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Carlo Maria Viganò

Carlo Maria Viganò (né le à Varèse) est un prélat catholique italien. Il a été nonce apostolique pour le Saint-Siège et a aussi rempli des missions au sein du Gouvernorat de l'État de la Cité du Vatican.

Carlo Maria Viganò
Biographie
Naissance
Varèse (Italie)
Ordination sacerdotale par Carlo Allorio (it)
Évêque de l'Église catholique
Ordination Ă©piscopale par le pape Jean-Paul II
Nonce apostolique aux États-Unis
–
Secrétaire général pour le gouvernorat de l'État de la Cité du Vatican
–
Délégué pour les représentations pontificales
–
Pro-nonce au Nigeria
–
ArchevĂŞque titulaire d'Ulpiana (de)
Depuis le

Blason
« Scio cui credidi » (2 Tm 1, 12)
(« Je sais en Qui j’ai cru »)
.html (en) Notice sur www.catholic-hierarchy.org

Biographie

Carlo Maria Viganò est né le à Varese, en Italie au sein d'une famille aisée dont le père (mort en 1961) est un industriel de l'acier. Il a plusieurs frères et sœurs dont un frère jésuite[1]. L'héritage paternel important étant d'abord géré en indivis va donner lieu plus tard à des procès au sein de la fratrie : Carlo Maria, qui a profité de son passeport diplomatique pour abriter la fortune familiale en Suisse, est accusé par certains de ses frères et sœurs d'en avoir détourné une partie à son profit[2].

Il est ordonné prêtre le . Il obtint, à la fin de ses études, un doctorat en droit canonique. En 1973, il entre au service diplomatique du Saint-Siège et travaille aux missions diplomatiques papales en Irak et en Grande-Bretagne. De 1978 à 1989, il occupe des postes pour le compte du Secrétariat d’État du Vatican. Il est nommé comme envoyé spécial et observateur permanent du Saint-Siège auprès du Conseil de l'Europe à Strasbourg le .

Outre l'italien, il parle le français, l'espagnol et l'anglais.

Nonce apostolique au Nigeria

Le , il est élevé au rang d'archevêque titulaire d'Ulpiana et nonce apostolique au Nigéria par le pape Jean-Paul II. Il est consacré évêque par ce dernier, Franciszek Macharski et Angelo Sodano, étant les co-consécrateurs, le 26 avril de la même année. Le pape le rencontre lors de sa visite au Nigeria.

Chef du personnel au Vatican

À la fin de sa mission au Nigeria, il est affecté à des fonctions au sein du Secrétariat d'État du Vatican en qualité de délégué des représentations pontificales, faisant de lui le chef du personnel de la curie romaine. Il occupe cette fonction jusqu'à ce qu'il devienne secrétaire général pour le gouvernorat de l'État de la Cité du Vatican le [3].

Secrétaire général du gouvernorat de la Cité du Vatican

En 2009, Carlo Maria Viganò est nommé secrétaire général pour le gouvernorat du Vatican. À ce titre, il met en place des procédures comptables, ce qui permet de transformer un déficit de 10,5 millions de dollars pour le Vatican en un excédent de 44 millions de dollars en l'espace d'un an[4].

En 2010, Viganò propose que la Cité du Vatican sorte de l'euro afin d'éviter de nouvelles réglementations bancaires. Le Vatican rejette sa proposition et accepte les contrôles exigés ainsi que des réglementations bancaires plus strictes[5].

Au Vatican, il lutte contre la corruption et le népotisme, jusqu'à remettre en cause le cardinal Tarcisio Bertone, alors secrétaire d'État. Cette attitude lui donne une image d'homme énergique luttant contre les intrigues internes, un portrait nuancé par certains de ses collaborateurs qui le décrivent également comme intrigant, ambitieux et colérique[6].

Dans un courrier révélé à l'occasion du vatileaks, Viganò se plaint d'avoir été muté en 2011 comme nonce apostolique à Washington pour, selon ses dires, avoir révélé l'existence d'affaires de corruption, népotisme et favoritisme entre le Vatican et des partenaires italiens. D'autres pièces évoquent des conflits internes concernant la supervision de l'Institut pour les œuvres de religion (IOR, la Banque du Vatican), dont le président Ettore Gotti Tedeschi, accusé de « mauvaise gouvernance », a été limogé.

En janvier 2016, à 75 ans, atteint par la limite d'âge, il présente sa démission au pape François qui l'accepte le . Christophe Pierre lui succède à la tête de la nonciature. Il est alors l'objet d'une enquête sur l'éventuelle couverture d'abus sexuels dans l'archidiocèse de Minneapolis et se rapproche alors des courants ultraconservateurs hostiles au pape François[2]. Il souscrit aux doutes émis par les cardinaux Burke, Caffarra, Brandmüller et Meisner à l'occasion de la publication de l'exhortation apostolique Amoris lætitia[2].

Lettre ouverte

En juin 2018, il est publiquement révélé que le cardinal Theodore McCarrick a abusé sexuellement de mineurs ainsi que de plusieurs séminaristes adultes. En conséquence, ce dernier démissionne de ses fonctions de cardinal en juillet. Le 25 août, Viganò publie une lettre de 11 pages qui affirme que l'affaire est plus grave que l'on s'imagine et que les autorités vaticanes et plusieurs évêques étaient au courant, voire complices. La publication appelle à la rien moins qu'à la démission des plus hautes instances du Vatican et du pape lui-même[7].

Selon cette lettre, Gabriel Montalvo et Pietro Sambi, nonces aux États-Unis, auraient informé le Vatican du « comportement profondément immoral de McCarrick auprès des séminaristes, de prêtres » dès 2000. Cependant, d'après Carlo Maria Viganò, rien n'aurait été fait pour arrêter McCarrick. Il accuse en outre les cardinaux Sodano, Bertone et Parolin de n'avoir rien fait, alors qu'ils auraient été au courant des comportements déviants de McCarrick. Enfin, Viganò affirme avoir écrit une lettre en 2008 à Richard Sipe, expert en affaires de violences sexuelles. En conséquence le pape Benoît XVI aurait imposé à McCarrick de sévères restrictions dans ses mouvements et dans son ministère, ne lui permettant pas de s'aventurer hors du séminaire où il vivait et de ne pas dire la messe en public. Cependant, selon Viganò, le pape François aurait ensuite réhabilité McCarrick en l'érigeant comme « son conseiller de confiance », en dépit du fait que le pape François « savait depuis au moins le 23 juin 2013 que McCarrick était un prédateur sexuel. Il savait qu'il était un homme corrompu ».

Dans sa lettre, Carlo Maria Viganò accuse le pape François ainsi que plusieurs prélats - dont Donald Wuerl, William Levada, Marc Ouellet, Lorenzo Baldisseri, Jésus Montanari, Leonardo Sandri, Fernando Filoni, Giovanni Angelo Becciu et Robert McElroy - d'avoir été au courant, au moment des faits, des actes de harcèlement sexuel posés par le cardinal et dénonce sinon le manque d'actions pour le stopper, du moins d'avoir fait preuve d'un certain laxisme à son égard.

Carlo Maria Viganò demande en outre au pape et à ceux qui auraient dissimulé la conduite de McCarrick de démissionner : « En ce moment extrêmement dramatique pour l'Église universelle, il [le pape François] doit reconnaître ses erreurs et, conformément au principe proclamé de tolérance zéro, le pape François doit être le premier à donner l’exemple aux cardinaux et aux évêques qui ont dissimulé les abus de McCarrick, et démissionner avec eux. »

Auteurs et diffusion

Il s'avère que le rédacteur de ce « témoignage » est le journaliste italien Mario Tosatti[8], ancien vaticaniste de la Stampa et contempteur habituel du pape François[9], et que le contenu élaboré en compagnie de Vigano est truffé d'erreurs, de contradictions et d'omissions qui remettent la pertinence de son contenu fondamentalement en cause[10]. Par ailleurs, le mécène catholique américain Tim Busch affirme avoir participé à la rédaction du document avant de se rétracter après que Georg Gänswein, le secrétaire du pape émérite Benoit XVI, qualifie de « fake news » l'information selon laquelle ce dernier aurait confirmé le récit de Vigano[9]. Son hebdomadaire, le National Catholic Register n'en est pas moins parmi les premiers organes de presse conservateurs et blogs traditionalistes ou intégristes[7] qui publient simultanément la diatribe, avec Riposte catholique en France ou encore InfoVaticana (en) en Espagne[9].

Évaluations de la lettre par les médias

Le New York Times a déclaré que la lettre de Carlo Maria Viganò contenait « des allégations non fondées et des attaques personnelles » et l'a décrite comme « une déclaration de guerre contre le pape François, probablement à son moment le plus vulnérable ».

L'Associated Press décrit Carlo Maria Viganò comme « un conservateur dont les vues homophobes pures et dures sont bien connues » et suggère, sans néanmoins jamais le prouver, que ces prises de position seraient à l'origine de son accusation.

Matthew Schmitz, rédacteur en chef du journal néoconservateur First Things, écrit que la lettre de Viganò a plongé l'Église catholique « dans une guerre civile totale ».

Jean-Marie Guénois, rédacteur en chef, chargé des religions au Figaro Magazine, relève que Viganò « est un homme d'autorité, de grande carrière ecclésiastique, habituellement très sérieux »[11]. Il voit également dans les attaques contre la personne de Mgr Viganò « un nuage de fumée, signe d'un embarras au plus haut niveau sur ce que dénonce le prélat »[12].

RĂ©ponse du pape Ă  la lettre

Au-delà de la dénonciation des abus de McCarrick, le texte appelle à la démission des plus hautes instances du Vatican et du pape lui-même[7], dans ce qui s'apparente à un pronuciamento à l'encontre des autorités vaticanes, dans une tentative, selon Nicolas Senèze, de pousser le pape vers la sortie et de peser sur le conclave qui suivrait cette démission[9].

Interrogé par un journaliste pour répondre aux allégations de Carlo Maria Viganò, le pape François répond : « J'ai lu ce matin ce communiqué, je l'ai lu et je dirai sincèrement que je dois vous dire ceci, à vous et à tous ceux d'entre vous qui sont intéressés : lisez attentivement le communiqué et faites-vous votre propre jugement. Je ne dirai pas un mot là-dessus. Je pense que le communiqué parle de lui-même. Et vous avez la capacité journalistique suffisante pour tirer des conclusions. C'est un acte de confiance. Quand on passe un peu le temps et vous avez les conclusions, peut-être je parlerai mais j'aimerais que votre maturité professionnelle fasse ce travail. Cela vous fera vraiment du bien. »

Les différents travaux d'enquête menés par la presse démontent les accusations posées contre François qui tombent les unes après les autres[13].

RĂ©actions des cardinaux et Ă©vĂŞques Ă  la lettre

Le cardinal Daniel DiNardo, président de la Conférence des évêques catholiques des États-Unis, publia une déclaration déclarant que la lettre de Viganò soulevait des questions qui « méritent des réponses concluantes et fondées sur des preuves. »

Le porte-parole de l’archevêque de Washington, le cardinal Donald Wuerl, a déclaré que ce dernier n’avait jamais reçu d’informations de Carlo Maria Viganò concernant McCarrick.

Certains évêques américains ont critiqué la missive de Carlo Maria Viganò. Le cardinal Joseph Tobin, archevêque de Newark, publia une déclaration critiquant la déclaration de Viganò, la décrivant comme contenant des « erreurs factuelles, des insinuations ».

Robert McElroy, évêque de San Diego, déclara qu'au lieu de rechercher une « vérité complète », Vigano s'adonnait à la « partisanerie, la division et la distorsion ».

D'autres Ă©vĂŞques amĂ©ricains sont plus positifs. Thomas Olmsted, Ă©vĂŞque de Phoenix, dĂ©clara qu'il avait « toujours respectĂ© Viganò en tant qu'homme de vĂ©ritĂ©, de foi et d'intĂ©gritĂ© » et demanda que les revendications de sa lettre « fassent l'objet d'une enquĂŞte approfondie ». De mĂŞme, David Konderla, Ă©vĂŞque de Tulsa, dĂ©clara que les allĂ©gations de Viganò seraient « une bonne chose pour commencer les enquĂŞtes ». Dans une lettre ouverte adressĂ©e Ă  Donald Trump, il dĂ©nonce le « great reset des mondialistes contre qui il (Donald Trump) est un rempart Â»

Prise de positions sur la pandémie de Covid-19 et le décès de George Floyd

En mai 2020, lors de la première vague de la pandémie de Covid-19, l'archevêque sort de son silence en signant une pétition pour la reprise des cultes qui auraient été interdits par « un gouvernement mondial » hors de contrôle[14]. Le , monseigneur Carlo Maria Viganò adresse au Président Donald Trump un courrier reprenant des thèmes qualifiés de conspirationnistes par les journaux détenus par les multinationales qui nie la notion d'État, en mai 2020 et associant les émeutes à la suite du décès de George Floyd à l'Apocalypse[15]. En octobre 2020, en pleine campagne présidentielle américaine, il écrit une lettre ouverte de soutien au Président Trump où il développe à nouveau la thèse d'une dictature sanitaire, prélude à une « grande réinitialisation » financée par le Forum économique mondial[16].

Selon Libération, le prélat est « connu pour ses positions antivax et complotistes »[17].

Publications

  • Un ArchevĂŞque parle : textes de Mgr Carlo Maria Viganò (2020-2021), AvrillĂ©, Ă©d. Saint-Dominique, , 165 p. (ISBN 978-2-9580631-0-8).

Bibliographie

  • Marco Tosatti, Viganò et le Pape, Paris, Presses de la DĂ©livrance, 2019, 110 p. (ISBN 979-10-95502-25-8).
  • Nicolas Senèze, Comment l'AmĂ©rique veut changer de pape, Paris, Bayard Culture, coll. « Essais religieux divers », , 276 p. (ISBN 978-2-227-49666-8).

Notes et références

  1. Nicolas Sénèze, op. cit.
  2. Frédéric Mounier, Le pape qui voulait changer l'église, L'Archipel, (ISBN 978-2-38195-023-5, lire en ligne), Pt150
  3. « Archbishop Carlo Maria Viganò », Catholic Hierarchy (consulté le )
  4. John L. Allen, « Vatican denies corruption charges attributed to U.S. nuncio », National Catholic Reporter, (consulté le )
  5. « Influential prelate said Vatican should drop Euro, author reports », Catholic World News,‎ (lire en ligne, consulté le )
  6. Frédéric Mounier, Le pape qui voulait changer l'Église, L'Archipel, (ISBN 978-2-38195-023-5, lire en ligne), Pt149
  7. Frédéric Mounier, Le pape qui voulait changer l'Église, L'Archipel, (ISBN 978-2-38195-023-5, lire en ligne), Pt151
  8. Nicolas Senèze, « Qui est Mgr Vigano, l’ex-nonce par qui le scandale est arrivé ? », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  9. Nicolas Senèze, Comment l'Amérique veut changer de pape, Bayard, (ISBN 978-2-227-49371-1, lire en ligne), Pt152-155
  10. Jacques Berset, « Affaire Viganò : Le pape François reçoit le président de la Conférence des évêques américains », sur Cath.ch, (consulté le )
  11. « Gestion des abus sexuels : le pape François mis en cause », FIGARO,‎ (lire en ligne, consulté le )
  12. « «Lobby gay» dans l'Église: des allégations prises au sérieux », FIGARO, (consulté le )
  13. Frédéric Mounier, Le pape qui voulait changer l'église, L'Archipel, (ISBN 978-2-38195-023-5, lire en ligne), Pt153
  14. « Covid-19, des prélats catholiques signent un texte complotiste », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  15. « Complotisme et catholicisme : l'Église de Mgr Viganò », sur Le Grand Continent, (consulté le )
  16. Guy Boulianne, « L’archevêque Carlo Maria Viganò envoie une lettre ouverte au Président des États-Unis Donald Trump concernant le « Great reset » », sur Guy Boulianne : auteur, éditeur et journaliste indépendant, (consulté le )
  17. Pierre Plottu et Maxime Macé, « Complotisme et racisme: l’extrême droite radicale en camps d’été », sur Libération (consulté le )

Liens externes

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