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Bauhinia forficata

La Bauhinia forficata ou pata-de-vaca (« patte de vache »), surnommĂ©e ainsi en raison de ses feuilles en forme de sabot, est une plante de la famille des fabacĂ©es. Elle se retrouve en AmĂ©rique du Sud dans des habitats du type forĂȘt atlantique. Des Ă©tudes ayant prouvĂ© qu’elle contient de l’insuline, cette plante est suivie dans la recherche sur le diabĂšte

Caractéristiques

Port général

Feuilles de Bauhinia forficata

Bauhinia forficata est un arbre de 5 Ă  9 m de haut ou plus [1] - [2]. Les branches sont tombantes et susceptibles de se briser [3] - [4].

Appareil végétatif

Les feuilles sont simples, alternes avec une nervation palmĂ©e. Celles-ci sont partiellement persistantes (« partly deciduous »)[5] et conservent leur couleur verte toute l’annĂ©e. La forme de la feuille est orbiculĂ©e [4] avec une grande fente au milieu, ce qui donne une forme de sabot de vache arrondi, d’oĂč son nom portugais « pata de vaca » qui se traduit en « patte de vache »[2].

Appareil reproductif

Fruit de Bauhinia forficata

Les fleurs sont hermaphrodites [6], zygomorphes [1] et sont de couleurs blanches avec 5 pĂ©tales de grande taille et 5 sĂ©pales plus petits. Leur forme particuliĂšre ressemble lĂ©gĂšrement Ă  une fleur d’orchidĂ©e ce qui est Ă  l’origine du surnom du genre “Brazilian orchid tree” qui signifie “arbre orchidĂ©e” [4].  Les fruits sont longs, sec et durs. Ils contiennent chacun entre 6 et 20 graines [1] ovales, de couleur brun verdĂątre et entourĂ©es d’une enveloppe lisse [3].

Taxonomie et classification(s)

Etymologie

Le nom du genre Bauhinia a Ă©tĂ© donnĂ© en l’honneur des frĂšres Bauhin., Caspard Bauhin (1560-1624) et Johan Bauhin (1541-1613) qui furent les premiers Ă  le dĂ©crire. Caspar Bauhin Ă©tait un botaniste et a Ă©crit le livre Pinax Theatri botanici, un index qui reprend les noms des plantes et fut le premier Ă  essayer de classer les plantes de maniĂšre naturelle[7].

Le nom forficata provient du latin qui signifie « fortifié ».

Elle fut décrite par Heinrich Friedrich Link, un botaniste allemand, en 1821 dans une de ses publications, Enumeratio plantarum horti regii botanici Berolinensis altera[8].

Synonymes

  • Bauhinia candicans Benth.
  • Bauhinia aculeata Vell.
  • Bauhinia brasiliensis Vogel

Sous-espĂšces [9] - [10]

  • Bauhinia forficata subsp. forficata
  • Bauhinia forficata subsp. grandifolia
  • Bauhinia forficata subsp. latifolia
  • Bauhinia forficata subsp. longiflora (Bong)
  • Bauhinia forficata subsp. platypetala (Berc)
  • Bauhinia forficata subsp. pruinosa (Fortunato & Wunderlin)

Écologie

Répartition géographique

On trouve B. forficata dans les forĂȘts tropicales de l’AmĂ©rique du Sud au PĂ©rou, au BrĂ©sil, en Bolivie, dans le nord-est de l'Argentine, en Uruguay et dans l'est du Paraguay [1] - [2] - [11]. Elle est Ă©galement prĂ©sente de maniĂšre importante dans la rĂ©gion de Rio de Janeiro et dans la forĂȘt ombrophile du sud du BrĂ©sil.

Habitat

On la retrouve dans une gamme d’altitudes comprise entre 50 et 1000 mĂštres, oĂč la pluviomĂ©trie varie entre 950 mm et 2200 mm d’eau [1]. Bauhinia forficata est une plante principalement hĂ©liophile, mais elle peut supporter les zones d’ombre et rĂ©siste aux vents violents [6]. Cependant, l’arbre orchidĂ©e brĂ©silien ne supporte pas l’obscuritĂ© [3].

Au niveau des sols, B. forficata est une plante Ă  trĂšs large amplitude qui tolĂšre tous types de sols comme les sols acides, salins ou basiques mais a besoin d’un sol assez riche et fertile pour assurer sa croissance [1]. Elle se dĂ©veloppe correctement sur les sols humides tant que ce dernier est bien drainĂ© de tout excĂšs d’eau [3] - [6]. mais peut nĂ©anmoins supporter des pĂ©riodes d’inondations et sĂ©cheresses passagĂšres [1] - [3] - [4]. Cependant, B. forficata ne supporte pas l’exposition au milieu maritime [3].

Cycle de vie

La plante fleurit entre février et août et ses fleurs sont pollinisées par des insectes [12].

Les fruits apparaissent de l’étĂ© Ă  l’automne (en Californie) , en fonction de l’époque de floraison [5]et se dispersent principalement par le biais d’oiseaux frugivores [13].

Les jeunes plants de B. forficata possĂšdent une croissance rapide qui peut atteindre jusqu’à 3,5 m en 2 ans [3]. Par la suite, le taux de croissance se stabilise entre 30 et 61 cm par annĂ©e et a une longĂ©vitĂ© comprise entre 40 et 150 ans [6].

Protection

B. forficata est une espĂšce qui prospĂšre et est classĂ©e comme une espĂšce “prĂ©occupation mineure” par l’IUCN et ne fait partie d’aucun programme de protection ou de conservation bien qu’elle soit prĂ©sente dans de nombreuses zones protĂ©gĂ©es [13].

Interaction avec d'autres organismes

Bien que la plupart des espĂšces du genre Bauhinia fassent une symbiose avec des bactĂ©ries sous forme de nodules, B. forficata ne possĂšde pas de relation symbiotique et ne peut donc pas utiliser l’azote atmosphĂ©rique [3]. Ses fleurs sont pollinisĂ©es par des insectes comme le sphinx du tabac (Manduca sexta) un papillon de la famille des SphingidĂ©s pendant la nuit et par des abeilles comme Eulaema nigrita la journĂ©e [3] - [12]. Contrairement aux autres espĂšces du genre Bauhinia, elle n’est pas pollinisĂ©e par des chauves-souris [12].

Les graines de B. forficata sont prédatées par certains coléoptÚres ravageurs de graines comme Gibbobruchus polycoccus, un coléoptÚre de la famille des chrysomÚles. Cette prédation se fait directement sur la plante ou lorsque les graines sont dispersées et entraine une diminution du taux de germination des graines infestées [14]

Propriétés

B. forficata est reconnue pour son activité hypoglycémiante due à une molécule présente dans ses feuilles : le kaempférol [1] - [14].

Utilisation

B. forficata est reconnu comme Ă©tant plante possĂ©dant des vertus mĂ©dicinales et est utilisĂ©e dans la mĂ©decine traditionnelle brĂ©silienne sous forme d’infusion des racines, de l’écorce ou des feuilles [1] - [11]. Ainsi, ses feuilles sont fortement consommĂ©es depuis que la recherche a prouvĂ© que ses feuilles ont le pouvoir de rĂ©duire le taux de glucose sanguin [11] - [15] - [16].

Elle prĂ©sente notamment un intĂ©rĂȘt pour les personnes atteintes de diabĂšte car elle agit comme une insuline naturelle [17]. DiffĂ©rents composĂ©s tels que des flavonoĂŻdes et des glycosides ont Ă©tĂ© identifiĂ©s dans les feuilles et possĂšdent une activitĂ© hypoglycĂ©miante. Le plus important semble ĂȘtre le kaempfĂ©rol [1] - [14], un flavonoĂŻde que l’on retrouve dans les feuilles de B. forficata et qui prĂ©sente Ă©galement une activitĂ© antioxydante qui permet de lutter contre le stress oxydatif qui dĂ©coule du diabĂšte [18] - [19].

De plus, les principes actifs des feuilles de l’orchidĂ©e brĂ©silienne peuvent Ă©galement jouer le rĂŽle d’insuline pour lutter contre le venin de certains scorpions sud-amĂ©ricains comme Tytyus serrulatus qui a une activitĂ© hyperglycĂ©miante et anti-insulinique [20].

D’autres Ă©tudes ont montrĂ© que des infusions des parties aĂ©riennes de B. forficata permettaient de rĂ©sister Ă  l’action coagulante de certains venins de serpents tels que le fer de lance brĂ©silien Bothrops moojeni, un serpent venimeux d’AmĂ©rique du Sud. Cette inhibition est dĂ» Ă  l’interaction des principes actifs de l’infusion avec les enzymes de types thrombine du venin du serpent [11].  Ces enzymes sont des protĂ©ases qui agissent dans la cascade de rĂ©actions qui entraĂźnent la coagulation [21]. En inhibant l’activitĂ© de cette molĂ©cule, les principes actifs sont capables de contrer l’action du poison [11].

B. forficata possĂšde Ă©galement d’autres caractĂ©ristiques intĂ©ressantes comme une action diurĂ©tique pour combattre les problĂšmes de reins [1] - [5] ou les problĂšmes de cholestĂ©rol [2]. Elle est Ă©galement utilisĂ©e pour lutter contre l’élĂ©phantiasis, une maladie qui se caractĂ©rise par un gonflement d’un membre [5].

Agriculture et horticulture

B. forficata est surtout cultivĂ©e comme plante d’ornements pour ses belles fleurs qui ressemblent Ă  celles des orchidĂ©es.  Une scarification de la graine peut favoriser sa germination, cela peut se faire en versant un peu d’eau bouillante sur la graine ou en perçant un petit trou dans la coque de la graine. Laisser tremper la graine dans de l’eau pendant 12-24h  permet une bonne germination. Le taux de germination est de l’ordre de 30%. Il faut entre 15 et 25 jours pour voir les plantules sortir de la terre. 6 mois plus tard, ces plantules devront ĂȘtre repiquĂ©es [3].

Ennemis (maladies, ravageurs
)

Aucune maladie ne constitue une prĂ©occupation majeure mais B. forficata est sensible aux pucerons [5] - [6]. Les carences en potassium, magnĂ©sium et micronutriments sont courantes. L’apparition d’une chlorose interveinale (jaunissement) apparaĂźt sur les feuilles lors d’une carence en magnĂ©sium alors que l’apparition de nĂ©crose est due Ă  une carence en potassium [4].



Notes et références

  1. Ulysses Paulino Albuquerque, Medicinal and Aromatic Plants of South America : Brazil, Albuquerque, Ulysses Paulino, Patil, Umesh, Måthé, Ákos (Eds.),
  2. (en) « Pata de Vaca - Bauhinia forficata Database file in the Tropical Plant Database of herbal remedies » (consulté le )
  3. (en) « Bauhinia forficata Brazilian Orchid Tree », sur PFAF Plant Database (consulté le )
  4. (en) E. F. Gilman and et D. G. Watson, Bauhinia forficata : Brazilian Orchid Tree, Environ, , p. 3
  5. (en) F. Ferreres, A. Gil-Izquierdo, J. Vinholes, S. T. Silva, P. ValentĂŁo, et P. B. Andrade, « Bauhinia forficata Link authenticity using flavonoids profile: Relation with their biological properties », Food Chem,‎ , p. 894 904 (lire en ligne)
  6. (en) « UFEI - SelecTree: A Tree Selection Guide », sur Urban forest Ecosystems Institute (consulté le )
  7. (en) « Gaspard Bauhin | Swiss physician and botanist », sur Encyclopedia Britannica (consulté le )
  8. Heinrich Friedrich Link, Friedrich Guimpel, Meno Haas et P. Haas, Icones plantarum selectarum Horti Regii Botanici Berolinensis cum descriptionibus et colendi ratione /, Decker,, (lire en ligne)
  9. Quattrocchi, Umberto., CRC world dictionary of medicinal and poisonous plants : common names, scientific names, eponyms, synonyms, and etymology, CRC, Taylor & Francis Group, (ISBN 978-1-4200-8044-5, 142008044X et 9781439894422, OCLC 774639599, lire en ligne)
  10. « Bauhinia forficata var. longiflora (Bong.) Benth. — The Plant List », sur www.theplantlist.org (consultĂ© le )
  11. (en) C. Z. Oliveira, « Anticoagulant and antifibrinogenolytic properties of the aqueous extract from Bauhinia forficata against snake venoms », J. Ethnopharmacol,‎ , p. 213 216
  12. (en) H. F. P. Neto, « Floral biology and breeding system of Bauhinia forficata (Leguminosae: Caesalpinioideae), a moth-pollinated tree in southeastern Brazil », Braz. J. Bot,‎ , p. 55 64
  13. (en) J. P. D. Maçaneiro, A. L. D. Gasper, F. GalvĂŁo, et L. A. Schorn, « Dispersion and aggregation patterns of tree species in Araucaria Forest, Southern Brazil », An. Acad. Bras. CiĂȘnc,‎ , p. 2397 2408
  14. Marcelo N. Rossi, Cibele S. Ribeiro-Costa, JĂ©ssica H. Viana et Ligia M. S. Rodrigues, « The Extent of Seed Predation by Bruchine Beetles (Coleoptera: Chrysomelidae: Bruchinae) in a Heterogeneous Landscape in Southeastern Brazil », The Coleopterists Bulletin, vol. 66, no 3,‎ , p. 271–279 (ISSN 0010-065X et 1938-4394, DOI 10.1649/072.066.0315, lire en ligne, consultĂ© le )
  15. (en) « The IUCN Red List of Threatened Species », sur IUCN Red List of Threatened Species, (consulté le )
  16. (en) Eliandra de Sousa, Leila Zanatta, Ilana Seifriz et TĂąnia Beatriz Creczynski-Pasa, « Hypoglycemic Effect and Antioxidant Potential of Kaempferol-3,7- O -(α)-dirhamnoside from Bauhinia f orficata Leaves », Journal of Natural Products, vol. 67, no 5,‎ , p. 829–832 (ISSN 0163-3864 et 1520-6025, DOI 10.1021/np030513u, lire en ligne, consultĂ© le )
  17. (en) « Bauhinia forficata - Useful Tropical Plants », sur Useful tropical plants (consulté le )
  18. (en) B. V. C. de S. Cardoso de Souza Regilda Saraiva dos Reis, AraĂșjo, Oskar Almeida Silva, Lucas Costa Faustino, Maria FabrĂ­cia Beserra, et Gonçalves, Mirian Lima Dos Cardoso de Souza, « Bauhinia forficata in the treatment of diabetes mellitus: a patent review », Taylor Francis Online,‎ , p. 129 138
  19. « Lectin - Bauhinia forficata (Brazilian orchid-tree) », sur www.uniprot.org (consulté le )
  20. FlĂĄvio Vasconcelos, Suely V. Sampaio, Maria A. R. GarĂłfalo et Luiz Fernando L. GuimarĂŁes, « Insulin-like effects of Bauhinia forficata aqueous extract upon Tityus serrulatus scorpion envenoming », Journal of Ethnopharmacology, vol. 95, no 2,‎ , p. 385–392 (ISSN 0378-8741, DOI 10.1016/j.jep.2004.08.006, lire en ligne, consultĂ© le )
  21. « Thrombin-like enzymes ~ VenomZone page », sur venomzone.expasy.org (consulté le )

Liens externes

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