Frédéric Henri Le Normand de Lourmel
Frédéric Henry Le Normand de Lourmel (né le à Pontivy et tué le à la bataille d'Inkerman en Crimée), était un général de brigade français.
Frédéric Henry Le Normand de Lourmel | ||
Statue du général Le Normand de Lourmel à Pontivy. | ||
Naissance | Napoléonville, Empire français |
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Décès | (à 43 ans) Inkerman, Empire russe Mort au combat |
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Allégeance | Second Empire | |
Grade | Général de brigade | |
Faits d'armes | Bataille de Zaatcha | |
Famille | Famille Le Normand de Lourmel du Hourmelin | |
Biographie
Fils de l’officier de carrière Louis François Le Normand de Lourmel et de Jeanne Minet de la Villepaye (héritière du manoir du Vauclair en Pléneuf)[1], Frédéric Henry Le Normand de Lourmel est issu d'une famille noble bretonne[Note 1]. Il est né au no 6, rue Neuve à « Napoléonville », nom que portait alors Pontivy dans le Morbihan[2]. La famille connaît plusieurs variantes de son patronyme : Lenormant ou Le Normant, Lenormand ou Le Normand, les dossiers conservés à l'Ordre de la Légion d'honneur portent tantôt l'un tantôt l'autre.
Très tôt, son père disparaît. Le jeune Frédéric vit alors son enfance dans un entourage exclusivement féminin entre sa mère et ses deux sœurs. Après des études secondaires au Collège Royal[Note 2] de Napoléonville, il entre à l'école militaire de Saint-Cyr le et en sort sous-lieutenant le [3]. À partir d'octobre 1840, il participe à la conquête de l'Algérie par la France. Il y reste une dizaine d'années pendant lesquelles il se distingue par sa bravoure en de nombreuses expéditions. Promu capitaine le 10 juillet 1838, capitaine adjudant-major le 16 septembre 1840, il devient chef de bataillon au 64e régiment d’infanterie de ligne, chef de bataillon du 8e chasseurs à pied le 27 octobre 1845, lieutenant-colonel du 8e de ligne le 8 novembre 1847, colonel du 51e de ligne le 25 novembre 1849[4]. Il s’illustre au combat et reçoit treize citations à l'ordre de l'Armée[5]. Il est reconnu pour les charges qu’il mène, baïonnette au fusil et sabre en main, vers l’ennemi, notamment à la bataille de Zaatcha (Algérie) et lors de la campagne de Kabylie, en 1850[6]. La même année, il épouse Jeanne des Roches de Chassey. Ce mariage restera sans descendance et la comtesse de Lourmel (1823-1870), une fois veuve, deviendra dame d'honneur de l’impératrice Eugénie[7]. Le 17 février 1852, sur proposition du ministre de la guerre, il est nommé aide de camp du Prince Président de la République Napoléon III et reçoit le grade de général de brigade le 10 mai suivant[2].
Conseiller du canton de Pontivy à partir de 1852, il est élu président du Conseil général du Morbihan le , est réélu en 1853 et 1854[8].
Sur sa demande, il quitte l'Empereur et est nommé, le , commandant de la 1re brigade d'infanterie de la 4e division de l'Armée d'Orient qui prend part à la guerre de Crimée. Lors de la bataille d’Inkerman (Crimée), il repousse avec la 4e division, une tentative de sortie des troupes russes assiégées dans Sébastopol et est mortellement blessé par une balle qui lui traverse la poitrine. Il reçoit une inhumation de prestige qui reproduit la tradition capétienne de la bipartition du corps (Mos Teutonicus) : sa dépouille est ramenée et inhumée dans le cimetière de Pléneuf[9] le 20 décembre 1854, tandis que sa veuve fait transférer son cœur dans l'église Notre-Dame-de-la-Joie de Pontivy le 6 juillet 1861[2].
Hommages et distinctions
- Chevalier de la Légion d’honneur en 1843, il est fait commandeur le 12 décembre 1851[10].
- Par décret de l'Empereur Napoléon III du 15 janvier 1856[11], le village algérien actuel d'El Amria prend le nom officiel de « Lourmel » lors de sa fondation en 1856.
- Plusieurs rues dans diverses villes de France, ainsi qu'une station de métro de Paris portent le nom de Lourmel, nom de convenance pour Le Normand de Lourmel.
- Né à Pontivy, le général y est particulièrement honoré. Dès 1854, le maire de la commune, Pierre Jouanno, propose que la rue Neuve, au no 6 où est située la maison natale du général, soit renommée rue de Lourmel[12]. Dans l'église Notre-Dame-de-la-Joie de Pontivy, une plaque de marbre, à droite du maître-autel, marque l'emplacement où repose le cœur du général de Lourmel[13]. La statue du général située place Aristide-Briand (place couramment appelée "La Plaine") est élevée en 1861[14]. Elle est démontée le 6 mai 1942 et fondue, dans le cadre de la mobilisation des métaux non ferreux[Note 3]. Une nouvelle statue provenant du village algérien de Lourmel est installée square Langlais en 1963[15] puis sur la Plaine en 1994[16]. Cette sculpture fait partie de la liste des œuvres d'art dans l'espace public du Morbihan.
Publications
- Mise en valeur des landes en Bretagne par le défrichement et l'ensemencement en bois, impr. de Guiraudet et Jouaust, , 39 p. (lire en ligne)
Notes et références
Notes
- La filiation donne ceci comme éléments : Pierre Le Normant, seigneur de Noyal, en Noyal-sous-Lamballe, (Côtes d'Armor), maintenu noble en Bretagne, le 11 février 1669. François-Aimé Le N. deL., capitaine au régiment de Beauvoisis le 27 juin 1727, gentilhomme d'honneur de M. le maréchal, duc de Fitz-James aux États de Bretagne de 1772, incarcéré aux Ursulines de Lamballe, le 1er octobre 1793, mort le 4 pluviose an II. François-Jacques-Gabriel Le N. de L., lieutenant de la division de cannoniers gardes-Côtes de Saint-Brieuc, incarcéré au Grand Séminaire de Saint-Brieuc le 11 octobre 1793 .François-Victor-Aimé, désigné d'office pour servir dans les gardes d'honneur de l'Empereur en mai 1813, atteint de trois blessures à la bataille d'Erfürth, le 23 octobre 1813, commandant de la Légion de Lamballe du 1er juin 1815 jusqu'à la fin des cent jours (Henri Frotier de La Messelière, Filiations bretonnes 1650-1912, t. 4 : Mek-Roua, Saint-Brieuc, Imprimerie Prudhomme, 1922-1923 (BNF 30469358), p. 186).
- Ce collège correspond au lycée Joseph Loth actuel.
- Pendant les guerres, les statues en bronze sont réquisitionnées car leur métaux, alliage d'étain et de cuivre, sont mobilisés pour l'industrie et l'armement. On enlève les statues pour les fondre et leur socle de pierre reste vide.
Références
- Daniel de La Motte-Rouge, J. P. Le Gal La Salle, Vieilles demeures et vieilles gens, D. de La Motte-Rouge, , p. 44.
- Charles Floquet, Michel Langle, Lionel Pilet, Pontivy. Napoléonville, Ville de Pontivy, , p. 286.
- Jean-Loup Avril, Mille Bretons : dictionnaire biographique, Les Portes du Large, , p. 299.
- Ltnt Painvin, Historique du 51e Régiment d'Infanterie, D. Pere, , p. 601.
- Etienne Auguste Tarnier, Le patriotisme en action : histoire abrégée des gloires militaires de la France, Dumaine, , p. 587.
- Claude Lemercier, « Pontivy. Le général de Lourmel était dévoué à Napoléon III », sur ouest-france.fr, .
- Maud Deniel, « Le général Frédéric de Gourmel », PVA magazine, no 15, , p. 7.
- Michel de Galzain, Histoire du Conseil général du Morbihan, M. de Galzain, , p. 335.
- Philippe Landru, « Pléneuf-Val-André (22) : cimetière », sur landrucimetieres.fr, .
- « Dossier de l’ordre de la Légion d’honneur de Frédéric Henry Le Normant de Lourmel », base Léonore, ministère français de la Culture
- Robert Tinthoin, Colonisation et évolution des genres de vie dans la région Ouest d'Oran de 1830 à 1885 : étude de géographie et d'histoire coloniales, Impr. L. Fouque, , p. 103.
- « Rue de Lourmel », sur letelegramme.fr, .
- « Pontivy », sur infobretagne.com (consulté en ).
- Corinne Prével-Montagne, "La représentation des grands hommes dans la sculpture publique commémorative en Bretagne 1685-1945", thèse de doctorat, Rennes II, t. 4, 2004, p. 335-337
- Dominique Perchet, « Monument au général de Lourmel – Pontivy », sur e-monumen.net, .
- Dominique Perchet, « Monument au général de Lourmel – Pontivy (fondu) », sur e-monumen.net, .
Voir aussi
Bibliographie
- Colonel Régis Le Bouteiller des Haries, « Le général Frédéric de Lourmel, un héros de Pontivy », Bulletin de l'Association Bretonne, Tome CXI, 2002, p. 289
Articles connexes
- Pierre-Marie Dioudonnat, Le Simili-Nobiliaire-Français; éd. 2016, p.242: « famille éteinte dans les mâles ».