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Bals de Paris

Des bals ont existé de tout temps, peut-être à Lutèce, sous les gallo-romains, sûrement au Moyen Âge et à la Renaissance, où ils sont attestés par plusieurs auteurs.

Le bal de l'Opéra, en 1873, vu par Édouard Manet.
Le bal du moulin de la Galette, en 1876, par Auguste Renoir.

À l'époque moderne, ils débutent officiellement le 31 décembre 1715, lorsque le Régent créa le bal de l'Opéra. De nombreux théâtres ouvrirent pour danser au XVIIIe siècle (Comédie-Française, Opéra-Comique, Comédie-Italienne).

Sous la Révolution française, la liesse multiplia les bals publics. En 1790, il y avait environ quatre cents bals à Paris.

Par ailleurs, les XVIIIe et XIXe siècles virent se multiplier les bals privés, donnés dans les hôtels particuliers de l'aristocratie ou de la bourgeoisie.

Historique

Les bals particuliers

  • Les bals masquĂ©s et les bals travestis (publics ou privĂ©s), particulièrement nombreux durant la pĂ©riode du carnaval, qui durait jadis Ă  Paris depuis le 11 novembre jusqu'aux Jours Gras (le dernier Ă©tant Mardi gras), avec une reprise au moment de la Mi-CarĂŞme (voir : Bals du Carnaval de Paris).
  • Les bals particuliers :
Ces deux derniers étaient certainement les plus « chauds » de Paris...

Les bals publics

  • Le Directoire vit le succès des jardins de Tivoli (1730-1842), des Folies de Chartres au parc Monceau, du jardin Biron, du bal de l'ÉlysĂ©e (1797) ouvert dans le jardin Bourbon[1] (oĂą l'on dansait la « walse » venue d'Allemagne[2]), du pavillon de Hanovre, du bal de l'Idalie (1787-1820, rue Marbeuf), tous situĂ©s sur la Rive droite.
  • le bal de la Grande Chaumière (1788-1853) s'Ă©tablit au sud de la ville, sur les boulevards du Midi Ă  proximitĂ© de la barrière du Montparnasse.
  • Sous la Restauration, on danse encore plus que sous le Premier Empire et les bals sont la grande distraction du soir. Le bal commence Ă  20 h 30 ou 21 h et se poursuit jusqu’à 4 h du matin.
    • Le Prado d'hiver (1810-1858) est installĂ© dans l'Ă®le de la CitĂ© au-dessus des sombres passages du Prado et de Flore, disposĂ©es en croix et donnant respectivement sur la rue de la Barillerie (boulevard du Palais) et le quai NapolĂ©on (anciennement quai aux Fleurs, quai de la CitĂ© en 1816, quai de la Corse depuis 1929). La salle de bal occupe l'ancienne salle de spectacles du théâtre de la CitĂ© profondĂ©ment remaniĂ©e. Elle est frĂ©quentĂ©e par des Ă©tudiants et des « grisettes affranchies ». L'Ă©tablissement a assez mauvaise rĂ©putation. Le Prado d'hiver et les deux passages sont dĂ©mantelĂ©s en 1858[3] pour dĂ©gager l'emprise nĂ©cessaire Ă  la prolongation du boulevard de SĂ©bastopol (partie renommĂ©e boulevard du Palais en 1864) et Ă  la construction du Tribunal de commerce (1860-1865)[4].
    • Le bal de la Chartreuse (1838[5]-1847), carrefour de l'Observatoire du cĂ´tĂ© de la rue d'Enfer (rive gauche), entre la pĂ©pinière de l'ancien enclos des Chartreux — dont ce bal tire son nom — et l'ancienne abbaye de Port-Royal (de Paris), est frĂ©quentĂ© majoritairement par des Ă©tudiants du quartier latin (voir bal Bullier).
  • Au milieu du XIXe siècle, c’est au bal Mabille (ouvert en 1831, avenue Montaigne), que Chicard introduisit le cancan, entre 1840 et 1875, alors que Rigolboche et CĂ©leste Mogador s’y produisaient.
    • Le bal Valentino (?-1890) partage, Ă  ses dĂ©buts, la salle de concert dite salle Saint HonorĂ© avec le chef d'orchestre et violoniste Valentino (1785-1865) qui se retire rapidement, laissant son nom au bal.
    • Le bal de la Closerie des Lilas, mieux connu sous le nom bal Bullier[6] (1847-1907), carrefour de l'Observatoire, remplace le bal de la Chartreuse. Les propriĂ©taires finiront par abandonner le nom de Closerie des Lilas au bĂ©nĂ©fice d'un restaurateur Ă©tabli de l'autre cĂ´tĂ© du carrefour (actuelle brasserie La Closerie des Lilas qui ne doit pas ĂŞtre confondu avec l'ancien bal).
      Le bal Bullier fut le plus grand bal de Paris. Le vieux quadrille, danse collective, a disparu et l'on y danse polkas, valses et mazurkas, danses de couples s'il en est.
  • Le jardin du bal Mabille
    Le jardin du bal Mabille
  • La salle du bal Valentino
    La salle du bal Valentino
  • Le Prado d'hiver en 1855
    Le Prado d'hiver en 1855
  • Sous le Second Empire, on danse beaucoup dans les salons mais aussi en public et le bal de l’OpĂ©ra atteint son apogĂ©e ; Ă  la mĂŞme Ă©poque apparurent notamment :
  • Ă€ la fin du siècle, aux succès du Moulin-Rouge, du Tabarin, du Moulin de la Galette, s'ajoutent ceux des bals de la rue de Lappe. Sans oublier les innombrables bistros oĂą en dansait en poussant les tables, après le repas, spĂ©cialement chez les « Bougnats » dans les arrière-salles des « cafĂ©s-charbon ». Ces bals auvergnats s'appelleront vite « bals Ă  la musette » (la musette ou cabrette est le nom de la cornemuse auvergnate), puis tout simplement « musettes ».
  • Au dĂ©but du XXe siècle, l'accordĂ©on (qu'il soit chromatique ou diatonique) remplace la cabrette et s'installe dans les bals musette. La valse lente et la java supplantent la bourrĂ©e.
  • Danseurs de tango dans la grande salle de bal de Magic City, vers 1910
    Danseurs de tango dans la grande salle de bal de Magic City, vers 1910
  • Bal populaire du 14 juillet, rue du Renard, en 1912.
    Bal populaire du 14 juillet, rue du Renard, en 1912.

La clientèle

  • Pour les hommes : des apaches, des soldats en permission, des gens de maison ; en fin de semaine : des artisans et ouvriers, des Ă©tudiants en goguette.
  • Pour les femmes : des midinettes, des blanchisseuses, des gens de maison, des « gigolettes », des « lorettes » (courtisanes, grisettes, du nom du quartier de l’église Notre-Dame-de-Lorette) en goguette et, en fin de semaine, des ouvrières.
  • Sans compter les « bons bourgeois » qui venaient s’encanailler.

Notes

  1. Jardin du Palais de l'Élysée, alors nommé ainsi d'après Bathilde d'Orléans, duchesse de Bourbon. Réchappée de la Terreur, elle réintègre son palais, mais est contrainte de louer les salons et le jardin pour subsister.
  2. André Castelot, Le Grand Siècle de Paris, Paris, Perrin, 1955.
  3. Jacques Hillairet, L'Ile de la Cité, Éditions de Minuit, Paris, 1969 p. 142.
  4. Ferdinand Heuzey, Curiosités de la Cité de Paris : histoire étymologique de ses rues..., Paris, E. Dentu, 1864, p. 53 ([voir en ligne).
  5. Guy Breton, Curieuses histoires de l'Histoire, Presses pocket, 1972, p. 136.
  6. Un bal d’étudiants (Bullier).

Bibliographie

  • Étienne-Junien de Champeaux, Physiologie des bals de Paris et de ses environs, Paris, Decaux, 1845.
  • Louis Huart, Paris au bal. 50 vignettes par Cham (de NoĂ©), Paris, Aubert, (1845).
  • Brieux de Saint-Laurent, Quelques mots sur les danses modernes, Paris, Douniol, 1856.
  • Alfred Delvau, Les Cythères parisiennes. Histoire anecdotique des bals de Paris, Paris, Dentu, 1864.
  • Marquis de Rochegude, Guide pratique Ă  travers le Vieux Paris, Paris, 1905.
  • AndrĂ© Warnod, Les Bals de Paris, Paris, Crès & Cie, 1922.
  • François Gasnault, Les bals publics Ă  Paris de 1830 Ă  1870 (thèse de l'École nationale des chartes), 1980, 4 volumes et 1 album. Publication : Guinguettes et lorettes : bals publics et danse sociale Ă  Paris entre 1830 et 1870, Paris, Aubier, 1986 (ISBN 2-7007-2206-X)
  • Figures du carnaval au temps de Balzac. 110 dessins et gravures de Gavarni, s.d.
  • Michel Faul, Louis-Antoine Jullien : musique, spectacle et folie au XIXe siècle, Ă©ditions Atlantica, 2006 (ISBN 2-35165-038-7)
  • Henri Joannis Deberne, Danser en sociĂ©tĂ©, Christine Bonneton Ă©diteur, 3/1999, Paris (ISBN 2-86253-229-0)

Source documentaire

  • Fonds Eugène Wagner (Archives nationales de France, DĂ©pĂ´t lĂ©gal : AB XIX 2931-2959). 28 cartons (AB XIX 2931-2959), 3,10 mètres linĂ©aires. Don de M. et Mme Eugène Parfenot (1949). L'Ă©rudit Eugène Wagner avait commencĂ© Ă  rĂ©unir pendant la Seconde Guerre mondiale une documentation sur les concerts et bals de Paris au XIXe siècle. Il avait notamment entrepris le dĂ©pouillement systĂ©matique et exhaustif des quotidiens parisiens spĂ©cialisĂ©s dans la chronique des spectacles (L'Auvergnat de Paris, Le Courrier des théâtres, Le MĂ©nestrel, Vert-Vert, la Revue et Gazette musicale de Paris, Le Corsaire, La Sylphide, La Mode, etc.). Sa mort l'empĂŞcha d'exploiter ses recherches.

Articles connexes

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