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Boxe au Québec

Vers les annĂ©es 1820, la boxe au QuĂ©bec fait son apparition mais est contestĂ©e par la sociĂ©tĂ© de l’époque. Un siĂšcle aprĂšs, MontrĂ©al reçoit les boxeurs du monde entier. Le QuĂ©bec et surtout MontrĂ©al sont le thĂ©Ăątre de multiples combats d'envergure.

Présentation d'un combat entre 2 boxeurs présenté au Coliseum Skating Ring de Montréal
Combat de Boxe au Coliseum Skating Ring

La boxe au Québec

Les débuts de la boxe au Québec

Dave Castilloux à l'entrainement en 1941, l'un des meilleurs boxeurs québécois de l'époque[1].

Au dĂ©but du XXe siĂšcle, plusieurs boxeurs quĂ©bĂ©cois se battent aux États-Unis et changent mĂȘme leur nom comme Ovila Chapdelaine alias Jack Delaney Bright Eyes (1900-1948), qui ne se battra qu'une seule fois au QuĂ©bec (ses parents s'Ă©tant Ă©tablis aux États-Unis lorsqu'il Ă©tait encore enfant au dĂ©but des annĂ©es 1920). Ce dernier sera le premier QuĂ©bĂ©cois Ă  remporter un titre de champion du monde de boxe en dĂ©faisant Paul Berlenbach Ă  Brooklyn, le 16 juillet 1926, devenant maĂźtre des poids mi-lourds. De la mĂȘme maniĂšre, LĂ©onard Dumoulin, alias Jack Renault (1895-1967), commence sa carriĂšre au QuĂ©bec et s'y produira plusieurs fois. Les raisons sont multiples mais les principales sont que la boxe est plus dĂ©veloppĂ©e aux États-Unis et mieux organisĂ©e. Les cachets aussi sont meilleurs.

Le 23 octobre 1931 Ă  Boston, Lucien "Lou" Brouillard devient le deuxiĂšme QuĂ©bĂ©cois Ă  mettre la main sur un titre mondial en gagnant un combat des poids mi-moyens contre Young Jack Thompson[2]. Il parviendra Ă©galement Ă  ĂȘtre champion du monde des poids moyens au cours de son impressionnante carriĂšre, disputant plus de 130 combats.

Au Québec, les combats ont souvent lieu à Montréal, que ce soit dans le célÚbre Forum de Montréal, au Stade Delorimier, au théùtre Saint-Denis, au Monument National mais aussi dans d'autres villes et en région, à Québec, Sherbrooke, Drummondville ou Granby.

Dans les années 1930 et 1940, Dave Castilloux est l'un des meilleurs boxeurs québécois de l'époque. Le 10 juin 1936 il affronte un autre boxeur important de l'époque, Henri Pilotte.

Un combat mémorable

Le 10 dĂ©cembre 1958, au Forum de MontrĂ©al, un des plus mĂ©morables combats de l'histoire de la boxe a lieu. Yvon Durelle, The Fighting Fisherman Acadien affronte le lĂ©gendaire Archie Moore alors ĂągĂ© de 45 ans. En plein hiver Ă  l'extĂ©rieur, il fait un glacial -−25 °C. Le systĂšme de chauffage en dĂ©ficience fait qu'il fait Ă  peine 10 °C Ă  l'intĂ©rieur. Yvon Durelle, 29 ans tente de ravir le titre mondial des mi lourds. Moore est favori pour ce combat. Durelle, une force de la nature, ne s'entraĂźne presque jamais mais contre toute attente, dĂšs le premier round, il envoie Archie Moore au tapis puis une autre fois et une troisiĂšme. Normalement Ă  la troisiĂšme chute au tapis Durelle aurait dĂ» gagner mais pour une raison inconnue et questionnĂ©e, la rĂšgle de trois chutes ne semble pas s'appliquer pour ce combat. Moore se relĂšve et se bat avec toute l'expĂ©rience qu'il a aprĂšs 204 combats (Durelle ayant alors 93 combats Ă  son actif). L'AmĂ©ricain est expĂ©diĂ© au tapis encore une fois au 4e round mais il se relĂšve. Il envoie Ă  son tour Yvon Durelle au tapis au 7e round puis une derniĂšre fois au 11e round. Durelle prend alors trop de temps pour se relever. Moore sort victorieux de ce combat lĂ©gendaire que les critiques de boxe ont citĂ© comme l'un des plus grands combats de l'histoire de la boxe professionnelle[3].

En 1965, la Palestre Nationale (qui deviendra le centre Paul-Sauvé) située à Montréal accueille de nombreux boxeurs amateurs qui viennent pour s'y entraßner. La boxe attire ainsi les jeunes issus souvent de classes défavorisées. La boxe québécoise connait alors son lot de succÚs. Pour la boxe professionnelle, les boxeurs vedettes sont tour à tour Fernand Marcotte, Gaétan Hart, Eddie Melo (le Torontois qui boxe au Québec), Donato Paduano, Jean-Claude LeClair ou encore Mario Cusson.

La venue des Fighting Hilton

La famille Hilton dans les annĂ©es 1980 a marquĂ© la boxe quĂ©bĂ©coise. SurnommĂ©s les Fighting Hilton ou les Dalton des rings, ces boxeurs figurent parmi les plus grands noms de la boxe au QuĂ©bec. La famille ayant un arriĂšre-grand-pĂšre Ă©cossais champion d’Angleterre; un pĂšre champion canadien des poids lĂ©gers, les 5 enfants (Dave Jr., Alex, Matthew, Stewart et James) baignent trĂšs rapidement dans cet univers oĂč il est de rĂšgle d'apprendre l'art de la boxe. Cette Ă©ducation se fera dans un climat de violence familiale qui marquera le futur des jeunes Hilton puisqu'ils auront Ă  plusieurs reprises des dĂ©boires avec la justice.

Matthew Hilton est le troisiÚme Québécois à remporter un combat de championnat du monde (et le premier à réaliser l'exploit chez les siens, à Montréal). Le 27 juin 1987, il affronte l'Américain Buster Drayton champion IBF des super welters. Le talentueux Matthew remporte haut la main ce combat aux points en 15 reprises[4].

Les dessous de la boxe

Surnommé le « noble art », la boxe connait aussi des drames.

La boxe est souvent reliĂ©e Ă  la mafia. Le comitĂ© d’enquĂȘte prĂ©sidĂ© par le juge Raymond Bernier en 1986 rĂ©vĂšle l’infiltration de la pĂšgre amĂ©ricaine: des liens unissent notamment les Hilton Ă  Frank Cotroni, le parrain prĂ©sumĂ© de la mafia montrĂ©alaise. Le promoteur des frĂšres Hilton au dĂ©but de leur carriĂšre est Henri Spitzer. Don King, promoteur discutable, remarque rapidement leur talent et malgrĂ© l'objection de leur avocat Frank Shoofey, il parvient Ă  signer avec Frank Cotroni un contrat d’exclusivitĂ© pour gĂ©rer leur carriĂšre. Shoofey Ă©tait fortement contre tout contrat d’exclusivitĂ© avec Don King qui mettait ainsi la main sur le futur des jeunes Hilton. On le retrouvera mort assassinĂ© dans son bureau le 15 octobre 1985.

Tous les experts et amateurs avaient les plus grands espoirs envers les Hilton, mais cette famille qui a connu ses heures de gloire se sont dirigĂ©s de dĂ©boires en dĂ©boires. Violence, bagarres, arrestation, alcool, vols, sexe, mĂȘme Gilles Proulx (animateur Ă  la radio de CKAC Ă  MontrĂ©al) leur plus fervent admirateur, s'en est retrouvĂ© dĂ©couragĂ©. Comble du malheur, le jeune Stewart Hilton, que les experts dĂ©claraient comme Ă©tant le plus talentueux de la famille Hilton, meurt dans un accident de voiture emportant sa petite amie (enceinte) avec lui. Il n'avait que 17 ans.

Graves blessures et tragédie en 1980

Le 7 mai 1980, Ralph Racine (28-8-1) un boxeur de Niagara Falls, Ontario, affronte le populaire Gaétan Hart à Montréal. Ce dernier subit un KO au 12e et dernier round. Ralph Racine sombre dans le coma. AprÚs son réveil on constate que son cerveau a subi des dommages irréversibles: il perd l'usage de ses jambes ce qui mettra un terme à sa carriÚre.

Le 20 juin 1980, au Stade Olympique de MontrĂ©al, le mĂȘme jour du premier combat opposant Roberto Duran Ă  Sugar Ray Leonard, le boxeur amĂ©ricain d'origine guyanaise Cleveland Denny (11-1-2) affronte GaĂ©tan Hart alors champion canadien des poids lĂ©gers dans un combat revanche (Hart lui avait ravi sa ceinture deux ans plus tĂŽt). Hart lui passe le KO au 10e round mais Denny ne se relĂšve pas et est transportĂ© Ă  l'hĂŽpital. Comme Danny Tucker (7-2-0), un boxeur jamaĂŻcain qui affrontait Raynald Cantin Ă  MontrĂ©al en 1971, Cleveland Denny meurt quelques jours plus tard des suites de ses blessures dans le ring, le 3 juillet 1980, Ă  l'Ăąge de 24 ans. Toute la scĂšne de boxe montrĂ©alaise est secouĂ©e.

Dans une entrevue que Gaétan Hart accorde à Allan Tremblay :

« 
 Allan Tremblay : Pierre Falardeau a racontĂ© que vous aviez donnĂ© votre ceinture de championnat Ă  Cleveland Denny Ă  son enterrement... 
 »

« 
GaĂ©tan Hart: À l'Ă©poque, la ceinture se passait de champion Ă  champion. Il y avait un portrait du Forum dessus. Cette ceinture-lĂ , c'est Cleveland Denny qui l'avait, et c'est de lui que je l'ai gagnĂ©e quand je l'ai battu en 1978. Pour moi, c'Ă©tait important de lui redonner cette ceinture, alors je l'ai mise dans son cercueil quand j'ai Ă©tĂ© le voir Ă  ses funĂ©railles. C'Ă©tait un moment Ă©mouvant. C'Ă©tait un geste de compassion, peut-ĂȘtre. Du respect pour lui, aussi
 »

Le corps de Denny avait été rapatrié à New York et enterré au Cypress Cemetery de Brooklyn le vendredi matin.

Hart, 27 ans, Ă©tait trĂšs hĂ©sitant Ă  se prĂ©senter aux funĂ©railles. AprĂšs s'ĂȘtre assurĂ© que la famille de Denny l'accueillerait, il est entrĂ© seulement cinq minutes avant le dĂ©but du service, tĂȘte basse et les yeux rougis, plein de larmes. Marchant avec hĂ©sitation, il s'est dirigĂ© vers le cercueil de Denny exposĂ© et a dĂ©posĂ© la ceinture du champion autour de sa taille[5].

Hart (qui a Ă©tĂ© champion canadien des poids lĂ©gers Ă  trois reprises entre les annĂ©es 1980 et 1984) est complĂštement atterrĂ© mais remonte tout de mĂȘme sur le ring, son seul moyen de subsistance. À la suite du dĂ©cĂšs de Cleveland Denny, une enquĂȘte est ouverte et le rapport NĂ©ron recommande le 14 mai 1981 la crĂ©ation d’une FĂ©dĂ©ration de boxe professionnelle quĂ©bĂ©coise (FBPQ) afin que des mesures soient prises pour assurer la sĂ©curitĂ© des boxeurs. Avant 1980, aucune autoritĂ© rĂ©gissait la boxe au QuĂ©bec. Certains pourtant rĂ©clament son abolition dĂšs 1983, la qualifiant de barbarie lĂ©gale.

Au milieu des annĂ©es 1980, le QuĂ©bec compte une trentaine de boxeurs professionnels, comparativement Ă  environ deux cents pour le reste du Canada, et il est difficile de vivre de ce sport. Peu accĂšdent Ă  l'Ă©lite et les cachets sont bien minces par rapport aux États-Unis. Ainsi, il n'est pas rare que des boxeurs de diffĂ©rentes catĂ©gories s'affrontent. Les raisons sont multiples: propulser la carriĂšre d’un jeune; fournir un adversaire dont on connaĂźt le calibre et le niveau d'expĂ©rience; faire connaĂźtre un nouveau boxeur talentueux, le tout malgrĂ© les rĂ©criminations des commissions athlĂ©tiques chargĂ©es du contrĂŽle de la lĂ©galitĂ© des combats qui dĂ©noncent ces actions.

Mais la territorialitĂ© des commissions et de leurs pouvoirs assujettis aux municipalitĂ©s limite fortement leurs moyens d'actions et les contournements sont faciles. Dans son rapport dĂ©posĂ© en 1986, le juge Bernier dĂ©nonce les contrats d’exclusivitĂ© entre promoteurs et leurs boxeurs. Les abus et le monopole sont de mise et maintes fois mentionnĂ©s par la FĂ©dĂ©ration de boxe professionnelle du QuĂ©bec. Vers la fin des annĂ©es 1980, la boxe au QuĂ©bec traverse des moments de lĂ©thargie et de dĂ©laissement. On crĂ©e enfin la RĂ©gie des alcools, des courses et des jeux entre autres pour pallier ces nombreux problĂšmes.

Un regain de popularité (1990 à 2000)

Au dĂ©but des annĂ©es 1990, la boxe connaĂźt un regain de popularitĂ© avec l’arrivĂ©e de boxeurs prometteurs comme StĂ©phane Ouellet et Éric Lucas, qui sont encadrĂ©s par le rĂ©putĂ© entraĂźneur Yvon Michel. Ce dernier cofonde en 1997 l'organisation de boxe professionnelle Interbox[6]. Un vent de fraĂźcheur souffle dĂ©sormais sur la boxe au QuĂ©bec. La relĂšve des Hilton semble enfin assurĂ©e et le monde de la boxe quĂ©bĂ©coise nettoyĂ© et maintenant bien rĂ©glementĂ©.

En 1993, Stéphane Ouellet est face au boxeur manitobain Roddy Batson et devient champion canadien des poids super welters sous les acclamations du public. Il se hisse rapidement dans les classements internationaux et est considéré comme le meilleur espoir du Québec (faisant carriÚre localement) pour accéder au titre de champion du monde.

De plus, le montrĂ©alais Arturo Gatti connaĂźt une glorieuse carriĂšre aux États-Unis et est le quatriĂšme QuĂ©bĂ©cois Ă  devenir champion du monde en 1995. Il devient un favori des fans, une vedette internationale et participera Ă  de nombreux combats lĂ©gendaires[7] au cours de sa carriĂšre, dont la cĂ©lĂšbre trilogie Arturo Gatti VS Mickey Ward[8].

Le Montréalais Otis Grant réalise pour sa part l'exploit de gagner un titre à l'étranger le 13 décembre 1997 en Angleterre en prenant la mesure de Ryan Rhodes dans un combat des poids moyens de la WBO chaudement disputé.

La saga Ouellet-Hilton (1998 Ă  2001)

Durant les annĂ©es 1990, les deux boxeurs les plus populaires au QuĂ©bec sont : StĂ©phane Ouellet, qui fait rapidement sa place parmi les premiers aspirants de sa catĂ©gorie pour un titre mondial et que tous les experts voient comme le plus talentueux boxeur du QuĂ©bec; et Dave Hilton Jr., issu de la fameuse famille des Fighting Hilton. Une rivalitĂ© s'installe rapidement entre les deux, Ouellet reprĂ©sentant les francophones et l'archĂ©type du gentil avec son humilitĂ© et son attitude sympathique, et Hilton reprĂ©sentant les anglophones et ayant une attitude plus impĂ©tueuse. De plus, Ouellet affronte et bat le frĂšre de Dave Hilton, Alex Hilton, Ă  deux reprises durant les annĂ©es 1990. Les fans et les mĂ©dias rĂȘvent de voir une rencontre au sommet entre ces deux aspirants et un affrontement devient inĂ©vitable.

En 1998 a lieu Ă  MontrĂ©al, dans un Centre Molson plein Ă  craquer (le domicile des Canadiens de MontrĂ©al), le premier combat de ce qui deviendra la trilogie de combats de boxe la plus mĂ©diatisĂ©e de l'histoire du QuĂ©bec : Ouellet VS Hilton[9]. Ouellet Ă©tale tout son talent et domine la totalitĂ© du combat, mais Hilton se montre coriace et tient bon durant les 12 rounds. Au 12e et dernier round, Ouellet prend des risques et se lance Ă  l'attaque afin de faire plaisir Ă  la foule et d'essayer d'en finir. Durant la derniĂšre minute du combat, alors que Ouellet est Ă  bout de souffle et ouvre un peu sa dĂ©fense, Hilton en profite et lance une redoutable combinaison gauche-droite qui Ă©branle Ouellet, qui tourne mĂȘme dos Ă  son adversaire avant de se retrouver dans les cĂąbles. Hilton mitraille son adversaire de coups au point oĂč Ouellet sort sa tĂȘte du ring, la passant entre les cĂąbles, faisant mine de ne plus vouloir se battre. L'arbitre met soudainement fin au combat Ă  la faveur de Hilton (plusieurs commentateurs affirmeront plus tard que l'arbitre aurait dĂ» au moins donner un compte de 10 Ă  Ouellet avant de le dĂ©clarer KO, mais on ignore si cela aurait vraiment changĂ© l'issue du combat, car Ouellet Ă©tait trĂšs Ă©branlĂ© et tenait difficilement sur ses jambes). Dave Hilton Jr. vient de choquer le monde de la boxe.

Le 20 mai 1999 a lieu un combat revanche, mais cette fois-ci le combat est à sens unique. Visiblement, Ouellet est encore affecté par sa défaite et la motivation n'y est pas. Hilton profite de cet avantage psychologique et met Ouellet KO en seulement 3 rounds.

Hilton, maintenant trÚs haut dans les classements, espÚre affronter les meilleurs de la division ou se battre pour le championnat du monde. Cependant, Ouellet insiste pour obtenir une seconde chance. Interbox, qui gÚre la carriÚre de Ouellet, accepte finalement et le 8 août 2000, celui qu'on surnomme "le PoÚte" l'emporte par décision unanime. Ce sera sa derniÚre victoire chez les professionnels, ses problÚmes personnels en dehors du ring prenant le dessus jusqu'à sa retraite. Hilton, pour sa part, devient champion du monde des poids super-moyens de la WBC le 15 décembre 2000 en remportant une décision serrée contre Dingaan Thobela. Cependant, on lui retirera sa ceinture l'année suivante lorsqu'il est accusé et condamné à la prison pour agressions sexuelles sur ses deux filles mineures[10].

L'ùge d'or de la boxe au Québec (2000 à 2011-12)

Les années 2000 ouvrent une nouvelle Úre pour la boxe québécoise qui est maintenant bien implantée et non sporadique comme par le passé. Des spectacles de boxe sont présentés réguliÚrement, le plus souvent au Casino de Montréal ou au Centre Bell. On peut attribuer ce nouvel ùge d'or à la fois à la qualité de nombreux guerriers du ring qui décident de tenter l'aventure de la boxe professionnelle, mais aussi à l'esprit visionnaire et innovateur de nouveaux promoteurs qui font leur arrivée au Québec entre 1998 et 2016.

Tout d'abord, plusieurs nouveaux athlÚtes font leur apparition. En plus de Québécois de naissance comme Antonin Décarie (en), Sébastien Demers, Benoit Gaudet (en), Sébastien Gauthier, Kevin Bizier (en), Martin Desjardins, Jean-François Bergeron (en), Patrice L'Heureux et David Cadieux, plusieurs étrangers ou Québécois d'origines diverses choisissent le Québec pour s'entraßner et y faire leur carriÚre comme Leonard Dorin, Lucian Bute, Adrian Diaconu et Jo Jo Dan (Ionut Dan Ion) d'origine roumaine; Joachim Alcine, Jean Pascal, Adonis Stevenson, Dierry Jean (en), Nicholson Poulard et Renan St-Juste, d'Haïti; Walid Smichet (en) d'origine tunisienne ou encore Olivier Lontchi (en), Herman Ngoudjo et Paul Mbongo issus du Cameroun. Tous ont adopté le Québec et les Québécois les ont adoptés.

En outre, l'implication de l'entraĂźneur Ă©mĂ©rite Yvon Michel, l'ambition de nombreux acteurs et la volontĂ© de professionnaliser le milieu de la boxe quĂ©bĂ©coise changent Ă©normĂ©ment la donne Ă  la fin des annĂ©es 1990. Le 6 mars 1998, la naissance du groupe Interbox, cofondĂ©e par l'investisseur allemand Hans-Karl MĂŒhlegg et par Yvon Michel qui en sera le premier directeur gĂ©nĂ©ral, est un moment historique[11]. Pour la premiĂšre fois au QuĂ©bec, une organisation ayant pour ambition d'organiser rĂ©guliĂšrement des combats de qualitĂ© tant sur la scĂšne locale qu'internationale permet Ă  des boxeurs de pouvoir compter sur un salaire stable, des avantages sociaux (appartement, voiture, etc.) et un encadrement de grande qualitĂ© avec des entraĂźneurs, nutritionnistes, kinĂ©siologues, thĂ©rapeutes sportifs, psychologues, etc. [12]

Cette dynamique permet Ă  la boxe quĂ©bĂ©coise, au cours des annĂ©es 2000, de voir naĂźtre en son sein plus de champions qu'elle n'en a jamais eu. D'abord, le 10 juillet 2001, au Centre Molson, Éric Lucas (Interbox) est le 7e QuĂ©bĂ©cois Ă  devenir champion du monde de boxe (aprĂšs Jack Delaney, Lou Brouillard, Matthew Hilton, Arturo Gatti, Otis Grant en 1997[13] et Dave Hilton Jr.) en prenant sa revanche face au Britannique Glenn Catley par KO au 7e round d'un combat de 12, prenant de ce fait le titre vacant des super-moyens de la WBC. Ce mĂȘme Catley l'avait battu un an et demi plus tĂŽt[14]. Il dĂ©fend avec succĂšs sa ceinture Ă  plusieurs reprises avant de se la faire voler par Markus Beyer en Allemagne dans une dĂ©cision trĂšs controversĂ©e[15]. Qu'Ă  cela ne tienne, Éric Lucas contribue Ă©normĂ©ment Ă  populariser la boxe au QuĂ©bec et Ă  lui redonner ses lettres de noblesse grĂące Ă  une attitude humble, respectueuse et en Ă©tant trĂšs disponible pour les amateurs.

Par la suite, le 5 janvier 2002, le boxeur québécois d'origine roumaine Leonard Dorin (Interbox) devient champion du monde à son tour à l'emportant de justesse par décision contre Raul Horacio Balbi[16], mettant la main sur la ceinture des poids légers de la WBA. Il subira lui aussi plus tard une décision controversée, puis refusera de se battre avant un combat contre son aspirant obligatoire en Roumanie dans un contexte trÚs nébuleux[17].Il dira plus tard avoir été incapable de supporter la pression de sa popularité dans son pays natal[18].

L'histoire du groupe Interbox est faite de hauts et de bas, mais comme un boxeur qui se relĂšve aprĂšs un dur coup, l'organisation montrĂ©alaise parvient toujours Ă  surmonter les embĂ»ches et Ă  rebondir pour retrouver la voie du succĂšs. En 2004, alors que l'Ă©curie est au bord de la faillite aprĂšs une sĂ©rie de malchances (dĂ©faites successives et blessures d'Éric Lucas, forfait de Leonard Dorin, etc.), Interbox tente de trouver de nouveaux acheteurs pour Ă©viter de disparaĂźtre[19]. Yvon Michel, se faisant refuser son offre de rachat, dĂ©cide alors de devenir son propre patron et de voler de ses propres ailes en fondant le Groupe Yvon Michel (GYM) aux cĂŽtĂ©s entre autres de Bernard BarrĂ© et d'Alexandra Croft[20]. De son cĂŽtĂ©, le groupe Interbox parvient finalement Ă  survivre aprĂšs plusieurs rebondissements[21], alors que l'ancien champion du monde et principale figure de proue du groupe, le boxeur Éric Lucas, devient le nouveau propriĂ©taire de l'Ă©curie[22].

Plus aucun promoteur n'ayant le monopole de la boxe professionnelle au Québec, une nouvelle rivalité s'installe durablement entre les concurrents Interbox et le Groupe Yvon Michel (GYM), bien qu'ils collaborent à l'occasion[23]. Ils réussissent tous deux à attirer dans leurs rangs d'excellents combattants tant locaux qu'en provenance de pays étrangers, et à en faire des champions du monde.

AprĂšs un lĂ©ger passage Ă  vide et des moments plus difficiles de 2003 Ă  2007, la boxe quĂ©bĂ©coise reprend du poil de la bĂȘte grĂące Ă  une nouvelle gĂ©nĂ©ration de boxeurs.

Le 7 juillet 2007 à Bridgeport, le boxeur Joachim Alcine (GYM) affronte l'Américain Travis Simms pour la ceinture de champion WBA des poids super-welters. Au terme des 12 rounds, les juges lui accordent la victoire à l'unanimité[24]. Il réalise donc l'exploit de battre un champion du monde dans son patelin, à l'étranger. Il est en outre le premier combattant d'origine haïtienne à détenir un tel titre, et le premier du Groupe Yvon Michel.

Quelques mois plus tard, le 15 octobre 2007 au centre Bell Ă  MontrĂ©al, c'est au tour du gladiateur du ring Lucian Bute (Interbox) de dĂ©crocher une ceinture de championnat mondial, dans ce cas-ci celle des poids super-moyens de l'IBF en Ă©tant vainqueur par KO sur le Colombien Alejandro Berrio Ă  la 11e reprise[25]. Il devient ainsi le digne successeur d'Éric Lucas chez Interbox et devient Ă©galement une grande vedette au QuĂ©bec, dĂ©fendant sa ceinture avec succĂšs durant plusieurs annĂ©es[26].

Le 19 avril 2008, la séquence victorieuse se poursuit pour les boxeurs des écuries québécoises. Adrian "The Shark" Diaconu (Interbox), compatriote et ami de Lucian Bute, s'empare en Roumanie de la ceinture de champion intérimaire des mi-lourds du WBC en défaisant Chris Henry par décision unanime des juges[27] - [28]. C'est alors que commence un long rÚgne des boxeurs québécois sur la division des poids mi-lourds, période qui s'étend encore jusqu'à ce jour. En effet, Diaconu perd son titre l'année suivante contre un autre boxeur québécois, le redoutable Jean Pascal (GYM), au terme d'un furieux combat de 12 rounds[29]. Les deux protagonistes se retrouvent à nouveau dans le ring quelques mois plus tard. Malgré une sérieuse blessure à l'épaule (Pascal se la fait replacer à 3 reprises par ses hommes de coin durant la soirée), le nouveau champion parvient à avoir le dessus encore une fois. Aux cÎtés de Lucian Bute, Jean Pascal est l'autre grande vedette de boxe québécoise durant les années à venir.

La boxe québécoise à la croisée des chemins (2011-12 à nos jours)

En 2008, un nouveau venu a brassé les cartes dans le milieu de la boxe québécoise : le promoteur Eye of the Tiger Management (EOTTM), fondé par l'homme d'affaires montréalais d'origine libanaise Camille Estephan[30]. Ce dernier, qui organise un 1er gala en 2010, connaßt rapidement du succÚs au point de devenir vers 2013-2014 environ la deuxiÚme plus grande écurie de boxe au Québec derriÚre GYM, position officialisée lorsqu'EOTTM absorbe le groupe Interbox en 2016[31] - [32].Plusieurs observateurs prédisent alors que l'ancienne rivalité entre Interbox et GYM va se transposer chez la nouvelle écurie et qu'il y aura des flammÚches entre Camille Estephan (EOTTM) et Yvon Michel, ce dernier ayant l'habitude d'avoir un grand avantage au Québec grùce à son expérience et ses réseaux[33].

Boxeurs et combats marquants

Boxeurs du Québec en activité

Les listes suivantes comptent seulement les boxeurs ayant un minimum de 10 combats (boxeurs de nationalité québécoise ou qui vivent au Québec avec ou sans citoyenneté Canadienne).

Boxeurs du Québec retirés

Boxeurs de nationalité québécoise ou qui ont vécu au Québec avec ou sans citoyenneté canadienne.

Boxeurs canadiens et étrangers ayant eu un impact au Québec

  • Yvon Durelle, (1929-2007) - (117 combats, 90 victoires, 24 dĂ©faites, 2 nul, 51 KO) (a boxĂ© de 1947-1963) - dĂ©cĂ©dĂ©
  • Archie Moore, (1916-1998) - (220 combats, 185 victoires, 23 dĂ©faites, 11 nul, 131 KO) (a boxĂ© de 1935-1963) - dĂ©cĂ©dĂ©
  • George Chuvalo, (1937-) - (93 combats, 73 victoires, 18 dĂ©faites, 2 nul, 64 KO) (a boxĂ© de 1956-1978) - retirĂ©
  • Eddie Mello, (1960-2001) - (43 combats, 32 victoires, 8 dĂ©faites, 3 nuls, 27 KO) (a boxĂ© de 78-86) - dĂ©cĂ©dĂ©

Boxeurs éphémÚres et anecdotes

  • RĂ©jean Bergeron, (19?-) - (2 combats, V, 0 D, 0 N, 0 KO) (a boxĂ© de 1960-1961) - retirĂ©, aprĂšs 2 combats victorieux se retire.
  • Eugene Brosseau, (1895-1968) - (29 combats, 24 V, 4 D, 0 N, 18 KO) (a boxĂ© de 1919-1922) - dĂ©cĂ©dĂ©, a boxĂ© 16 fois 1919.
  • Fernand Cervan, (1929-) - (29 combats, 19 V, 7 D, 3 N, 14 KO) (a boxĂ© de 1946-1949) - retirĂ©, en 29 combats, a affrontĂ© 26 boxeurs ayant 7 combats et moins.
  • Fernand Dupois, (19?-) - (4 combats, V, 4 D, 0 N, 0 KO) (a boxĂ© de 1955-1956) - retirĂ©, aprĂšs 4 dĂ©faites de suite aux points se retire.
  • Raymond Daoust, (19?-) - (22 combats, 12 V, 9 D, 1 N, 5 KO) (a boxĂ© de 1944-1947) - retirĂ©, a boxĂ© 13 fois en une seule annĂ©e (1947)
  • Claude Fortin, (1932) - (41 combats, 23 V, 12 D, 6 N, 4 KO) (a boxĂ© de 1951-1955) - retirĂ©, a boxĂ© 19 fois en 1953.

Combats de championnats au Québec

Références

  1. Paul Foisy, Dave Castilloux, L'Encyclopédie canadienne [en ligne].
  2. « Des étoiles de la boxe québécoise », sur bilan.usherbrooke.ca (consulté le )
  3. (en) Durelle vs. Moore: Maybe The Greatest Fight In History (eastsideboxing.com)
  4. (en) Buster Drayton vs. Matthew Hilton (boxrec.com)
  5. (fr) Gaétan Hart n'a pas oublié Cleveland Denny (cyberpresse.ca)
  6. « Une bien belle histoire que celle d'InterBox », RDS.ca,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  7. « Les grands combats d'Arturo Gatti | ValĂ©rie Simard | Sports de combat », La Presse,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
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