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Brigitte Mohnhaupt

Brigitte Margret Ida Mohnhaupt (née le à Rheinberg, Rhénanie-du-Nord-Westphalie) est une militante allemande d'extrême-gauche, ancienne terroriste membre de la Fraction armée rouge (RAF) de 1970 à 1982.

Brigitte Mohnhaupt
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Biographie

Avec Christian Klar, sorti de prison fin 2008, celle que la presse allemande a appelée la « femme la plus dangereuse d'Allemagne », est considérée comme la principale organisatrice de plusieurs actions sanglantes qui avaient semé la terreur en Allemagne à la fin des années 1970. L'organisation s'était dissoute en 1998.

En 1977 dans le cadre des attentats de la RAF en Allemagne, elle est impliquée dans plusieurs assassinats dont ceux de Hanns Martin Schleyer, du procureur général fédéral Siegfried Buback et du banquier Jürgen Ponto, et dans plusieurs autres tentatives d'assassinats.

ArrĂŞtĂ©e le , elle est condamnĂ©e en 1985 Ă  Stuttgart Ă  la rĂ©clusion criminelle Ă  perpĂ©tuitĂ© assortie d'une pĂ©riode de sĂ»retĂ© de vingt-quatre ans eu Ă©gard Ă  la « particulière gravitĂ© des faits Â».

Le , le tribunal de grande instance de Stuttgart a considéré qu'elle ne présentait plus de danger, et accepte sa mise en liberté à l'issue de sa période de sûreté, qui aurait dû avoir lieu le [1].

Elle est libérée le de la prison d'Aichach, deux jours avant la date prévue.

Les années 1971-1976

Brigitte Mohnhaupt, après un passage dans les rangs du « Collectif socialiste des patients » (SPK, Sozialistisches Patientenkollektiv), avait intégré, après la dissolution du SPK, en 1971, la Fraction armée rouge[2], et avait rapidement pris en charge l'organisation, la logistique et l'approvisionnement en armes du groupe.

Le , Brigitte Mohnhaupt était arrêtée à Berlin et condamnée à une peine de quatre ans et huit mois de prison, pour participation à une organisation criminelle, falsification de pièces d'identité et détention illégale d'armes.

En 1976, peu après le suicide d'Ulrike Meinhof dans sa cellule, Brigitte Mohnhaupt demandait son transfert à la prison de Stammheim, à Stuttgart, où étaient détenus plusieurs autres membres de la RAF, tels qu'Andreas Baader, Gudrun Ensslin et Jan-Carl Raspe, qui l'auraient convaincue de prendre la tête, dès sa libération, de ce que l'on appellerait la « seconde génération » de la Fraction armée rouge.

L'année 1977

De fait, dès sa libération, intervenue le , Brigitte Mohnhaupt plongeait immédiatement en clandestinité et réorganisait rapidement un nouveau réseau comprenant notamment Christian Klar et Adelheid Schulz.

Le , un commando à motocyclette, comprenant Brigitte Mohnhaupt, Christian Klar, Knut Folkerts et Günter Sonnenberg, ouvre le feu sur la voiture de fonction de Siegfried Buback, avocat général à la Cour fédérale de justice de Karlsruhe et adversaire résolu de la Fraction armée rouge, tuant les trois occupants du véhicule, soit M. buback, son chauffeur et un de ses collaborateurs.

Le , Brigitte Mohnhaupt, Christian Klar et Susanne Albrecht tentaient d'enlever à son domicile d'Oberursel, près de Francfort, le banquier Jürgen Ponto, président du directoire de la Dresdner Bank. Devant la résistance du banquier, celui-ci était tué à bout portant de cinq coups de feu. Il semble établi que le choix des terroristes s'était porté sur M. Ponto en raison des liens qui l'unissaient à Susanne Albrecht, qui était sa filleule.

Le , un commando de la RAF, comprenant notamment Christian Klar et Brigitte Mohnhaupt, enlevait à Cologne Hanns-Martin Schleyer, président de la Confédération des associations patronales allemandes (Bundesvereinigung der Deutschen Arbeitgeberverbände), tuant au passage son chauffeur et ses trois gardes du corps. L'attentat était rapidement suivi d'une revendication qui exigeait la libération d'Andreas Baader, Gudrun Ensslin et Jan-Carl Raspe, condamnés en avril à la réclusion criminelle à perpétuité.

Le 13 octobre, un commando palestinien s'emparait d'un avion de la Lufthansa, avec 91 passagers à son bord, et exigeait à son tour la libération des prisonniers de Stammheim. Après un périple ayant successivement conduit l'appareil en Italie, à Chypre, au Bahreïn et à Dubaï, l'avion avait fait escale à Aden le 16 octobre, et les preneurs d'otage avaient alors assassiné le commandant de bord de l'avion, avant que celui-ci ne reparte pour Mogadiscio, en Somalie. Le 18 octobre, un commando d'élite allemand prenait d'assaut l'avion immobilisé sur l'aéroport de Mogadiscio, et parvenait à libérer tous les otages, après avoir tué trois des quatre terroristes. Le même jour, les trois prisonniers étaient retrouvés morts dans leurs cellules de la prison de Stammheim, Andreas Baader et Jan-Carl Raspe étant semble-t-il décédés de blessures par balles, tandis que Gudrun Ensslin était retrouvée pendue, et qu'une quatrième prisonnière, Irmgard Möller, était elle aussi retrouvée atteinte de plusieurs lacérations à la poitrine, mais devait survivre à ses blessures. L'enquête n'a jamais pu déterminer comment les prisonniers auraient pu se procurer les armes à feu leur ayant servi pour se suicider ou tenter de se suicider. La thèse officielle du suicide est controversée. Irmgard Möller affirmera plus tard qu'il s'agissait d'assassinats.

Le 19 octobre, le corps de Hanns-Martin Schleyer, tué de plusieurs balles dans la tête, était retrouvé dans le coffre d'une voiture à Mulhouse, en France.

Les années 1978-1982

Le , un commando composé de Brigitte Mohnhaupt, Sieglinde Hofmann, Rolf-Clemens Wagner et Peter-Jürgen Boock, était arrêté à Zagreb[3] par la police yougoslave. Les autorités yougoslaves tenteront pendant plusieurs mois de négocier l'extradition de Brigitte Mohnhaupt contre la libération de plusieurs prisonniers yougoslaves, marché auquel la République fédérale d'Allemagne refusera de participer.

En novembre 1978, les autorités yougoslaves libéraient Brigitte Mohnhaupt, la laissant libre de partir pour le pays de son choix.

Brigitte Mohnhaupt devait à nouveau faire parler d'elle le , en participant à un commando qui s'attaquait, à Heidelberg, à une limousine blindée transportant le général Frederick Kroesen, commandant en chef de la 7e armée américaine et un des plus hauts responsables de l'OTAN en Europe. Le commando de la RAF, baptisé « commando Gudrun Ensslin », avait attaqué le véhicule avec un lance-roquettes RPG-7, sans toutefois parvenir à tuer le général.

Le , alors qu'elles se rendaient à une cache d'armes de la RAF, dans une forêt proche de Francfort, Brigitte Mohnhaupt et Adelheid Schulz étaient arrêtées par la police qui surveillait étroitement les lieux.

La détention

Le , Brigitte Mohnhaupt avait été reconnue coupable de neuf meurtres intervenus durant l'année 1977 et condamnée, par un tribunal (l’Oberlandesgericht Stuttgart) à cinq peines de réclusion criminelle à perpétuité et une peine de 15 ans de réclusion criminelle. Les six peines avaient été confondues, le , lors d'un nouveau jugement, en une seule peine de réclusion criminelle à perpétuité.

Le procès de 1985 avait également examiné le cas de Christian Klar, arrêté à Friedrichsruh, dans le Schleswig-Holstein, le , soit cinq jours après Brigitte Mohnhaupt et Adelheid Schulz. Il avait pour sa part été condamné à six peines de réclusion criminelle à perpétuité et une peine de quinze ans de réclusion criminelle.

Vers la libération

Le , le tribunal qui avait initialement condamné Brigitte Mohnhaupt avait décidé que la durée minimale de détention de la condamnée ne pouvait être inférieure à vingt-quatre années de prison.

Le , la même cour annonçait la libération anticipée de la détenue pour le , ce qui avait déclenché une certaine émotion en Allemagne.

L'un des fils d'Hans Martin Schleyer, Dirk Schleyer, avait estimé, le jour même, que la perspective de cette libération anticipée était « injustifiable », tandis que son frère, Jörg, déplorait qu'aucun des terroristes impliqués n'ait jusqu'ici exprimé publiquement de regrets pour les meurtres commis à l'époque et que la veuve du « patron des patrons allemands » se déclarait de son côté « épouvantée ».

Une autre proche d'une des victimes s'est par contre exprimée dans un autre registre. Corinna Ponto, aujourd'hui âgée de 49 ans, fille de Jürgen Ponto, s'est ainsi exprimée devant un journaliste du journal britannique The Sunday Telegraph, daté du , alors que la libération de Brigitte Mohnhaupt n'était pas encore effective, pour demander aux meurtriers de son père de reconnaître clairement que le terrorisme était une erreur, et d'avoir « le courage et la décence » de s'expliquer sur le contexte de la vague de terrorisme des années 1970, mais aussi de révéler qui, à l'époque, assurait la logistique financière et donnait réellement les ordres, au-dessus des chefs de la RAF.

Un syndicat allemand de policiers, la Gewerkschaft der Polizei (GdP), a également exprimé une certaine amertume à l'annonce de la libération prochaine de Brigitte Mohnhaupt : son président, Konrad Freiberg, a tenu à rappeler que la prisonnière aurait été mise en cause dans les meurtres de neuf policiers allemands et d'un policier néerlandais.

La libération de Brigitte Mohnhaupt est toutefois conditionnelle : le jugement du , qui considère que la prisonnière ne présente plus de danger, accorde cette liberté conditionnelle pour une durée de cinq années, au cours de laquelle l'ancienne détenue sera astreinte à un contrôle judiciaire très strict et devra rendre des comptes à un officier de probation.

On avait appris, à l'occasion de l'audience du , que la prisonnière avait eu l'occasion à neuf reprises, au cours des mois précédant sa libération effective, de faire des sorties sous bonne garde hors de sa prison, pour voir le monde extérieur.

Après la libération de Brigitte Mohnhaupt, le seul prisonnier de la Fraction armée rouge des années 1970 restait Christian Klar, qui a déposé une demande de grâce auprès du président fédéral Horst Köhler. Il a finalement été libéré le , après 26 ans d'emprisonnement.

Les dernières prisonnières ayant appartenu à la Fraction armée rouge, ont fait partie de ce qu'on a appelé la « troisième génération », active à partir du milieu des années 1980 :

  • Eva Haule, âgĂ©e de 54 ans, entrĂ©e dans la RAF en 1984, arrĂŞtĂ©e en 1986 et condamnĂ©e en 1988 Ă  15 ans de rĂ©clusion criminelle. Elle n'avait pas Ă©tĂ© libĂ©rĂ©e en 2001, en raison de la dĂ©couverte de nouvelles charges Ă  son encontre. Elle a Ă©tĂ© libĂ©rĂ©e en [4].
  • Birgit Hogefeld, âgĂ©e de 52 ans, elle aussi intĂ©grĂ©e dans le groupe en 1984, mais arrĂŞtĂ©e beaucoup plus tard, en 1993. Elle avait Ă©tĂ© condamnĂ©e, en 1996, Ă  trois peines de rĂ©clusion criminelle Ă  perpĂ©tuitĂ©, assorties d'une pĂ©riode de sĂ»retĂ© incompressible de quinze annĂ©es. Elle fut libĂ©rĂ©e en 2011[5].

Notes et références

  1. Une ancienne de la bande à Baader bientôt libérée, Le Figaro, .
  2. La Fraction armée rouge était également couramment désignée sous les expressions « bande à Baader » (en France) ou « Baader-Meinhof-Bande » (en Allemagne), des noms de ses deux principaux meneurs, Andreas Baader et Ulrike Meinhof.
  3. Zagreb est aujourd'hui capitale de la République de Croatie, à l'époque partie intégrante de la République fédérale socialiste de Yougoslavie.
  4. (de) Deutsche Presse-Agentur, « Eva Haule kommt frei », Stern, (consulté le ).
  5. (de) « Ex-RAF-Mitglied Hogefeld aus Haft entlassen », Der Spiegel, (consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie


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