Bariba (peuple)
Les Bariba sont une population d'Afrique de l'Ouest vivant au nord du BĂ©nin, et Ă©galement dans une moindre mesure, au Nigeria et au Togo.
Histoire
Vaste royaume fondĂ© entre le XVe siĂšcle av. J.-C. et le XVIe siĂšcle, le royaume de Nikki pour cĆur OuĂ©nou, une petite localitĂ© situĂ©e Ă 7 km de la ville de Nikki. Mais le territoire comprend tout le Borgou, l'Alibori, une partie de l'Atacora et une partie du Nigeria. Les villes qui composent le royaume de Nikki sont nombreuses Ă savoir Nikki, N'Dali, KalalĂ©, BembĂ©rĂ©kĂ©, Parakou, Banikoara, Kandi, Sinende, Gogounou, Ouassa-Pehunco, KĂ©rou, Kouande, Tchaourou, Segbana. Le reste du Nord du BĂ©nin est partagĂ© entre les Dendi (Karimama et Malanville) et les Somba. Le royaume de Nikki a toujours fascinĂ© les chercheurs Ă cause des diffĂ©rents peuples qui le compose Ă savoir les Wassangari et les Bariba, mais surtout Ă cause de l'histoire de son trĂŽne.
Avant de quitter Busa, pays Boko au NigĂ©ria pour venir s'installer dĂ©finitivement Ă OuĂ©nou, les Wassangari viennent de la Perse antique. Leur ancĂȘtre Kisra, Kissira ou Kissia selon le cas fut un idolatre, empereur de Perse, actuelle Iran, que l'avĂšnement de l'Islam a fait fuir de son pays avec ses adeptes.
Leurs sociĂ©tĂ©s sont structurĂ©es en classes sociales strictes : nobles guerriers, griots, agriculteurs roturiers, artisans et esclaves. Les Bariba se retrouvent autour de la FĂȘte de la Gaani. C'est une fĂȘte culturelle et identitaire cĂ©lĂ©brĂ©e chaque annĂ©e dans tout le royaume bariba autour du Sina Boko de Nikki.
La fĂȘte du Roi : la Gaani
La fĂȘte de la Gaani est une fĂȘte traditionnelle qui se dĂ©roule Ă Nikki, au dĂ©but de l'annĂ©e et prĂ©cisĂ©ment dans le troisiĂšme mois lunaire selon le calendrier Bariba. Elle est devenue aujourdâhui une fĂȘte identitaire qui rassemble non seulement des peuples ayant une mĂȘme expression culturelle et linguistique, mais aussi ceux ayant un destin commun. Elle dure deux jours et c'est l'occasion pour le roi Baatonu de Nikki de recevoir des cadeaux et aussi de lui prĂ©senter les vĆux de nouvel an.
Le dĂ©but de la Gaani est toujours un grand moment dâĂ©motions. Tambours et fanfares entament leurs rythmes enivrants, le premier cavalier arrive au centre du terrain pour ouvrir la cĂ©rĂ©monie. HabillĂ© dâune cape aux motifs dorĂ©s et dâun turban blanc, il fait danser son cheval au rythme des tambours. ElĂ©gamment, un Ă©ventail Ă la main, il fait tourner son cheval, dâabord lentement, puis de plus en plus rapidement. Dâun coup, il sâarrĂȘte face au roi. Souriant, il le salue, puis le cheval fait une courbette et enchaĂźne les demi-voltes, toujours en rythme, vers la sortie.
Ethnonymie
Selon les sources et le contexte, on observe de multiples variantes : Baatombou, Baatombu, Baatonou, Baatonu, Barba, Bargu, Bariba, Baruba, Batombou, Barganche Bergo, Bergou, Bogung, Borgawa[2].
Langues
Ils parlent le bariba, une langue gur, mais le français est également utilisé[3]. Le nombre de locuteurs du bariba était estimé à 460 000 au Bénin en 1995 mais pourrait avoisiner plus de 1,3 million aujourd'hui.
Notes et références
- 9,2 % de la population bĂ©ninoise en 2002 (CEFAN, UniversitĂ© Laval, « BĂ©nin », .), elle-mĂȘme d'environ 12,5 millions en 2021.
- Source RAMEAU, BnF
- (en) Fiche langue
[bba]
dans la base de données linguistique Ethnologue.
Voir aussi
Bibliographie
- P. B. Barassounon, Le baatonu chrétien et les funérailles en pays Baatonu, Parakou,
- LĂ©on Bani Bio Bigou, Le royaume bariba de Nikki : ses branches royales et ses roi, des origines Ă nos jours, Cotonou,
- Léon Bani Bio Bigou, Saka Yerima et Koto N'Gobi alias Tama Sounoun Bon Nouki Kpounon : deux grandes figures de la résistance du peuple Baatonu "Bariba" contre la pénétration coloniale dans le Borgou à la fin du XIXe siÚcle, Département de Géographie et d'Aménagement du Territoire, Université Nationale du Bénin ?, Cotonou, 1993, 35 p.
- LĂ©on Bani Bio Bigou, Les origines du peuple baatonu (Bariba), Ăditions du Flamboyant, Cotonou, 1995, 102 p. (ISBN 2-909130-22-3)
- Djibril Mama Debourou, La résistance des Baatombu à la pénétration française dans le Haut-Dahomey (1895-1915) : Saka Yerima ou l'injuste oubli, l'Harmattan, 2015, 181 p. (ISBN 978-2-343-07252-4)
- J. Lombard, Structure de type fĂ©odal en Afrique noire : Ătude des dynamismes internes et des relations sociales chez les Bariba du Dahomey, Ed Mouton et Co, Paris, 1965
- Justine Koukpode Zossoungbo, Les Rapports entre l'administration coloniale et les autoritĂ©s traditionnelles : exemple des Ătats Bariba du Nord-Dahomey : 1894-1920, Nanterre, 1974, 122 p.
- François O. N. Nansounon, Faire Ăglise chez les Bariba du Nord-BĂ©nin : impact de la famille : Ă©laboration d'une stratĂ©gie pastorale familiale contextualisĂ©e, UniversitĂ© Marc Bloch, FacultĂ© de thĂ©ologie catholique, Strasbourg, 2007, 490 p. (thĂšse)
- (en) James Stuart Olson, « Bariba », in The Peoples of Africa: An Ethnohistorical Dictionary, Greenwood Publishing Group, 1996, p. 74-75 (ISBN 9780313279188)
- Biio Tanne, Vocabulaire de la musique chez les Bariba, Université Paris 10, 1986, 96 p. (mémoire de DEA)
Discographie
- BĂ©nin : musique Bariba et Somba (Simha Arom, collecteur), Auvidis, Unesco, Paris, 1994, 43 min (CD + brochure)
- BĂ©nin : Bariba (Charles Duvelle, collecteur), Universal Division Mercury, Antony, 1999, 49 min (CD + livret)
Filmographie
Le film Le Secret de l'enfant fourmi de Christine François traite le sujet des pratiques infanticides rituelles liées aux croyances de sorcellerie chez les Baribas du Centre et Nord Bénin.
"Sous l'arbre à Palabres", film documentaire de Claire Savary, 54', 2014, tourné en milieu Bariba dans le village de Guimebererou (Atacora, Nord Bénin), aborde la question de la transmission intergénérationnelle de l'histoire coloniale à travers les témoignages directs de personnes quasi-centenaires.