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Barrage hydroélectrique de Manantali

Le barrage hydroĂ©lectrique de Manantali, est un barrage construit sur le Bafing, Ă  90 km au sud-est de BafoulabĂ©, dans la rĂ©gion de Kayes au Mali. L'amĂ©nagement permet la production d’électricitĂ© et l’irrigation. La navigabilitĂ© du fleuve SĂ©nĂ©gal entre Saint-Louis (SĂ©nĂ©gal) et AmbidĂ©di (Mali), qui figurait au nombre des objectifs initiaux du projet, n'a pas pu ĂŞtre rĂ©alisĂ©.

Barrage hydroélectrique de Manantali
GĂ©ographie
Pays
RĂ©gion administrative
Coordonnées
13° 11′ 44″ N, 10° 25′ 44″ O
Cours d'eau
Rivière Bafing
Objectifs et impacts
Vocation
Propriétaire
Date du début des travaux
1982 (barrage)
1997 (centrale)
Date de mise en service
1988 (barrage)
2001-2002 (centrale)
Coût
150 milliards de francs CFA (barrage)
200 milliards de francs CFA (centrale)
Barrage
Type
Barrage-poids et
digues en enrochement
Hauteur
(fondation)
68 m
Longueur
1 476,35 m
RĂ©servoir
Nom
Altitude
208 m
Volume
11 kmÂł
Superficie
477 km²
Centrale(s) hydroélectrique(s)
Hauteur de chute
65 m
DĂ©bit d'Ă©quipement
575 mÂł/s
Nombre de turbines
5 Ă— 40 MW
Type de turbines
Puissance installée
200 MW
Production annuelle
740 GWh/an
Facteur de charge
42 %
Irrigation
Surface irriguée
255 000 ha

Site web
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Le projet de l'Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS) associe le Sénégal, la Mauritanie et le Mali. L’OMVS a joué un rôle primordial dans la planification et la construction du barrage. Sa gestion a été confiée à une société de droit public, la Société de gestion de l’énergie de Manantali (SOGEM) qui, en 2001, a signé un contrat de concession de 15 ans avec Eskom Eenergy Manantali (EEM), une filiale de l'entreprise sud-africaine Eskom. Les deux parties sont convenues de mettre un terme à cette entente à compter du [1].

Historique

Le bassin versant du fleuve Sénégal.

L'idée de construire un barrage hydroélectrique sur le fleuve Sénégal remonte à la période de la colonisation[2] et le concept du barrage hydroélectrique de Manantali remonte à 1927[2]. Après les indépendances, le Sénégal, le Mali, la Mauritanie et la Guinée forment un comité inter-États pour développer un projet, structure qui devient l'Organisation des États riverains du fleuve Sénégal, disparue en 1968. Une nouvelle structure, l'OMVS, est formée sans la participation de la Guinée en 1972[3].

Les installations de Manantali seront réalisées en deux temps. La construction du barrage sur le Bafing débute en juin 1982. Un consortium international, formé d'entreprises allemandes, sénégalaises et suisses est chargé de la réalisation des travaux de génie civil sous la supervision de Rhein Ruhr (RFA), Tractebel (Belgique) et Soned Afrique (Sénégal). Un certificat de réception provisoire est émis le 31 mai 1988. Le coût de la construction du barrage s'élève à 150 milliards de francs CFA, financé par des fonds d'investissement du Golfe, des pays occidentaux, et le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD)[4].

Le conflit sĂ©nĂ©galo-mauritanien de 1989-1991 met un frein du dĂ©veloppement hydroĂ©lectrique de l'amĂ©nagement. Certains auteurs affirment que le conflit armĂ© entre les deux partenaires de l'OMVS serait la consĂ©quence de la mise en service des barrages de Diama — Ă  27 km en amont de Saint-Louis — en 1986, et de Manantali, deux ans plus tard[5] - [6].

Les travaux de terrassement en vue de la construction de la centrale hydroĂ©lectrique dĂ©butent en 1997. Le premier groupe entre en service le 21 juillet 2001. RĂ©alisĂ© au coĂ»t de 246 milliards de francs CFA (375,1 millions d'euros)[7], le volet «Énergie» alimente dans un premier temps la capitale malienne, Bamako. Dakar et Nouakchott sont alimentĂ©s l'annĂ©e suivante lors de la mise en service de la ligne Ă  225 kV reliant le projet de Manantali aux pays voisins[3]. Cette phase des travaux a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e sous la supervision des bureaux d'Ă©tude Coyne et Bellier (France), Fichtner (Allemagne) et Tecsult (QuĂ©bec, Canada)[8].

Assez rapidement, on constate que l'ambition de produire 800 GWh/an, qui Ă©tait basĂ©e sur les donnĂ©es hydrologiques de 1950-1994, est beaucoup trop optimiste. De nouvelles simulations, basĂ©es sur les donnĂ©es de 1974 Ă  1994 projettent une production moyenne de 547 GWh/an, ce qui rĂ©duisait la rentabilitĂ© de l'ouvrage[9]. Cependant, un rapport conjoint de la Banque allemande de dĂ©veloppement (KfW), de la Banque europĂ©enne d’investissement (BEI) et de l'Agence française de dĂ©veloppement (AFD) publiĂ© en 2009 semblent infirmer le scĂ©nario pessimiste. La production annuelle moyenne vĂ©rifiĂ©e des premières annĂ©es d'exploitation de la centrale se chiffre Ă  740 GWh[10].

Ouvrages

Lac Manantali, lac de retenue du barrage de Manantali

Le barrage a une longueur de crĂŞte de 1 460 m et une hauteur de 65 m au-dessus de ses fondations. Il est constituĂ© d'une partie centrale en bĂ©ton de 482,8 m[4] et complĂ©tĂ© par deux digues en enrochement, qui ferment la retenue jusqu'aux plateaux environnants[11].

Le lac de retenue, le lac Manantali, couvre une superficie de 477 km2 et peut contenir un volume de 11 milliards de m3 d’eau Ă  l'Ă©lĂ©vation maximale de 208 m. La profondeur moyenne du rĂ©servoir est de 20,8 m et atteint une valeur maximale de 50 m.

La centrale hydroĂ©lectrique de 200 MW a Ă©tĂ© mise en service entre 2001 et 2002[12]. Les 5 groupes turbines-alternateurs ont produit 381 GWh d'Ă©lectricitĂ© en 2006, soit 43 % de la production nationale du Mali[13].

L'Ă©lectricitĂ© produite Ă  Manantali est transmise Ă  Bamako, Dakar et Nouakchott par un rĂ©seau de lignes Ă  haute tension de 1 500 km. Les lignes sont Ă©quipĂ©es de câbles de garde Ă  fibre optique (CGFO), ce qui a permis l'interconnexion des rĂ©seaux de tĂ©lĂ©communications des trois pays. Le rĂ©seau, qui est reliĂ© au câble sous-marin trans-Atlantique, permet la transmission simultanĂ©e de 33 000 communications tĂ©lĂ©phoniques ou de 48 signaux de tĂ©lĂ©vision. Il constitue un point nodal entre l'Afrique de l'Ouest et les autres parties du continent[14].

Irrigation

Les projets d'amĂ©nagement des ouvrages hydrauliques de Manantali et de Diama insistent fortement sur les avantages en matière de rĂ©gulation des dĂ©bits du fleuve SĂ©nĂ©gal et d'une productivitĂ© agricole accrue par le biais de l'irrigation. Le plan initial prĂ©voit entre autres l'irrigation sur une superficie de 250 000 ha, pouvant ĂŞtre portĂ©e Ă  375 000 ha, particulièrement au SĂ©nĂ©gal et en Mauritanie. Les responsables estimaient Ă  l'Ă©poque que l'irrigation aurait des effets bĂ©nĂ©fiques sur l'Ă©conomie des rĂ©gions riveraines par l'augmentation des rendements et des revenus tirĂ©s de l'agriculture, la rĂ©duction des mouvements migratoires vers les villes et la diversification des productions.

Contrairement à ses deux voisins, le Mali ne dispose pas d'un potentiel important de terres irrigables sur les rives du Sénégal. Les seuls aménagements réalisés sont de petits périmètres irrigués villageois tel celui de la coopérative multifonctionnelle de Somankidi-Coura (nouveau) (Mali) et qui fournit Kayes en fruits et légumes par le fleuve. La production d'électricité constitue pour le Mali le principal enjeu. La production électrique est répartie entre le Sénégal (33 %), la Mauritanie (15 %) et le Mali (52 %)[11].

Impacts environnementaux et sociaux

Selon un rapport des Nations unies, la construction des ouvrages de Manantali a eu des impacts à la fois positifs et négatifs sur l'environnement et les populations de la région.

Les principales conséquences négatives sont le départ forcé de populations, l'essor de maladies hydriques causées par l'eau stagnante et la prolifération de moustiques ou la dégradation de l'eau de surface par l'eutrophisation. A cela s'ajoute la croissance de l'érosion à cause du déboisement en faveur des terres arables, ce qui abime et stérilise les terres irriguées[9].

Bibliographie

Ouvrages
  • Banque allemande de dĂ©veloppement (KfW), Banque europĂ©enne d’investissement (BEI) et Agence française de dĂ©veloppement (AFD), Évaluation ex opst conjointe : le barrage de Manantali, Francfort, Luxembourg, Paris, , 48 p. (lire en ligne)
  • Alain Deneault, Delphine Abadie et William Sacher, Noir Canada : pillage, corruption et criminalitĂ© en Afrique, MontrĂ©al, Éditions ÉcosociĂ©tĂ©, , 348 p. (ISBN 978-2-923165-42-4, lire en ligne)
  • Yves Ficatier et Madiodio Niasse, Volet social et environnemental du barrage de Manantali : Evaluation rĂ©trospective, Paris, Agence française de dĂ©veloppement, coll. « Évaluation et capitalisation » (no 15), , 69 p. (ISSN 1958-590X, lire en ligne)
  • (en) Organisation de mise en valeur du fleuve SĂ©nĂ©gal, « Chapter 20: Senegal River Basin, Guinea, Mali, Mauritania, Senegal », dans Nations unies, Programme mondial d'Ă©valuation des ressources en eau, Water for people, water for life: a joint report by the twenty three UN agencies concerned with freshwater, New York, UNESCO Pub.; Berghahn Books, , 576 p. (ISBN 92-3-103881-8, lire en ligne), p. 447-461
Articles
  • Soussou Sambou, Yaya DiĂ©mĂ©, Abdou Karim TourĂ©, Ansou Malang Badji et Edmond Nicaise Malanda-Nimy, « Effet du barrage de Manantali sur les modifications du rĂ©gime hydrologique du fleuve SĂ©nĂ©gal dans le bassin amont : une approche statistique », Science et changements planĂ©taires / SĂ©cheresse, vol. 20, no 1,‎ , p. 104-111 (DOI 10.1684/sec.2009.0176, lire en ligne)
  • Abdourahmane Mbade SĂ©nĂ©, « DĂ©veloppement durable et impacts des politiques publiques de gestion de la vallee du fleuve SĂ©nĂ©gal : Du rĂ©gional au local », VertigO - la revue Ă©lectronique en sciences de l'environnement, vol. 9, no 3,‎ (DOI 10.4000/vertigo.9221, lire en ligne)

Articles connexes

Notes et références

  1. (en) Eskom Holdings Limited, Eskom Integrated Report 2011, Johannesbourg, Eskom, (lire en ligne), p. 288
  2. "L'ÉTERNEL RETOUR D'UNE POLITIQUE· DE GRANDS PROJETS L'AMÉNAGEMENT DU FLEUVE SÉNÉGAL EN PERSPECTIVE", par Guy MEUBIAT et Jérôme INGLES
  3. David Cadasse, « Le fleuve Sénégal éclaire Bamako », Afrik.com,‎ (lire en ligne)
  4. Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal, « Le barrage de Manantali », sur OMVS (consulté le )
  5. (en) « Mauitanian-Senegalese Border War 1989-1991 », sur OnWar.com, (consulté le )
  6. Deneault, Abadie et Sacher 2008, p. 203
  7. KfW, BEI, AFD 2009, p. 10
  8. SOGEM, « Description du projet » (consulté le )
  9. UNESCO, « Bassin du fleuve Sénégal (Guinée, Mali, Mauritanie et Sénégal) », sur Programme mondial pour l'évaluation des ressources en eau (consulté le )
  10. KfW, BEI, AFD 2009, p. 20
  11. L. Diarra, « Le ministre de l'Énergie et de l'Eau à Manantali : le barrage, un outil commun de développement », L'Essor,‎ (lire en ligne)
  12. David Cadasse, « Dakar en pleine lumière régionale », Afrik.com,‎ (lire en ligne)
  13. Électricité du Mali, « Données de la production d'électricité », sur EDM
  14. Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal, « Le volet énergie », sur OMVS (consulté le )
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