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Bataille de Dournon

La bataille de Dournon est une bataille qui eut lieu les 17 et 18 janvier 1493 à Dournon dans le comté de Bourgogne. Elle oppose les troupes françaises de Charles VIII aux troupes du comté de Bourgogne de Maximilien d'Autriche. Malgré leur supériorité numérique, les Français sont défaits et doivent évacuer le comté de Bourgogne.

Bataille de Dournon
Description de cette image, également commentée ci-après
Lansquenets (début du XVIe siècle)
Informations générales
Date 17 et 18 janvier 1493
Lieu Dournon (Comté de Bourgogne)
Issue
  • Victoire dĂ©cisive franc-comtoise
  • Replis français hors de Franche-ComtĂ©
Changements territoriaux Le comté de Bourgogne revient dans le Saint-Empire
Commandants
Jean de Baudricourt

Louis d'Orléans-Rothelin

Henri de Maillot
Friedrich Kappler

Philippe Loyte d'Aresches

Adam de Saint-Loup
Forces en présence
• 1100 Fantassins
• 6000 cavaliers
• 1000 Fantassins

dont 500 Lansquenets
• 2000 cavaliers

• 3 canons
Pertes
environ 6000 morts ou prisonniersinconnues

Suites de la Guerre de Succession de Bourgogne

CoordonnĂ©es 46° 56′ 00″ nord, 5° 57′ 58″ est
Géolocalisation sur la carte : Franche-Comté
(Voir situation sur carte : Franche-Comté)
Bataille de Dournon
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Bataille de Dournon

Contexte

Par le traité d'Arras de 1482, Louis XI, avait imposé le mariage de l'archiduchesse Marguerite, fille de Maximilien Ier du Saint-Empire et de Marie de Bourgogne avec son propre fils, le dauphin Charles. D'après ce traité, le comté de Bourgogne revenait à la France. En 1483, Marguerite, âgée de 13 ans, est confiée au roi de France qui doit prendre en charge l'éducation de l'archiduchesse, mais les fiançailles sont annulées, Charles VIII préférant se marier, en 1491, avec la duchesse héritière de Bretagne.

En 1492, Maximilien entreprend la reconquĂŞte du comtĂ© occupĂ© par les Français. Le commandement des troupes royales est assurĂ© par Jean de Baudricourt qui a divisĂ© une partie de ses forces en garnisons dans des places comme Gray, Gy, Joux, Montmahoux, Sainte-Anne, Dole, Poligny et Bracon. Le 7 janvier Baudricourt installe son quartier gĂ©nĂ©ral au château de Grimont Ă  Poligny avec une force de 7000 Ă  8 000 hommes. En face, le commandant en chef est le chevalier Friedrich Kappler (francisĂ© en FrĂ©dĂ©ric Chapelard), allemand de qualitĂ© et de mĂ©rite, nommĂ© par Maximilien d'Autriche[1]. Ce commandant expĂ©rimentĂ© a participĂ© Ă  plusieurs conflits comme la guerre entre le Tyrol et Venise en 1487[2]. Il est secondĂ© par des nobles comtois comme le chevalier Adam de Saint-Loup[3]. Parti de Besançon avec 2 500 hommes (2 000 cavaliers et 500 lansquenets) et 3 canons, Kappler a pour objectif d'attaquer le château de Bracon[1] oĂą les Français ont une garnison commandĂ©e par Henri de Maillot[4]. Il arrive Ă  Salins, tout proche, le 24 dĂ©cembre 1492. Apprenant le mouvement ennemi, Baudricourt quitte Poligny pour venir soutenir la garnison de Bracon.

La bataille

Conscient de son infériorité numérique, le chevalier Kappler se positionne à Dournon bien en vue de l'ennemi pour le pousser à l’attaquer. Le lieu de la bataille est un défilé qui donne un avantage stratégique aux défenseurs. Le 17 janvier au matin les deux armées se font face. Les Comtois sont disposés en ligne et souvent abrités par des taillis. L'armée française composée en majorité de cavaliers, engage sa cavalerie contre l'ennemi en fin de matinée[5]. L'armée comtoise décoche ses flèches et ses carreaux sur les cavaliers français qui s’effondrent et qui ne peuvent bientôt plus progresser à cause de l'étroitesse du terrain. En effet les cadavres des chevaux et des cavaliers bloquent progressivement le passage. À partir de 14h, la bataille vire au massacre. À la nuit tombée, les Français qui ont perdu la moitié de leurs effectifs, se replient dans la confusion sur Lemuy.

Craignant que le bruit d'une défaite pousse les cités comtoises à se fédérer contre lui, Baudricourt souhaite repartir au combat dès le lendemain, estimant avoir encore la supériorité numérique[6]. Également les garnisons françaises locales aimeraient aussi intervenir dans la bataille et notamment s'emparer des canons comtois. À minuit, la garnison de la place de Sainte-Anne sort et se met en marche contre Kappler. Au courant des intentions françaises, Philippe Loyte d'Aresches établi à Salins avec 300 hommes, décide de faire mouvement sur Dournon. Bientôt rejoint par 200 volontaires arboisiens, il parvient à faire jonction avec les troupes de Kappler et à l'informer de la situation. Ensemble ils prennent en embuscade l'armée française qui se dirige vers eux. L'un attaque la tête de la colonne et l'autre la queue. La manœuvre est un succès immédiat : la colonne française est alors décimée et vaincue. 800 d'entre eux parviennent à battre en retraite et se réfugier à Poligny.

Les conséquences

Baudricourt et certains de ses généraux sont blessés, le reste de l’armée est bloqué à Poligny. La nouvelle de la victoire de Dournon soulève un élan d'enthousiasme dans la région au point que la population de Dole se soulève contre la garnison française et la chasse de la ville. D'autres cités font de même[7].

De Maillot apprenant, depuis son château de Bracon, la défaite de son chef, redouble d'agressivité envers la ville de Salins. Bracon a une réputation d'invincibilité, de sorte que de Maillot se sent en position de force. Il exige la reddition de Salins qui répond en envoyant ses troupes à Bracon. Les Français retranchés subissent un siège violent, mais résistent grâce à des salves de tirs en continu[8]. À partir du 8 février, ils tentent même des sorties et c'est au cours de l'une d'elles, le 4 mars, que de Maillot meurt touché par le tir d'arquebuse d'un bourgeois de Salins[9]. Privés de leur chef, les Français se rendent.

À l'échelle du comté de Bourgogne, la situation est perdue pour la France qui reconnaîtra sa défaite en signant, le 23 mai 1493, le traité de Senlis[10].

Bibliographie

Notes et références

  1. M Girard, « Relation de la bataille de Dournon, 17-18 janvier 1493 », sur Gallica (consulté le )
  2. (de) « Schlacht bei Calliano », dans Wikipedia, (lire en ligne)
  3. Gilbert Cousin, « Description de la Franche-Comté », sur Gallica (consulté le )
  4. Alphonse Rousset, Dictionnaire géographique, historique et statistique des communes de la Franche-Comté et des hameaux qui en dépendent, classés par département : département du Jura, Bintot, (lire en ligne)
  5. Léonce de Piépape, Histoire de la réunion de la Franche-Comté à la France : événements diplomatiques et militaires (1279 à 1678), Champion, (lire en ligne)
  6. M Girard, « Relation de la bataille de Dournon, 17-18 janvier 1493 », sur Gallica (consulté le )
  7. Brigitte Rochelandet, Histoire de la Franche Comté, Geste, , p299.
  8. Bernard, « 5 - Henry de Maillot », sur Le blog de Bernard RAVIER (consulté le )
  9. M Girard, « Relation de la bataille de Dournon, 17-18 janvier 1493 », sur Gallica (consulté le )
  10. Nicole Brocard, Soins, secours et exclusion : établissements hospitaliers et assistance dans le diocèse de Besançon : XIVe et XVe siècles, Presses Univ. Franche-Comté, (ISBN 978-2-251-60670-5, lire en ligne).
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