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CC 80000

Les CC 80000, numérotées 060 GA à leur mise en service, sont deux prototypes de locomotive à moteurs à pistons libres et turbines à gaz construits par Renault dans son usine de Choisy-le-Roi en s'inspirant de l'expérience de la 040 GA 1.

CC 80000
Description de cette image, également commentée ci-après
La CC 80001.
Identification
Exploitant(s) SNCF
puis CFD Montmirail
DĂ©signation 060 GA 1-2
puis CC 80001-80002
Surnom Belphégor
Type Locomotive Ă  turbine Ă  gaz
puis locomotive Diesel
Motorisation Moteurs Ă  pistons libres-turbines Ă  gaz puis Diesel
Construction 2 exemplaires
Constructeur(s) Renault-CAFL
Mise en service 1 : 1959
2 : 1961
Retrait 25 février 1964
Caractéristiques techniques
Disposition des essieux Co'Co'
Écartement standard (1 435 mm)
Carburant kérosène
Moteur thermique 2 turbines à gaz 6 étages Rateau et générateurs de gaz Pescara
Transmission mécanique
Puissance continue 2 X 1100 kW
Masse en service 120 t
Longueur 21,300 m
Vitesse maximale 128 km/h

Renault reste propriétaire des locomotives, mises à la disposition de la SNCF. Elles sont ensuite vendues à la Compagnie de chemins de fer départementaux (CFD) qui transforme la CC 80001 en locomotive Diesel surnommée « Belphégor », la 80002 servant de réserve de pièces détachées. Après une période assez longue de location à la SNCF puis à la société de travaux ferroviaire Desquenne et Giral, la 80001 a été rachetée par Renault pour un éventuel futur musée sur ses activités et productions ferroviaires.

Elles ne doivent pas ĂŞtre confondues avec les BB 80000, locomotives Ă©lectriques issues de la transformation de BB 8100.

Genèse des prototypes

Générateur de gaz Pescara et turbine Rateau.

Depuis 1952, Renault fait rouler sur les voies de la SNCF un prototype de locomotive à turbine à gaz, la 040 GA 1. Il exploite le principe, déjà utilisé dans la marine marchande, d'un générateur de gaz à pistons libres inventé par Raoul Pateras Pescara qui alimente la turbine à gaz. Le fonctionnement de la locomotive semble globalement satisfaisant même si tous les résultats ne sont pas au rendez-vous, notamment en termes de puissance ; la 040 GA 1 présente en outre de graves inconvénients comme un bruit assourdissant et d'importantes vibrations[1].

Renault poursuit cependant l'expérience en construisant en 1959[2], avec la collaboration de la compagnie des forges et aciéries de la marine et d'Homécourt, deux autres prototypes pourvus de deux ensembles générateur-turbine chacun, pour doubler la puissance de l'engin : ce sont les 060 GA 1 et 2[3].

Description

Deux prototypes Ă  turbine

Les deux locomotives adoptent le type CC, deux bogies Ă  trois essieux moteurs, disposition rendue nĂ©cessaire par la masse des engins (120 t)[4]. Les deux ensembles gĂ©nĂ©rateur-turbine peuvent ĂŞtre isolĂ©s : en cas de dĂ©faillance de l'un d'eux, la locomotive peut poursuivre sa marche Ă  puissance rĂ©duite. En outre, pour mĂ©nager les gĂ©nĂ©rateurs de gaz, les servitudes Ă©lectriques des machines sont alimentĂ©es par un groupe Ă©lectrogène indĂ©pendant composĂ© d'un moteur diesel de puissance rĂ©duite accouplĂ© Ă  un alternateur[4].

Les machines possèdent deux rapports de réduction autorisant une vitesse maximale de 73,5 ou 128 km/h. Des embrayages Renault sur la 060 GA 1 ou Sulzer sur la 060 GA 2 relient les turbines aux boîtiers de transmission[5]. Les faces frontales et leurs capots proéminents sont moulés en construits en matière plastique[6]. Les deux locomotives reçoivent une livrée bleu pâle rehaussée de bandes bleu foncé[7].

Si la puissance espĂ©rĂ©e des deux locomotives atteint 2 400 ch, elle ne dĂ©passe pas dans la pratique 1 500 ch[5].

Une locomotive diesel

Au terme d'essais assez peu satisfaisants, les deux locomotives sont garées à Massy-Palaiseau : elles sont déjà supplantées en termes de puissance et de fiabilité par les BB 67000 et les A1AA1A 68000. En 1963 Renault cesse son activité ferroviaire et les deux locomotives sont abandonnées chez un ferrailleur. Les turbines à gaz utilisées Pescara dans la marine marchande se révèlent définitivement inadaptées au secteur ferroviaire[5].

Les chemins de fer dĂ©partementaux (CFD) les rachètent en 1966 : ils souhaitent tester leur transmission hydromĂ©canique Asynchro, qui Ă©quipe dĂ©jĂ  des engins de moyenne puissance comme les BB 71000 sur des engins de forte puissance. La 060 GA 2 devient un magasin de pièces de rĂ©serves pour l'autre exemplaire ; elle est finalement dĂ©mantelĂ©e en 1979. La 060 GA 1, rĂ©immatriculĂ©e CC 80001 et surnommĂ©e « BelphĂ©gor Â», reçoit dans les ateliers CFD Ă  Montmirail deux moteurs SEMT Pielstick d'une puissance unitaire de 1 400 ch reliĂ©s Ă  une transmission Asynchro unique entraĂ®nant les roues des deux bogies. La locomotive, achevĂ©e en , est alors pourvue d'un troisième phare sur ses faces frontales et reçoit une nouvelle livrĂ©e bleu foncĂ© avec une large ceinture blanche Ă  mi-hauteur de caisse[4].

Carrière et services

La 060 GA 1 est affectée au dépôt d'Achères pendant la période d'essais. Lorsque la 060 GA 2 sort de construction quelques mois plus tard, les deux locomotives rejoignent le dépôt de La Rochelle et sont engagées en tête de trains de messagerie sur Nantes — Bordeaux : elles ne disposent pas de chaudière pour le chauffage des rames voyageurs et, leur transmission ayant tendance à surchauffer lors des démarrages répétés, leur utilisation est moins sujette aux pannes sur de longs parcours sans arrêt. En raison d'une fiabilité malgré tout aléatoire, un mécanicien Renault prend place à bord lors de chaque voyage[7].

La CC 80001, affectĂ©e au dĂ©pĂ´t de Caen et faisant preuve d'une fiabilitĂ© très nettement amĂ©liorĂ©e par rapport Ă  la version d'origine, assure des prestations diffĂ©rentes de celles des 060 GA. En tĂŞte d'une rame de voitures voyageurs comportant un fourgon-chaudière, elle circule sur la ligne Paris — Caen — Cherbourg. Lorsque les Ă©lĂ©ments Ă  turbine Ă  gaz (ETG) reprennent cette rotation, la CC 80001 rejoint la ligne Paris — Argentan — Granville jusqu'en 1977[8]. Pendant toute cette pĂ©riode comme au cours de la prĂ©cĂ©dente, ces locomotives prototypes ne seront jamais vĂ©ritablement intĂ©grĂ©es au parc de la SNCF : elles y figurent « hors inventaire Â»[8].

Image externe
La CC 80001 en livrée Desquenne et Giral sur le site des CFD.

Elle est alors louĂ©e par CFD Ă  la sociĂ©tĂ© de travaux ferroviaires Desquenne et Giral qui recherche une locomotive de forte puissance et l'utilise en tĂŞte de trains de travaux ; pour l'occasion, le jaune orangĂ© remplace le bleu foncĂ© dans la livrĂ©e de l'engin. Un an plus tard, en 1978, Desquenne et Giral rachète la CC 80001 que le personnel de l'entreprise surnomme « Lucie Â»[8] - [9]. Cette pĂ©riode active prend fin en 1985 car la locomotive doit subir une rĂ©vision qui n'a en dĂ©finitive pas lieu[8]. La locomotive est alors confiĂ©e Ă  Renault pour sa sauvegarde ; elle fut abritĂ©e de 1993 Ă  2022 dans un hangar de l'usine Renault de Flins[10], puis, au mois de , elle est acheminĂ©e Ă  Breil-sur-Roya pour ĂŞtre confiĂ©e Ă  l'Ă©comusĂ©e du haut-pays et des transports[11].

Modélisme

Les CC 80000 ont été reproduits à l'échelle HO Carpena & Goupille, sous forme de kit à monter[9].

Notes et références

  1. Fieux 2006, p. 53.
  2. Dupuy 2002, p. 8.
  3. Fieux 2006, p. 52-54.
  4. Dupuy 2002, p. 9.
  5. Fieux 2006, p. 55.
  6. Fieux 2006, p. 51.
  7. Fieux 2006, p. 54.
  8. Jehan-Hubert Lavie, « La vie palpitante de Belphégor », Loco Revue, no 257,‎ , p. 466-467 (lire en ligne).
  9. Jean-Paul Quatresous, « Belphégor sort de l'ombre », Loco Revue, no 256,‎ , p. 368-372 (lire en ligne).
  10. Fieux 2006, p. 56.
  11. « La CC80001 de Renault déménage », sur facs-patrimoine-ferroviaire.fr (consulté le )

Annexes

Bibliographie

  • Jean-Marc Dupuy, « De timides applications en France avec la filière « Marine Â» », Le Train, no 32 « Les turbotrains »,‎ , p. 8-9 (ISSN 1267-5008). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • LoĂŻc Fieux, « 060 GA 1 et 2 : beaucoup de bruit pour rien », Correspondances ferroviaires, no 23,‎ , p. 50-56 (ISSN 1779-4145, lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Thierry Nicolas, Les locomotives BB 69000, CC 70000 et CC 80001, Nicolas-Collection, 108 p. (ISBN 978-2-9307-4843-6).

Articles connexes

Liens externes

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