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Barthélemy Joliette

Barthélemy Joliette, né le à Montmagny et mort le à Industrie, est un notaire, officier de milice, homme politique, seigneur et homme d’affaires canadien. Il est connu comme ayant été le fondateur de la ville de Joliette[1].

Barthélemy Joliette
Illustration.
Barthélemy Joliette
par Vital Desrochers, vers 1838
Fonctions
Député de L'Assomption à la Chambre d'assemblée du Bas-Canada
–
Prédécesseur Premier titulaire
Successeur Édouard-Étienne Rodier
Député de Leinster n° 2 à la Chambre d'assemblée du Bas-Canada
–
Prédécesseur Benjamin Beaupré
Successeur Michel Prévost
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Montmagny
Date de décès
Lieu de décès Industrie
Profession Notaire, officier

Biographie

Enfance et années de formation

Il est né « Barthélemy Jolliet » à Montmagny en 1789, un descendant de l'explorateur Louis Jolliet. Son père était Antoine Jolliet (Joliette), notaire, sa mère Catherine Faribault. Après la mort de son père en 1791, sa mère se remaria et il grandit à L'Assomption. Il fit l'apprentissage de la profession de notaire avec son oncle Joseph-Édouard Faribault, fut qualifié pour la pratique en 1810 et installa son bureau à L'Assomption[1].

Un notaire ambitieux

Il exerce intensivement le notariat durant les années 1810 à 1824. Jean-Claude Robert nous rappelle que, d’après son premier biographe, Joseph Bonin, ses capacités à débrouiller les affaires compliquées auraient été particulièrement appréciées. Joliette prospère rapidement. Il devient ainsi, dès 1812, propriétaire d’une maison confortable à L’Assomption[1].

Sa condition sociale avantageuse lui permet d’épouser, en 1813, Marie-Charlotte Tarieu Taillant de Lanaudière, fille de Charles-Gaspard Tarieu de Lanaudière. Il recevra, en guise de dot, une partie de la seigneurie de Lavaltrie et quelques autres propriétés. Sa femme et lui ne jouissent cependant pas de l’usufruit de celles-ci, que s’est réservé la grand-mère de son Charlotte jusqu’à sa mort, qui survient en 1815. Par la suite, les époux laisseront leur part des revenus de la seigneurie à la mère de Charlotte jusqu’au décès de celle-ci[1].

Officier de milice depuis 1808, Joliette devient, en 1814, major du bataillon de milice de Lavaltrie au sein duquel il avait fait la guerre de 1812. Il s’intéresse également à la politique, brigue les suffrages dans le comté de Leinster en 1814 mais est battu. Il est élu dans la même circonscription en 1820 ; cependant, le parlement est dissous quelque temps après et il ne se présente pas à l'élection qui suit la même année[1].

Des annĂ©es 1810 Ă  sa mort, la vie de BarthĂ©lemy Joliette peut ĂŞtre dĂ©crite comme la consolidation constante et rĂ©gulière de son statut et de sa position sociale et Ă©conomique. « Ainsi, au dĂ©but des annĂ©es 1820, il apparaĂ®t comme un notable bien Ă©tabli dans la rĂ©gion ; alliĂ© Ă  des familles connues, engagĂ© lui-mĂŞme dans le dĂ©veloppement Ă  titre de propriĂ©taire ou de gestionnaire, il dĂ©tient certains postes et joue un rĂ´le professionnel de premier plan[1]. Â»

Un seigneur et un entrepreneur

Dessin de Barthélemy Joliette par Christian Robert de Massy.

L’annĂ©e 1822 est un tournant dans la vie de Joliette. « Cette annĂ©e-lĂ , le dĂ©cès de sa belle-mère libère l’hĂ©ritage des Tarieu Taillant de Lanaudière. Les enfants, Pierre-Paul, Charlotte et Marie-Antoinette, deviennent propriĂ©taires. L’aĂ®nĂ© reçoit 50 % des droits et les deux sĹ“urs 25 % chacune. Charlotte, qui a dĂ©jĂ  reçu sa part en dot, renonce Ă  la succession de sa mère. Â» DĂ©laissant sa carrière de notaire, il se consacre dorĂ©navant entièrement Ă  ses activitĂ©s de seigneur et d’entrepreneur. « Joliette n’est seigneur qu’indirectement, car c’est vĂ©ritablement son Ă©pouse qui est titulaire des biens. Cependant, il entend ĂŞtre traitĂ© comme tel (…) Â»[1].

Joliette entend mettre en valeur la seigneurie en recourant de toutes les façons possibles. Il faut, pour lui, la rentabiliser au maximum. Par une gestion très rigoureuse, il réussit à récupérer les importantes sommes dues au fil des ans par les censitaires. Il applique également avec une nouvelle fermeté les divers droits seigneuriaux[1].

Mais ce qui occupe essentiellement Joliette, à partir des années 1820, c’est l’exploitation forestière. D’abord sur les terres de la seigneuries de Lavaltrie, puis au-delà. Pour ce faire, il fait construire, dès 1822, imposant moulin de trois étages, en pierre, dans lequel se trouvera une scierie capable de débiter le bois, d’un moulin à farine, d’appareils à carder et à fouler. Le moulin entre en activité au printemps de 1824. Les madriers sont vendus sur le marché de Québec[1].

Le visionnaire, chez Joliette, transparaĂ®t dans sa volontĂ© de dĂ©velopper, sur les terres de la seigneurie, un nouveau village. Les premiers terrains seront concĂ©dĂ©s en novembre 1824. En 1826, il se fera construire, sur les lieux, une rĂ©sidence imposante. Le village se dĂ©veloppe, l’offre de services se diversifie (notaire, juge de paix, etc.). En 1829, il compte dĂ©jĂ  35 maisons et 29 bâtiments divers. Il y a toutefois un hic : l’évĂŞque s’oppose Ă  ce qu’on y construise une Ă©glise[1].

Joliette poursuit durant cette période son ascension sociale. Il est nommé juge de paix en 1826 et promu lieutenant-colonel de la milice (2e bataillon de milice du comté de Warwick) l'année suivante. En 1830, il est élu à l'Assemblée législative du Bas-Canada dans la nouvelle circonscription de L'Assomption, qui était auparavant une partie de Leinster ; il ne servit que jusqu'en 1832, alors qu'il fut nommé au Conseil législatif[1].

L'homme d'affaires et l'homme politique

Cette année 1832 sera déterminante pour une autre raison. À la suite du décès de son beau-frère Pierre-Paul, son emprise sur la seigneurie s’en trouve renforcée. Les dernières années de sa vie le verront s’efforcer de consolider ses entreprises[1].

L’exploitation forestière est encore l’activité principale. Vers 1837, Joliette fait construire un second moulin à scier. Il tente d’attirer à Industrie de nouvelles activités, de nouveaux investissements. Par exemple, en 1839, il y fait construire une distillerie[1].

Le projet majeur qui l’occupe dans les dernières annĂ©es de sa vie est la construction d’un chemin de fer qui relierait le village d’Industrie Ă  Lanoraie, un tracĂ© d’une douzaine de milles. La Compagnie du chemin Ă  rails du Saint-Laurent et du village d’Industrie, qu’il met sur pied avec deux associĂ©s, est constituĂ©e en 1847. Les travaux dĂ©butent en 1848 et la voie est inaugurĂ©e en 1850[1].

Joliette fera aboutir deux autres projets dans cette dernière dĂ©cennie de sa vie : la construction d’une Ă©glise et la crĂ©ation d’un collège. Mgr Bourget, l’évĂŞque de MontrĂ©al, lui permet enfin de bâtir dans le village une chapelle. Mais Joliette ne saurait s’en contenter. En 1842, dĂ©bute la construction d’une Ă©glise digne de ce nom. L’érection canonique d’une nouvelle paroisse a lieu l’annĂ©e suivante[1].

En 1845, Joliette fait construire un collège qu’il confiera en 1847 Ă  une communautĂ© religieuse arrivĂ©e rĂ©cemment de France, les Clercs de Saint-Viateur. Il ne s’agit pas Ă  proprement parler d’un collège classique. L’homme Ă©minemment pratique qu’était Joliette reprochait Ă  ce dernier de ne pas prĂ©parer adĂ©quatement la jeunesse. L’institution qu’il fonde « dispense des cours orientĂ©s vers les professions commerciales ou, comme on disait Ă  l’époque, industrielles Â»[1].

La fin de sa carrière politique sera marquĂ©e par les Ă©vĂ©nements de la fin des annĂ©es 1830 et du dĂ©but des annĂ©es 1840. Durant la RĂ©bellion des Patriotes, il demeure loyal au gouvernement et refuse d’appuyer le parti de Louis-Joseph Papineau[1]. « En dĂ©cembre 1837, il prĂ©side une assemblĂ©e de magistrats et d’officiers de milice de la rĂ©gion qui rĂ©affirment leur loyautĂ© au gouvernement. Plus tard, il agit directement, en qualitĂ© de juge de paix, et signe au moins un mandat d’arrĂŞt, en janvier 1838. Â»[1] Il fera partie du Conseil spĂ©cial qui administre la province. Après la proclamation de l’Union, il siège au Conseil lĂ©gislatif de la Province du Canada en 1841. Il semble qu’il ait Ă©tĂ© opposĂ© Ă  l’Union car il tenta d'y faire adopter une motion contestant la lĂ©galitĂ© du nouveau rĂ©gime politique[1].

Fin de vie

Joliette meurt en 1850 à Industrie, ce village qu’il a fondé. Il avait eu la possibilité, avant de quitter ce monde, de voir l’achèvement du grand projet de ses dernières années, son chemin de fer. Il avait également cédé, peu de temps avant de mourir, la propriété de l’église locale et celle du collège, respectivement, au curé d’alors, Antoine Manseau, et aux Clercs de Saint-Viateur[1].

Honneurs

Outre la ville de Joliette, l'école secondaire Barthélemy-Joliette, la rue Joliette et la station de métro Joliette à Montréal rappellent sa mémoire.

Notes et références

  1. Jean-Claude Robert. « Joliette, Barthélemy », dans Dictionnaire biographique du Canada, volume 7, University of Toronto et Université Laval, 1988, consulté le 18 janvier 2017.

Voir aussi

Bibliographie

Liens externes

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