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Association Valentin HaĂĽy au service des aveugles et des malvoyants

L’Association Valentin HaĂĽy au service des aveugles et des malvoyants (HaĂĽy se prononce « A-U-I »), crĂ©Ă©e en 1889 par Maurice de La Sizeranne et reconnue d’utilitĂ© publique en 1891[1], est une association qui a pour vocation d’aider les aveugles et les malvoyants Ă  sortir de leur isolement, et de leur apporter les moyens de mener une vie normale. L’action de l’association s’appuie sur près de 3 300 bĂ©nĂ©voles, dont environ 2 900 en rĂ©gions, et 474 salariĂ©s, voyants ou handicapĂ©s visuels.

Association Valentin HaĂĽy
au service des aveugles
et des malvoyants
Avec les aveugles et les malvoyants – Agir pour l’autonomie
Histoire
Fondation
Cadre
Type
Forme juridique
Association reconnue d'utilité publique en France
Domaines d'activité
Handicap visuel, accueil ou accompagnement sans hébergement d’adultes handicapés ou de personnes âgées
Financement
Objectif
Agir pour l’autonomie des personnes aveugles ou malvoyantes
Siège
Paris (5, rue Duroc, 75343)
Pays
Coordonnées
48° 50′ 52″ N, 2° 18′ 50″ E
Organisation
Effectif
343
Fondateur
Président
Sylvain Nivard (d) (depuis )
Vice-président
Louis Le Mière, Laurence de Roquefeuil, Dominique de Garam
Secrétaire général
Bruno Grêlé (d) (depuis )
Trésorier
Alain Bourdelat
Publication
Site web
Carte

Histoire

Jusqu'au XVIIIe siècle

Jusqu'au XVIIIe siècle, l’histoire des aveugles[2] se confond avec celle de tous les autres exclus. Les moins favorisés mendient ou vivent d’expédients.

C’est la publication par Diderot, le 9 juin 1749, de sa Lettre sur les aveugles à l’usage de ceux qui voient, ouvrage évoquant notamment le mathématicien aveugle Nicholas Saunderson, qui va changer l’image des aveugles dans la société.

Et ce n’est que 36 ans plus tard, en 1785, que la première école pour aveugles est fondée[3] par Valentin Haüy (1745-1822).

La première école pour aveugles

Valentin HaĂĽy sur la fontaine du puits de Grenelle, place Georges-Mulot Ă  Paris.

Valentin Haüy, homme de lettres pratiquant outre le latin, le grec et l’hébreu, une dizaine de langues vivantes, s’intéresse d’abord en curieux au sort des personnes aveugles et, à la suite de Diderot, à leur « psychologie ». En 1771, choqué à la vue d’un triste spectacle mettant en scène des aveugles à la Foire Saint-Ovide[4], il se passionne pour l’éducation des aveugles et ambitionne de leur apprendre à lire.

Dans cette intention, il fait réaliser des caractères spéciaux en relief et mobiles et, en 1784, entreprend avec succès d’instruire un jeune homme aveugle. À la demande de la Société Philanthropique, il prend en charge d’autres jeunes gens aveugles, garçons et filles. L’Institution des Enfants Aveugles est née.

Nationalisée en 1791 par l’Assemblée constituante[5], puis rattachée en 1800 à l’hospice des Quinze-Vingts, l’école reprend son autonomie sous la Restauration, en 1815, sous le nom d’Institution royale des jeunes aveugles.

C’est dans cette institution que Louis Braille[6] (1809-1852), alors jeune aveugle de 10 ans, entre comme élève en 1819[7] et y apprend à lire au moyen des caractères en relief imaginés par Valentin Haüy.

En 1821, Charles Barbier de La Serre[8] - [9], ancien capitaine d’artillerie passionné d’écriture rapide, vient présenter son système d’écriture nocturne à l’Institution royale des jeunes aveugles. Louis Braille se passionne pour le système ingénieux de points en reliefs inventé par Barbier, mais qui présente l’inconvénient de ne transcrire que les sons, supprimant l’orthographe, la grammaire, la ponctuation et ignorant les chiffres. Entreprenant ses propres recherches sur cette base, Louis Braille met alors au point, à l’âge de 16 ans, le système d’écriture qui porte son nom : le braille. Celui-ci fera l’objet en 1829 d’une première publication : Procédé pour écrire les paroles, la musique et le plain-chant au moyen de points à l’usage des aveugles et disposés pour eux.

Nommé professeur en 1828, Louis Braille poursuivra ses travaux et ses recherches au sein de l’Institution, où il meurt à l’âge de 43 ans, en 1852.

Création de l’Association Valentin Haüy

Quelque quinze années plus tard, l’Institution, installée depuis 1844 dans le bâtiment qu’elle occupe encore aujourd’hui boulevard des Invalides à Paris, et devenue en 1848 l’Institut national des jeunes aveugles (INJA), accueille un nouvel élève, Maurice de La Sizeranne (1857-1924), devenu aveugle par accident à l’âge de 9 ans. À la fin de ses études, en 1878, il est nommé professeur de musique à l’INJA. Passionné par le développement du système braille, et notamment par la création d’une nouvelle méthode abréviative de l’écriture braille, il renonce à toute activité professionnelle dès 1880, pour se consacrer entièrement à la cause des aveugles. Il crée des journaux et des revues en braille, dont le Louis Braille et le Valentin Haüy, il crée en 1886 une bibliothèque braille et la « bibliothèque Valentin-Haüy », constituée d’abord de sa bibliothèque personnelle.

En 1889, il fonde l’Association Valentin Haüy pour le bien des aveugles[10], dont il assumera les fonctions de secrétaire général pendant trente-cinq ans, jusqu’à sa mort en 1924.

Organisation

L’Association Valentin Haüy (AVH) est une association loi de 1901[11] - [12]. À ce titre, elle est organisée autour d’une assemblée générale, d’un conseil d’administration et d’un président assisté d’un bureau.

L’AVH est une association de bénévoles. Son fondateur, Maurice de La Sizeranne, a tenu à inscrire dans les statuts de l’association[13] l’obligation de la parité entre personnes voyantes et personnes déficientes visuelles au sein de ses instances dirigeantes, parité qui s’est révélée source de créativité et d’efficience. Au conseil d’administration comme au bureau de l’association, le nombre de déficients visuels est au moins égal à celui des voyants. Un grand nombre de handicapés visuels travaillent également, comme bénévoles ou salariés, au sein de l’association.

L’Association Valentin Haüy est membre du Comité de la Charte[14], organisme français indépendant de contrôle des associations et fondations qui sont agréées comme membres du Comité et qui acceptent de se soumettre à son contrôle. Le Comité de la Charte s’assure de la transparence de l’usage des dons et legs dont les associations et fondations membres sont bénéficiaires, et le respect par chacun de ses membres d’une charte de déontologie commune. Le Comité de la Charte contrôle en particulier la qualité de la communication de ses membres en s’assurant notamment de la règle qui stipule que « toute information donnée au public doit être fiable, loyale, précise et objective[15]. »

Activités

L’action de l’AVH s’appuie sur près de 3 300 bĂ©nĂ©voles, dont environ 2 900 en rĂ©gions, 474 salariĂ©s, voyants ou handicapĂ©s visuels, ainsi que sur une quarantaine de salariĂ©s d'entreprises intervenant dans le cadre du mĂ©cĂ©nat de compĂ©tences ; les ESAT de l'association emploient en outre 150 travailleurs handicapĂ©s (qui n'ont pas le statut de salariĂ©)[16].

Ses très nombreuses activités[17], développées depuis plus d’un siècle grâce à la générosité de ses donateurs, se répartissent en cinq grands domaines :

Activités du siège

Le siège en 1909.
Le siège en 2017.

Le siège, situé n°9 rue Duroc à Paris, pilote l’ensemble des services proposés par l’association et abrite :

  • un service d’action sociale ayant pour mission d’aider, conseiller et orienter les personnes dĂ©ficientes visuelles. Ce service bĂ©nĂ©ficie du concours d’assistantes sociales, d’une conseillère en Ă©conomie sociale et familiale, d’une psychologue, de juristes
  • une mĂ©diathèque[18] - [19] qui prĂŞte gratuitement aux personnes aveugles ou malvoyantes[20] :
    • 20 000 livres audio (ou livres sonores) au format DAISY disponibles sur CD et en tĂ©lĂ©chargement dans le cadre du service Éole[21] (Ă©galement accessible aux handicapĂ©s moteurs ou mentaux)
    • 20 000 livres en braille papier intĂ©gral et abrĂ©gĂ© (200 000 volumes, ce qui reprĂ©sente le plus important fonds braille francophone du monde)
    • 1 100 livres en braille numĂ©rique
    • 10 000 partitions en braille musical
    • 160 films en audiodescription
    • 2 500 ouvrages en gros caractères.

Les services sont offerts soit sur place, soit à distance par téléphone ou internet.

En plus du prêt de documents, la médiathèque propose des animations autour du livre et des services personnalisés de recherches bibliographiques et d’aide à la recherche documentaire. Les visiteurs disposent d’ordinateurs adaptés, de lecteurs Daisy, de machines à lire, de téléagrandisseurs.

  • un service d’enseignement du braille par correspondance
  • un service de vente de matĂ©riels adaptĂ©s[22], testĂ©s et souvent subventionnĂ©s par l’association, vendus sur Internet, par correspondance ou en boutique
  • un centre d’enregistrement permettant d’une part la production de livres audio (ou livres sonores) au format Daisy, d’autre part de films enregistrĂ©s avec le procĂ©dĂ© audiovision[23] (procĂ©dĂ© consistant Ă  introduire des commentaires concis entre les dialogues pour dĂ©crire aussi bien le contenu des images que le dĂ©roulement de l'action),
  • un centre d’évaluation et de recherche sur les technologies pour les aveugles et les malvoyants, le CERTAM[24]
  • une imprimerie braille et gros caractères intĂ©grĂ©e depuis 1910, proposant des transcriptions et adaptations de livres (romans et livres pour enfants), de partitions de musique en braille et/ou en noir, de plans en reliefs, de revues et magazines grand public et Ă©ditĂ©s par l'association disponibles sur abonnements, ainsi que des prestations de certifications et corrections de contenus en braille. Ce service est historiquement accessible aux bĂ©nĂ©ficiaires dĂ©ficients visuels, aux administrations et services publics, aux petites et grandes entreprises.
  • un pĂ´le central accessibilitĂ©[25] travaillant en relation avec les pouvoirs publics, d’autres associations de dĂ©ficients visuels, les professionnels du bâtiment, les entreprises de transport, pour faire en sorte de rendre utilisables par les personnes aveugles et malvoyantes les Ă©lĂ©ments de leur environnement : voirie, transports, Ă©quipements collectifs, logement, commerces….

Activités des comités régionaux et locaux

Implantés dans 57 départements métropolitains ainsi qu'à La Réunion et en Nouvelle-Calédonie, les 109 comités régionaux et locaux proposent aux personnes déficientes visuelles des services de proximité : accueil, conseils, orientation, bibliothèque sonore, activités culturelles, sportives (telles le cécifoot) et de loisir. En fonction de la taille du comité, des services complémentaires sont proposés, tels que des cours de braille, des cours d'informatique adaptée, des séjours de vacances.

Les comités agissent au plan local auprès des instances chargées des questions relatives au handicap, en particulier dans le cadre des maisons départementales des personnes handicapées (MDPH).

Activités des établissements

Le premier établissement de l’Association Valentin Haüy - « l’Institut Valentin-Haüy de Chilly-Mazarin » - fut fondé en 1900 par Maurice de La Sizeranne. Aujourd’hui l’AVH gère des établissements dédiés aux personnes déficientes visuelles dans divers secteurs d’activité : emploi, formation professionnelle, hébergement, accompagnement à la vie sociale :

  • l’ESAT Witkowska, situĂ© Ă  Sainte-Foy-lès-Lyon, dans le RhĂ´ne (69)
  • l’ESAT & foyer d'Escolore, situĂ© Ă  Égliseneuve-près-Billom, dans le Puy-de-DĂ´me (63)
  • l’Entreprise adaptĂ©e (ex Atelier protĂ©gĂ©) de La Villette, situĂ©e Ă  Paris 19e
  • le Centre de distribution de travail Ă  domicile (CDTD) Frère Francès, entreprise adaptĂ©e situĂ©e Ă  Nantes, en Loire Atlantique (44)
  • le Centre de formation et de rĂ©Ă©ducation professionnelle (CFRP), situĂ© Ă  Paris 7e
  • l’Institut mĂ©dico-professionnel (Impro) de Chilly-Mazarin, dans l'Essonne (91)
  • le Centre rĂ©sidentiel Valentin-HaĂĽy, situĂ© Ă  Paris 19e, regroupant deux rĂ©sidences pour personnes dĂ©ficientes visuelles :
    • une rĂ©sidence-services pour personnes âgĂ©es
    • une rĂ©sidence-services pour Ă©tudiants et jeunes travailleurs
  • le Service d’accompagnement Ă  la vie sociale pour dĂ©ficients visuels (SAVS-DV), situĂ© Ă  Paris 14e, qui a pour objet contribuer Ă  la rĂ©alisation du projet de vie de personnes adultes dĂ©ficientes visuelles

Soutien à l’innovation et à la recherche en ophtalmologie

C’est à travers la fondation Valentin Haüy créée en 2012[26] qu’est désormais effectué le soutien à l’innovation et à la recherche en ophtalmologie.

En partenariat avec l’association Retina France[27], la fondation Valentin Haüy soutient notamment les recherches menées par l'équipe du Pr Christian Hamel au CHRU de Montpellier dans le domaine de la physiopathologie des dystrophies vitelliformes de la rétine[28] ainsi que celles menées par l'équipe du Pr Dominique Bonneau au CHRU d’Angers dans le domaine des neuropathies optiques héréditaires[29].

Aide aux déficients visuels de pays en développement

La solidarité internationale de l’association se manifeste surtout en Afrique francophone. Différentes actions (don de matériel informatique adapté, formation de formateurs aveugles, constitution de bibliothèques braille et sonore…) sont entreprises chaque année pour apporter une aide aux déficients visuels de ces pays où les besoins sont immenses.

Présidents et secrétaires généraux de l'AVH

Bien que ce ne soit pas prévu par les statuts, traditionnellement, depuis la création de l’association, le président est voyant et le secrétaire général est aveugle.

Liste des présidents

Liste des secrétaires généraux

  • 1889-1924 : Maurice de La Sizeranne
  • 1924-1933 : Pierre Villey
  • 1933-1964 : Lieutenant Louis Renaux
  • 1964-1980 : Pierre Schneider-Maunoury
  • 1980-1987 : Michel Jacquin
  • 1987-1997 : Louis Ciccone
  • 1997-2000 : Jean DĂ©sormeaux
  • 2000-2009 : Françoise Madray-Lesigne
  • 2009-2013 : Jean-Marie Cierco
  • 2013-2018 : Bernard Serre
  • 2018-2019 : Pierre Duchet-Suchaux
  • Depuis 2019 : Pierre Tricot

Notes et références

  1. décret du 1er décembre 1891 - Bulletin des lois de la République française partie supplémentaire n° 2416 folio 1983 N° 37673
  2. Zina Weygand, op. cit., p. 22–80
  3. Zina Weygand, op. cit., p. 120
  4. Zina Weygand, op. cit., p. 111–113
  5. cf. histoire de l’INJA sur le site officiel de l’Institut national des jeunes aveugles
  6. C. Michael Mellor, op. cit.
  7. Zina Weygand, op. cit., p. 335
  8. Zina Weygand, op. cit., p. 327–334
  9. C. Michael Mellor, op. cit., p. 56–57
  10. L’association prendra son nom actuel « Association Valentin Haüy au service des aveugles et des malvoyants » en 2006
  11. Statuts de l’association et arrêté ministériel du 5 décembre 2006 approuvant leur modification
  12. Arrêté du 5 décembre 2006 et rectificatif du 20 janvier 2007
  13. Statuts de l’Association Valentin Haüy
  14. Liste des organisations agréées par le Comité de la Charte
  15. cf. points de contrôle du Comité de la Charte
  16. Ciffres clés 2015 sur www.avh.asso.fr
  17. Source principale : Association Valentin Haüy, étant précisé que le Comité de la Charte contrôle que toute information donnée au public est « fiable, loyale, précise et objective » cf. points de contrôle du Comité de la Charte
  18. Visite guidée de la médiathèque Valentin-Haüy Lemonde.fr du 11 février 2009
  19. Une médiathèque unique au monde pour les malvoyants ouvre à Paris La Croix du 6 février 2009
  20. Catalogue de la médiathèque Valentin Haüy
  21. Éole bibliothèque numérique pour publics empêchés d’accéder aux livres imprimés
  22. Service du matériel spécialisé de l’Association Valentin Haüy
  23. Les aveugles "écoutent" la télévision Lacroix.fr du 10 juin 2005
  24. Site du CERTAM (Centre d’Évaluation et de Recherche sur les Technologies pour les Aveugles et les Malvoyants)
  25. Nouvelle organisation du pôle accessibilité de l'Association Valentin Haüy
  26. Association Valentin HaĂĽy et sa fondation
  27. Site de Retina France
  28. l'Ă©quipe du Pr Christian Hamel au CHRU de Montpellier sur le site de la fondation Valentin HaĂĽy
  29. L'équipe du Pr Dominique Bonneau au CHRU d’Angers sur le site de la fondation Valentin Haüy

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

Liens externes

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