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Auguste Angellier

Auguste Angellier, né le à Dunkerque et mort le à Boulogne-sur-Mer, est un poète et universitaire français, qui fut le premier professeur de langue et littérature anglaises de la faculté des lettres de Lille et devient son doyen de 1897 à 1900.

Critique et historien de la littérature, il fit sensation à la Sorbonne en attaquant les théories d'Hippolyte Taine dans sa thèse sur Robert Burns en 1893.

Biographie

Né le à Dunkerque (Nord), d'un père maître-plafonnier et d'une mère secrétaire, Auguste Angellier fut scolarisé à Boulogne-sur-Mer où sa mère l'emmène après s'être séparée de son mari en 1853[1]. Son attachement à cette ville ne se démentit jamais.

Jeune homme, il prépare le concours de l'École normale supérieure au lycée Louis-le-Grand de Paris en 1866. Entre l'écrit et l'oral du concours, il est expulsé du lycée par le censeur qui le considère, à tort selon certains, comme le chef d'un mouvement de révolte concernant la mauvaise qualité de la nourriture à la cantine. Cet épisode catastrophique de sa vie scolaire le pousse à partir, par manque de moyens financiers, pour l'Angleterre où on lui offre un emploi d'enseignant dans un petit pensionnat.

Engagé volontaire au cours de la guerre de 1870, il se retrouve à Lyon puis à Bordeaux. Une infection respiratoire grave le fait rentrer à Paris, pendant la Commune, et, la guerre terminée, il est nommé répétiteur en 1871 au Lycée Louis-Descartes (il avait été enfin autorisé à rentrer dans le giron de l’Instruction publique). Il décroche sa licence peu après.

Reçu au certificat d’aptitude Ă  l’enseignement de l’anglais, deux ans plus tard, il professe en tant que « maĂ®tre-rĂ©pĂ©titeur Â» pendant trois ans, pĂ©riode exigĂ©e Ă  l’époque avant de pouvoir s’inscrire Ă  l’agrĂ©gation. Il obtient ce concours Ă  28 ans, et enseigne aussitĂ´t au lycĂ©e Charlemagne, jusqu’à son dĂ©part en Angleterre en 1878.

Angellier cultive de nombreuses amitiés littéraires, et développe sa sensibilité de poète (sa notoriété lui viendra davantage de son travail universitaire que de son œuvre poétique). Jusqu’à cette période, il hésite entre le journalisme et l’enseignement, mais le congé qui vient de lui être accordé lui permet de s’intéresser au projet de réforme des études de langues vivantes en France (à travers l’étude du fonctionnement des universités anglaises). C’est avec plaisir qu’il s’éloigne un moment de la lourdeur administrative qui lui pèse tant dans sa fonction d’enseignant.

En 1881, un poste de maĂ®tre de confĂ©rences, Ă  Douai, lui ouvre une brillante carrière de professeur d’anglais (la facultĂ© des Lettres de Douai va ĂŞtre transfĂ©rĂ©e Ă  Lille en 1887). Douze annĂ©es plus tard, il soutient ses deux thèses, chacune consacrĂ©e Ă  un poète : la « majeure Â» Ă  l’Écossais Robert Burns, et la thèse complĂ©mentaire Ă  John Keats, thèse rĂ©digĂ©e en latin ! Le titre de cette dernière : De Johannis Keatsii, vita et Carminibus ; son auteur : Augustus Angellier, literarum doctor in Universitate Insulensi Professor. MĂŞme les citations des poèmes de Keats sont en latin (et l’universitĂ© dont il est question n’est autre que celle de Lille : Universitate Insulensi).

Dès lors, Angellier porte le titre de Professeur. De plus, il assure la fonction de président du jury d’agrégation d’anglais de 1890 à 1904 ; et dès février 1897, il assume la tâche de doyen, et les lourdes responsabilités administratives qui s’y attachent. En 1902, il est détaché sur un poste de maître de conférences à l’École normale supérieure, puis il revient à Lille en 1904.

Auguste Angellier meurt à l'âge de 62 ans, le , à Boulogne-sur-Mer. Il est enterré au cimetière de l'Est (Boulogne-sur-Mer)[2].

Ĺ’uvres

En 1894, l’Académie française l'honore du prix Marcelin-Guérin pour son ouvrage Robert Burns, la vie, les œuvres.

En 1896, Angellier le poète a publié À l’amie perdue (178 sonnets inspirés par le chagrin de son histoire d'amour cachée avec Thérèse Fontaine[1]), et en 1903, Le Chemin des saisons. D’autres œuvres suivent : Dans la lumière antique, deux livres de Dialogues et deux d’Épisodes.

Curiosité

Le compositeur polonais Henryk Opieński (1870-1942) qui dirigeait à Morges (Suisse) l'ensemble « Motet et Madrigal » a écrit une œuvre pour chœur à quatre voix d'hommes sur le texte poétique La Fuite de l'Hiver qui fait partie du recueil Le Chemin des saisons d'Auguste Angellier[3].

Hommages

  • Ă€ Lille, dans un petit square Ă  proximitĂ© de l’ancienne facultĂ© des lettres et du temple protestant, se trouve une statue en bronze reprĂ©sentant Angellier assis, dans une pose plutĂ´t romantique, la tĂŞte coiffĂ©e d’un chapeau aux larges bords et les Ă©paules couvertes d’une houppelande, un bâton de marche entre les jambes. Ce monument a Ă©tĂ© conçu par l’architecte Louis Marie Cordonnier, et sculptĂ© par Eugène DĂ©plechin. D’autre part, la rue Auguste-Angellier rappelle aux Lillois l’importance qu’eut ce grand universitaire, tout Ă  la fois angliciste, poète et humaniste. Le dĂ©partement d’anglais de l'universitĂ© Lille-III porte le nom de l’ancien doyen : c’est le dĂ©partement Angellier de l'UFR LLCE (langues, littĂ©ratures et civilisations Ă©trangères) , dont la bibliothèque est la bibliothèque Angellier. Un panneau de bois ancien au-dessus de l’entrĂ©e de la dite bibliothèque, porte l’inscription commĂ©morative suivante : "Bibliotheca Angellaria / a.d. MCMXI condita / MCMLIII renovata / lVD IACOB DECANO". Un siècle s’est Ă©coulĂ© depuis sa mort, mais Ă  Lille, une statue, le nom d’une rue, ainsi que celui d’une bibliothèque et d’un dĂ©partement d'UFR d’universitĂ©, rappellent l’existence d’Auguste Angellier. L'association rattachĂ©e Ă  ce dĂ©partement a Ă©tĂ© nommĂ©e le club Angellier dans les annĂ©es 1940, et est encore active au sein des anglicistes soixante-dix ans plus tard.
  • Un buste d'Auguste Angellier a Ă©galement Ă©tĂ© installĂ© dans la ville de Boulogne-sur-Mer, au centre d'une fontaine.
  • Un lycĂ©e public de Dunkerque porte le nom d'Auguste Angellier, de mĂŞme qu'un collège public de Boulogne-sur-Mer.
  • Un ouvrage de Jean-Louis Vallas : Auguste Angellier par ses amis, Ă©d. Messein, 1938
  • Longue biographie d'Auguste Angellier in Jean-Pierre Mouchon, Dictionnaire bio-bibliographique des anglicistes et assimilĂ©s (Terra Beata, 45, bd. Notre-Dame, 13006 - Marseille. CD-Rom, 2010).
  • Un ouvrage de Michèle Mouret-Rougier (Angellier, l'amie perdue) Ă  partir des lettres codĂ©es Ă©changĂ©es avec ThĂ©rèse Fontaine (conservĂ©es Ă  la bibliothèque de Boulogne-sur-mer)[4].

Notes et références

  1. La Voix du Nord, 20 mars 2016
  2. Cimetières de France et d'ailleurs
  3. Le manuscrit (ou une copie) se trouve dans les Archives d'État de Fribourg (Staatsarchiv - Freiburg) sous la cote :: CH AEF Société cantonale des chanteurs fribourgeois 298.
  4. La Voix du Nord 20 mars 2016 (Anne-Sophie Hache)

Annexes

Bibliographie

  • Jean-Louis Vallas, Auguste Angellier par ses amis, Paris, Ă©ditions A. Messein, 1938 (lire en ligne).
  • Floris Delattre, La PersonnalitĂ© d'Auguste Angellier, publications de la facultĂ© des lettres de l'universitĂ© de Lille, 4 et 7), Paris, Vrin, deux volumes, 1939-1944.

Articles connexes

Liens externes

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