Blandine de Lyon
Blandine de Lyon est une jeune esclave chrétienne de Lugdunum (Lyon) qui fut martyrisée durant le mois de juillet 177 sous le règne de l'empereur Marc Aurèle.
Blandine de Lyon | |
Blandine de Lyon, sainte martyre. Fresque de la chapelle orthodoxe de la Dormition de la Mère de Dieu (Drôme). | |
Sainte, martyre | |
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Naissance | Vers 162 |
Décès | été 177 (~15 ans) Lugdunum, Empire romain |
Vénéré à | Église Sainte-Blandine Église Saint-Pothin de Lyon |
Vénéré par | Église catholique, Église orthodoxe, Orthodoxie de rite occidental, Églises catholiques orientales, Communion anglicane |
FĂŞte | 2 juin |
Attributs | filet de gladiateur, taureau, gril, lion et/ou un ours Ă ses pieds |
Saint patron | Lyon, servantes |
Sainte, elle est fêtée le 2 juin (synaxe de tous les martyrs de Lyon, jour de la mort du premier d'entre eux l'évêque, Pothin, selon l'usage occidental), le 25 juillet (Blandine seule, usage oriental), le 8 août (commémoration des quatre derniers martyrs, Alexandre, Attale, Pontique et Blandine, selon l'ancien usage occidental) et le 9 août dans le calendrier de l'archidiocèse de Lyon.
Blandine est la patronne de la ville de Lyon. Avec Marthe de Béthanie, elle est aussi la patronne des servantes. Dans son iconographie, on trouve le filet, le taureau, le gril, le lion et l'ours. Elle est souvent représentée attachée à un pilier avec un lion et un ours à ses pieds.
Biographie
Contexte et sources historiques
Les martyrs de Lyon sont connus grâce à un témoin oculaire : l'auteur de la Lettre des chrétiens de Lyon à l'Église de Smyrne, qui a été insérée telle quelle un siècle plus tard par Eusèbe, évêque de Césarée, dans son Histoire ecclésiastique. Cette lettre aurait été destinée aux chrétiens témoins du martyre de Polycarpe, dans le but de renforcer le lien entre cette communauté qui se développait à Lyon et celle dont d’autres Lyonnais qui étaient originaires de Smyrne[1].
Eusèbe a établi une liste de 48 martyrs mais les historiens estiment qu’il n’est possible de se fonder que sur les 10 martyrs, dont Blandine, évoqués dans la Lettre des chrétiens de Lyon à l'Église de Smyrne. Cette lettre la désigne comme « une jeune femme » mais les historiens estiment qu'elle pourrait avoir été une femme d’âge mur. Selon la même source et de façon non contestée par les historiens, elle aurait été accompagnée d’un jeune homme, Ponticus, peut-être son jeune frère. Le prénom de « Blandine » est déjà largement attesté dans les inscriptions gauloises, et l’on peut donc supposer qu’elle fut une locale[2].
RĂ©cits des faits
Les faits relatés sont tous tirés des récits d’Eusèbe le siècle suivant et via un témoin oculaire. Ce récit indique que Blandine fait partie des chrétiens de Lyon à avoir été en 177 condamnés à l'arène ; il fait partie de ce que l'on a nommé l'événement des martyrs de Lyon. Selon ce récit, Blandine est déjà interrogée sous la torture afin d'abjurer sa foi ; elle aurait gardé systématiquement le même discours : « Je suis chrétienne et nous ne faisons aucun mal[3]. » À la suite de ces tortures en prison, Blandine aurait été amenée à l'arène avec deux autres chrétiens et suspendue à un poteau pour être livrée aux bêtes, qui n’auraient pourtant pas touché à la jeune femme[4]. À noter que les bêtes en question n’étaient sûrement pas des fauves, les félins importés d'Afrique du Nord étant trop chers pour les organisateurs gaulois qui utilisaient plutôt les animaux capturés dans leur pays (ours, sangliers, loups, lynx, taureaux)[5].
Elle aurait été par la suite flagellée, placée sur un gril brûlant puis livrée dans un filet à un taureau, qui la lance en l'air avec ses cornes (condamnation aux taureaux de type damnatio ad bestias). Elle sera finalement égorgée en août 177 par le bourreau, à la fin des jeux où elle a paru. Son corps et ceux des autres martyrs sont brûlés, et leurs cendres sont jetées dans le Rhône[6].
Postérité
Blandine de Lyon figure parmi les 1 038 femmes référencées dans l'œuvre d'art contemporain The Dinner Party (1979) de Judy Chicago. Son nom y est associé à Hypatie[7] - [8].
En 1986, 1 809 ans après les faits, le pape Jean-Paul II, alors en voyage à Lyon, s'est rendu au poteau symbolisant le lieu du martyre (et non comme le veut la tradition, à la cathédrale de Lyon)[9]. Il déclare au sujet de Blandine et sur ses compagnons[10] :
« Ils n'ont pas voulu renier Celui qui leur avait communiqué sa vie et les avait appelés à être ses témoins. Nous savons qu'ils sont nombreux aujourd’hui encore, et dans toutes les parties du monde, ceux qui subissent les outrages, le bannissement et même la torture à cause de leur fidélité à la Foi chrétienne. En eux le Christ manifeste sa puissance. Les martyrs d’aujourd’hui et les martyrs d'hier nous environnent et nous soutiennent pour que nous gardions nos regards fixés sur Jésus »
En 2015, le groupe de rap Leader Vocal sort le titre Blandine, à travers lequel il dénonce la persécution des chrétiens dans le monde[11].
En mars 2017, le Saint-Synode de l'Église orthodoxe a inscrit dans son Ménologe sainte Blandine de Lyon[12].
En 2022, le personnage-narrateur de la pièce Ceci est mon corps d'Agathe Charnet se réfère à plusieurs reprises à l'iconographie autour de Blandine de Lyon[13].
Notes et références
- Christian Biot, « Blandine de Lyon », Études sur la mort, no 130,‎ , p. 135 à 137 (lire en ligne, consulté le ).
- Vincent Puech, Histoire mondiale de la France, Seuil, , Article: "177, La fille ainée du christianisme orientale"
- « Lettre des Eglises de Lyon et de Vienne aux Eglises d'Asie et de Phrygie », sur Migne.fr (consulté le ). La lettre indique : « Blandine se trouva remplie d'une telle force qu'elle finit par épuiser et lasser les bourreaux. Ceux-ci se relayaient du matin jusqu'au soir pour la torturer par tous les moyens : ils durent s'avouer vaincus et à bout de ressources. Ils s'étonnaient qu'elle respirait encore, avec le corps déchiré et meurtri. Ils avouaient qu'une seule de leurs tortures suffisait pour enlever la vie ; à plus forte raison ces tortures-là , et en si grand nombre. Au contraire, la bienheureuse rajeunissait comme un vaillant athlète, au cours de la confession de sa foi. Il lui suffisait de répéter : “Je suis chrétienne et chez nous il ne se fait point de mal”, et elle reprenait des forces, se reposait et devenait insensible aux tortures »
- « Lettre des Eglises de Lyon et de Vienne aux Eglises d'Asie et de Phrygie », sur Migne.fr (consulté le ). La lettre indique : « Blandine, pendant ce temps, était suspendue à un poteau, pour être la proie des fauves lancés contre elle. La vue de la vierge ainsi crucifiée, qui ne cessait de prier d'une voix forte, affermissait les frères qui livraient bataille. […] Aucune des bêtes, ce jour-là , ne toucha Blandine. On la détacha donc du poteau, et on la ramena en prison. On la réservait pour un nouveau combat »
- François Richard et André Pelletier, Lyon et les origines du christianisme en Occident, Éditions lyonnaises d'art et d'histoire, , p. 47.
- « Lettre des Eglises de Lyon et de Vienne aux Eglises d'Asie et de Phrygie », sur Migne.fr (consulté le ). La lettre indique: « Après les fouets, après les fauves, après la chaise de feu, on l'enferma dans un filet pour la livrer à un taureau. A plusieurs reprises, elle fut lancée en l'air par l'animal. Mais elle ne sentait plus rien de ce qui lui arrivait : tout entière à son espérance, aux biens promis à sa foi, elle continuait le dialogue avec le Christ. On finit par l'égorger, elle aussi. […] Les corps des martyrs subirent tous les outrages et demeurèrent exposés pendant six jours. Ils furent ensuite brûlés et réduits en cendres que les scélérats jetèrent dans le Rhône »
- Musée de Brooklyn - Centre Elizabeth A. Sackler - Blandine de Lyon.
- Judy Chicago, The Dinner Party: From Creation to Preservation, Londres, Merrel, 2007 (ISBN 1-85894-370-1).
- Jean Butin, Ces Lyonnaises qui ont marqué leur temps : passionnées, fascinantes, légendaires, Lyon, Éditions Lyonnaises, , 283 p. (ISBN 2-84147-092-X), Page 15 - Premier Paragraphe.
- « Sainte Blandine, saint Pothin et ses compagnons martyrs ».
- « aleteia.org/fr/video/decouvrez… »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?).
- L'Église orthodoxe russe inclut des saints occidentaux à son calendrier.
- Agathe Charnet, Ceci est mon corps, (ISBN 978-2-35105-204-4 et 2-35105-204-8, OCLC 1348851767, lire en ligne)
Annexes
Articles connexes
Liens externes
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