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Barrage de la Grande-Dixence

Le barrage de la Grande-Dixence est le plus haut barrage poids du monde, et le plus massif d'Europe. SituĂ© dans le val des Dix sur la commune d'HĂ©rĂ©mence en Valais, il mesure 285 mètres de haut. Il fait partie d'une vaste installation hydroĂ©lectrique nommĂ©e Cleuson Dixence ou Grande Dixence, d'une puissance de 2 000 MW qui l'associe notamment au barrage de Cleuson.

Barrage de la Grande-Dixence
Photo du barrage de la Grande-Dixence vu du ciel.
GĂ©ographie
Pays
Canton
Commune
Coordonnées
46° 04′ 51″ N, 7° 24′ 12″ E
Cours d'eau
Objectifs et impacts
Vocation
Propriétaire
Date du début des travaux
Date de mise en service
Barrage
Type
Hauteur
(fondation)
285 m
Longueur
748 m
Épaisseur en crête
15 m
Épaisseur à la base
195 m
RĂ©servoir
Nom
Lac des Dix
Altitude
2 364 m
Volume
400 millions de mÂł
Superficie
3,65 km²
Longueur
km

GĂ©olocalisation sur la carte : canton du Valais
(Voir situation sur carte : canton du Valais)
GĂ©olocalisation sur la carte : Suisse
(Voir situation sur carte : Suisse)

Construit entre 1953 et 1961, à l'emplacement d'un verrou glaciaire, le barrage constitué de six millions de mètres cubes de béton[1] bloque le cours de la Dixence. Son lac d'accumulation, le lac des Dix, mesure km de long.

Sur la même rivière, en amont, se situait le barrage de la Dixence, barrage voûte construit dans les années 1930. Ce barrage a été noyé lors de la mise en eau du barrage de la Grande-Dixence et peut encore être aperçu lorsque le niveau du lac est bas.

GĂ©ographie

Situation

Le barrage de la Grande-Dixence se trouve dans le val des Dix.

Hydrographie

Le lac des Dix a une superficie de 3,65 km2 et une profondeur maximale de 227 mètres pour un total de 400 millions de m3 d'eau. Il barre la rivière Dixence. Il se situe Ă  2 365 mètres d'altitude. CoincĂ© dans la vallĂ©e, sa largeur maximale atteint 600 mètres mais sa longueur se porte Ă  5,3 km. Il a remplacĂ© l'ancien lac du barrage prĂ©cĂ©dent qui Ă©tait situĂ© un peu plus en amont. Il est alimentĂ© par plusieurs galeries amenant l'eau depuis de nombreux collecteurs situĂ©s près d'Arolla et Zermatt. Le bassin du lac Ă  une superficie de 360 kilomètres carrĂ©s et rĂ©cupère les Ă©coulements sur les versants orientĂ©s au nord et proche de la frontière italienne. Au total, 100 km de galeries traversent les montagnes valaisannes. Ces tunnels, dont la section peut atteindre celle d'une galerie ferroviaire en certains endroits, permettent de capter chaque annĂ©e plus de 380 millions de m3 d'eau.

Caractéristiques

Plan des lieux.

Le barrage est un immense ouvrage dont l'Ă©paisseur atteint 193 mètres Ă  la base et 15 mètres au couronnement. La longueur totale du couronnement se monte Ă  748 mètres. Au total, ce ne sont pas moins de 5 960 000 m3 de bĂ©ton parcourus par 32 kilomètres de galeries et de puits de surveillance. La poussĂ©e de l'eau provoque un dĂ©placement du couronnement de 10 centimètres en aval. Plus de 100 km de tunnels acheminent de l'eau depuis les vallĂ©es aux alentours via une quarantaine de captages et plusieurs usines de pompage. Le bassin de captage s'Ă©tend sur plus de 380 km2 depuis le val d'HĂ©rĂ©mence jusqu'au mont Rose près de Zermatt (Ă  plus de 40 kilomètres du barrage).

Le couronnement du barrage se situe Ă  2 365 m d'altitude et la cĂ´te maximale de la retenue est de 2 364 m[2].

Trois galeries d'amenée et conduites forcées acheminent les eaux du barrage vers ses différentes centrales hydroélectriques qui sont :

  • la centrale de Chandoline, 120 MW ;
  • la centrale souterraine de Fionnay, 290 MW ;
  • la centrale souterraine de Nendaz, 390 MW ;
  • la centrale souterraine de Bieudron, 1 200 MW.

La centrale hydroélectrique de Chandoline est la centrale la plus vieille, construite avec le barrage de la Dixence en 1930 ; elle est actuellement hors service.
La centrale hydroélectrique de Nendaz a comme particularité de réutiliser les eaux précédemment turbinées à l'usine hydroélectrique de Fionnay.
La centrale hydroélectrique de Bieudron détient trois records mondiaux (état en 2010) :

  • la plus haute chute d’eau, (1 880 m) ;
  • la plus grande puissance par turbine Pelton, (400 MW) ;
  • la plus grande puissance par pĂ´le des alternateurs, (35,7 MVA).

La puissance Ă©lectrique installĂ©e sur tout le complexe se monte Ă  2 000 MW, Ă  savoir une quantitĂ© instantanĂ©e d'Ă©lectricitĂ© Ă©quivalente Ă  celle que gĂ©nèrent deux rĂ©acteurs d'une centrale nuclĂ©aire, plus ou moins classique, construite Ă  la fin du XXe siècle.

Histoire

Étapes de construction du barrage, de 1953 à 1961.

Après de longues Ă©tudes effectuĂ©es par l'Office FĂ©dĂ©ral de l'Économie Hydraulique puis par la sociĂ©tĂ© Énergie Ouest Suisse (EOS) avec l'aide de l’ordinateur Zuse 4, la construction dĂ©marre le sous la supervision de la sociĂ©tĂ© anonyme Grande Dixence (fondĂ©e en 1950). Le , une fĂŞte cĂ©lèbre la mise en place de la dernière benne alors qu'en 1957, le barrage remplissait dĂ©jĂ  une partie de ses fonctions. La demande en Ă©nergie Ă  l'Ă©poque devenait de plus en plus importante et il Ă©tait crucial de disposer de l'Ă©nergie hydraulique dans les plus brefs dĂ©lais. Les installations et les autres constructions en annexe du barrage se poursuivront jusque dans les annĂ©es 1966-1967 avec notamment des stations de pompage et des usines qui permettent d'atteindre un plafond de production. En 1968, ce ne sont pas moins de 1 600 millions de kWh (1,6 TWh) qui sont produits, dont 85 % en hiver. Mais, annuellement, on peut atteindre TWh (0,5 TWh en Ă©tĂ© et 1,5 TWh en hiver).

Extension des installations et rupture

Un puits blindĂ© et une usine de turbinage supplĂ©mentaire de grande puissance (usine souterraine de Bieudron, 1 200 MW, Ă©quivalent Ă  la production d'un rĂ©acteur nuclĂ©aire) ont Ă©tĂ© construits de 1993 Ă  1998[3]. Cette installation supplĂ©mentaire permet de faire varier sa puissance de 0 Ă  1 200 MW en l'espace de trois minutes. Elle sert essentiellement Ă  approvisionner le rĂ©seau, en Ă©nergie supplĂ©mentaire, durant les heures de pointe de consommation.

Rupture d'un puits blindé

Le , le puits blindĂ©, en acier, s’est dĂ©chirĂ© sur une hauteur de 8,5 mètres et une largeur de 60 cm Ă  l’altitude de 1 240 mètres, dĂ©versant environ 27 000 m3 d’eau sur le flanc pentu de la montagne. Un Ă©boulement de rochers, d’arbres et de boue s’ensuivit, emportant plusieurs chalets et granges et tuant trois personnes. Les Ă©boulements coupèrent la route cantonale au pied de la montagne et obstruèrent temporairement le RhĂ´ne.

Quatre ans d'analyses approfondies ont montré que cette rupture avait été causée par de la corrosion sous contrainte, phénomène bien connu des concepteurs de sous-marins mais ignoré jusqu'alors par ceux de ce puits blindé. L'acier utilisé, contrairement à ceux utilisés habituellement, avait une limite d'élasticité trop proche de la limite de rupture, favorisant ce phénomène de corrosion sous contrainte. À la suite de cette étude, des travaux de réparation ont été entrepris en 2005, consistant à installer sur toute la longueur, à l’intérieur de la conduite existante, une nouvelle conduite en acier plus classique déjà éprouvée par le passé. Ces travaux ont duré environ cinq ans. La conduite, ainsi que la centrale de Bieudron, sont à nouveau opérationnelles depuis début 2010.

Dans la culture

Jean-Luc Godard, alors manœuvre sur le chantier, décide de réaliser en 1953 un film documentaire en noir et blanc intitulé Opération Béton sur cette phase de la construction[4].

Le livre À l'ombre de la Dixence, publié en 2015 par le groupe de travail Mémoire de femmes, retrace le quotidien des femmes du val d'Hérémence au XXe siècle, durant la construction des barrages de la Dixence et de la Grande-Dixence. Le livre est accompagné d'une exposition du même nom sur le sujet des vêtements des femmes dans la vallée entre 1920 et 1965. Enfin, un court-métrage réalisé par Anne Zen-Ruffinen propose les témoignages de sept femmes ayant travaillé pour la rédaction du livre[5].

En 2019, Marie-France Vouilloz-Burnier publie Générations barrages, un livre qui comprend des entretiens avec des hommes ayant travaillé sur le chantier de la Grande-Dixence[6].

Galerie

  • Lac et barrage
  • La face avant du barrage de la Grande-Dixence (face vallĂ©e).
    La face avant du barrage de la Grande-Dixence (face vallée).
  • Galerie interne du barrage de la Grande-Dixence.
    Galerie interne du barrage de la Grande-Dixence.
  • Vue plongeante depuis le haut de la Dixence.
    Vue plongeante depuis le haut de la Dixence.
  • Vue de cĂ´tĂ© du barrage depuis son sommet. On peut voir l'arrivĂ©e du tĂ©lĂ©phĂ©rique au bout du barrage.
    Vue de côté du barrage depuis son sommet. On peut voir l'arrivée du téléphérique au bout du barrage.
  • Vue du lac des Dix depuis le sommet du barrage de la Grande-Dixence.
    Vue du lac des Dix depuis le sommet du barrage de la Grande-Dixence.
  • Vue du val des Dix depuis le sommet de la Grande-Dixence.
    Vue du val des Dix depuis le sommet de la Grande-Dixence.
  • Barrage de la Grande-Dixence sous la neige. Photo prise depuis les piste de ski de Thyon 2000.
    Barrage de la Grande-Dixence sous la neige. Photo prise depuis les piste de ski de Thyon 2000.
  • Vue sur le bout du lac de retenue du barrage de la Grande-Dixence et du glacier de Cheilon.
    Vue sur le bout du lac de retenue du barrage de la Grande-Dixence et du glacier de Cheilon.
  • Le barrage, entrĂ©e de la galerie de visite.
    Le barrage, entrée de la galerie de visite.
  • Prise de vue Ă  3 100 m d'altitude sur le sud du lac.
    Prise de vue Ă  3 100 m d'altitude sur le sud du lac.
  • Barrage et lac.
    Barrage et lac.

Notes et références

Références

Cet article est partiellement ou en totalité issu de l'article intitulé « Lac des Dix » (voir la liste des auteurs).
  1. Grande Dixence, un mythe au cœur des Alpes, sur grande-dixence.ch
  2. Georges Bolomey Ingénieur EPUL, Grande Dixence, Lausanne, Librairie Marguerat Lausanne, , 200 p., p. 83
  3. Une conduite forcée et une usine de turbinage
  4. « Histoire du béton au Musée d'architecture de Bâle », sur swissinfo.ch (consulté le ).
  5. « Femmes en lumière », Le Nouvelliste,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  6. « Ce barrage qui façonna le cœur et l’esprit des Hérémensards », Le Nouvelliste,‎ (lire en ligne, consulté le ).

Bibliographie

  • Maurice Chappaz, Chant de la Grande Dixence, Lausanne, Payot, 1965, 60 p., l'auteur a travaillĂ© comme aide-gĂ©omètre pendant la construction.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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