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Brigades européennes

Les Brigades europĂ©ennes Ă©taient un projet de l'organisation nationaliste-rĂ©volutionnaire paneuropĂ©enne Jeune Europe, consistant Ă  jeter les bases d'une « armĂ©e de libĂ©ration nationale-europĂ©enne Â». Ces brigades auraient dĂ» ĂŞtre constituĂ©es, s'organiser, se dĂ©velopper et s'entraĂ®ner dans des « poumons extĂ©rieurs Â», situĂ©s dans des États rĂ©volutionnaires du Tiers-monde.

Brigades européennes
Image illustrative de l’article Brigades européennes

Idéologie Nationalisme européen
Nationalisme révolutionnaire
Antisionisme
Antiaméricanisme
L'"Autre Tiers-mondisme"
Statut Inactif
Fondation
Date de formation 1966
Pays d'origine Belgique
Fondé par Jean Thiriart
Actions
Période d'activité 1966-1969
Organisation
Chefs principaux Jean Thiriart
Branche politique Jeune Europe
Groupe relié Fatah

Plus particulièrement, le projet devait s'appuyer sur les nationalistes arabes, en apportant un soutien militaire au combat palestinien. Les Brigades, après s'être aguerries sur le terrain proche-oriental, auraient dû être transférées en Europe, une fois les conditions nécessaires réunies[1].

Genèse du projet

Le projet de créer une « armée de guérilla européenne » naît au sein de l'organisation trans-européenne Jeune Europe 1962-1969). Le mouvement considère que l'Europe est un continent vassalisé par les deux superpuissances américaine et soviétique, et qu'il doit s'en libérer. Si Jeune Europe est au départ très marqué par l'anticommunisme, son antiaméricanisme devient de plus en plus virulent[2].

Antiaméricanisme et tiers-mondisme

Jeune Europe et sa revue La Nation européenne deviennent les porte-étendards de l’antiaméricanisme à l'échelle mondiale. Son fondateur, Jean Thiriart, préconise désormais une « sainte alliance tactique » de toutes les forces anti-américaines. Le leader de Jeune Europe déclare en 1967 que « il est d’une évidence aveuglante que la lutte anti-américaine doit s’inscrire dans le cadre d’une coalition mondiale de style « front des nationalismes » : nationalismes arabe, cubain, chinois et européen » et que « dans le cadre de cette lutte quadricontinentale, Castro, en petit, et Mao, en grand, sont actuellement des hommes qui affaiblissent les États-Unis. Ce n’est, simultanément, pas l’armée chinoise ou l’armée cubaine qui occupent Francfort ou qui souillent la Belgique, c’est l’armée des États-Unis. Nos occupants sont les américains. Les ennemis de nos ennemis ne sont pas nos amis, certes, mais ils sont nos alliés du moment »[3].

Jean Thiriart, qui en 1940 Ă©tait associĂ© aux Amis du grand Reich Allemand, un groupe composĂ© d'anciens militants d'extrĂŞme gauche qui soutenaient le collaborationnisme avec le Troisième Reich, Thiriart ayant lui-mĂŞme servi dans la Waffen SS, envisage sĂ©rieusement l’hypothèse d'une insurrection armĂ©e anti-amĂ©ricaine en Europe. Il pense donc constituer des « Brigades europĂ©ennes Â», un appareil politico-militaire, qu'il verrait s'entraĂ®ner avec l'appui d'un pays nationaliste du tiers-monde. C'est dans cet esprit que, en Ă©tĂ© 1966 et par l'intermĂ©diaire de Nicolae CeauČ™escu, Thiriart rencontre Zhou EnlaĂŻ Ă  Bucarest, pendant que d'autre cadres visitent la Bulgarie, la Yougoslavie et la Roumanie[2].

Les retombĂ©es directes seront nulles, car les Chinois ne croient pas Ă  la lutte armĂ©e en Europe. En revanche, les retombĂ©es politiques sont Ă©normes pour Jeune Europe. DĂ©sormais, le tiers-mondisme de Jeune Europe est mondialement reconnu et « officialisĂ© Â» par la Chine maoĂŻste. C'est ainsi que, malgrĂ© le passĂ© encore rĂ©cent de soutien l'OAS, la presse de Jeune Europe va pouvoir publier des entretiens exclusifs avec des personnalitĂ©s comme Juan Peron, alors en exil en Espagne franquiste et qui dĂ©clare « partager toutes les idĂ©es de Jeune Europe Â»[2], Ahmed Choukairy, fondateur et prĂ©sident de l'OLP, qui donne sa « bĂ©nĂ©diction Ă  Jeune Europe Â», Tran Hoai Nam, chef de la mission du Vietcong Ă  Alger, Cherif Belkacem, coordinateur du secrĂ©tariat exĂ©cutif du FLN algĂ©rien, le philosophe algĂ©rien Malek Bennabi, L'organisation entretient des rapports de plus en plus rĂ©guliers avec les gouvernements nationalistes arabes (Irak, AlgĂ©rie, Égypte). Des rapprochements ont lieu aussi avec l'extrĂŞme-gauche pro-chinoise, comme avec GĂ©rard Bulliard, dirigeant du Parti communiste de Suisse, qui accorde un long entretien Ă  La Nation europĂ©enne[1].

Thiriart prend Ă©galement contact avec Gamal Abdel Nasser Ă  qui il rend visite en 1968[4].

Jeune Europe compte parmi les premiers soutiens notoires de la jeune résistance palestinienne. Thiriart écrit, dans La Nation européenne, que « la liquidation des États-Unis en Méditerranée passe bien sûr par la liquidation totale de l’État d’Israël »[3].

Thiriart au Moyen-Orient

En août et en septembre 1968, Jean Thiriart entame une tournée diplomatique à travers le Moyen-Orient. Les voyages ont été préparés par Gérard Bordes, qui a d'abord essuyé un refus de la part de l'Algérie. Thiriart est reçu par le gouvernement irakien. Puis, il se rend au Caire. Il y est reçu par des membres du gouvernement égyptien, et assiste en tant qu’observateur agréé au Congrès national de l'Union socialiste arabe. Il rencontre des dirigeants de l'OLP. Il est interviewé par de nombreux organes de presse de la région. Le projet des Brigades européennes semble prendre forme : en mariant l'argent arabe avec les compétences européennes, les volontaires européens pourraient commencer bientôt à mener des actions militaires contre Israël, puis, à l'occasion des prémisses d'une crise politique, ils seraient transférés sur un théâtre d'opération en Europe[5].

Pourtant, au cours de sa tournée moyen-orientale, Thiriart a été très bien reçu, mais n'a rien obtenu de concret. Les Brigades européennes ne verront jamais le jour. Cette déception, aggravée par le manque de moyens financiers, a raison de Thiriart qui dissout le mouvement en février 1969[2].

Roger Coudroy, le décès d'un nationaliste européen en Palestine

Si le projet d'armée de guérilla imaginée par Thiriart disparaît, un militant de Jeune Europe, Roger Coudroy, s'engagera de lui-même dans l'organisation palestinienne du Fatah.

Il meurt le 3 juin 1968 en Palestine au cours d'un affrontement avec l'Armée israélienne[4]. Il était partisan de l'idéologie nationaliste révolutionnaire, une idéologie prônant le Nationalisme, avec une vision socialiste de la société, et ayant une forte sympathie pour le Nationalisme arabe[6].

Notes et références

  1. Philippe Baillet, L'autre tiers-mondisme : des origines à l'islamisme radical : fascistes, nationaux-socialistes, nationalistes-révolutionnaires entre défense de la race et solidarité anti-impérialiste, Saint-Genis-Laval, Akribeia, , 475 p. (ISBN 978-2-913612-61-7 et 291361261X, OCLC 961035695), p. 161-193
  2. José Cuadrado Costa (trad. de l'italien), De Jeune Europe aux Brigades rouges [« Da Jeune Europe alle Brigate Rosse »], vol. 5 : La Nation eurasienne, (1re éd. 1992).
  3. Édouard Rix, « La Nation européenne, un journal vraiment révolutionnaire », Réfléchir & Agir, no 45,‎ , p. 12-13
  4. (it) Andrea Cascioli, « Ritratti. Roger Coudroy, il nazionalista europeo eroe (dimenticato) della Palestina », barbadillo,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  5. Yannick Sauveur, Thiriart, Grez-sur-Loing, Editions Pardès, , 128 p. (ISBN 978-2-86714-504-9), p. 74-75
  6. https://tempspresents.com/2013/06/07/nicolas-lebourg-definir-le-nationalisme-revolutionnaire-2/

Bibliographie

  • Roger Coudroy, J'ai vĂ©cu la rĂ©sistance palestinienne, OLP - Centre de recherches, Beyrouth, 1969, 87 p.
  • JosĂ© Cuadrado Costa, « De Jeune Europe aux Brigades rouges », La Nation eurasienne, no 5, 2005 (traduction de Da Jeune Europe alle Brigate Rosse, Barbarossa, Milan, 1992 https://issuu.com/mbrumini/docs/luc_michel_-_da_jeune_europa_alle_brigate_rosse ).
  • Yannick Sauveur, Jean Thiriart et le national Communautarisme europĂ©en, MĂ©moire prĂ©sentĂ© devant l'Institut d'Ă©tudes politiques de l'UniversitĂ© de Paris, 2e Ă©dition, Ed. Machiavel, Charleroi, 1983 [rĂ©Ă©d. in: Revue d'histoire du nationalisme rĂ©volutionnaire, Nantes: ARS, 1992]
  • Yannick Sauveur, Thiriart, Editions Pardès, 2016, 128 p. (ISBN 978-2-86714-504-9)
  • Philippe Baillet, « Jean Thiriart, thĂ©oricien de la Quadricontinentale, et sa postĂ©ritĂ© Â», dans Philippe Baillet, L'Autre Tiers-mondisme: des origines Ă  l’islamisme radical - Fascistes, nationaux-socialistes, nationalistes-rĂ©volutionnaires entre « dĂ©fense de la race » et « solidaritĂ© anti-impĂ©rialiste », Saint-Genis-Laval, Akribeia, 2016, 475 p. (ISBN 9782913612617 et 291361261X), (OCLC 961035695), p. 161-193.

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