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Bataille d'Inkerman

La bataille d'Inkerman eut lieu le , près d'Inkerman, entre l'armée russe et une coalition franco-britannique lors de la guerre de Crimée.

Bataille d'Inkerman
Description de cette image, également commentée ci-après
La bataille d'Inkerman, par Gustave Doré
Informations générales
Date
Lieu Inkerman (Crimée)
Issue Victoire franco-britannique
Forces en présence
Drapeau du Royaume-Uni
8 500 fantassins
38 canons
Drapeau de la France
7 500 fantassins
18 canons
Drapeau de l'Empire russe
31 000 fantassins
4 000 cavaliers
110 canons
Pertes
Drapeau du Royaume-Uni
597 morts
2 163 blessĂ©s

Drapeau de la France
229 morts
1 551 blessĂ©s
Drapeau de l'Empire russe
3 288 morts
6 928 blessĂ©s

Guerre de Crimée

Batailles

Chronologie de la guerre de Crimée

CoordonnĂ©es 44° 35′ 06″ nord, 33° 35′ 31″ est
GĂ©olocalisation sur la carte : Ukraine
(Voir situation sur carte : Ukraine)
Bataille d'Inkerman

Contexte

MalgrĂ© leur Ă©chec le 25 octobre prĂ©cĂ©dent lors de la bataille de Balaklava, les Russes souhaitaient toujours briser le siège autour de leur place de SĂ©bastopol. DĂ©bouchant d'Inkerman, l'objectif russe Ă©tait une hauteur dominant le camp britannique - au demeurant mal dĂ©fendue. La veille, les Russes avaient reçu un renfort de 30 000 hommes commandĂ©s par le gĂ©nĂ©ral Dannenberg et les grands-ducs Michel et Alexandre.

Le plan russe

Les Russes savaient que l'armée alliée était divisée en deux grands corps, l'un dit "de siège", chargé directement des opérations militaires contre Sébastopol, l'autre "d'observation", qui devait repousser les attaques venant du dehors.

La droite des Anglais était dominée par une hauteur accessible du côté d’Inkerman et des marais de la Tchernaïa. L'état-major anglais avait commis la faute de ne pas fortifier convenablement cette hauteur. Il n’y avait élevé qu’une petite redoute pour seulement deux canons, d’un relief insuffisant pour mettre une grande-garde à l’abri de l’escalade.

À la suite de cette hauteur, auprès de Balaklava, s'étendait une ligne de monticules d’un escarpement inaccessible, où campaient les deux divisions françaises du corps d’observation.

Sur toute cette ligne, il n’y avait d’accessible que la hauteur d'Inkerman. Ce fut donc ce point que les généraux Menchikov et Dannenberg résolurent d’enlever - à l’aide de leurs forces cinq fois plus nombreuse que le petit nombre de soldats anglais chargés de défendre une redoute inachevée et mal armée et qui ne pourraient donc pas résister.

Une fois maîtres de cette hauteur, les Russes devaient y placer une nombreuse artillerie, qui foudroierait à volonté le camp anglais placé en contrebas, pendant que des colonnes d'infanterie descendraient sur ce même camp, couperaient les communications de l’armée assiégeante avec Balaklava, et opéreraient leur jonction avec le reste de l’armée russe entre cette ligne et celle des tranchées.

En même temps, la garnison de Sébastopol devait faire une forte sortie, et placer ainsi l'armée de siège entre deux feux. Si cette grande et habile manœuvre réussissait, l’armée combinée, attaquée à dos, serait forcée d’abandonner ses travaux de siège et de se faire jour au travers de l’armée ennemie pour regagner les deux ports de dépôt, Balaklava et la baie de Kamiesch.

Dès lors, chacune des deux armées alliées pouvait se trouver acculée à la mer, n’ayant d’autre moyen de salut qu’un embarquement précipité, si toutefois il ne lui arrivait rien de pire. Ce plan était habilement combiné, mais il fut déjoué par la coalition.

DĂ©roulement

Les gĂ©nĂ©raux russes avaient choisi la matinĂ©e du 5 novembre pour livrer la bataille. Il avait plu toute la nuit ; un brouillard Ă©pais couronnait les hauteurs et couvrait la vallĂ©e d’Inkerman. Ă€ l'aube, Ă  la faveur de l’obscuritĂ©, et profitant du brouillard, un puissant corps d’armĂ©e russe de 40 000 Ă  45 000 hommes avec une nombreuse artillerie s’avança silencieusement sur la droite des Anglais, et gravit la colline sur laquelle Ă©tait placĂ©e la faible redoute, dĂ©fendue par 8 000 Britanniques. Les postes avancĂ©s de la 2e division anglaise, surpris dans leur sommeil, se replièrent en toute hâte, en donnant l’alarme. BientĂ´t toutes les hauteurs furent envahies par les soldats russes qui avançaient en force. Leur grandes capotes grises les rendaient presque invisibles au milieu du brouillard, mĂŞme Ă  quelques pas de distance. Tous les postes avancĂ©s des Anglais furent repoussĂ©s, et la redoute qui couvrait leur droite fut emportĂ©e. Les Russes la garnirent d’artillerie, et commencèrent Ă  tirer sur le camp des Anglais.

Pendant que l’attaque russe commençait du côté de la redoute, une démonstration avait été faite dans la vallée de Balaklava par l’infanterie, la cavalerie et l’artillerie réunies, afin d’attirer sur ce point l’attention des Français, campés sur les hauteurs qui la dominent, et de les empêcher de se porter au secours des Anglais. Mais le général Bosquet, qui commandait le corps d’observation français, comprit que c’était une diversion.

La division anglaise de Cambridge avait Ă©prouvĂ© des pertes Ă©normes en perdant et en reprenant deux ou trois fois la redoute enlevĂ©e par les Russes ; le gĂ©nĂ©ral Cathcart avait Ă©tĂ© tuĂ©. Les divisions anglaises de Cambridge et Cathcart, ayant conservĂ© leur ordre de bataille sous un feu soutenu, ne pouvaient cependant prolonger la lutte beaucoup plus longtemps. Vers dix heures, un premier corps français, de 3 000 hommes (des zouaves, des chasseurs d'OrlĂ©ans, des tirailleurs algĂ©riens, des chasseurs d'Afrique, du 7e lĂ©ger, du 6e commandĂ© par le colonel Edmond Jean Filhol de Camas[1] et le 50e de ligne) avec quarante pièces de canon en première ligne, vint Ă  leur rescousse (la brigade Monet et la cavalerie Morris en rĂ©serve), attaquant les Russes de flanc. Avant que l’ennemi eut le temps de se reconnaĂ®tre, un bataillon de zouaves et un bataillon de tirailleurs algĂ©riens s’élancèrent dans la masse russe.

Au mĂŞme moment, vers 10 heures une troupe de 8 000 Russes tenta d'attaquer les premières lignes françaises mais fut repoussĂ©e par les dĂ©fenseurs français (des 39e et 19e de ligne, la lĂ©gion Ă©trangère et le 20e lĂ©ger).

MĂ©daille
Médaille célébrant la victoire de la France lors de la Bataille d'Inkerman, 1854.

Pendant trois heures, les combats firent rage : la hauteur fut reconquise plusieurs fois par chaque camp. Enfin, passé midi, la brigade Monet arriva à son tour sur la hauteur d'Inkerman et acheva la déroute russe.

Les Russes eurent environ 15 000 hommes morts ou blessĂ©s, contre 2 600 Britanniques et 900 Français. FrĂ©dĂ©ric Henri Le Normand de Lourmel (1811-1854), gĂ©nĂ©ral de brigade, fut tuĂ© Ă  la bataille d'Inkerman[2]. On dĂ©plore Ă©galement la mort du colonel Edmond Jean Filhol de Camas (1807-1854), fils aĂ®nĂ© du gĂ©nĂ©ral d'artillerie Jean Edmond de Camas, celui mĂŞme qui commanda son arme au 5e corps de la Grande ArmĂ©e en 1813. Le colonel Jean Edmond s'Ă©tait distinguĂ© aux opĂ©rations du siège de Rome et de la Villa Doria Pamphilj, au 16e lĂ©ger, en 1849. Le gĂ©nĂ©ral britannique Cathcart pĂ©rit Ă©galement pendant l'affrontement.

Deux médecins militaires français soignant des blessés de toute origine après la bataille d'Inkerman, le 5 novembre 1854.

Notes

  1. qui tomba au début de l'action, en sauvant le drapeau du régiment
  2. La rue de Lourmel, située dans le 15e arrondissement de Paris, lui rend hommage
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