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Bataille d'Arsouf

La bataille d'Arsouf eut lieu le , Ă  Arsouf, en Terre sainte, dans le cadre de la troisiĂšme croisade. Elle opposa une armĂ©e croisĂ©e forte de 20 000 hommes commandĂ©e par Richard CƓur de Lion, renforcĂ©e par des contingents de chevaliers de l'ordre du Temple dirigĂ©s par Robert de SablĂ© et des chevaliers de l'ordre de L'HĂŽpital menĂ©s par Garnier de Naplouse, Ă  une armĂ©e ayyoubide forte de 20 000 hommes (dont une majoritĂ© montĂ©e), commandĂ©e par áčąalāង ad-DÄ«n YĆ«suf ibn AyyĆ«b. Il s'agit de la premiĂšre victoire croisĂ©e depuis 14 ans, la derniĂšre datant de 1177, quand Baudouin IV de JĂ©rusalem Ă  la bataille de Montgisard rĂ©ussit Ă  repousser une force ayyoubide Ă©galement dirigĂ©e par Saladin.

Bataille d'Arsouf
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Bataille d'Arsouf, par Eloi Firmin Feron
(tableau du XIXe siĂšcle).
Informations générales
Date
Lieu Arsouf
Issue Victoire des croisés
Forces en présence
20 000 hommes20 000 hommes
Pertes
700 morts7 000 morts

TroisiĂšme croisade

Batailles

CoordonnĂ©es 32° 12â€Č 09″ nord, 34° 48â€Č 45″ est
GĂ©olocalisation sur la carte : Palestine
(Voir situation sur carte : Palestine)
Bataille d'Arsouf
GĂ©olocalisation sur la carte : Moyen-Orient
(Voir situation sur carte : Moyen-Orient)
Bataille d'Arsouf

AprÚs une série de raids et d'escarmouches menées par les forces de Saladin, les deux armées se rencontrÚrent dans la plaine d'Arsouf, au matin du . Les forces de Richard résistÚrent aux nombreuses charges de cavalerie sarrasines ayant tenté de détruire la cohésion de l'armée croisée. Les Sarrasins continuÚrent à avancer, jusqu'à ce que Richard rallie ses forces avant de victorieusement contre-attaquer.

Contexte

AprĂšs la chute de JĂ©rusalem, une troisiĂšme croisade avait Ă©tĂ© lancĂ©e Ă  partir de l'Europe. L’entreprise semblait aisĂ©e pour les croisĂ©s, mais des querelles entre les rois de France et d’Angleterre retardent leur dĂ©part[1]. À elle seule, l'armĂ©e allemande de l’empereur FrĂ©dĂ©ric Barberousse pouvait inquiĂ©ter Saladin, mais la noyade accidentelle de ce dernier entraĂźne la dispersion de son armĂ©e[2]. Les rois français et anglais Philippe Auguste et Richard CƓur de Lion ainsi que le grand-maĂźtre de l'ordre du Temple, Robert de SablĂ©, arrivent enfin en Terre sainte au et permettent la prise de Saint-Jean d’Acre assiĂ©gĂ©e depuis deux ans[3].

Philippe Auguste retourne alors en France, en laissant sur place une partie des troupes françaises (10 000 hommes sous le commandement du duc Hugues III de Bourgogne). Des nĂ©gociations sont entamĂ©es entre Saladin et Richard CƓur de Lion, Ă  propos de la libĂ©ration des dĂ©fenseurs d’Acre en Ă©change de la restitution de la Vraie Croix et du versement d’indemnitĂ©s mais, trouvant que Saladin fait traĂźner les choses, Richard ordonne le massacre des prisonniers musulmans, commettant ainsi une faute politique qui rĂ©volte les populations musulmanes[4].

Progression de la troisiÚme croisade de Césarée à Jaffa[5].

Ayant dĂ©truit l’option diplomatique, il s’engage avec son alliĂ© le grand-maĂźtre templier, Robert de SablĂ©, dans la reconquĂȘte du littoral palestinien et quittent Saint-Jean-d’Acre le 1191 en direction de CaĂŻffa. DĂšs la sortie de la ville, l’armĂ©e croisĂ©e est assaillie par les cavaliers musulmans qui sont repoussĂ©s, et l’armĂ©e se regroupe en une masse compacte et protĂ©gĂ©e par les armures que les musulmans ne parviennent Ă  entamer. Le ravitaillement est assurĂ© par la flotte qui suit l’armĂ©e, laquelle ne s’éloigne pas des cĂŽtes. AprĂšs avoir pris sans encombre CaĂŻffa, Ă©vacuĂ©e la veille par sa garnison, les Francs continuent leur route et arrivent en vue d'Arsouf le . Richard envoie un Ă©missaire Ă  Saladin pour des pourparlers et ce dernier, dĂ©sirant gagner du temps dĂ©lĂšgue son frĂšre Al-Adel. Onfroy IV de Toron sert d’interprĂšte, mais les nĂ©gociations n’aboutissent pas, et l’armĂ©e repart vers Arsouf le [6].

DĂ©roulement de la bataille par Ambroise (trouvĂšre)

Le poĂšte Ambroise fait une description prĂ©cise de l’ordre de marche de l’armĂ©e : d’abord les Templiers menĂ©s par Robert de SablĂ©, suivis des troupes angevines et bretonnes, puis Guy de Lusignan avec les chevaliers poitevins, les Normands, les Anglais, les Français avec le chevalier flamand Jacques d’Avesnes et les barons capĂ©tiens avec le comte Robert II de Dreux, son frĂšre Philippe, Ă©vĂȘque de Beauvais, et Guillaume des Barres, et Ă  l’arriĂšre-garde les Hospitaliers menĂ© par Garnier de Naplouse. Henri II, comte de Champagne, garde le flanc gauche de l’armĂ©e, face Ă  la plaine, et Richard CƓur de Lion et Hugues III de Bourgogne patrouillent en permanence le long de la colonne, prĂȘts Ă  faire face au danger qui peut venir de n’importe oĂč[7].

Quand l’armĂ©e croisĂ©e atteint les abords d’Arsouf, Saladin donne le signal de l’attaque et les cavaliers turcs, au nombre de trente mille selon les dires d’Ambroise, encerclent les croisĂ©s et les criblent de flĂšches. Les soldats, protĂ©gĂ©s par leurs armures n’ont que peu de perte, mais de nombreux chevaux sont tuĂ©s. Un moment les croisĂ©s sont au bord du dĂ©sastre rappelant celui de la bataille de Hattin. Mais Richard, bien que piĂštre politique, met en Ɠuvre ses qualitĂ©s de stratĂšge. Il ordonne aux Hospitaliers de l’arriĂšre-garde de tenir coĂ»te que coĂ»te, et adopte dans un premier temps une attitude dĂ©fensive, et interdit aux chevaliers de poursuivre les Turcs, qui tentent leur technique de la fuite simulĂ©e. La discipline est telle que les chrĂ©tiens obĂ©issent. Faisant preuve d'adresse, les archers et les arbalĂ©triers de Richard infligĂšrent des pertes notables aux cavaliers turcs[8].

Mais comme les troupes ne peuvent tenir indĂ©finiment et que les pertes s’accumulent, il commence Ă  mettre en place une charge destinĂ©e Ă  entourer les cavaliers turcs pour les anĂ©antir. Au moment oĂč les chevaliers chrĂ©tiens entourent les cavaliers ayyoubides, les sons des trompettes devaient indiquer aux croisĂ©s d’inflĂ©chir leur charge vers l’intĂ©rieur afin de tailler en piĂšces les soldats musulmans et d'anĂ©antir l’armĂ©e de Saladin. Mais l’impatience d’un Hospitalier et du chevalier anglais Thomas Carrew dĂ©stabilise la manƓuvre qui devient une charge directe, qui balaye l’armĂ©e de Saladin, mais ne peut pas l’empĂȘcher de se replier. Les archers musulmans, qui Ă©taient descendus de leur monture et qui se trouvent en premiĂšre ligne sont dĂ©capitĂ©s ou renversĂ©s, et achevĂ©s par les sergents. La charge croisĂ©e enfonce ensuite les cavaliers turcs qui prennent la fuite. Craignant un piĂšge, Richard interdit la poursuite et leur ordonne de faire demi-tour, tandis que Saladin regroupe ses troupes, au nombre de vingt mille soldats, sur une colline voisine. Ils attaquent la cavalerie franque qui revient vers Arsouf et tuent un certain nombre de chevaliers dont Jacques d’Avesnes, mais les Francs font volte-face et chargent Ă  nouveau, dispersant encore les troupes sarrasines, lesquelles fuient une nouvelle fois et se rĂ©fugient dans des collines boisĂ©es. Conscient qu’il est dangereux de continuer dans ce terrain couvert, Richard ordonne de nouveau la fin de la poursuite[9].

Conséquences de la bataille

La supĂ©rioritĂ© militaire, qui appartenait aux musulmans depuis les annĂ©es 1170, revient de nouveau aux Francs pour une longue pĂ©riode, selon l’historien RenĂ© Grousset qui parle de soixante ans[10], mais il convient de nuancer cette durĂ©e, car il y a la dĂ©faite du comte de Bar Ă  Gaza, la croisade des barons (1239), et la bataille de Forbie (1244) qui contredisent cet avis. À vrai dire, il n’y a eu pratiquement aucune vĂ©ritable bataille en rase campagne dans les dĂ©cennies qui suivent. L’avenir montre mĂȘme que, sans le soutien d’une armĂ©e croisĂ©e venue d’Europe, les Francs d’Orient n’ont pas vraiment les moyens militaires de se lancer dans des campagnes : on verra notamment le roi Amaury II de Lusignan y renoncer lorsque la quatriĂšme croisade est dĂ©tournĂ©e sur Constantinople.

Saladin, qui n’a pas rĂ©ussi Ă  vaincre les croisĂ©s, ni par le harcĂšlement, ni par la bataille, voit son prestige diminuĂ© auprĂšs de ses troupes. Il tente de dĂ©fendre Ascalon, mais ses Ă©mirs refusent de le suivre et il doit se rĂ©soudre Ă  pratiquer la tactique de la terre brulĂ©e, en ordonnant la destruction de Jaffa, d’Ascalon et de Ramla[11].

Richard CƓur de Lion n’exploite pas son succĂšs. Il entreprend la reconstruction de Jaffa, alors qu’il aurait pu surprendre l’armĂ©e de Saladin Ă  Ascalon, ou reprendre JĂ©rusalem, mal dĂ©fendue par une garnison trop faible et des fortifications qui n’ont pas encore Ă©tĂ© rĂ©parĂ©es depuis le siĂšge de JĂ©rusalem en 1187[12].

Jeux de simulations historiques

Référencement

Notes et références

  1. Grousset 1936, p. 52-3.
  2. Grousset 1936, p. 59-61.
  3. Grousset 1936, p. 89-96.
  4. Grousset 1936, p. 100-2.
  5. Riley-Smith 1996, p. 64.
  6. Grousset 1936, p. 102-6.
  7. Grousset 1936, p. 106.
  8. Grousset 1936, p. 106-7.
  9. Grousset 1936, p. 107-110.
  10. Grousset 1936, p. 110.
  11. Grousset 1936, p. 110-1.
  12. Grousset 1936, p. 112-3.

Sources

  • RenĂ© Grousset, Histoire des croisades et du royaume franc de JĂ©rusalem - III. 1188-1291 L'anarchie franque, Paris, Perrin, (rĂ©impr. 2006), 902 p.
  • Jonathan Riley-Smith, Atlas des Croisades, Paris, Edition Autrement, coll. « Atlas/MĂ©moires », (rĂ©impr. 1996), 192 p. (ISBN 2-86260-553-0)

Annexes

Articles connexes


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