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Baume de Fontbrégoua

La Baume de Fontbrégoua est une grotte préhistorique située à Salernes, dans le département du Var en France. Le site a été occupé du Paléolithique supérieur au Néolithique. Il comporte l'une des plus importantes stratigraphies préhistoriques du Sud de la France. L'analyse des amas d'ossements retrouvés dans des couches datées du Néolithique atteste d'une pratique du cannibalisme.

Baume de Fontbrégoua
Localisation
Coordonnées
43° 34′ 46″ N, 6° 12′ 52″ E
Pays
RĂ©gion
DĂ©partement
Commune
Vallée
vallon de la Brague
Caractéristiques
Altitude de l'entrée
400 m
Occupation humaine
Patrimonialité
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Le site fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques par arrêté du [1].

La Grotte

La grotte ouvre sur le flanc est d'un petit vallon affluent de la vallée de Bresque. Elle a été creusée dans des calcaires dolomitiques du Jurassique[2] Elle a été découverte en 1948 par un passionné de Préhistoire, André Taxil, pharmacien à Salernes puis fouillée par Jean Courtin entre 1971 et 1992[2]. Elle se divise en trois parties distinctes que les fouilleurs ont appelé le porche, la salle principale et la salle inférieure. Les trois espaces ont livré du matériel archéologique : outillages lithiques et osseux, céramique, parure, céréales carbonisées, restes d'animaux et restes humains[2].

Stratigraphie

La stratigraphie de la grotte est l'une des plus importantes du Midi de la France. Elle s'Ă©tage sur 11 m d'Ă©paisseur, dont m de couches Ă  cĂ©ramiques[3], et correspond Ă  neuf niveaux prĂ©historiques s'Ă©tendant du PalĂ©olithique supĂ©rieur au NĂ©olithique[4].

L'occupation au PalĂ©olithique final a Ă©tĂ© dĂ©couverte par sondage et datĂ©e de 9 250 av. J.-C. L'ÉpipalĂ©olithique et le MĂ©solithique (7 620 Ă  5 650 av. J.-C.) sont reprĂ©sentĂ©s par une industrie hypermicrolithique, la pratique de la petite chasse et de la cueillette de lĂ©gumineuses (vesces, gesses, jarosses)[3].

Au NĂ©olithique, la grotte est occupĂ©e de manière discontinue, probablement de façon saisonnière[2]. Au NĂ©olithique ancien (4 350 Ă  3 740 av. J.-C.), la pratique de la chasse et celle de l'Ă©levage s'Ă©quilibrent[2]. Les espèces chassĂ©es (grand bĹ“uf, cerf, chevreuil, sanglier, blaireau) cĂ´toient les espèces domestiquĂ©es (bĹ“uf, mouton, porc, chien) et les occupants pratiquent dĂ©jĂ  l'agriculture (blĂ©, orge, lĂ©gumineuses). La cĂ©ramique s'orne de dĂ©cors Ă  la coquille, d'incisions et d'impressions diverses (peigne, poinçon)[3]. Au NĂ©olithique moyen, la pratique de la chasse dĂ©croĂ®t et des animaux d'Ă©levage (chèvres, moutons) sont parquĂ©s dans la grotte[2]. La cĂ©ramique est alors plus lisse, rarement ornĂ©e. L'outillage lithique comprend des armatures de flèches foliacĂ©es et des bifaces. Le ChassĂ©en rĂ©cent se caractĂ©rise par un outillage lithique laminaire et les animaux consommĂ©s sont majoritairement d'origine domestique. Au Chalcolithique la grotte est progressivement abandonnĂ©e ; les dernières couches archĂ©ologiques renferment une cĂ©ramique Ă©paisse Ă  cordons lisses et quelques Ă©lĂ©ments campaniformes de type provençal (dĂ©cors incisĂ©s et estampĂ©s)[3].

Amas d'ossements et cannibalisme

Au NĂ©olithique ancien, la couche archĂ©ologique comporte des amas d'ossements regroupĂ©s dans treize fosses et cuvettes variant de 0,20 Ă  1 m de diamètre sur 0,8 Ă  35 cm de profondeur, d'origine naturelle ou creusĂ©es, deux d'entre elles ayant Ă©tĂ© recouvertes volontairement de pierres et de terre[2]. Les amas sont dispersĂ©s dans toutes les parties de la grotte, il n'y avait donc pas d'aire rĂ©servĂ©e. Seule une fosse pourrait ĂŞtre envisagĂ©e comme relevant d'un rite distinctif (fosse no 2), les autres sont des dĂ©potoirs[2]. Certains des dĂ©potoirs ne comportent que des ossements d'animaux et d'autres que des ossements humains. Les fosses Ă  ossements d'animaux correspondent soit uniquement Ă  un type d'animal (fosses nos 1, 9 et 10 ne contiennent que des os de sanglier), soit uniquement Ă  des animaux sauvages (fosse no 3) ou domestiques (fosses nos 2 et 8). Trois cuvettes (dĂ©nommĂ©es H1, H2 et H3) ne contenaient que des ossements humains. La cuvette H1 renfermait cinq crânes incomplets qui ont pu ĂŞtre reconstituĂ©s, les restes de deux autres, six mâchoires et trente-quatre fragments de squelette. L'ensemble correspond au minimum Ă  sept individus (trois adultes et quatre enfants). La cuvette H2 comportait une vingtaine de fragments d'un individu adulte. La cuvette H3 contenait cent trente-quatre fragments d'ossements crâniens correspondant Ă  six individus diffĂ©rents (trois adultes, deux enfants, un individu d'âge indĂ©terminĂ©)[5].

L'analyse des ossements animaux et humains a démontré qu'à chaque fois, les carcasses ont été dépecées et les ossements traités de manière différenciée mais le schéma de dépeçage était identique qu'il s'agisse d'animaux sauvages ou d'humains : les couteaux de silex ont laissé des stries identiques sur les ossements excepté pour les crânes, ceux des humains comportant des stries parallèles spécifiques. De plus tous les os longs, d'origine animale ou humaine, présentent des bords de fractures très nets : ils ont été brisés pour en extraire la moelle. Les ossements ont à chaque fois fait l'objet d'une décarnisation avant d'être brisés et rejetés. Les fouilleurs ont ainsi émis l'idée que les occupants de la grotte pratiquaient un cannibalisme alimentaire[2].

Notes et références

Annexes

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • [Cheylan & Courtin 1976] Marc Cheylan et Jean Courtin, « La consommation de la tortue Cistude au post-glaciaire dans la grotte de FontbrĂ©goua (Salernes, Var) », Bulletin du MusĂ©um d'Histoire Naturelle de Marseille, vol. 36,‎ , p. 40-46 (lire en ligne [sur researchgate.net]). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article.
  • [Guilaine & Zammit 2001] Jean Guilaine et Jean Zammit, Le sentier de la guerre, visages de la violence prĂ©historique, Paris, Seuil, , 384 p. (ISBN 978-2-02-040911-7, prĂ©sentation en ligne), p. 139-143. Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article.
  • [Luzi et al. 2001] Caroline Luzi et Jean Courtin, « La cĂ©ramique des niveaux prĂ©chassĂ©ens de la Baume FontbrĂ©goua (Salernes, Var) », Bulletin de la SociĂ©tĂ© prĂ©historique française, vol. 98, no 3,‎ , p. 471-483 (lire en ligne [sur persee]). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article.
  • [Villa et al. 1986] Paola Villa, Jean Courtin, Daniel Helmer, Par Shipman, Claude Bouville, Éric Mahieu, Giorgio Belluomini et Marili Branca, « Un cas de cannibalisme au NĂ©olithique », Gallia prĂ©histoire, vol. 29, no 1,‎ , p. 143-171 (lire en ligne [sur persee]). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article.

Liens externes

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