Bataille d'Inkerman
La bataille d'Inkerman eut lieu le , près d'Inkerman, entre l'armée russe et une coalition franco-britannique lors de la guerre de Crimée.
Date | |
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Lieu | Inkerman (Crimée) |
Issue | Victoire franco-britannique |
Empire britannique Empire français | Empire russe |
FitzRoy Somerset Pierre Bosquet | Alexandre Menchikov |
8 500 fantassins 38 canons 7 500 fantassins 18 canons | 31 000 fantassins 4 000 cavaliers 110 canons |
597 morts 2 163 blessés 229 morts 1 551 blessés | 3 288 morts 6 928 blessés |
Batailles
Chronologie de la guerre de Crimée
- Isaccea (10-1853)
- Oltenița (11-1853)
- Pitsounda (11-1853)
- Sinope (11-1853)
- Cetate (12-1853)
- Silistra (04-1854)
- Kurekdere (08-1854)
- Bomarsund (08-1854)
- Petropavlovsk (08-1854)
- Alma (09-1854)
- SĂ©bastopol (10-1854)
- Balaklava (10-1854)
- Inkerman (11-1854)
- Eupatoria (02-1855)
- Taganrog (05-1855)
- Kars (07-1855)
- TchernaĂŻa (08-1855)
- Malakoff (09-1855)
- Kanghil (09-1855)
- Kinbourn (10-1855)
Coordonnées | 44° 35′ 06″ nord, 33° 35′ 31″ est |
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Contexte
Malgré leur échec le 25 octobre précédent lors de la bataille de Balaklava, les Russes souhaitaient toujours briser le siège autour de leur place de Sébastopol. Débouchant d'Inkerman, l'objectif russe était une hauteur dominant le camp britannique - au demeurant mal défendue. La veille, les Russes avaient reçu un renfort de 30 000 hommes commandés par le général Dannenberg et les grands-ducs Michel et Alexandre.
Le plan russe
Les Russes savaient que l'armée alliée était divisée en deux grands corps, l'un dit "de siège", chargé directement des opérations militaires contre Sébastopol, l'autre "d'observation", qui devait repousser les attaques venant du dehors.
La droite des Anglais était dominée par une hauteur accessible du côté d’Inkerman et des marais de la Tchernaïa. L'état-major anglais avait commis la faute de ne pas fortifier convenablement cette hauteur. Il n’y avait élevé qu’une petite redoute pour seulement deux canons, d’un relief insuffisant pour mettre une grande-garde à l’abri de l’escalade.
À la suite de cette hauteur, auprès de Balaklava, s'étendait une ligne de monticules d’un escarpement inaccessible, où campaient les deux divisions françaises du corps d’observation.
Sur toute cette ligne, il n’y avait d’accessible que la hauteur d'Inkerman. Ce fut donc ce point que les généraux Menchikov et Dannenberg résolurent d’enlever - à l’aide de leurs forces cinq fois plus nombreuse que le petit nombre de soldats anglais chargés de défendre une redoute inachevée et mal armée et qui ne pourraient donc pas résister.
Une fois maîtres de cette hauteur, les Russes devaient y placer une nombreuse artillerie, qui foudroierait à volonté le camp anglais placé en contrebas, pendant que des colonnes d'infanterie descendraient sur ce même camp, couperaient les communications de l’armée assiégeante avec Balaklava, et opéreraient leur jonction avec le reste de l’armée russe entre cette ligne et celle des tranchées.
En même temps, la garnison de Sébastopol devait faire une forte sortie, et placer ainsi l'armée de siège entre deux feux. Si cette grande et habile manœuvre réussissait, l’armée combinée, attaquée à dos, serait forcée d’abandonner ses travaux de siège et de se faire jour au travers de l’armée ennemie pour regagner les deux ports de dépôt, Balaklava et la baie de Kamiesch.
Dès lors, chacune des deux armées alliées pouvait se trouver acculée à la mer, n’ayant d’autre moyen de salut qu’un embarquement précipité, si toutefois il ne lui arrivait rien de pire. Ce plan était habilement combiné, mais il fut déjoué par la coalition.
DĂ©roulement
Les généraux russes avaient choisi la matinée du 5 novembre pour livrer la bataille. Il avait plu toute la nuit ; un brouillard épais couronnait les hauteurs et couvrait la vallée d’Inkerman. À l'aube, à la faveur de l’obscurité, et profitant du brouillard, un puissant corps d’armée russe de 40 000 à 45 000 hommes avec une nombreuse artillerie s’avança silencieusement sur la droite des Anglais, et gravit la colline sur laquelle était placée la faible redoute, défendue par 8 000 Britanniques. Les postes avancés de la 2e division anglaise, surpris dans leur sommeil, se replièrent en toute hâte, en donnant l’alarme. Bientôt toutes les hauteurs furent envahies par les soldats russes qui avançaient en force. Leur grandes capotes grises les rendaient presque invisibles au milieu du brouillard, même à quelques pas de distance. Tous les postes avancés des Anglais furent repoussés, et la redoute qui couvrait leur droite fut emportée. Les Russes la garnirent d’artillerie, et commencèrent à tirer sur le camp des Anglais.
Pendant que l’attaque russe commençait du côté de la redoute, une démonstration avait été faite dans la vallée de Balaklava par l’infanterie, la cavalerie et l’artillerie réunies, afin d’attirer sur ce point l’attention des Français, campés sur les hauteurs qui la dominent, et de les empêcher de se porter au secours des Anglais. Mais le général Bosquet, qui commandait le corps d’observation français, comprit que c’était une diversion.
La division anglaise de Cambridge avait éprouvé des pertes énormes en perdant et en reprenant deux ou trois fois la redoute enlevée par les Russes ; le général Cathcart avait été tué. Les divisions anglaises de Cambridge et Cathcart, ayant conservé leur ordre de bataille sous un feu soutenu, ne pouvaient cependant prolonger la lutte beaucoup plus longtemps. Vers dix heures, un premier corps français, de 3 000 hommes (des zouaves, des chasseurs d'Orléans, des tirailleurs algériens, des chasseurs d'Afrique, du 7e léger, du 6e commandé par le colonel Edmond Jean Filhol de Camas[1] et le 50e de ligne) avec quarante pièces de canon en première ligne, vint à leur rescousse (la brigade Monet et la cavalerie Morris en réserve), attaquant les Russes de flanc. Avant que l’ennemi eut le temps de se reconnaître, un bataillon de zouaves et un bataillon de tirailleurs algériens s’élancèrent dans la masse russe.
Au même moment, vers 10 heures une troupe de 8 000 Russes tenta d'attaquer les premières lignes françaises mais fut repoussée par les défenseurs français (des 39e et 19e de ligne, la légion étrangère et le 20e léger).
Pendant trois heures, les combats firent rage : la hauteur fut reconquise plusieurs fois par chaque camp. Enfin, passé midi, la brigade Monet arriva à son tour sur la hauteur d'Inkerman et acheva la déroute russe.
Les Russes eurent environ 15 000 hommes morts ou blessés, contre 2 600 Britanniques et 900 Français. Frédéric Henri Le Normand de Lourmel (1811-1854), général de brigade, fut tué à la bataille d'Inkerman[2]. On déplore également la mort du colonel Edmond Jean Filhol de Camas (1807-1854), fils aîné du général d'artillerie Jean Edmond de Camas, celui même qui commanda son arme au 5e corps de la Grande Armée en 1813. Le colonel Jean Edmond s'était distingué aux opérations du siège de Rome et de la Villa Doria Pamphilj, au 16e léger, en 1849. Le général britannique Cathcart périt également pendant l'affrontement.
Notes
- qui tomba au début de l'action, en sauvant le drapeau du régiment
- La rue de Lourmel, située dans le 15e arrondissement de Paris, lui rend hommage