At-Tur (sourate)
At-Tur (arabe : ۧÙŰ·Ù۱, français : La Montagne) est le nom traditionnellement donnĂ© Ă la 52e sourate du Coran, le livre sacrĂ© de l'islam. Elle comporte 49 versets. RĂ©digĂ©e en arabe comme l'ensemble de l'Ćuvre religieuse, elle fut proclamĂ©e, selon la tradition musulmane, durant la pĂ©riode mecquoise.
52e sourate du Coran La Montagne | |
Le Coran, livre sacré de l'islam. | |
Informations sur cette sourate | |
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Titre original | ۧÙŰ·Ù۱, At-Tur |
Titre français | La Montagne |
Ordre traditionnel | 52e sourate |
Ordre chronologique | 76e sourate |
PĂ©riode de proclamation | PĂ©riode mecquoise |
Nombre de versets (ayat) | 49 |
Ordre traditionnel | |
Ordre chronologique | |
Origine du nom
Bien que le titre ne fasse pas directement partie du texte coranique[1], la tradition musulmane a donné comme nom à cette sourate La Montagne[2], en référence à la montagne qui est mentionnée au premier verset de cette sourate : le mont Sinaï.
Historique
Il n'existe Ă ce jour pas de sources ou documents historiques permettant de s'assurer de l'ordre chronologique des sourates du Coran. NĂ©anmoins selon une chronologie musulmane attribuĂ©e Ă ÇŠaÊżfar al-áčąÄdiq (VIIIe siĂšcle) et largement diffusĂ©e en 1924 sous lâautoritĂ© dâal-Azhar[3] - [4], cette sourate occupe la 76e place. Elle aurait Ă©tĂ© proclamĂ©e pendant la pĂ©riode mecquoise, c'est-Ă -dire schĂ©matiquement durant la premiĂšre partie de l'histoire de Mahomet avant de quitter La Mecque[5]. ContestĂ©e dĂšs le XIXe par des recherches universitaires[6], cette chronologie a Ă©tĂ© revue par Nöldeke[7] - [8], pour qui cette sourate est la 40e.
« Les chercheurs sâaccordent pour considĂ©rer cette sourate comme un assemblage de textes diffĂ©rents ». Si BlachĂšre y voit trois ensembles, Nöldeke[Note 1], Schwally, puis Bell remarquent des interpolations ou des versets rĂ©Ă©crits[9].
Interprétations
Versets 17-28 : récompenses du Paradis
Ce passage se construit en opposition avec les versets prĂ©cĂ©dents Ă©voquant le chĂątiment de lâEnfer (Jahannam). Il sâinscrit dans un ensemble de pĂ©ricopes coraniques qui dĂ©crivent de maniĂšre similaire le Paradis (Jannah). Cette description « trĂšs matĂ©rielle » y prĂ©sente les pieux y mangeant, accoudĂ©s sur des lits[9].
Le verset 20 est un des quatre passages coraniques Ă©voquant les houris du paradis, interprĂ©tĂ©s par les musulmans comme des vierges Ă la peau blanche et aux grands yeux. Cette interprĂ©tation a interrogĂ© les chercheurs, tant par lâapparente contradiction avec lâĂ©vocation coranique que les hommes seront rĂ©unis Ă leurs femmes, que par lâabsence de cette thĂ©matique dans les littĂ©ratures juives et chrĂ©tiennes[9].
Selon les orientalistes anciens, ces houris auraient une origine persane et zoroastrienne. Selon Jeffery, le terme viendrait, en effet, du pahlavi (aussi appelĂ© moyen perse) via certaines communautĂ©s chrĂ©tiennes de langue aramĂ©enne. Au dĂ©but des annĂ©es 1930, Tor Andrae propose dây voir une origine chrĂ©tienne en faisant la comparaison entre le texte coranique et lâHymne sur le Paradis dâĂphrem de Nisibe. En 2000, Luxenberg reactualisa cette thĂšse en supposant une lecture fausse du rasm coranique lors de lâajout des diacritiques. Cette thĂšse fut largement dĂ©battue, critiquĂ©e, entre autres, par Wild[9].
Van Reeth, au lieu de rejeter en bloc lâapproche de Luxenberg, considĂ©ra quâau lieu dâun « raisonnement assez compliquĂ© », le lien entre les houris et la grappe de raisins paradisiaque pouvait venir dâun logion apocryphe attribuĂ© Ă JĂ©sus et dâune mauvaise lecture de lâĂ©criture arabe ancienne[9].
Si le verset 21 est reconnu comme une interpolation depuis le dĂ©but du XXe siĂšcle, une description des bienfaits matĂ©riels du Coran se poursuit au verset 22. De mĂȘme, lâĂ©vocation des Ă©phĂšbes au verset 24 a Ă©tĂ© retraduite par Luxenberg qui y voit une expression syriaque, « enfant de la vigne », Ă©voquant les fruits[9].
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- P. Neuenkirchen, "Sourate 52", Le Coran des Historiens, t.2b, 2019, 1573 et suiv.
- R. Paret, Der Koran. Kommentar und konkordanz, 1980[Note 2].
Liens externes
- Texte de la sourate 52 en français, d'aprĂšs la traduction de Claude-Ătienne Savary de 1783.
Notes et références
Notes
- Les islamologues ont utilisĂ© plusieurs approches pour tenter de dater les diffĂ©rentes sourates du Coran. Paret et Neuwirth appartiennent Ă lâ« Ă©cole allemande » qui, Ă la suite de Nöldeke, sâappuie sur la chronologie traditionnelle et sur un rĂ©cit « laĂŻcisĂ© » des traditions musulmanes. Autrefois dominant dans les Ă©tudes islamologiques, ce paradigme nöldekien n'est plus qu'« en partie prĂ©sent ». Les auteurs du Coran des historiens appartiennent davantage Ă lâautre courant (dit « sceptique ») qui prend davantage en compte une critique des sources traditionnelles. Voir : Historiographie de l'islam et du Coran
- En 2019, seuls deux ouvrages peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme des commentaires scientifiques et continus du texte coranique. Il s'agit du Commentary on the Qur'an de Richard Bell publiĂ© en 1991 (aujourd'hui datĂ©) et du Coran des historiens publiĂ© en 2019. L'ouvrage de Paret s'inscrit, avec ceux de BlachĂšre, Khoury et Reynolds, dans un ensemble de traduction avec apparat critique. Voir : Sourate
Références
- (en) « Le Coran - Bibliowiki », sur biblio.wiki (consulté le )
- (en) « Le Coran/Sourate 52 : At-Tur - Bibliowiki », sur biblio.wiki (consulté le )
- G.S. Reynolds, « Le problÚme de la chronologie du Coran », Arabica 58, 2011, p. 477-502.
- R. BlachĂšre, Introduction au Coran, p. 244.
- R. BlachĂšre, Le Coran, 1966, p. 103.
- M. Azaiez, « Chronologie de la Révélation »
- G. Dye « Le Coran et son contexte Remarques sur un ouvrage récent », Oriens Christianus no 95, 2011, p. 247-270.
- E. Stefanidis, « The Qur'an Made Linear: A Study of the Geschichte des Qorùns' Chronological Reordering », Journal of Qur'anic Studies, X, II, 2008, p. 13.
- P. Neuenkirchen, "Sourate 52", Le Coran des Historiens, t.2b, 2019, 1573 et suiv.