Bataille de Marj as-Suffar
La bataille de Marj as-Suffar[4] appelĂ©e aussi bataille de Chaqhab[5] est le dernier affrontement des Mongols il-khanides avec les Mamalouks en Syrie (20 au 22 ). Par la suite les Mongols ne refranchissent plus lâEuphrate.
ou
Bataille de Chaqhab
Date | 20 - |
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Lieu | Marj as-Suffar, Ă environ 35 km au sud de Damas |
Issue | Victoire des Mamelouks et derniĂšres incursions mongole en Syrie |
Empire ilkhanide Royaume arménien de Cilicie[1] Royaume de Géorgie[1] | Sultanat mamelouk |
Mulay Chupan Qutlugh Chùh Héthoum II d'Arménie | Emir Sayf ad-Dßn Salùr Baybars al-Jashankir An-Nùsir Muhammad |
50 000 hommes[1] | inconnues |
CoordonnĂ©es | 33° 21âČ 39âł nord, 36° 14âČ 53âł est |
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Prémices
Fin 1299, lâil-khan Ghazan a fait une premiĂšre campagne en Syrie. Cette campagne sâest terminĂ©e par une victoire Ă la bataille de Wadi al-Khazandar qui sâest terminĂ©e par une victoire de Ghazan sur An-NĂąsir Muhammad. AprĂšs cette bataille, une armĂ©e de renforts forte de 5 000 hommes venant dâAnatolie arrive avec le roi de Cilicie HĂ©thoum II qui a retrouvĂ© la vue aprĂšs avoir Ă©tĂ© aveuglĂ© lors de sa captivitĂ©. Le sultan An-NĂąsir Muhammad arrive dans Homs au coucher du soleil, les habitants lui demandent que faire, il leur rĂ©pond de se sauver comme ils le pourront. An-NĂąsir Muhammad repart vers Le Caire. Le gouverneur de Homs vient apporter Ă Ghazan les clefs de la ville qui renferme les trĂ©sors du sultan. Ghazan distribue ces richesses Ă ses officiers et revĂȘt plusieurs des robes du sultan. Il passe deux jours Ă Homs et se dirige ensuite vers Damas[6].
En janvier 1300, Damas se rend Ă Ghazan sans combat. Le Ghazan ayant reçu le tribut des villes conquises, repart vers ses Ă©tats et franchit lâEuphrate le 16[7]. Ghazan laisse cependant derriĂšre lui un contingent, dont lâĂ©mir Chupan fait partie, sous le commandement de Qutlugh ChĂąh pour tenir les territoires conquis. Chupan commande lâavant garde de lâarmĂ©e pendant la vaine campagne de 1300[8]. Pour cette nouvelle campagne Ghazan fait appel au Francs. Il leur donne rendez-vous Ă Antioche. Au mois de novembre, Amaury de Lusignan vient avec 300 chevaliers accompagnĂ© de chevaliers du Temple et de lâHopital au moins aussi nombreux. Lâhiver particuliĂšrement rigoureux empĂȘche Ghazan de venir au rendez-vous quâil a fixĂ©. Au mois de fĂ©vrier, Qutlugh ChĂąh arrive enfin avec 60 000 hommes. Il part vers Alep puis Homs[9] et revient sans rien faire de plus[10].
La campagne de 1303
Ghazan traverse lâEuphrate Ă Hilla. Le , il visite le tombeau de Husayn Ă Kerbala et fait des aumĂŽnes aux habitants de ce lieu saint des chiites. Il longe ensuite le fleuve vers le nord. Il laisse en route ses femmes et sa suite leur ordonnant de lâattendre Ă SinjĂąr. Il arrive le Ă Al-Rahba. Le surlendemain, il envoie trois messagers porteurs dâune lettre de sommation au gouverneur qui sâest retranchĂ© dans la citadelle avec les habitants de la ville. Les habitants de la citadelle demandent un dĂ©lai pour donner leur rĂ©ponse. Le lendemain, les assiĂ©gĂ©s envoient deux Ă©missaires pour annoncer leur reddition. Ghazan apprend alors que Qutlugh ChĂąh, Chupan et Mulay ont traversĂ© lâEuphrate Ă Raqqa et viennent dâarriver Ă Alep. Ghazan sâarrĂȘte Ă Deir ez-Zor envoie les troupes qui lâaccompagnent rejoindre le gros de lâarmĂ©e. Il retraverse lâEuphrate et va retrouver sa suite Ă SinjĂąr[11].
Lâex-sultan mamelouk Kitbugha, devenu gouverneur de Hama Ă la tĂȘte dâun rĂ©giment de GĂ©orgiens attaque le dĂ©tachement mongol se trouvant Ă Arz[12]. Il libĂšre 6 000 prisonniers turcs des deux sexes (). Lorsque Qutlugh ChĂąh sâapproche de Hama, Kitbugha se replie sur Damas. Il quitte la ville et rejoint le gros des armĂ©es Ă©gyptiennes commandĂ©es par le sultan An-NĂąsir, sur les hauteurs (). An-NĂąsir Ă©tait parti du Caire accompagnĂ© du calife Al-Mustakfi Ier le . Il campe devant Damas le vendredi premier jour du mois de ramadan. La population de la ville est terrifiĂ©e dâĂȘtre restĂ©e sans dĂ©fense. Le samedi, la population sâattendait Ă une bataille dans les rues de Damas, mais lâarmĂ©e mongole contourne Damas et se dirige vers Al-Kiswa[13]. ArrivĂ©s Ă Al-Kiswa, les mongols sâarrĂȘtent[11].
La bataille
LâarmĂ©e mongole compte environ 50 000 hommes et comprend deux corps auxiliaires dâArmĂ©niens et de GĂ©orgiens sous les ordres de Qutlugh ChĂąh. De son cĂŽtĂ© le sultan An-NĂąsir met ses troupes en ordre de bataille dans une plaine verdoyante appelĂ©e Marj as-Suffar. Il se place au centre avec le calife Al-Mustakfi et lâĂ©mir Sayf ad-DĂźn SalĂąr, Baybars al-Jashankir et dâautres chefs dont le gouverneur de Damas. Ă lâaile droite les troupes de Hama et les Arabes, Ă gauche les troupes dâAlep et de Tripoli. An-NĂąsir dit aux Mamelouks de sa garde : « Vous tuerez qui vous verrez fuir et Ă vous sa dĂ©pouille. » La bataille commence le Samedi en milieu de journĂ©e par une charge de Qutlugh ChĂąh sur la droite des Ă©gyptiens qui perdent environ 1 000 hommes. Plusieurs corps du centre et de lâaile gauche viennent Ă son secours. Sayf ad-DĂźn SalĂąr et Baybars al-Jashankir amĂšnent les autres gĂ©nĂ©raux Ă suivre leur exemple et parviennent Ă faire reculer Qutlugh ChĂąh qui est alors secouru par lâĂ©mir Chupan. La plus grande partie de lâaile droite Ă©gyptienne a lĂąchĂ© prise. Les troupes qui sont restĂ©es en arriĂšre croient la bataille perdue et abandonnent les bagages du sultan qui sont pillĂ©s. Le combat sâarrĂȘte et Qutlugh ChĂąh se retire avec ses troupes sur la montagne. Mulay qui revient de sa poursuite de lâaile droite mamelouke, ramĂšne des prisonniers qui apprennent Ă Qutlugh ChĂąh la prĂ©sence du sultan An-NĂąsir et du calife Al-Mustakfi. Mulay ne prĂ©voyant rien de bon pour le lendemain part avec sa division aprĂšs le coucher du soleil[11].
Pendant la nuit, les fuyards de lâarmĂ©e mamelouke reviennent par petits groupes. Les armĂ©es Ă©gyptiennes cernent la montagne occupĂ©e par les mongols. Un prisonnier Ă©gyptien parvenu Ă sâĂ©chapper informe An-NĂąsir que lâarmĂ©e mongole souffre de la soif. Les tentatives mongoles pour rejoindre la plaine sont repoussĂ©es jusquâau milieu de la journĂ©e. Le sultan fait alors ouvrir un passage aux assiĂ©gĂ©s afin de les dĂ©truire plus aisĂ©ment. Les Mongols passent par cet intervalle dâabord une division commandĂ©e par Chupan puis le centre oĂč se trouvait Qutlugh ChĂąh enfin un troisiĂšme corps. Ils se dirigent vers la riviĂšre et sây prĂ©cipitent. Des chevaux enfoncent dans le terrain marĂ©cageux. Cette armĂ©e en dĂ©route est poursuivie jusquâau soir[11].
AprĂšs la bataille
Le lendemain, An-NĂąsir envoie des troupes sur les traces des Mongols. Les chevaux des fuyards Ă©taient Ă©puisĂ©s de fatigue. Ils jettent leurs armes et se laissent tuer. Beaucoup pĂ©rissent des mains des valets de lâarmĂ©e qui amassant un grand butin Des bandes de fuyards trompĂ©s par leurs guides bĂ©douins sont abandonnĂ©s au milieu du dĂ©sert oĂč ils meurent de soif. Dâautres sont conduits jusquâĂ la GhĂ»ta de Damas et tuĂ©s par la populace. Le lundi An-NĂąsir quitte le champ de bataille et passe la nuit Ă Al-Kiswa. Des pigeons sont envoyĂ©s pour porter la nouvelle de la victoire Ă Gaza. Lâordre est donnĂ© dâarrĂȘter les fuyards et de les empĂȘcher dâentrer en Ăgypte, et de rechercher tous ceux qui ont participĂ© au pillage du trĂ©sor du sultan. Le matin du mardi , An-NĂąsir entre dans Damas et est accueilli en sauveur. Lâun des Ă©mirs dâAlep qui sâĂ©tait enfui au cours de la bataille est repris. Il est clouĂ© sur un chameau et promenĂ© dans Damas. Le Gouverneur de Gaza pend les fuyards et rĂ©cupĂšre la plus grande partie du trĂ©sor qui a Ă©tĂ© pillĂ©. An-NĂąsir part de Damas le et rentre triomphalement au Caire. Son cortĂšge est prĂ©cĂ©dĂ© de 1 600 prisonniers enchaĂźnĂ©s portant chacun la tĂȘte dâun cadavre pendue Ă son cou et de 1 000 tĂȘtes de mongols fichĂ©es sur des lances[11]. Qutlugh ChĂąh est puni de quatre-vingt-sept coups de fouet. Chupan qui a soutenu le moral des troupes pendant la retraite reçoit trois coups de fouet pour sauver les apparences[8].
Gazan arrive Ă Tabriz le et donne ses ordres pour les prĂ©paratifs dâune nouvelle expĂ©dition en Syrie. Il avait rĂ©cemment sollicitĂ© les souverains de la ChrĂ©tientĂ© de venir intervenir en Syrie. Des individus qui se disent ses messagers arrivent Ă Paris en 1303 pour renouveler au roi de France Philippe le Bel ses propositions dâalliance et lâassurer quâil est disposĂ© se convertir au Christianisme. Le roi dâAngleterre Ădouard Ier reçoit une lettre de Ghazan par celui mĂȘme qui avait Ă©tĂ© chargĂ© de la mĂȘme mission par Arghoun quatorze ans auparavant. Quelques jours plus tard, Ghazan est attaquĂ© dâune ophtalmie. Pour le guĂ©rir des mĂ©decins chinois lui firent des scarifications en deux endroits du corps. Le il prend la route dâUjan mais la douleur que lui font les sĂ©quelles de lâopĂ©ration subie lâempĂȘchent de monter Ă cheval. En cours de route, il donne Ă Qutlugh ChĂąh le commandement de la frontiĂšre de lâArran. Il a lâintention de se rendre Ă Bagdad mais les chemins sont devenus impraticables. Il dĂ©cide de passer lâhiver au bord la riviĂšre HĂ»lĂąn mĂ»rĂąn (Sefid RĂ»d) [11].
Ghazan quitte sa retraite partit Ă la fin de , il prend la route vers Ray oĂč il retombe malade. Il fait son testament oĂč il dĂ©signe son frĂšre OldjaĂŻtou comme successeur. Il dĂ©cĂšde le dimanche [14].
Notes et références
- Constantin dâOhsson, Op. cit., vol. IV (lire en ligne), « Livre VI, chapitre VIII », p. 330
- 1 600 + 1 000 dâaprĂšs Constantin dâOhsson, Op. cit., vol. IV (lire en ligne), « Livre VI, chapitre VIII », p. 337
- Constantin dâOhsson, Op. cit., vol. IV (lire en ligne), « Livre VI, chapitre VIII », p. 334 (note 1)
- Marj as-Suffar en arabe : marj al-áčŁuffar, Ù Ű±ŰŹ ۧÙŰ”ÙÙ۱, le prĂ© jaune.
- Chaqhab en arabe : ĆĄaqáž„ab, ŰŽÙŰŰš.
- Constantin dâOhsson, Op. cit., vol. IV (lire en ligne), « Livre VI, chapitre VI », p. 230-241
- Constantin dâOhsson, Op. cit., vol. IV (lire en ligne), « Livre VI, chapitre VI », p. 256-257
- (en) Charles Melville, « ÄobÄn », dans EncyclopĂŠdia Iranica (lire en ligne).
- Homs est appelée La Chamelle dans le texte de Guillaume de Tyr
- Guillaume de Tyr, « Historia rerum in partibus transmarinis gestarum », p. 400 §620-624.
- Constantin dâOhsson, Op. cit., vol. IV (lire en ligne), « Livre VI, chapitre VIII », p. 324-348
- Arz, lieu non identifiĂ© de maniĂšre prĂ©cise. Le mot arabe ÊŸarz signifie cĂšdre, dâoĂč lâon peut penser quâil sâagit dâun lieu situĂ© dans la montagne libanaise Ă une centaine de kilomĂštres au sud de Hama. Voir Constantin dâOhsson, Op. cit., vol. IV (lire en ligne), « Livre VI, chapitre VIII », p. 328.
- Al-Kiswa (en arabe : al-kiswa, ۧÙÙŰłÙŰ©) actuellement une banlieue Ă 20 km au sud du centre de Damas. 33° 21âČ 39âł N, 36° 14âČ 53âł E. Le mot Kiswa signifie draperie ; vĂȘtement et dĂ©signe la draperie qui recouvre la Ka`ba Ă La Mecque.
- Constantin dâOhsson, Op. cit., vol. IV (lire en ligne), « Livre VI, chapitre VIII », p. 349-350
Annexes
Articles connexes
Liens externes
- (en) R. Amitai-Preiss, « áž ÄzÄnkhan, Maáž„mĆ«d », dans EncyclopĂŠdia Iranica (lire en ligne)
- (en) Charles Melville, « ÄobÄn », dans EncyclopĂŠdia Iranica (lire en ligne)
- Guillaume de Tyr, « Historia rerum in partibus transmarinis gestarum »
Bibliographie
- Constantin dâOhsson, Histoire des Mongols, depuis Tchinguiz-Khan jusqu'Ă Timour Bey ou Tamerlan (4 volumes), vol. IV, F. Muller, (prĂ©sentation en ligne, lire en ligne)
- RenĂ© Grousset, Lâempire des steppes, Attila, Gengis-Khan, Tamerlan, Paris, Payot, 1938, quatriĂšme Ă©dition, 1965, (.pdf) 669 (prĂ©sentation en ligne, lire en ligne)