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Bataille de Sangshak

La bataille de Sangshak est un affrontement s'Ă©tant dĂ©roulĂ© dans le Manipur, dans la zone frontaliĂšre boisĂ©e et montagneuse entre l'Inde et la Birmanie, du 20 mars au 26 mars 1944. Les Japonais ont engagĂ© une brigade parachutiste (combattant comme infanterie) de l'armĂ©e indienne britannique de ses positions avec de lourdes pertes, mais ont eux-mĂȘmes subi de lourdes pertes. Le retard imposĂ© aux Japonais par la bataille a permis aux renforts britanniques et indiens d'atteindre la position vitale de Kohima devant leur adversaire.

Bataille de Sangshak
Informations générales
Date 20 –
Lieu Ă  13 km au sud d'Ukhrul (en), Manipur (Inde)
Issue Indécise
Commandants
Drapeau du Royaume-Uni Maxwell Hope-Thompson Shigesaburo Miyazaki
Forces en présence
Environ 1 brigade parachutiste en sous-effectif, éléments de deux bataillons d'infanterieEnviron + 1 régiment d'infanterie, éléments de deux régiments
Pertes
652+400

Théùtre d'Asie du Sud-Est de la Seconde Guerre mondiale

Batailles

Batailles et opérations de la Campagne de Birmanie

Invasion japonaise de la Birmanie :

Opérations en Birmanie (1942-1943) :

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Opérations en Birmanie (1944-1945) :

Contexte

En mars 1944, les Japonais lancent l'opĂ©ration U-Go, une invasion majeure de l'Inde. Deux divisions de la 15e armĂ©e japonaise — la 15e et la 33e — attaquĂšrent le IVe corps indien Ă  Imphal, la 31e division japonaise s'avança sur Kohima, pour couper la route principale sur laquelle dĂ©pendaient les troupes d'Imphal pour se ravitailler de Dimapur[2].

La division japonaise avance sur un large front. Celle-ci Ă©tait divisĂ©e en forces d'assaut de Gauche, de Centre et de Droite. La force d'assaut de Gauche se composait de deux bataillons du 58e rĂ©giment japonais[3], avec le quartier gĂ©nĂ©ral du rĂ©giment et des dĂ©tachements des bras de soutien de la division. Le commandant du rĂ©giment Ă©tait le colonel Utata Fukunaga[4], mais la force Ă©tait accompagnĂ©e par le commandant du groupe d'infanterie de la division, le major gĂ©nĂ©ral Shigesaburo Miyazaki, qui Ă©tait l'officier supĂ©rieur. Le 18 mars, la force s'approchait du village d'Ukhrul, Ă  environ 40 km au nord-est d'Imphal et 13 km au nord de Sangshak[5] - [6].

Dispositions britanniques

Au début de 1944, la 49e brigade d'infanterie indienne de la 23e division d'infanterie indienne était stationnée à Sangshak, chargée de se défendre contre une avance japonaise du fleuve Chindwin vers Ukhurl[7]. Au début de l'offensive japonaise, les Japonais encerclÚrent la 17e division d'infanterie indienne à Tedim, au sud d'Imphal. Le lieutenant-général Geoffrey Scoones, le commandant du IVe corps, fut contraint d'envoyer la 23e division (y compris la 49e brigade) pour aider la 17e division à sortir de l'encerclement[8]. Par la suite, la 50e brigade parachutiste indienne reçut l'ordre de se déplacer dans la région de Sangshak, pour reprendre le poste laissé vacant par le départ de la 49e.

À l'Ă©poque, deux bataillons de la 50e brigade parachutiste avaient menĂ© un entraĂźnement avancĂ© dans la jungle dans la rĂ©gion de Kohima[9] tandis que le troisiĂšme bataillon terminait son entraĂźnement de parachutisme en Inde[8]. La brigade se composait des 152e (indiens) et 153e bataillons de parachutistes (gurkhas), avec une compagnie de mitrailleuses, une batterie d'artillerie de montagne et d'autres armes de soutien. Son commandant Ă©tait le brigadier Maxwell Hope-Thompson. MĂȘme avant le dĂ©but de l'attaque japonaise, ils avaient reçu des ordres prĂ©liminaires pour se dĂ©placer Ă  Sangshak. En raison du manque de moyens de transport, ils mirent quatre jours (du 14 au 18 mars) pour terminer le dĂ©ploiement. Ils prirent le commandement du 4e bataillon, du 5e Mahratta Light Infantry, qui avait fait partie de la 49e brigade[10], et de deux compagnies du rĂ©giment nĂ©palais de Kalibahadur composĂ© de 200 hommes[1].

À son arrivĂ©e, la brigade constata que la zone qui leur avait Ă©tĂ© assignĂ©e n'avait pas Ă©tĂ© prĂ©parĂ©e par la 49e et qu'il n'y avait pas de barbelĂ©s pour construire des obstacles sur le terrain. Des demandes rĂ©pĂ©tĂ©es ont Ă©tĂ© faites pour acheminer du matĂ©riel de dĂ©fense par la 50e brigade, mais celles-ci n'ont pas Ă©tĂ© satisfaites avant le dĂ©but de la bataille[11].

La bataille

Préliminaires

La 50e brigade se dĂ©ploya initialement sur une vaste zone, avec des avant-postes Ă  13 km Ă  l'est de Sangshak et de la compagnie de mitrailleuses Ă  Ukhrul. Le 19 mars, les Japonais envahirent une compagnie isolĂ©e (Compagnie C du 152e bataillon de parachutistes) dĂ©ployĂ©e sur une colline connue sous le nom de Point 7378[12]. La compagnie fut rĂ©duite Ă  20 hommes. PoussĂ© par son commandant en second (le colonel Abbott), la brigade risquait une dĂ©faite en dĂ©tail si elle restait tendue comme des postes isolĂ©s, Hope-Thompson ordonna ainsi Ă  ses forces de se recentrer. La plupart de la force initialement concentrĂ©e Ă  Sheldon's Corner, Ă  13 km Ă  l'est de Sangshak, furent redĂ©ployĂ© par Hope-Thomson le 21 mars dans l'aprĂšs-midi, d'abord au « Camp de rein » Ă  6,4 km Ă  l'ouest, puis Ă  Sangshak mĂȘme, oĂč prirent une position dĂ©fensive sur une colline juste Ă  l'est du village, avec une Ă©glise missionnaire amĂ©ricaine Ă  son extrĂ©mitĂ© nord. La position ne mesurait que 730 × 370 m et ne disposait pas d'eau douce. La roche dure fut trouvĂ©e Ă  seulement 0,91 m sous le sol, de sorte que seules des tranchĂ©es peu profondes pouvaient ĂȘtre creusĂ©es[13].

Le 2e bataillon du 58e rĂ©giment d'infanterie japonais avait entre-temps capturĂ© Ukhrul de la compagnie de mitrailleuses de la 50e brigade. Le major gĂ©nĂ©ral Miyazaki Ă©tait prĂ©sent avec le bataillon. Il savait qu'il y avait une brigade britannique Ă  Sangshak. Bien que Sangshak fut dans le secteur affectĂ© Ă  la formation voisine de la 31e division (la 15e division japonaise), Miyazaki savait que cette formation Ă©tait Ă  la traĂźne de sa force. Il dĂ©cida donc de dĂ©gager les Britanniques de Sangshak pour les empĂȘcher d'interfĂ©rer avec son avance[14].

Affrontements Ă  Sangshak

Le bataillon japonais attaqua Sangshak depuis le nord dans la nuit du 22 mars. Miyazaki Ă©tait prĂȘt Ă  attendre que ses canons rĂ©gimentaires et quelques canons de montagne attachĂ©s arrivent pour soutenir l'attaque, mais le commandant du bataillon (le capitaine Nagaya) attaqua Ă  la hĂąte sans soutien d'artillerie. Les Britanniques disposaient d'un total de 46 canons de montagne et de mortiers de 3 pouces pour fournir un appui-feu indirect, et malgrĂ© les gains initiaux, les forces d'assaut japonais ont beaucoup souffert des tirs d'artillerie et de mortier britanniques[14].

L'un des officiers japonais tuĂ©s dans les positions de la 50e brigade de parachutistes portait des cartes et des documents essentiels, qui contenaient tous les plans de la 31e division. Le brigadier Hope-Thompson envoya deux copies des documents au QG du IVe corps Ă  Imphāl alors que celui-ci Ă©tait encerclĂ© par les Japonais. Les documents s'avĂ©reront ĂȘtre vitales pour la rĂ©ponse du IVe corps et de la 14e armĂ©e Ă  l'attaque japonaise sur Kohima[15] - [16].

Le lendemain (23 mars), des avions alliés tentÚrent de larguer des fournitures à la 50e brigade de parachutistes, mais la position de la brigade était si petite que la plupart des fournitures tombÚrent aux mains des Japonais. Les gurkhas du 152e bataillon de parachutistes les attaquÚrent pour les récupérer, appuyés par des combattants ayant escorté l'avion de transport. Ils furent repoussés, mais les Japonais subirent également de lourdes pertes[17]. L'artillerie japonaise fut mise en position à l'aide d'éléphants et commença à tirer sur Sangshak le 23 mars[18] - [19].

Le 24 mars, les Japonais furent renforcés par le 3e bataillon du 58e régiment, accompagné du commandant du régiment et de Miyazaki. Attaquant immédiatement, ils furent eux aussi repoussés[17].

Le 3e bataillon du 60e régiment japonais, appartenant à la 15e division de Masafumi Yamauchi, commença également à attaquer la position défendue de l'est le 25 mars, soutenu par les tirs d'artillerie de deux canons de montagne du 21e régiment d'artillerie de campagne. Leur commandant (le major Fukushima) insista pour que ses officiers reconnaissent correctement l'objectif et planifient leur approche[20], contrairement à la tactique hùtive du 58e régiment. Cependant, son infanterie s'est perdue en essayant d'approcher la position de nuit. Le jour suivant, leurs deux canons de montagne attachés détruisirent de nombreuses tranchées peu profondes des défenseurs. Le 26 mars, l'infanterie de Fukushima du 60e régiment se perdit nouveau en essayant d'attaquer de nuit avant de se faire contrer à l'aube[21].

Les Japonais planifiĂšrent un ultime assaut total le 27 mars (bien que Miyazaki ait essayĂ© d'insister pour que le 58e rĂ©giment attaque seul, afin qu'ils aient le seul honneur de la victoire), mais finalement cet effort s’avĂ©rera inutile[22]. À cette date, les dĂ©fenseurs Ă©taient Ă©puisĂ©s et dĂ©sespĂ©rĂ©ment Ă  court d'eau. 300 blessĂ©s subsistaient dans la position, et l'odeur des corps en dĂ©composition (y compris ceux des mulets appartenant Ă  l'artillerie de montagne attachĂ©e et Ă  la colonne de ravitaillement) difficilement supportable[17]. À 18 h 00 le 26 mars, Hope-Thompson reçut l'ordre de battre en retraite. Sa brigade se retira sous le couvert de l'obscuritĂ© Ă  22 h 30, les 4e et 5e Mahrattas assurant l'arriĂšre-garde. Une centaine de blessĂ©s furent laissĂ©s pour compte, bien que de nombreux autres aient Ă©tĂ© exĂ©cutĂ©s[4]. Environ 100 autres hommes furent capturĂ©s par un autre bataillon du 60e rĂ©giment japonais (le « bataillon Uchibori[23]»). Les Japonais occupĂšrent par la suite la position aprĂšs qu'une patrouille confirma son abandon.

Conséquences

La 50e brigade indienne de parachutistes compta 652 pertes[24]. Les Japonais rapportĂšrent avoir capturĂ© 100 prisonniers, dont la plupart Ă©taient blessĂ©s. Ils capturĂšrent Ă©galement un certain nombre de fournitures par avion ayant manquĂ© les dĂ©fenseurs de Sangshak, ainsi que d'autres Ă©quipements, notamment des armes lourdes, des vĂ©hicules et des radios[15]. De nombreuses troupes indiennes ayant Ă©tĂ© faites prisonniĂšres furent ensuite relĂąchĂ©es — bien que dĂ©pouillĂ©es de leur Ă©quipement et de leurs vĂȘtements — par les Japonais aprĂšs avoir Ă©tĂ© forcĂ©es de se retirer, ceux-ci ne disposant pas assez d'hommes pour les garder[25].

Les pertes japonaises furent Ă©galement consĂ©quentes. Le 2e bataillon, 58e rĂ©giment fut l'unitĂ© la plus durement touchĂ©e, avec plus de 400 victimes[17]. Cependant, la bataille prolongĂ©e avait Ă©galement retardĂ© l'avance de Miyazaki sur Kohima d'une semaine et Ă©puisĂ© considĂ©rablement le 58e rĂ©giment qui mĂšnerait l'attaque[15] - [26]. Cela retarda Ă©galement certains membres de la 15e division dans leur avance sur Imphal[3]. La force d'assaut de Gauche de Miyazaki avait la route la plus courte et la plus facile vers Kohima. Ils arrivĂšrent Ă  la crĂȘte vitale de Kohima seulement le 3 avril[27] Ă  laquelle les renforts alliĂ©s avaient Ă©galement atteint la rĂ©gion. Dans la bataille de Kohima qui suivit, les Japonais Ă©chouĂšrent Ă  capturer toute la crĂȘte et furent finalement forcĂ©s de battre en retraite par les contre-attaques britanniques et la pĂ©nurie de nourriture et de munitions[28] - [29].

Notes et références

  1. Seaman 1989, p. 75
  2. Rooney 1992, pp. 25 & 49
  3. Katoch 2018, p. 37
  4. Rooney 1992, p. 56
  5. Rooney 1992, pp. 50–53
  6. Allen 1984, pp. 213–215
  7. Allen 1984, p. 212
  8. Rooney 1992, p. 51
  9. Allen 1984, p.652
  10. Allen 1984, pp.212–213
  11. Rooney 1992, pp. 51–52
  12. Rooney 1992, pp. 52–52
  13. Allen 1984, pp. 213–214
  14. Allen 1984, p.215
  15. Allen 1984, p.220
  16. Rooney 1992, p. 55
  17. Allen 1984, p.216
  18. Rooney 1992, p. 54
  19. Seaman 1989, p. 81
  20. Allen 1984, p.217
  21. Allen 1984, p.218
  22. Allen 1984, p.219
  23. Allen 1984, p. 221.
  24. Singh 2014, p. 221
  25. Rooney 1992, p. 57
  26. Rooney 1992, p. 58
  27. Allen 1984, p. 230
  28. Rooney 1992, p. 103
  29. Allen 1984, p. 289

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Allen, Louis, Burma: The Longest War 1941–45, J.M. Dent & Sons Ltd, 1984, (ISBN 0-460-02474-4)
  • Katoch, Hemant Singh, Imphal 1944: The Japanese Invasion of India, Bloomsbury, 2018, (ISBN 978-1-47282-016-7)
  • Rooney, David, Burma Victory: Imphal and Kohima March 1944 to May 1945, Cassell, 1992, (ISBN 0-304-35457-0)
  • Seaman, Harry, The Battle At Sangshak: Prelude to Kohima, Pen and Sword, 1989, (ISBN 978-1-47381-214-7)
  • Singh, Suresh, The Endless Kabaw Valley: British Created Vicious Cycle of Manipur, Burma and India, Quills Ink Publishing, 2014, (ISBN 978-9-38431-800-0)

Lectures complémentaires

  • Slim, William (Field Marshal Sir), Defeat into Victory, NY: Buccaneer Books (ISBN 1-56849-077-1), Cooper Square Press (ISBN 0-8154-1022-0); London: Cassell (ISBN 0-304-29114-5), Pan (ISBN 0-330-39066-X).
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