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Beffroi d'Arras

Le beffroi d'Arras est un ouvrage de charpente de la commune d'Arras, dans le département français du Pas-de-Calais. Tout comme l'hôtel de ville auquel il est accolé, il s'agit d'un monument historique.

Beffroi d’Arras
Le beffroi, l’hôtel de ville d'Arras et la place des Héros.
Présentation
Type
Beffroi
Partie de
Destination initiale
Beffroi
Destination actuelle
Beffroi
Style
Construction
Hauteur
75 m
Propriétaire
Ville d'Arras
Patrimonialité
Logo du patrimoine mondial Patrimoine mondial
Identifiant
Localisation
Pays
RĂ©gion
DĂ©partement
Commune
Coordonnées
50° 17′ 28″ N, 2° 46′ 37″ E
Carte

Commencés durant le XVe siècle, les travaux prennent fin en 1554, sur les plans de Jacques le Caron. Construit dans le style gothique flamboyant, le beffroi est détruit puis reconstruit à deux reprises de manière identique. La première fois en 1833, car il menaçait de s'écrouler et la seconde fois, en 1914, à la suite des bombardements allemands de la Première Guerre mondiale.

Au Moyen Âge, le beffroi avait des fonctions militaires : la cloche sonnait l'ouverture et la fermeture des portes de la ville et le bâtiment servait de prison. De nos jours, il fait partie du patrimoine d'Arras. Il est classé monuments historiques depuis 1840 et, depuis 2005, fait partie du patrimoine mondial de l'Unesco en étant compris dans les beffrois de Belgique et de France.

Localisation

Le beffroi d'Arras se situe rue Jacques-Le-Caron, Ă  Arras. Sur le plan cadastral, il se trouve Ă  la section AB sur la parcelle 179.

Il est accolé à la façade postérieure de l'hôtel de ville[1].

Histoire

Construction

Un document de 1463 relate que le beffroi a été construit à l'emplacement de la halle aux cuirs ; proche de l'emplacement des étaux de la corporation des bouchers[2]. Cette année-là, la construction du beffroi avait déjà commencé[3]. Il incarne le rayonnement et la puissance de la cité[4]. Le bâtiment est ainsi construit sur une large base carrée dans le style gothique[5] - [4], au-dessus de laquelle s'organisent plusieurs niveaux octogonaux disposés en quinconce, afin de donner de l'élan à l'édifice. La construction se fait au jour le jour ; la ville n'a pas de crédit et ne compte pas les dépenses. Elle bâtit le beffroi avec les ouvriers qu'elle peut se payer, soit avec les revenus de la ville, soit grâce à la vente de matériel leur appartenant[4]. En 1499, la bancloque est placée en haut de l'édifice, pour la venue de Philippe Ier le Beau (également appelé Philippe d'Autriche) afin de sonner l'allégresse[6]. En 1501, les bourgeois d'échevinage s'assemblent pour financer la construction du beffroi. Parce que l'ancien hôtel de ville est ancien et menace ruine, il est décidé d'en construire un nouveau en même temps, accolé au beffroi[6]. Pour payer les ouvriers, ils vendent leurs maisons[6], puis les revenus des droits de seigneurie, de bourgeoisie et de sceaux[7]. En 1513, l'agrandissement de l'hôtel de ville déplace l'entrée du beffroi. Celle-ci se retrouve au premier étage[8]. La cloche sonnait pour permettre l'ouverture et la fermeture des portes de la ville[9].

Tandis que les travaux ont lieu au niveau de la troisième galerie, Jacques Le Caron, un maĂ®tre maçon venu de Marchiennes, propose d'achever l'Ă©difice avec un octogone de douze pieds de haut et, sur le faĂ®tage, une couronne surmontĂ©e d'un lion aux armes de la ville[9]. Le mayeur fait examiner ses devis par douze autres maĂ®tres maçons et ces derniers dĂ©clarent dans leur rapport du 5 juin 1551, « qu'il leur semble en leur conscience que icelle ouvraige sera bonne et souffisante pour continuer ledit ouvraige et achever ledit Beffroy »[9]. Le beffroi est terminĂ© en 1554[2] - [9]. Il incarne l'aboutissement du style flamboyant dans les beffrois, au mĂŞme titre que le beffroi d'Audenarde et de Bruxelles.

Révolution et première reconstruction

En 1791, en pleine Révolution française, la couronne au sommet est recouverte d'une feuille de plomb, afin d'éviter que les révolutionnaires ne l'enlèvent[10].

En 1833, le beffroi est dĂ©moli jusqu'au-dessus des abat-sons de la partie infĂ©rieure[2]. En effet, le bâtiment, abandonnĂ©, n'avait pas Ă©tĂ© rĂ©parĂ© depuis longtemps. Les boulets de canon durant le siège d'Arras de 1640 avaient par ailleurs dĂ©gradĂ©s ses pierres[10]. Une reconstruction est dĂ©cidĂ©e, qui commence le 1er mai 1839. La première pierre est bĂ©nie par Monseigneur de La Tour d'Auvergne et posĂ©e par Maurice Colin, le maire d'Arras. Ce dernier pose Ă©galement la dernière pierre le 18 juin de l'annĂ©e suivante[2]. Une inscription dans la salle des guetteurs rappelle cette pose : « Dernière pierre du Beffroy, posĂ©e par M. Maurice Colin, maire d'Arras, le 18 juin 1840[2] Â». Louis-Victor Bougron a participĂ© aux travaux de l'Ă©difice. En 1868, le beffroi obtient une horloge, achetĂ©e par la ville d'Arras[11]. D'autres rĂ©parations de la partie supĂ©rieure ont lieu en 1872 et 1873[12]. Ă€ cette Ă©poque, le beffroi d'Arras fait 75,36 m entre les pavĂ©s et le haut de la girouette ; il est dĂ©crit comme la plus haute tour du nord de la France[5]. Jusqu'en 1909, quelques travaux de restauration ont lieu[11].

Première Guerre mondiale et seconde reconstruction

L'hĂ´tel de ville et le beffroi en ruines (1918).

Durant la Première Guerre mondiale, le beffroi est détruit le 21 octobre 1914 par l'artillerie allemande[13], après 69 tirs d’obus[11]. Lors de la reconstruction, le beffroi est de nouveau érigé à l'identique, mais avec une structure en béton armé, pour des raisons de coût. Les plans sont dus à l'architecte en chef des monuments historiques Pierre Paquet[11]. Les travaux ont lieu en même temps que l'hôtel de ville d'Arras, qui lui est reconstruit dans le style architectural du XIVe – XVe siècle pour la façade sur la place des Héros, dans le style classique issu des travaux précédant la visite de Louis XIV pour la façade place de la Vacquerie, éliminant ainsi les transformations apportées au XIXe siècle à l'édifice.

Le lion d'or qui le domine, installé sous Louis XIV (d'où le soleil dans la main du lion), haut de deux mètres, est la réplique de l'original (exposé au musée des beaux-arts d'Arras) qui a subi les bombardements durant la Première Guerre mondiale.

En 1930, un nouveau carillon est mis en place[11]. Au dĂ©but des annĂ©es 1930, le peintre Charles Constantin Joseph Hoffbauer installe sur les murs de la grande salle d'honneur (1er Ă©tage) une grande fresque (peinte sur toile marouflĂ©e de 50 m de long, achevĂ©e en 1932, prĂ©sentant des scènes de la vie des Arrageois au XVIe siècle dans un style inspirĂ© de tableaux anciens dont ceux de Brueghel).

Dès mars 1999, un programme de restauration des parements en pierre et de la structure en béton armé est mis en place[11] ; puis en 2005, le beffroi subit un ravalement[14].

Architecture

Photo d'une cheminée blanche.
Cheminée de pierre blanche de la grande salle d'Honneur de l'Hôtel de ville, accolée au Beffroi, reconstruite après la Première Guerre mondiale.
DĂ©tail du lion au sommet du beffroi.

Du haut de ses 75 mètres[11], il domine le paysage arrageois, visible Ă  plusieurs kilomètres Ă  la ronde : il est aujourd'hui encore le plus haut Ă©difice de la ville.

Le beffroi d'Arras est une tour octogonale avec un soubassement carré[15].

Extérieur

Le beffroi est de style gothique flamboyant[11].

Il ne comporte pas d'Ă©chauguettes[16].

Cloches

En 1877, il abrite quatre cloches principales[5].

Au total, lors de la présentation du beffroi pour le classement au patrimoine mondial, il compte 40 cloches et un carillon électrique[17].

Patrimoine et culture

Inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO et monument préféré des français.

Au Moyen Âge, les cellules d'emprisonnement sont situées dans l'ancienne demeure du châtelain[18].

Le beffroi est ouvert au public toute l'annĂ©e aux horaires de l'office de tourisme[19]. On peut accĂ©der au niveau se situant sous l'horloge, en empruntant un ascenseur, puis une quarantaine de marches. Le beffroi a Ă©tĂ© visitĂ© par 8 294 personnes en 2001, 25 747 en 2002 et 29 592 en 2003[20].

Ce bâtiment est classé monument historique en 1840[21] sur la première liste créée par Prosper Mérimée. Depuis 2005, le beffroi d'Arras est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO dans la catégorie beffrois de Belgique et de France[22] avec 22 autres beffrois de Belgique et de France. En 2015, il devient le « monument préféré des Français », à la suite de l'émission de télévision française du même nom, présentée par Stéphane Bern et diffusée sur France 2[23].

Durant la première semaine de septembre se tient tous les ans au beffroi un spectacle pyrotechnique[24], l'embrasement du beffroi, durant lequel une voix-off raconte l'histoire de la ville d'Arras, avec à chaque spectacle une scénographie et une thématique différentes selon l'actualité de la ville. Saint Nicolas descend en rappel durant les fêtes de fin d'année[24]. Il y a aussi un concert de carillon, le premier samedi de chaque mois[25].

Le beffroi et son classement sont évoqués (ironiquement) dans le film Pas son genre (2014). Une scène s'y déroule aussi dans le film La Liste de mes envies (2014).

Notes et références

  1. Camille Enlart, Arras avant la guerre, Paris, H. Laurens, coll. « Images historiques », , 16 p. (lire en ligne), p. 13.
  2. Le Gentil 1877, p. 419.
  3. Colin et Godin 1855, p. 1.
  4. Colin et Godin 1855, p. 2.
  5. Le Gentil 1877, p. 420.
  6. Colin et Godin 1855, p. 3.
  7. Colin et Godin 1855, p. 4.
  8. Colin et Godin 1855, p. 6.
  9. Colin et Godin 1855, p. 7.
  10. Colin et Godin 1855, p. 8.
  11. Cotte et al. 2005, p. 41.
  12. Le Gentil 1877, p. 419-420.
  13. Académie des sciences, lettres et arts, Mémoires de l'Académie des sciences, lettres et arts d'Arras, t. XI, Imprimerie F. Guyot, , 291 p. (lire en ligne), p. 127-128.
  14. Izabel Tognarelli, Marion Gregoire, Delphine Cohen, Jean-Paul Labourdette et Dominique Auzias, France, Les Nouvelles Édition de l'université, coll. « Petit Futé », , 520 p. (lire en ligne), « Le Pas-de-Calais », p. 325.
  15. R Plouin, « Beffroi », dans Jacques Bersani, Hans Schweizer, Jean Gall, Michel Lardy, Encyclopædia Universalis, vol. 3, Paris, Encyclopædia Universalis France, (ISBN 2-85229-281-5), p. 72.
  16. Plouin 1983, p. 73.
  17. Cotte et al. 2005, p. 66.
  18. Cotte et al. 2005, p. 53.
  19. Cotte et al. 2005, p. 63.
  20. Cotte et al. 2005, p. 84.
  21. « Beffroi d'Arras », notice no PA00107963, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  22. « Beffrois de Belgique et de France », sur UNESCO Centre du patrimoine mondial (consulté le ).
  23. « Le beffroi d'Arras est le nouveau monument préféré des Français », sur lexpress.fr, (consulté le ).
  24. Cotte et al. 2005, p. 64.
  25. Cotte et al. 2005, p. 65.

Annexes

Articles connexes

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • [Colin et Godin 1855] Maurice Colin et Alexandre Godin, Notice historique sur le beffroi et l'hĂ´tel-de-ville d'Arras, Arras, Typographie d'Auguste Tierny, , 15 p. (lire en ligne). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • [Le Gentil 1877] Constant Le Gentil, Le vieil Arras, ses faubourgs, sa banlieue, ses environs : souvenirs archĂ©ologiques et historiques, Arras, Eugène Bradier, , 751 p. (lire en ligne), « Beffroi et hĂ´tel-de-ville actuel », p. 419-430
  • Patrimoine des Hauts-de-France Nos beffrois : Les 23 monuments du patrimoine mondial de l'Unesco DĂ©couvrez les 44 beffrois de la rĂ©gion, Amiens, La Voix du Nord, le Courrier picard, hors-sĂ©rie, .. Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • [Cotte et al. 2005] Michel Cotte, Marie-Madeleine Damien, François Decruyenaere, Ingrid Delany, Jean-Luc Grimonprez, Marie-Lavande Laidebeur, CĂ©dric Ludwikowski, François-Xavier Muylaert, Alain Nolibos et DorothĂ©e Rauwel, Les Beffrois de Flandre, d'Artois, du Hainaut et de Picardie (extension du classement des Beffrois belges) : Proposition d'inscription Ă  la liste du Patrimoine mondial, Arras, Places et patrimoine, , 104 p. (lire en ligne), « Le beffroi de l’HĂ´tel de ville d’Arras », p. 41. Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article

Liens externes

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