Bobards d'or
Les Bobards dâor sont une cĂ©rĂ©monie de remise de prix parodiques organisĂ©e depuis 2010 par la fondation d'extrĂȘme droite PolĂ©mia, un cercle de rĂ©flexion identitaire. Le jury est composĂ© de membres de l'extrĂȘme droite sur Internet qui visent les mĂ©dias dominants, selon eux au nom de la rĂ©information, selon les experts afin de les discrĂ©diter et de propager le discours de l'extrĂȘme droite.
Bobards dâor | |
9e cérémonie, le 12 mars 2018[1]. | |
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Prix remis | Bobard dâor |
Description | CĂ©rĂ©monie (parodique) qui distingue, chaque printemps, les « meilleurs des journalistes », ceux qui nâhĂ©sitent pas Ă mentir dĂ©libĂ©rĂ©ment pour servir le politiquement correct. |
Organisateur | Polémia[2] |
Pays | France |
Date de création | [3] |
Description
Selon les promoteurs de cet Ă©vĂ©nement relayĂ©s par des sites d'extrĂȘme droite[4], ces prix distinguent chaque annĂ©e, sur un mode parodique, « les pires mensonges profĂ©rĂ©s par les mĂ©dias au nom du politiquement correct »[5]. Le prĂ©sident de la cĂ©rĂ©monie, Jean-Yves Le Gallou, est un ancien du Front national et thĂ©oricien de la « rĂ©information »[4].
Selon France Inter, sont prĂ©sents lors de cette cĂ©rĂ©monie les principaux sites qui sont, « sous couvert de "rĂ©-information" (...) une presse dâopinion, dâextrĂȘme droite, qui sape la lĂ©gitimitĂ© des mĂ©dias et prospĂšre sur Internet »[6]. Pour Tristan MendĂšs France, enseignant en cultures numĂ©riques Ă l'universitĂ© Sorbonne-Nouvelle, ces critiques essayent de « discrĂ©diter les journalistes. En optant pour un discours de l'alternative, ils s'assurent les faveurs d'un public déçu ou mĂ©fiant des mĂ©dias traditionnels »[2]. Pour Les Inrockuptibles les Bobards dâOr sont « le dĂ©fouloir anti-mĂ©dia de lâextrĂȘme droite » dont « la critique des mĂ©dias semble tourner un peu en rond », les intervenants et les jurys Ă©tant souvent les mĂȘmes au fil des annĂ©es[7].
La communication de l'événement est réalisée par Romain Petitjean, dit Romain Lecap[8], tandis que sa retransmission est assurée par Gilles Arnaud, de l'Agence2presse[9].
Selon David Doucet et le journaliste politique de LibĂ©ration Dominique Albertini, il est « difficile de ne pas voir la filiation [de] cette cĂ©rĂ©monie » avec celle du prix Lyssenko, organisĂ©e par le Carrefour de l'horloge depuis 1990[10]. Pour Dominique Albertini, les Bobards d'or s'inscrivent dans une prĂ©occupation selon Le Gallou lui-mĂȘme «dâimplanter lâidĂ©e que lâon ne peut pas faire confiance aux mĂ©dias. Certaines Ă©volutions, comme le mariage homosexuel, nâont Ă©tĂ© possibles quâavec leur soutien. MĂȘme si nous parvenions au pouvoir, nous ne pourrions peut-ĂȘtre pas gouverner avec les mĂ©dias tels quâils sont aujourdâhui.». Pour Albertini cela « nâa rien de nouveau Ă lâextrĂȘme droite », Le Gallou Ă©tant « issu de la «Nouvelle Droite» - mouvance qui a cherchĂ© Ă rĂ©nover la pensĂ©e de son camp selon une matrice anti-Ă©galitaire. Acquis Ă lâidĂ©e de «bataille culturelle», les nĂ©odroitiers voulaient agir en amont du dĂ©bat politique pour en dĂ©terminer les termes. DâoĂč de rĂ©guliĂšres confrontations avec la «bien-pensance mĂ©diatique». »[11]
DĂ©roulement
Les prix sont de petites statuettes inspirĂ©es des Oscars, mais dont le long nez Ă©voque Pinocchio ; la cĂ©rĂ©monie est retransmise par les principaux sites Internet d'extrĂȘme droite[11]. Les prix sont dĂ©cernĂ©s par le public et des jurys constituĂ©s des principaux mĂ©dias de l'extrĂȘme droite sur Internet tels que Fdesouche, Radio Courtoisie et TV LibertĂ©s qui visent les mĂ©dias dominants, selon eux au nom de la rĂ©information, afin, selon les experts, de les discrĂ©diter et de propager le discours de l'extrĂȘme droite.
Selon Europe 1 des propos qui tiennent de « d'apologie de crime contre l'humanité » sont tenus par le public lors de la cérémonie de 2014, sans réaction des organisateurs. Lors de la présentation du « gay Bobard », illustrée par Pierre Bergé, actionnaire du Monde, sont lancés un « au four ! » et un « au bûcher » lors d'un reportage sur un camp rom. Maïtena Biraben est insultée et la manifestation Jour de colÚre qui a réuni saluts nazis et slogans antisémites est louée par Jean-Yves Le Gallou qui appelle également à intervenir sur les réseaux sociaux de maniÚre factuelle et sans agressivité mais rit si des journalistes sont malmenés pendant des manifestations[12].
Exemples de prix accordés
2015
- Caroline Fourest â cible favorite des identitaires et des catholiques traditionalistes (selon Les Inrockuptibles) â, « bobard balalaĂŻka » (anti-Poutine), et « prix Bruno Roger-Petit du journalisme de qualitĂ© » en 2015[5].
- John Paul Lepers, « bobard du vivre ensemble » 2015 pour son documentaire Immigration et dĂ©linquance, dans lequel il montrait quâil nây avait aucune corrĂ©lation entre les deux[5].
- i>TĂ©lĂ©, « Kapo dâor » 2015 pour avoir renvoyĂ© le journaliste Ăric Zemmour[5].
- LâAFP et lâensemble de la presse française, « Charlot dâor » 2015[5].
2018
MaĂźtre de cĂ©rĂ©monie : Martial Bild de TV LibertĂ©s. Jury : Gabrielle Cluzel de Boulevard Voltaire, Ădouard Chanot de Sputnik France, Caroline Parmentier de PrĂ©sent, Vivien Hoch, cofondateur du comitĂ© Trump France[7].
- Yann Moix, ou « Mhoax », « bobard d'or » pour avoir assuré sur le plateau d'On n'est pas couché avoir filmé des actes délictueux des forces de l'ordre contre les migrants à Calais[7].
- L'ensemble des médias, « bobard d'argent » pour la couverture de l'affaire Théo[7].
- Les journalistes Lisa Beaujour, Nora Bouazzouni et Aude Lancelin, « bobard de bronze », pour avoir défendu la thÚse de Priscille Touraille, révélée par un entretien avec Françoise Héritier, selon laquelle les hommes sont plus grands en moyenne que les femmes car ils les ont privées de protéines depuis le paléolithique[7].
Aux Ătats-Unis
Au mois de novembre 2017, Donald Trump annonçait la crĂ©ation des Fake News Awards (en), prĂ©sentĂ©e par Breitbart News comme une adaptation des Bobards d'or français[13]. Trump rĂ©vĂ©la lui-mĂȘme la liste des laurĂ©ats le 17 janvier 2018[14].
Notes et références
- « Ce qui sâest dit aux Bobards dâOr 2018, le dĂ©fouloir anti-mĂ©dia de lâextrĂȘme droite », Les Inrocks
- AFP, « Ces médias à la droite de la droite qui veulent "réinformer" les Français », sur lepoint.fr,
- François-Damien Bourgery, « Les politiques et les mĂ©dias, autopsie dâune dĂ©fiance qui enfle », sur rfi.fr,
- Samuel Laurent, « Nordactu, Breizh Info, Info-Bordeaux... Les vrais faux sites dâinfos locales des militants identitaires », sur lemonde.fr,
- « Bobards dâor : lâextrĂȘme droite fait le plein sur la critique des mĂ©dias », sur Les Inrocks.com, (consultĂ© le )
- « Comment les sites internet d'extrĂȘme-droite discrĂ©ditent le travail des mĂ©dias », sur France Inter.fr, (consultĂ© le )
- Ce qui sâest dit aux Bobards dâOr 2018, le dĂ©fouloir anti-mĂ©dia de lâextrĂȘme droite, Les Inrockuptibles, 13/3/2018
- « Les villes FN, un nouveau business pour les sociĂ©tĂ©s proches de l'extrĂȘme droite », sur Mediapart, (consultĂ© le ).
- Dominique Albertini et David Doucet, La FachosphĂšre : comment l'extrĂȘme droite remporte la bataille d'internet, Paris, Flammarion, coll. « EnquĂȘte », , 315 p. (ISBN 978-2-0813-5490-6, BNF 45124584), p. 196.
- Albertini et Doucet 2016, p. 210.
- Dominique Albertini, « La fachosphÚre se paie la tournée des "bobards" », sur Libération.fr, (consulté le )
- Reportage aux Bobards dâor, la soirĂ©e oĂč lâon crie : "Au four !" en voyant Pierre BergĂ©, Le Lab Europe 1, 12/3/2014
- POTUS Proposes âFake News Awardsâ, French Conservatives Have Been Doing it For Years and Itâs Hilarious, 27 nov. 2017
- Donald Trump faces backlash as he reveals 'Fake News Awards' winners 17 jan. 2018