Accueil🇫🇷Chercher

Bataille d'HĂ©liopolis

La bataille d'HĂ©liopolis ou Ayn Shams est une bataille dĂ©cisive opposant les armĂ©es musulmanes arabes dirigĂ©es par Amr ibn al-As aux forces Byzantines pour le contrĂ´le de l'Égypte. Bien qu'il y ait eu plusieurs escarmouches majeures après cette bataille, elle a effectivement dĂ©cidĂ© du sort du règne byzantin en Égypte et a ouvert la porte Ă  la conquĂŞte musulmane de l'exarchat byzantin d'Afrique.

Bataille d'HĂ©liopolis
Informations générales
Date 6 juillet 640
Lieu Héliopolis en Égypte
Issue victoire arabe
Commandants
TheodoreAmr ibn al-As
Forces en présence
Peut-ĂŞtre 20 000 ou plusPeut-ĂŞtre 15 000
Pertes
Inconnu, mais pratiquement toute la force byzantine a été tuée ou capturéeInconnu

Guerres arabo-byzantines

Batailles

ConquĂŞte musulmane du Levant

Conquête musulmane de l'Égypte


ConquĂŞte musulmane du Maghreb


Invasions Omeyyades & Sièges de Constantinople


Guerre frontalière arabe-byzantine


Conquête musulmane de la Sicile et du sud de l’Italie


Guerres navales et raids


ReconquĂŞte byzantine

CoordonnĂ©es 30° 07′ 46″ nord, 31° 17′ 20″ est

Contexte des conquĂŞtes islamiques

Ă€ la mort de Mahomet en 632, sa prĂ©dication avait effectivement unifiĂ© l'ensemble de la pĂ©ninsule arabique. Au cours des douze annĂ©es suivantes, sous la domination des deux premiers califes, un empire islamique surgit, qui annexa tout ce qu'avait Ă©tĂ© l'Empire sassanide et la plupart des provinces orientales de l'Empire byzantin. Le califat musulman continua Ă  se dĂ©velopper jusqu'Ă  la fin du VIIIe siècle, oĂą il s'Ă©tendait de l'ocĂ©an Atlantique Ă  l'ouest jusqu'Ă  l'Asie centrale Ă  l'est.

Sous le premier califeAbou Bakr As-Siddiq, la force fut utilisĂ©e pour empĂŞcher les troubles et les rĂ©bellions et empĂŞcher l'effondrement du nouvel État islamique. Les premiers raids furent conduits dans le territoire de l'Empire Sassanide. Mais l'attaque totale sur les empires voisins vint avec l'ascension du second calife, Omar ibn al-Khattâb. Lorsque le nouveau calife dĂ©buta son règne en 634, la situation au Moyen-Orient Ă©tait plus propice Ă  un pouvoir nouveau et ambitieux: les deux principales puissances traditionnelles de la rĂ©gion, les empires byzantins et sassanides sortaient tout juste d'un conflit qui faisait rage depuis plus de 20 ans. Au cours des annĂ©es 630, la Perse Sassanide se retrouva en Ă©tat de guerre civile, tandis que Byzance, sous l'empereur vieillissant HĂ©raclius, qui voyait sa main-d'Ĺ“uvre et ses ressources Ă©puisĂ©es dans la lutte avec son ancien adversaire, luttait pour rĂ©tablir son autoritĂ© sur ses rĂ©centes reconquĂŞtes des provinces de l'est. Les deux États se trouvaient donc plongĂ©s dans la tourmente, et furent incapables d'arrĂŞter l'expansion musulmane ou de se remettre de ses premiers assauts. On ne sait pas si Omar voulait dès le dĂ©part conquĂ©rir Ă  la fois l'Empire Sassanide et l'Empire byzantin, ou tout simplement effectuer des raids, puis, en s'apercevant de leur faiblesse, dĂ©clencha une invasion Ă  grande Ă©chelle. 

Conquête arabe d'Égypte

Après avoir rĂ©ussi Ă  conquĂ©rir la Syrie entre 634 et 638, les Arabes tournèrent leur attention vers l'Égypte. L'attaque contre l'Afrique surprit les Byzantins. Les gĂ©nĂ©raux d'HĂ©raclius l'avaient bien mal conseillĂ© en arguant que les musulmans auraient besoin d'une gĂ©nĂ©ration pour pacifier la Perse avant d'entreprendre une autre grande conquĂŞte. L'empereur de plus en plus fragile, obligĂ© de dĂ©pendre de ses gĂ©nĂ©raux, ne sut ou ne put prendre les mesure adaptĂ©es Ă  la situation.

En 639, moins d'un an après la chute complète de l'Empire Sassanide, une armĂ©e de quelque 4 000 hommes commandĂ©e par Amr ibn al-A'as , sous les ordres d'Omar, commença l'invasion du diocèse d'Égypte. Cette force relativement petite marcha de Syrie en passant par El-Arich, en prenant aisĂ©ment PĂ©luse, de lĂ  ils passèrent Ă  BilbĂ©is, oĂą ils furent retardĂ©s un mois. Mais après avoir capturĂ© Bilbeis, les Arabes se mirent en marche de nouveau, faisant Ă©cho Ă  la campagne fructueuse d'HĂ©raclius contre les Sassanides une dizaine d'annĂ©es auparavant. Une petite force, commandĂ©e par un commandant charismatique et tactiquement brillant, pĂ©nètre sur les arrières des lignes ennemies et y sème le chaos. Ils assiĂ©gèrent la forteresse de Babylone près du Caire moderne, qui rĂ©sista pendant sept mois. En attendant, Amr et son armĂ©e marchèrent jusqu'Ă  un point sur le Nil appelĂ© Umm Dunein. Un siège s'ensuivit, rendu difficile par manque d'engins de siège et absence de supĂ©rioritĂ© numĂ©rique. Après avoir finalement pris Umm Dunein, Amr traversa le Nil Ă  Faiyum . Pendant ce temps, le 6 juin 640, une deuxième armĂ©e envoyĂ©e par Omar arrivait Ă  Heliopolis (la moderne Ayn Shams) et entamait elle aussi un siège. Amr ramena alors ses troupes par le Nil pour unir ses forces avec celles de l'armĂ©e de secours. Ils se prĂ©paraient Ă  faire mouvement vers Alexandrie - quand les Ă©claireurs signalèrent l'approche de l'armĂ©e byzantine.

Bataille

Ă€ ce moment-lĂ , l'armĂ©e arabe unie est confrontĂ©e Ă  une armĂ©e romaine dont les forces sont estimĂ©es Ă  un peu plus de 20 000 hommes, dirigĂ©es par ThĂ©odore, commandant de toutes les forces byzantines en Égypte. Amr ibn al-A'as, qui a pris le commandement gĂ©nĂ©ral, avec des forces arabes totalisant environ 15 000 hommes sous le commandement les bat, au dĂ©but de la mi-juillet 640, près de l'ancienne ville d'HĂ©liopolis. Tout comme les gĂ©nĂ©raux byzantins qui ont Ă©chouĂ© complètement en Syrie, les gĂ©nĂ©raux de l'Empire en Égypte Ă©chouèrent de manière spectaculaire, et la province Ă©conomiquement la plus prĂ©cieuse de l'Empire après l'Anatolie fut dĂ©finitivement perdue. 

L'armĂ©e byzantine aurait pu intervenir plus tĂ´t, mais ne le fit pas, pour des raisons qui ne seront jamais connues. Bien que les historiens tels que Butler reprochent la trahison des chrĂ©tiens coptes ainsi que l'Ă©chec des gĂ©nĂ©raux byzantins pour la chute rapide de l'exarchat d'Égypte, Edward Gibbon, dans son Histoire de la dĂ©cadence et de la chute de l'Empire romain, ne blâme personne autant qu'il fĂ©licite le caractère et le gĂ©nie d'Amr pour sa victoire Ă  Heliopolis. Gibbon dit que « la conquĂŞte de l'Égypte s'explique par le caractère du Sarrasin victorieux, l'un des premiers de sa nation ».

Que ce soit par la folie des gĂ©nĂ©raux byzantins, y compris ThĂ©odore, qui contribua Ă  ce dĂ©sastre, il n'en reste pas moins qu'Amr mena certainement brillamment ses troupes Ă  HĂ©liopolis. Lorsque l'armĂ©e byzantine commença Ă  s'approcher, il divisa son armĂ©e en trois unitĂ©s distinctes, avec un dĂ©tachement sous le commandement d'un commandant de confiance Kharija. Cette unitĂ© marchait rapidement Ă  l'est jusqu'aux collines voisines, oĂą elle s'est effectivement cachĂ©e. Cette unitĂ© devait rester lĂ  jusqu'Ă  ce que les Romains aient commencĂ© la bataille, Ă  ce moment-lĂ , ils devaient tomber sur le flanc ou l'arrière de l'armĂ©e romaine, ce qui Ă©tait l'endroit le plus vulnĂ©rable de la formation. Le deuxième dĂ©tachement Amr fut envoyĂ© au sud, qui devait ĂŞtre la direction que les Romains devraient emprunter pour fuir si la bataille devait mal tourner. Une fois que les forces byzantines furent entrĂ©es en contact avec les forces d'Amr et eurent dĂ©butĂ© leur attaque, le dĂ©tachement de Kharija attaqua l'arrière de l'armĂ©e byzantine, bĂ©nĂ©ficiant totalement de l'effet de surprise. ThĂ©odore n'avait pas gardĂ© les scouts ou, s'il l'avait fait, Il ignora leur avertissement concernant les cavaliers arabes qui approchaient. Cette attaque de l'arrière crĂ©a un chaos total dans les rangs byzantins. Comme les troupes de ThĂ©odore tentèrent de fuir vers le sud, elles furent attaquĂ©es par le troisième dĂ©tachement, placĂ© lĂ  pour l'occasion. Ce dernier coup acheva de dĂ©sorganiser l'armĂ©e byzantine, dont les Ă©lĂ©ments prirent alors la fuite dans toutes les directions. 

ThĂ©odore survĂ©cu, mais avec seulement un petit fragment de son armĂ©e, alors que le reste avait Ă©tĂ© tuĂ© ou capturĂ©. Au lendemain de la bataille, la grande majoritĂ© de l'Égypte mĂ©ridionale et centrale Ă©tait tombĂ©e entre les mains d'Amr. La dĂ©faite Ă  Heliopolis fut cruciale, car elle permit aux Arabes d'Ă©liminer la dernière force romaine qui se tenait entre eux le cĹ“ur de l'Égypte. Non seulement la bataille d'HĂ©liopolis laissa l'Égypte pratiquement sans dĂ©fense, mais elle encouragea les indigènes mĂ©contents, dont la plupart Ă©taient des chrĂ©tiens monophysites ayant souffert des persĂ©cutions de Constantinople, Ă  se soulever contre leur oppresseur. Bien que l'Empire byzantin soit par hĂ©ritage romain, ses traditions, son langage et son Ă©lite dirigeante, Ă  cette Ă©poque, Ă©taient grecs. Les Grecs d'Égypte, qui ne reprĂ©sentaient pas plus du dixième de la population indigène, furent submergĂ©s. Comme Bury a Ă©crit dans l’Histoire de l'Empire romain tardif d'Arcadius Ă  Irene :

« Les Grecs avaient dĂ©jĂ  Ă©tĂ© dĂ©testĂ©s, ils n'Ă©taient plus redoutĂ©s: le magistrat s'est enfui de son tribunal, l'Ă©vĂŞque de son autel; Et les garnisons lointaines ont Ă©tĂ© prises ou affamĂ©s par les populations environnantes. La population indigène avait entendu dire que la fiscalitĂ© et la domination sous le califat Ă©tait bien meilleure que celle des Romains, et une fois que la bataille d'HĂ©liopolis fut finie, elle laissa les Romains sans armĂ©e pour maintenir l'obĂ©issance de la population, sans elle l'obĂ©issance avait disparu et une grande partie des coptes chrĂ©tiens ont pris parti pour les musulmans qui venaient d'envahir les Byzantins. Ironiquement, certains coptes qui trouvaient les musulmans plus tolĂ©rants que les Byzantins, se tournèrent vers l'islam. En Ă©change d'un tribut d'argent et de nourriture pour les troupes d'occupation, les habitants chrĂ©tiens d'Égypte ont Ă©tĂ© dispensĂ©s de service militaire et laissĂ©s libres dans la pratique de leur religion et de l'administration de leurs affaires, tandis qu'Am Ă©tait Emir d'Égypte. Un nombre plus restreint restèrent fidèles aux Byzantins, dans l'espoir qu'ils offriraient une dĂ©fense contre les envahisseurs arabes[1] »

Après la fin du règne d'Amr en Égypte, la population put constater que ses taxes augmentaient toujours. En effet, sous le califat omeyyade, les chrĂ©tiens coptes d'Égypte trouvèrent leurs impĂ´ts plus Ă©levĂ©s que sous la domination des Grecs byzantins.

Conséquences

L'annĂ©e suivante et demie a Ă©tĂ© consacrĂ©e Ă  plus de manĹ“uvres, d'escarmouches et de sièges avant la capitulation formelle de la capitale, Alexandrie , qui eut lieu le 4 novembre 641, mais comme le dit si bien Sir Walter Scott, "le sort de l'Afrique byzantine a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ© Ă  la bataille d'HĂ©liopolis." La perte permanente de l'Égypte laissa l'Empire byzantin sans ses ressources de nourriture et d'argent. La perte de l'Égypte et de la Syrie, suivie plus tard par la conquĂŞte de l'Exarchat d'Afrique, signifiait aussi que la MĂ©diterranĂ©e, qui fut longtemps un « lac romain », Ă©tait maintenant contestĂ©e entre deux puissances : le califat musulman et les Byzantins. En l'occurrence, l'Empire byzantin, bien qu'il fĂ»t attaquĂ© avec force, pourrait s'accrocher Ă  l'Anatolie, tandis que les puissants murs de Constantinople le sauveraient, lors de deux grands sièges arabes, et lui permettraient ainsi d'Ă©viter le sort funeste de l'Empire perse.

Voir aussi

Bibliographie

  • Bury, JB "Histoire de l'Empire romain tardif" , Macmillan & Co., 1923.
  • Christensen, A., "Sassanid Persia", The Cambridge Ancient History, Volume XII: The Imperial Crisis and Recovery (A.D. 193–324), Cook, S.A. et al., eds, Cambridge: University Press.

Articles connexes

Notes et références

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.