Accueil🇫🇷Chercher

Bataille de Saint-Gothard

La bataille de Saint-Gothard eut lieu le , près du village de Saint-Gothard (Szentgotthárd) en Hongrie, sur la rive nord de la rivière la Raab.

Bataille de Saint-Gothard
Description de l'image Szentgotthárdi csata (Maas festménye).jpg.
Informations générales
Date
Lieu Szentgotthárd (Hongrie)
Issue Victoire décisive des alliés
Forces en présence
EstimĂ©es Ă  22 000 fantassins et cavaliers

12 000 ImpĂ©riaux
4 000 Allemands de la Ligue du Rhin
6 000 Français de la Ligue du Rhin
EstimĂ©es Ă  30 000 sipahis et janissaires

Troupes ayant traversĂ© la rivière sur les 100 000 Turcs prĂ©sents au camp.
Pertes
de 2 000 Ă  6 000 hommesde 8 000 Ă  10 000 hommes

Première guerre austro-turque

Batailles

CoordonnĂ©es 46° 56′ 30″ nord, 16° 13′ 00″ est
GĂ©olocalisation sur la carte : Hongrie
(Voir situation sur carte : Hongrie)
Bataille de Saint-Gothard
GĂ©olocalisation sur la carte : Europe
(Voir situation sur carte : Europe)
Bataille de Saint-Gothard

Elle opposa l’armée coalisée composée principalement d’Impériaux et d’un fort contingent français aux troupes ottomanes lors d’une tentative de franchissement du cours d’eau.

Le contexte

La déstabilisation du grand royaume de Pologne lors de la première guerre du Nord (1654–1660) provoque l’intervention tentante de la Transylvanie aux côtés des forces protestantes. Mais, étant tributaires de l’Empire ottoman, les Transylvaniens ne peuvent mener de campagne militaire qu’avec l’aval de la Porte. Or, le grand vizir Mehmet Köprülü réagit énergiquement comme à son habitude ; en 1658 les armées turques envahissent la Transylvanie et y placent un prince plus soucieux du respect des règles imposées par la Porte que son prédécesseur.

Cette intervention menace directement la Hongrie royale dont les nobles demandent la réaction autrichienne. L’indécision de l’Empire, liée à un état déplorable de ses armées et à la force de celles des Turcs, perdure jusqu’en 1661, date à laquelle l’empereur décide enfin d’agir.

Il place ses troupes sous le commandement de l’éminent stratège italien Raimondo Montecuccoli et les lance le long du Danube tout en convoquant la diète Ă  Ratisbonne pour lever des troupes supplĂ©mentaires. La campagne militaire de 1662 est un Ă©chec qui ne fait que renforcer la prĂ©sence ottomane Ă  proximitĂ© de la frontière. NĂ©anmoins, elle a le mĂ©rite de susciter une rĂ©action de la diète impĂ©riale qui accepte de lever les renforts demandĂ©s, mettant Ă  contribution les princes de l’Empire. Ă€ ce titre, un contingent français de 6 000 hommes est envoyĂ© sur les bords du Danube.

Cette intervention, loin d’aller de soi a priori, est la conséquence des manœuvres politiques de Mazarin au lendemain de la guerre de Trente Ans[1].

Le contingent français fort de 6 000 hommes est placĂ© sous le commandement du comte Jean de Coligny-Saligny (1617–1686) (un proche des Le Tellier/Louvois). Ces troupes comptent parmi les meilleures d’Europe de l’époque. Les soldats sont tous dotĂ©s d’un uniforme, une nouveautĂ© qui commence Ă  devenir systĂ©matique dans les armĂ©es europĂ©ennes.

L’armée impériale

L’armĂ©e coalisĂ©e impĂ©riale qui mène alors campagne se dĂ©compose en trois contingents. Outre les troupes françaises (6 000 hommes de Coligny)[2] - [3] auxquelles les rĂ©giments allemands de la Ligue du Rhin sont adjoints (7 000 hommes du comte de Hohenlohe), on trouve un fort contingent de troupes levĂ©es dans l’Empire par la diète (environ 19 000 hommes) et un troisième de troupes qu’on qualifiera de manière relativement impropre d’autrichiennes[4] dont la contribution se monte Ă  21 rĂ©giments d’infanterie (36 000 fantassins) et 19 rĂ©giments de cavalerie (15 000 cavaliers). En tout, ce sont près de 80 000 hommes que cette armĂ©e internationale regroupe. C’est considĂ©rable mĂŞme pour l’époque. Mais les impĂ©ratifs et la largeur du front ne permettent de disposer que de 30 000 hommes comme force mobile face Ă  la principale armĂ©e turque ; les autres Ă©tant rĂ©partis dans les garnisons ou formant une force de 12 000 hommes chargĂ©e de garder la frontière au nord du Danube[5].

Bien que forte d’un nombre impressionnant de soldats, cette armée souffre de plusieurs carences. D’abord, son nombre de combattants reste très inférieur à celui de son adversaire.

De plus, son ravitaillement est indigent et la primauté des troupes autrichiennes dans sa distribution entretient un climat de jalousie, accentué par des problèmes de coordination principalement liés aux personnalités des différents commandants de corps et à l’usage de plusieurs langues pour donner les ordres.

Et, comme si cela ne suffisait pas, il existe de grandes disparités de qualité entre les troupes. Les troupes autrichiennes et françaises sont, de loin, les plus aguerries, disciplinées et bien équipées. En revanche, les troupes allemandes de la Ligue du Rhin, et surtout les troupes de l’Empire, sont sous-équipées et sous-entraînées.

Conscient de ces carences, Montecuccoli opte pour un plan simple : barrer la route de Vienne aux Turcs en s’appuyant sur la Raab, une rivière sinueuse rendue impétueuse par les pluies incessantes de ce mois de .

Pour Montecuccoli, pas question de livrer bataille en pleine campagne. Les Turcs sont trop nombreux et, surtout, leurs exploits passés leur assurent un ascendant moral sur les troupes occidentales.

L’armée ottomane

Face à lui, le , l’armée turque atteint la Raab et essaye de la passer. Mais les troupes impériales arrivent à les repousser. S’ensuit un mouvement parallèle vers l’ouest des deux armées de part et d’autre de la rivière. Les Turcs cherchent un passage où la franchir et les Impériaux essayent de les en empêcher.

Conformément à la tradition, cette armée ottomane est pléthorique mais très disparate. Elle se compose principalement de troupes provinciales levées sur le modèle féodal ; c’est-à-dire de cavaliers timariotes ralliés à un bey, pouvant fournir un certain nombre d’hommes. Ces troupes proviennent de tout l’Empire ottoman, même si, dans ce cas, les provinces balkaniques fournissent les plus gros contingents. Ces cavaliers sont somptueusement équipés mais l’arc reste leur principale arme (le pistolet faisant à peine des débuts timides dans cette armée). Cependant, leur mobilité et leurs prouesses équestres font d’eux de redoutables combattants.

Mais la force principale de l’armée ottomane réside dans son corps « d’esclaves de la porte » (Kapı kulu). Ce corps d’élite est composé de fantassins redoutables que sont les janissaires et de cavaliers émérites et véloces que sont les sipahis.

Les janissaires fournissent le fer de lance de l’armée qui s’organise autour de leur corps, épaulé par les sipahis. Les troupes provinciales ainsi que les auxiliaires de l’armée ottomane sont répartis sur les ailes. Néanmoins, il est d’usage courant qu’un corps conséquent de cavaliers, généralement des auxiliaires commandés par un supplétif de l’empire, soit déployé à distance du corps de bataille pour tenter des coups de main sur les arrières de l’ennemi. Ce rôle est assuré par le contingent tartare dans cette campagne.

L’armĂ©e ottomane est surtout renommĂ©e pour la qualitĂ© de ses campements oĂą les maladies sont moins rĂ©pandues que dans ceux des autres forces europĂ©ennes. Leurs tentes basses et colorĂ©es, bien ordonnĂ©es ainsi qu’une intendance gĂ©nĂ©ralement efficace, forcent le respect des autres nations. Elle est accompagnĂ©e de corps d’ingĂ©nieurs et d’ouvriers prĂŞts Ă  intervenir Ă  tout moment sur simple ordre du commandant en chef. Les lourds charrois transportant ce matĂ©riel se dĂ©placent le long des routes laissĂ©es libres par les troupes qui empruntent des chemins parallèles tout en assurant la protection des nombreux bagages et trĂ©sors de cette innombrable armĂ©e qui peut mobiliser plus de 100 000 combattants.

Néanmoins, en cet été 1664, les pluies incessantes et les rivalités au sein du commandement ottoman sont autant de grains de sable dans cette mécanique généralement bien huilée. Le ravitaillement, notamment, n’est pas à la hauteur des exigences de l’armée. La Raab presque en crue n’offre pas de passage suffisamment aisé aux troupes ottomanes qui sont repoussées dans leurs tentatives de franchissement. Pour faciliter cette traversée, le grand vizir Fâzïl Ahmet Pacha décide de remonter vers l’amont de la rivière où il sera plus aisé de la franchir.

Les préparatifs

C’est ainsi que l’armĂ©e ottomane installe son campement dans la soirĂ©e du 28 juillet aux abords de Saint-Gotthard qui est aussitĂ´t pillĂ©. Une tentative pour traverser la rivière est repoussĂ©e par les troupes impĂ©riales. Les deux armĂ©es sont alors face Ă  face et sĂ©parĂ©es par la Raab. D’un cĂ´tĂ© 100 000 Ottomans, de l’autre l’armĂ©e impĂ©riale rĂ©unit près de 25 000 combattants. Durant les journĂ©es des 29 et 30 juillet, l’activitĂ© de part et d’autre se limite Ă  quelques tirs de canons. Les Ottomans avisent alors un guĂ© situĂ© dans une courbure favorable de la Raab Ă  quelques kilomètres en amont. La matinĂ©e du jeudi 31 juillet est consacrĂ©e au dĂ©placement du camp près de cet emplacement.

Les deux partis sont conscients de l’enjeu : si l’armée ottomane réussit à franchir la rivière, elle pourra marcher sans encombre sur Vienne grâce à la protection de ses nombreux cavaliers. A contrario, si les Impériaux arrivent à stopper l’armée turque sur la Raab, Vienne — et par extension, l’Europe chrétienne — sera sauvée. Car l’armée ottomane a déjà dû livrer plusieurs sièges au début de la campagne et son ravitaillement commence à être difficile dans cette région où le fourrage manque pour les chevaux. Le conseil de guerre qui se tient dans la tente du grand vizir au soir du 31 juillet préconise de ne rien tenter le lendemain vendredi 1er août, jour saint pour les musulmans. Il est préconisé de se contenter de construire un pont sur la Raab et d’envoyer les janissaires prendre pied sur l’autre rive sous la protection des canons, sans déclencher une bataille. Apprenant que la bataille est repoussée au samedi, la plupart des troupes provinciales et les nombreux serviteurs de l’armée se dispersent dans la campagne à la recherche de ravitaillement et de fourrage.

Dès la nuit, la construction d’un pont de fortune est lancée. Conformément à l’efficacité turque dans ce domaine, il est rapidement rendu praticable et les janissaires franchissent la rivière sur le pont pendant que les sipahis, chargés de les protéger, traversent à gué de part et d’autre de l’ouvrage, selon la tradition de l’armée ottomane. Rapidement, les janissaires s’emploient à fortifier leur tête de pont en creusant des retranchements pendant que les cavaliers fourragent à proximité. La faible réactivité des troupes de l’Empire placées en vis-à-vis du gué les incite à poursuivre leur exploration jusqu’aux vergers et abords du village de Nagyfalu (aujourd’hui Mogersdorf, district de Jennersdiorf, en Autriche).

L’engagement

Au petit matin, les troupes de l’Empire chargées de surveiller le secteur, mal préparées et mal entraînées, commencent à paniquer devant l’avance des cavaliers turcs. Face à l’inorganisation des Allemands, les Turcs s’en donnent à cœur joie et pillent le village et les quartiers des régiments de l’Empire. Voyant cela, plusieurs autres contingents de cavaliers turcs franchissent la rivière pour participer au pillage. Trois régiments allemands tentent de réagir et essayent de se former pour s’opposer à l’ennemi de plus en plus entreprenant. Hélas, cette infanterie lourde et peu expérimentée doit, pour se mettre en bataille, traverser un terrain accidenté couvert de bâtiments ou d’arbres. C’est donc complètement désorganisées que ces troupes arrivent devant les Turcs. Le piège se referme sur eux et rapidement les troupes de l’Empire doivent fuir le champ de bataille. Voyant comment les choses tournent, les Ottomans décident de franchir la rivière pour participer à l’hallali.

Pendant ce temps, du côté impérial, on assiste dépité aux événements en attendant les ordres. L’armée impériale est répartie sur les hauteurs de la vallée, au-delà d’une lignée d’arbres qui la dissimule partiellement aux yeux des Ottomans. Mais les points d’observations sont nombreux pour assister aux déboires des régiments allemands.

La contre-attaque des coalisés

Aux alentours de midi, la situation commence à devenir dramatique et l’armée n’a toujours pas réagi. Après avoir demandé l’autorisation d’intervenir durant toute la matinée pour juguler la débandade, les officiers français sont maintenant partisans d’un repli stratégique pour éviter de perdre leurs troupes. Mais les officiers impériaux se ressaisissent et une réaction ferme de l’ensemble de l’armée est préconisée. L’armée se met alors en bataille et marche sur la ligne d’arbres qui la sépare des Turcs ; les escadrons prenant place entre les bataillons d’infanterie.

Lorsque les uniformes bien alignés apparaissent sous la ligne des arbres, les Ottomans répondent à ce qui leur apparaît comme un coup de bluff, en faisant sortir les janissaires de leurs retranchements. Arrivés à portée de tir, les Impériaux restent fermes et la bataille s’engage sur toute la ligne. Comme plus tôt dans la matinée, les troupes allemandes sont copieusement malmenées par les janissaires, trop effrayants pour ces jeunes recrues. Rapidement, une brèche apparaît entre le centre et l’aile gauche de l’armée impériale tenue par les Français. Le moment est tragique, mais, jugeant qu’il n’y a rien de mieux à faire, les troupes françaises partent à l’assaut des lignes turques pour combler la disparition des troupes allemandes. Dans le même temps, à l’opposé de la ligne, sur l’aile droite, Montecuccoli fait avancer ses Autrichiens.

Devant la fermeté des troupes adverses, les Ottomans, fatigués par une action commencée durant la nuit, affamés par le manque de ravitaillement et désorganisés par de nombreuses absences au sein de leurs unités, décident d’adopter une position défensive plus efficace : ordre est donné aux janissaires de regagner leurs retranchements. Mais voyant ce mouvement de repli de leurs troupes d’élite, les Turcs, dont la plupart n’avaient engagé le combat que dans l’intention de participer à une victoire rapide sur des troupes désorganisées, commencent à refouler vers le pont et les gués. Petit à petit, c’est toute l’armée ottomane qui reflue puis qui se précipite pour retraverser la Raab.

La débâcle ottomane

Voyant cela et faisant fi de l’ordre donné, la plupart des orta de janissaires ne s’arrêtent pas sur leurs retranchements mais rejoignent les fuyards. La déroute de l’armée ottomane est consommée. Bien sûr, le pont ne peut résister à une telle débandade et rompt sous la masse des fuyards qui sont alors précipités dans l’eau où la plupart se noient dans la cohue. Alors, les Turcs prisonniers de la rive gauche se partagent entre ceux qui cherchent un autre passage et ceux qui s’apprêtent à combattre jusqu’à la mort les soldats impériaux qui avancent vers eux.

La prise des retranchements est âpre et les troupes françaises s’y distinguent. Les ultimes combats sont livrés avec l’énergie du désespoir mais bien que les pertes chez les Impériaux soient importantes, la victoire ne peut leur échapper. Une fois les derniers défenseurs des retranchements éliminés, les soldats marchent sur les berges escarpées de la rivière et déchargent un feu nourri sur les fuyards turcs qui tentent de la franchir à la nage.

Enfin, lorsqu’il n’y a plus rien d’autre à faire, comme une ultime humiliation infligée à leur honneur, les soldats impériaux baissent leur culotte et montrent leur postérieur aux survivants turcs déconfits, mouillés et humiliés[6].

Les conséquences de la bataille

La victoire paraĂ®t totale pour les forces impĂ©riales mais son coĂ»t en limite la portĂ©e. Bien que les sources soient contradictoires comme toujours sur l’évaluation des pertes, on peut estimer Ă  2 Ă  6 000 hommes celles des forces coalisĂ©es impĂ©riales sur un effectif d’un peu plus de 20 000 combattants. Quant Ă  celles des Turcs, elles s’élèveraient Ă  8 ou 10 000 hommes soit 30% des troupes engagĂ©es. Ces pertes se portent principalement sur les unitĂ©s d’élite de l’armĂ©e (janissaires et sipahis) tandis que celles de la coalition impĂ©riale ont davantage frappĂ© les troupes les moins expĂ©rimentĂ©es (rĂ©giments de l’Empire).

Mais la menace turque n’est pas écartée et son armée campe toujours devant Saint-Gothard, où les fuyards se rallient dans les heures qui suivent la bataille. L’armée coalisée, quant à elle, est minée par les maladies et le harcèlement des cavaliers tartares ; mais également par les dissensions et les nombreux reproches que s’adressent les différents commandants. Afin d’éviter un retournement de situation, l’empereur Léopold Ier s’empresse de signer la paix de Vasvár dès le , sauvant ainsi son armée victorieuse d’une décomposition programmée dans une Hongrie, ravagée par les prélèvements des troupes suscitant aussi bien le mécontentement des locaux que des troupes alliées. Comme celui des Français, qui, livrés à eux-mêmes, sont à deux doigts de voir leur corps expéditionnaire se disloquer lorsque les Tartares s’emparent de leurs chariots quelques jours après la bataille.

Cette paix, ramenant les belligérants au statu quo ante bellum, permet de rester sur la note positive de la victoire mais suscite beaucoup d’émois surtout auprès des alliés mécontents et en premier lieu des Hongrois : alors que les gazettes occidentales saluent avec emphase une victoire éclatante face à la marée turque, la Hongrie royale, ravagée par les opérations sans avoir évincé les Ottomans de ses territoires, s’éloigne de la politique impériale. Le mouvement des Malcontents est né et trouve un écho favorable auprès du corps expéditionnaire français. Louis XIV ne laissera pas échapper cette opportunité de planter une nouvelle aiguille dans le pied de Léopold. Un lien s’est ainsi créé qui influencera durablement la politique extérieure française pendant plusieurs décennies.

Anecdotes

  • Au moins une partie des troupes composant le rĂ©giment de Carignan-Salières aurait fait partie du contingent français sous les ordres de Coligny qui participa Ă  la bataille et qui s’illustra sur les retranchements ottomans. Ce rĂ©giment est la première unitĂ© rĂ©gulière Ă  avoir Ă©tĂ© envoyĂ© en Nouvelle-France pour dĂ©fendre la colonie française contre la ConfĂ©dĂ©ration iroquoise. Son nom fait partie intĂ©grante de l’histoire du Canada francophone et du QuĂ©bec en particulier.
  • Parmi les scènes citĂ©es dans la mĂ©moire collective Ă  propos de cette victoire des armĂ©es de Coligny, on peut mentionner celle de la mort du jeune Pierre de RougĂ©, marquis du Plessis-Bellière, enseigne au rĂ©giment de La FertĂ© : « Il fut tuĂ© Ă  l’âge de 19 ans Ă  la bataille de Saint-Godard, en Hongrie, en dĂ©fendant son drapeau. Le Turc qui avait percĂ© les rangs pour le lui enlever tomba lui-mĂŞme percĂ© de coups sur la place. » [7]
  • Le jeune et impĂ©tueux duc de Lorraine, Charles V, futur beau-frère de l’Empereur, lança son rĂ©giment de cavalerie Ă  l’assaut des forces ennemies. Il perça l’aile gauche et enleva l’étendard turc en guise de trophĂ©e.
  • Les canons ottomans n’ont presque pas tirĂ© durant toute la bataille. En dĂ©pit d’une position intĂ©ressante, les pièces d’artillerie ottomanes n’ont pas pu ĂŞtre utilisĂ©es comme il se devait en raison du manque de personnel qui s’était aventurĂ© dans les alentours du camp pour chercher du ravitaillement. Lorsque les Ă©vĂ©nements se prĂ©cipitent en milieu de journĂ©e lors de l’attaque impĂ©riale, ce manque de personnel empĂŞche la plupart des pièces de tirer.
  • Au terme de cette bataille, LĂ©opold Ier enverra le trĂ©sor de ChildĂ©ric Ă  Louis XIV pour le remercier de l'aide apportĂ©e. L'idĂ©e d'un tel cadeau vient de l'archevĂŞque de Mayence qui y voit une manière de consolider la Ligue du Rhin (et dès lors la paix en Europe)[8].
  • Dans les BMS de LunĂ©ville, on trouve ’’Jean Guerrin, jeune fils de Claude Guerrin bourgeois de LunĂ©ville mourut au mois d’aoĂ»t de l’annĂ©e mil six cent soixante quatre en la bataille qui fut livrĂ©e et gaignĂ©e en Hongrie par l’ArmĂ©e ImpĂ©riale contre les Turcs prĂ©z la rivière Raab et fut enterrĂ© près de lĂ  Ă  la catholique par le soing du Sr Nicolas de la Cour, jeune homme chirurgien de LunĂ©ville et l’on a fait les services pour le repos de son âme le 3 janvier 1665 en l’église paroissiale de LunĂ©ville’’.

Sources

  • Evliya Çelebi, La guerre des Turcs, RĂ©cits de bataille extraits du Livre de Voyage. Éditions Sindbad, Acte Sud, 1999 (ISBN 9780415025348) Ă©ditĂ© erronĂ©.

Bibliographie

  • Ferenc TĂłth (prĂ©f. Jean BĂ©renger), Saint-Gotthard 1664 : une bataille europĂ©enne, Panazol, Lavauzelle, coll. « Histoire, mĂ©moire et patrimoine », , 167 p. (ISBN 978-2-7025-1064-3).
  • Robert Mantran (dir.), Histoire de l'Empire Ottoman, Paris, Fayard, , 810 p. (ISBN 978-2-213-01956-7).
  • Jean BĂ©renger, Histoire de l'empire des Habsbourg : 1273-1918, Paris, Fayard, , 809 p. (ISBN 978-2-213-02297-0).
  • Claire Gantet, Nouvelle histoire des relations internationales, vol. 2 : Guerre, paix et construction des Ă©tats, 1618-1714, Paris, Seuil, coll. « Points histoire », , 414 p. (ISBN 978-2-02-039513-7, prĂ©sentation en ligne).
  • John Childs (trad. de l'anglais par Marthe Mensah, prĂ©f. AndrĂ© Corvisier), La guerre au XVIIe siècle, Paris, Autrement, coll. « Atlas des guerres », , 224 p. (ISBN 978-2-7467-0428-2).

Notes

  1. Au sortir de la guerre de Trente Ans (1659), la France apparaĂ®t comme la seule puissance capable de la poursuivre. Son prestige est important surtout auprès des princes allemands. Mais Mazarin, plus diplomate que militaire, prĂ©fère entretenir une paix bien plus profitable au royaume que de continuer un conflit qui n’a que trop durĂ©. Ses initiatives visent Ă  restituer le prestige du roi de France pour tenter de concurrencer les Habsbourg Ă  la tĂŞte de l’Empire comme jadis François Ier avait tentĂ© de le faire. La crĂ©ation de la Ligue du Rhin Ă  la fin de la guerre permet aux Français d’intervenir dans les affaires impĂ©riales. C’est Ă  ce titre que Louis XIV peut envoyer 6 000 hommes Ă  l’empereur LĂ©opold alors que les statuts de la ligue ne lui en exigent que 2 000.
  2. Dont le régiment d'Auvergne.
  3. Ferenc Toth, « Les Français en Hongrie en 1664 » (consulté le )
  4. En fait il s’agit des troupes levées sur les territoires héréditaires de l’empereur. Elles correspondent aussi bien aux Autrichiens proprement dit qu’aux troupes levées en Bohême et en Moravie.
  5. Ces troupes participeront Ă  la bataille de Leva.
  6. Cet acte de bravade pourrait être la réponse à un acte identique commis quelques semaines plus tôt par les troupes ottomanes lorsqu’à la fin du siège de la forteresse de Ieni-Kale (Györ), les survivants impériaux avaient dû franchir une rivière dans des conditions similaires.
  7. Manuscrit du marquis de Quincey, voir aussi Gazette de France du 5 septembre 1664.
  8. Thierry Sarmant, Le cabinet des médailles de la Bibliothèque Nationale (1661-1848),, Paris, Ecole des Chartes,
Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.