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Caractère sexuel secondaire

Les caractères sexuels secondaires sont les traits qui distinguent les individus des deux sexes d'une même espèce mais, à la différence des caractères sexuels primaires que sont les organes sexuels, ils ne participent pas directement au système reproducteur. Les principales théories évolutionnistes pour expliquer l'apparition de tels organes reposent sur l'idée que les caractères sexuels secondaires sont l'objet d'une pression de sélection sexuelle intra-sexe : lors de la parade nuptiale, les individus d'un même sexe sont en compétition pour s'accoupler avec un individu du sexe opposé, celui[alpha 1] qui prend l'avantage sur ses rivaux est celui qui présente les caractères sexuels secondaires les plus attractifs pour le partenaire ou qui lui permettent de s'imposer sur ses rivaux. Cela explique notamment pourquoi ces caractères apparaissent en général au moment de la maturité sexuelle (i.e. la puberté chez l'être humain).

Les plumes colorées de la queue du paon mâle sont un exemple de caractère sexuel secondaire.

Historique

Les termes de caractères sexuels primaires et secondaires sont forgés en 1780 par le chirurgien anglais John Hunter pour désigner les différences sexuelles[1].

Dans La Filiation de l'homme et la sélection liée au sexe de Charles Darwin, publié en 1871, le naturaliste britannique affirme qu'il est impossible d'établir, dans le règne animal, une ligne de démarcation entre les caractères sexuels primaires résultats de la sélection naturelle et les caractères sexuels secondaires issus de la sélection [2]intrasexuelle[3].

Origine des caractères sexuels secondaires

Il existe plusieurs mécanismes évolutifs permettant l'apparition de caractères sexuels secondaires[4] :

  • Ă  cause d'un gène plĂ©iotropique : un gène sexe-spĂ©cifique sĂ©lectionnĂ© pour une raison quelconque peut avoir un autre effet (si celui-ci n'est pas fortement contre-sĂ©lectionnĂ©) comme l'apparition d'un caractère sexuel secondaire.
  • si les deux sexes ont des exigences Ă©cologiques diffĂ©rentes, les pressions sĂ©lectives exercĂ©es sur les mâles et les femelles ne seront pas les mĂŞmes et peuvent entraĂ®ner la sĂ©lection de caractères sexe-spĂ©cifiques. La diffĂ©renciation des prĂ©fĂ©rences Ă©cologiques peut en outre ĂŞtre sĂ©lectionnĂ©e car elle permet d'Ă©viter une compĂ©tition intraspĂ©cifique pour les ressources. Ainsi le mâle et la femelle de l'oiseau Centurus striatus ont des morphologies de bec et des prĂ©fĂ©rences alimentaires très diffĂ©rentes, ce qui pourrait permettre d'agrandir la niche Ă©cologique de l'espèce[5].
  • par sĂ©lection intrasexuelle : les caractères sexuels secondaires peuvent servir d'armes lors de la compĂ©tition entre les individus d'un mĂŞme sexe (en gĂ©nĂ©ral les mâles) pour pouvoir se reproduire avec les individus de l'autre sexe. Ces armes peuvent ĂŞtre physiques, comme les bois du cerf, ou psychologiques, comme certains ornements d'oiseaux dissuadant les autres mâles.
  • par sĂ©lection intersexuelle : lorsque l'un des sexes choisit ses partenaires de l'autre sexe, certains caractères du sexe choisi peuvent ĂŞtre sĂ©lectionnĂ©s par ce choix. Ces caractères n'Ă©tant sĂ©lectionnĂ©s que pour l'un des sexes, cela peut conduire Ă  l'apparition d'un dimorphisme sexuel. C'est par exemple le cas de la queue du paon.

Dans l'espèce humaine

Les principaux caractères sexuels secondaires de l'espèce humaine sont :

Caractères sexuels secondaires masculins Caractères sexuels secondaires féminins
Morphologie
et squelette

Taille moyenne plus grande, plus grand volume thoracique
Mains et pieds plus grands
Os du squelette plus Ă©pais

Taille moyenne plus basse
Bassin plus large que les Ă©paules
rapport taille-hanche plus faible

Pilosité

Plus marquée sur le torse et l'abdomen ainsi que sur le visage (barbe et moustache)

Moindre pilosité faciale et corporelle
Croissance plus rapide des cheveux

Peau

Plus Ă©paisse et plus rude

Grain de peau plus fin

Tissu adipeux

Accumulation principalement autour de l'abdomen et de la taille

Distribution davantage répartie sur la surface du corps
Accumulation au niveau des fesses, des cuisses et des hanches

Autres

Plus grande capacité musculaire
Pomme d'Adam marquée
Tessiture de voix plus grave

Seins développés
Glandes mammaires fonctionnelles[6]

Formation des caractères sexuels secondaires

DĂ©veloppement mammaire selon l'Ă©chelle de Tanner.

La différenciation sexuelle commence au moment de la gestation, lorsque les gonades se forment. Les différences n'apparaissent dans la constitution des filles et des garçons qu'au moment de la puberté, avec l'augmentation des hormones sexuelles.

Chez les individus de sexe masculin, la testostérone induit la croissance du pénis, et indirectement, via l'androstanolone, celle de la prostate. L'œstradiol et les autres hormones féminines engendrent le développement des seins chez la femme. Ce processus dépend aussi des taux d'hormones sexuelles au stade fœtal. Ainsi, le taux d'androgènes auquel est soumis le fœtus ou le nouveau-né vont moduler la capacité du tissu mammaire à répondre aux œstrogènes lors de l'adolescence.

Caractères sexuels secondaires comportementaux

En toute rigueur, les caractères sexuels secondaires ne se limitent pas aux caractéristiques anatomiques qui différencient mâles et femelles d'une même espèce mais ils incluent aussi les différences dans la physiologie ou le comportement (par exemple, la fabrication de nids en forme de tonnelle par les oiseaux jardiniers mâles ou la danse du pigeon mâle) font partie du dimorphisme sexuel propre à l'espèce. Le comportement est en effet un trait phénotypique : tout comme certains attributs anatomiques sont codés génétiquement (dans le génotype), certains comportements dimorphiques ou non (par exemple, la parade nuptiale, mais aussi la construction du nid ou la peur de prédateurs[7]) ont une base génétique et sont donc soumis à la sélection naturelle et/ou sexuelle. Les comportements dimorphiques sont donc un cas parmi d'autres de caractères sexuels secondaires. Des travaux récents ont ainsi montré qu'il était possible, en manipulant l'épissage d'un gène unique chez la mouche drosophile femelle, d'induire un comportement de parade nuptiale durant lequel celles-ci se mettent alors, tout comme les mâles, à courtiser les autres femelles[8].

Notes et références

Notes

  1. Au sens neutre grammatical qui peut recouvrir les deux expressions, comme dans le reste de l'article

Références

  1. (en) « Account of an Extraordinary Pheasant », Philosophical Transactions of the Royal Society of London, vol. 70,‎ , p. 528, 531 (DOI 10.1098/rstl.1780.0030).
  2. Charles Darwin, La Filiation de l’Homme et la sélection liée au sexe, trad. sous la direction de P. Tort, coord. par M. Prum. Précédé de Patrick Tort, « L’anthropologie inattendue de Charles Darwin ». Paris, Champion Classiques, 2013.
  3. Paul-Antoine Miquel, Biologie du XXIe siècle : évolution des concepts fondateurs, De Boeck Supérieur, , p. 103.
  4. (en) Malte Andersson et Leigh W. Simmons, « Sexual selection and mate choice », Trends in Ecology and Evolution, vol. 21, no 6,‎ , p. 877-904 (ISSN 0169-5347, DOI 10.1016/j.tree.2006.03.015)
  5. (en) Rober K. Selander, « Sexual dimorphism and differential niche utilization in birds », Condor, vol. 68, no 2,‎ , p. 113-151 (lire en ligne [PDF])
  6. (en) JT Manning, D Scutt, J Wilson and DI Lewis-Jones « The ratio of 2nd to 4th digit length: a predictor of sperm numbers and concentrations of testosterone, luteinizing hormone and oestrogen Â» Human Reproduction Vol 13 (11), 3000-3004. pdf
  7. Voir les travaux de Konrad Lorenz et Nikolaas Tinbergen, fondateurs de l'Ă©thologie
  8. (en) E. Demir et B. Dickson « fruitless Splicing Specifies Male Courtship Behavior in Drosophila Â» Cell, Volume 121, Issue 5 , 3 June 2005, Pages 785-794

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