enfin des Osques. C'Ă©tait un point de passage obligĂ© et un lieu d'Ă©change, pour ceux qui voulaient se rendre Ă l'intĂ©rieur des terres, depuis la mer vers l'ancienne ville de Capoue.
Les Romains, pendant la seconde guerre punique (215 av. J.-C.), ont renforcé les murs de la ville pour abriter leur flotte, point nécessaire pour menacer Capoue occupée par Hannibal. En 194 avant J.-C., Volturnum est devenue une colonie romaine et a accueilli dans ses murs trois cents familles de citoyens romains. AprÚs la mort de Jules César (44 av. J.-C.), la ville subit un raid de Menecrate, sbire de Sextus Pompée, qui détruit son port. L'empereur Auguste envoya une nouvelle colonie de citoyens romains et en 95 aprÚs J.-C., l'empereur Domitien fit construire la Domitiana, une route qui porte encore aujourd'hui son nom, ainsi qu'un grand pont qui reliait les deux rives du fleuve portant le nom de Volturno. Le poÚte Stazio a dédié un poÚme du quatriÚme livre des Silvae à cette entreprise audacieuse.
Le christianisme se diffuse Ă Volturnum, au IVe siĂšcle. La ville devient un Ă©vĂȘchĂ© Ă partir du Ve siĂšcle. La ville romaine de Volturnum perd toutefois de son importance, avec la chute de l'Empire romain d'Occident, les invasions barbares et l'effondrement du pont Domitien.
Moyen-Ăge et Renaissance
Lorsque Charlemagne intervient en péninsule italienne, il a déjà réuni sous sa tutelle une grande partie de l'Europe occidentale et apparaßt, pour les contemporains, comme le restaurateur de l'Empire romain et chrétien de Constantin, aprÚs les invasions barbares[2]. Volturnum est à la limite de l'empire carolingien, rattaché à la principauté lombarde de Bénévent, théoriquement soumise à cet empire mais dans les faits, indépendante. En 806, Grimoald III de Bénévent, fait don du port de Volturnum à l'abbaye de Montecassino. En 841, la ville est dévastée et détruite par les Sarrasins puis abandonnée.
AprĂšs 856, l'Ă©vĂȘque lombard Radiperto fait construire un chĂąteau fort et reconstruire l'Ă©glise. Le pouvoir s'Ă©miette. Le lieu devient le Castel Volturno. Les premiers mercenaires normands apparaissent. Ils offrent leur services aux seigneurs et ecclĂ©siastiques locaux, notamment dans la lutte contre les Sarrasins. On les paie en leur donnant des fiefs et ils s'enracinent. Un royaume chrĂ©tien se constitue ainsi dans l'Italie mĂ©ridionale. AprĂšs 1062, le normand Richard Ier, comte d'Aversa,, devenu propriĂ©taire du chĂąteau de Volturnum, en fait don au monastĂšre de Montecassino. En 1128, Robert II d'Aversa, dernier descendant des comtes normands d'Aversa, accorde au mĂȘme monastĂšre de Montecassino le privilĂšge de pĂȘcher en mer et en riviĂšre sur tout le territoire de Castello a mare del Volturno. Sous le rĂšgne de Roger II de Sicile, le chĂąteau est retirĂ© au comte Ugone de Boiano, qui l'avait occupĂ©.
L'empereur FrĂ©dĂ©ric II de Souabe, en 1206, le donne Ă l'archevĂȘchĂ© de Capoue. Puis Ladislas Ier de Naples le donne Ă Jacopo Sannazaro, grand-pĂšre du poĂšte du mĂȘme nom, tandis que la reine Jeanne II de Naples (1414-1435) le rĂ©cupĂšre comme bien de la couronne, de sorte que le nouveau souverain Alphonse Ier d'Aragon le donne Ă sa fille ĂlĂ©onore et qu'elle l'apporte comme dot Ă son mari Marino Marzano, duc de Sessa, qui le perd pour s'ĂȘtre rebellĂ© contre son beau-frĂšre Ferrante Ier d'Aragon, roi de Naples(1459-1496). Marino Marzano a cherchĂ© notamment Ă bĂ©nĂ©ficier du concours de Jean d'Anjou qui dĂ©barque en 1459 Ă l'embouchure du Volturno. Mais le prince français est obligĂ© de renoncer pour revenir Ă GĂȘnes qui se soulĂšve contre sa tutelle[3].
L'année suivante, Ferrante Ier vend la place à la ville de Capoue.
Temps modernes
Capoue la garde en sa possession jusqu'à l'abolition de la féodalité en 1810. En 1812, elle devient municipalité autonome et son premier maire est Giuseppe Toscano. DÚs lors, elle suit les événements historiques et politiques du Royaume des Deux Siciles, puis à partir de 1860 ceux du Royaume d'Italie, et à partir de 1945 ceux de la République italienne.
La station balnéaire
Castel Volturno a Ă©tĂ© une coquette station balnĂ©aire. Elle s'est notamment dĂ©veloppĂ©e aprĂšs la Seconde Guerre mondiale, et est devenue une station prisĂ©e, dans les annĂ©es 1970. Mais elle ne sâest pas remise du tremblement de terre de 1980[4].
Le sĂ©isme du 23 novembre 1980 en Irpinia a fait effectivement en Campanie 2 000 morts et des centaines de milliers de sans-abri. Selon les spĂ©cialistes de la Mafia napolitaine, cette catastrophe a permis Ă la Camorra de faire main basse sur une partie de la Campanie en profitant de la dĂ©sorganisation et de lâurgence[5]. AprĂšs ce tremblement de terre, le gouvernement italien a hĂ©bergĂ© temporairement des sans-abri dans les appartements[6], puis les propriĂ©taires ont laissĂ© les appartements vides et les ont ensuite louĂ©s Ă des travailleurs migrants africains.
Implantation de bandes criminelles
La ville devient progressivement cĂ©lĂšbre en Italie pour ĂȘtre un des fiefs du clan des Casalesi, un puissant clan de la Camorra, qui s'est manifestĂ© par des activitĂ©s dĂ©sastreuses pour l'Ă©conomie locale (opĂ©rations immobiliĂšres, drogue, prostitution, trafic de dĂ©chets radioactifs...). De plus, la ville compte dĂ©sormais plusieurs milliers d'immigrants clandestins, travaillant au noir[7]. Le 18 septembre 2008, 6 Africains sont criblĂ©s de balles dans le cadre de la lutte entre Camorra et des organisations d'origine africaine, pour le contrĂŽle du territoire[4].
Une partie de l'ancienne station balnéaire désaffectée est devenue un des repaires de la mafia nigériane qui fait affaire avec les organisations criminelles italiennes. Des proxénÚtes y font venir des Africaines en leur promettant un avenir radieux alors qu'elles sont finalement contraintes de se prostituer. Des hommes africains viennent également travailler dans des exploitations agricoles. Le trafic et la consommation de drogue sont trÚs présents[4] - [8] - [9].
En 2018, la plupart des migrants vivaient dans un ancien lotissement résidentiel militaire, délabré et contrÎlé par la Camorra, qui facture un loyer aux squatters et aux femmes victimes de la traite[10].
Le taux d'homicide est, selon The Guardian le plus élevé du pays, les habitants l'appellant Beyrouth ou le Bronx[10].
Autre
SSC Naples
La commune accueille le centre d'entrainement du club de football de la ville de Naples, le SSC Naples.
Personnalités liées à la commune
- Myriam Makeba, chanteuse sud-africaine, est décédée à Castel Volturno le . Elle participait à un concert de soutien à l'écrivain Roberto Saviano, auteur de Gomorra. Dans l'empire de la camorra. Elle est morte à la fin de son concert, alors que le public se faisait insistant dans une demande de rappel. Soudain, une voix demande au micro s'il y a un médecin dans le public. Evanouie dans les coulisses, la chanteuse sud-africaine est admise peu aprÚs à la clinique Pineta Grande, des suites d'une crise cardiaque, mais succombe, à 76 ans[11].
Notes et références
- (de) Annette Langer, « Menschenhandel in Italien: Wie die nigerianische Mafia Frauen versklavt », Spiegel Online, (consulté le )
- Paul Guichonnet, Histoire de l'Italie, šPresses universitaires de France, coll. « Que Sais-je ? », , p. 16-19
- Christian Bec, Ivan Cloulas, Bertrand Jestaz et Alberto Tenenti, L'Italie de la Renaissance : un monde en mutation (1378-1494), Fayard, , p. 157
- Joan Tilouine et CĂ©lia Lebur, « LâodyssĂ©e criminelle de la mafia nigĂ©riane », Le Monde,â (lire en ligne)
- Philippe Ridet, « Des chefs-d'Ćuvre chez le parrain », Le Monde,â (lire en ligne)
- (de) Gudrun Altrogge, « Italienischer Badeort: Mafia, MĂŒll, Migranten », Spiegel Online,â (lire en ligne)
- Julie Connan, « Castel Volturno, le royaume de la âBlack Camorraâ », Le Figaro,â (lire en ligne)
- Marcelle Padovani, « Casel Volturno, petite ville fantĂŽme d'Italie, tombĂ©e aux mains des gangs nigĂ©rians », Le Nouvel Obs,â (lire en ligne)
- Arnaud Bizot, « Castel Volturno. La mafia nigĂ©riane a mis la ville au pas », Paris Match,â , p. 80-89 (lire en ligne)
- (en) âMigrants are more profitable than drugsâ: how the mafia infiltrated Italyâs asylum system, theguardian.com, 1er fĂ©vrier 2018
- Francis Marmande, « Miriam Makeba, chanteuse », Le Monde,â (lire en ligne)
Liens externes
- Site officiel
- Ressource relative à la géographie :
- Ressource relative Ă la musique :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :