Arbre brownien
En thĂ©orie des probabilitĂ©s, l'arbre brownien, ou l'arbre alĂ©atoire continu brownien, ou encore arbre d'Aldous, est un cas particulier d'arbre rĂ©el alĂ©atoire qui peut ĂȘtre dĂ©fini Ă partir d'une excursion d'un mouvement brownien. L'arbre brownien a Ă©tĂ© dĂ©fini et Ă©tudiĂ© mathĂ©matiquement par David Aldous dans une sĂ©rie de trois articles parus en 1991 et 1993. Son nom anglais est Brownian continuum random tree, abrĂ©gĂ© en Brownian CRT ou CRT ou mĂȘme Aldous' CRT[1]. Cet arbre a depuis Ă©tĂ© gĂ©nĂ©ralisĂ© et des propriĂ©tĂ©s fines ont Ă©tĂ© obtenues.
Cet arbre aléatoire possÚde plusieurs définitions et modes de construction équivalents[2] : en utilisant les sous-arbres engendrés par un nombre fini de feuilles, en utilisant une excursion brownienne, par la séparation poissonienne d'une droite ou comme limite d'arbres de Galton-Watson.
Intuitivement, l'arbre brownien est un arbre binaire dont les nĆuds (ou points de branchement) sont denses dans l'arbre ; c'est-Ă -dire qu'entre deux points choisis sur l'arbre, il existera toujours un nĆud entre les deux points. C'est un objet fractal qui peut avoir une reprĂ©sentation approchĂ©e par des programmes informatiques[3] ou par des processus physiques qui obtiennent des structures dendritiques
DĂ©finitions
Les dĂ©finitions suivantes sont diffĂ©rentes caractĂ©risations d'un arbre brownien, elles sont issues des trois articles pionniers d'Aldous[4] - [5] - [6]. Les notions de feuilles, nĆuds, branches, racines sont les notions intuitives sur un arbre. Pour des explications plus prĂ©cises, voir ces dĂ©finitions pour un arbre rĂ©el.
Lois finies dimensionnelles
Cette définition donne les lois finies dimensionnelles des sous-arbres engendrés par un nombre fini de feuilles.
On se place dans l'espace des arbres binaires finis possĂ©dant feuilles numĂ©rotĂ©es de 1 Ă , ces arbres possĂšdent donc arĂȘtes dont les longueurs sont donnĂ©es par des rĂ©els positifs . Un arbre est alors dĂ©fini par sa forme (c'est-Ă -dire l'ordre de ces nĆuds) et les longueurs de ces arĂȘtes. On dĂ©finit une loi de probabilitĂ© d'une variable alĂ©atoire sur cet espace par :
oĂč . C'est-Ă -dire que la loi ne dĂ©pend pas de la forme de l'arbre mais que de la somme totale des longueurs des arĂȘtes.
DĂ©finition â Notons est un espace mĂ©trique ayant la propriĂ©tĂ© d'arbre, c'est-Ă -dire tel qu'il existe un unique chemin entre deux points de , on munit d'une mesure de probabilitĂ© . Si le sous-arbre de engendrĂ© par points, choisis alĂ©atoirement par , a la loi , alors est appelĂ© l'arbre brownien.
C'est-à -dire que l'arbre brownien est défini à partir des lois de tous les sous-arbres finis que l'on peut générer.
Arbre continu
L'arbre brownien est un arbre réel défini comme à l'aide d'une excursion brownienne (c'est la Caractérisation 4 de l'article wikipedia arbre réel)
Notons , une excursion brownienne normalisĂ©e, c'est-Ă -dire conditionnĂ©e Ă ĂȘtre de longueur 1. On dĂ©finit une pseudo-distance sur le support de cette excursion par
- pour tout
On définit alors une relation d'équivalence, notée ; sur qui permet d'identifier les points tels que .
est alors une distance sur l'espace quotient .
DĂ©finition â L'espace mĂ©trique est appelĂ© arbre brownien.
Il est en fait plus courant de considérer l'excursion plutÎt que .
Fragmentation poissonienne d'une droite
Ce terme est issu du terme anglais Poisson line-breaking ou stick-breaking construction.
On considÚre un processus de Poisson non homogÚne N d'intensité . C'est-à -dire que, pour tout , est une variable de Poisson de paramÚtre . Si on note les points générés par ce processus de Poisson, les longueurs des intervalles ont une loi exponentielle qui décroit avec . On effectue alors la construction suivante :
- (initialisation) A la premiÚre étape, on choisit un point aléatoire de Loi uniforme continue sur le segment , et le segment est « collé » au point . Le collage s'effectue mathématiquement par la définition d'une nouvelle distance. à la fin de cette étape, on obtient un arbre contenant une racine (le point 0), deux feuilles ( et ) ainsi qu'un point de branchement binaire (le point ).
- (itération) A l'étape k, le segment est collé à l'arbre , construit à l'étape k-1, en un point choisi uniformément sur .
DĂ©finition â La fermeture , muni de la distance construite par l'algorithme prĂ©cĂ©dent, est appelĂ© l'arbre brownien.
L'algorithme est utilisé pour simuler l'arbre brownien informatiquement.
Limite d'arbres de Galton-Watson
(voir la section Convergence des arbres de Galton-Watson)
On considĂšre , un arbre de Galton-Watson dont la loi de reproduction est de variance finie non nulle et conditionnĂ© Ă avoir nĆuds. On note cet arbre lorsque la longueur des arĂȘtes est divisĂ©e par , c'est-Ă -dire que chaque arĂȘte est de longueur . Construction peut se formaliser en considĂ©rant l'arbre de Galton-Watson comme un espace mĂ©trique (ou arbre rĂ©el) ou en utilisant les processus de contour (ou des hauteurs) et en les renormalisant (voir la formule).
DĂ©finition â Il existe une limite en loi de vers un arbre rĂ©el alĂ©atoire que l'on appelle l'arbre brownien
La limite en loi utilisée ici est la convergence en loi des processus stochastiques dans l'espace de Skorokhod (pour une caractérisation par les processus de contour) ou la convergence en loi définie à partir de la distance de Hausdorff (pour une caractérisation en espace métrique).
Références
- (en) Jean-François Le Gall, Spatial branching processes, random snakes, and partial differential equations, Basel ; Boston : BirkhĂ€user, Lectures in mathematics ETH ZĂŒrich., , 162 + viii (lire en ligne)
- David Aldous, « The continuum random tree » (consulté le )
- Grégory Miermont, « Une simulation de l'arbre continu aléatoire brownien » (consulté le )
- (en) David Aldous, « The Continuum Random Tree. I », The Annals of Probability, vol. 19, no 1,â , p. 1-28 (lire en ligne)
- (en) David Aldous, « The Continuum Random Tree II: an overview », Proc. Durham Symp. Stochastic Analysis,â , p. 23-70 (lire en ligne)
- (en) David Aldous, « The Continuum Random Tree. III », The Annals of Probability, vol. 21, no 1,â , p. 248-289 (lire en ligne)