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Arabe égyptien (cheval)

L’Arabe égyptien est une lignée du cheval Arabe propre à l'Égypte, particulièrement réputée. Ces chevaux proviennent surtout de l'élevage sélectif entamé par Abbas Ier Hilmi en 1848, et poursuivi jusqu'à nos jours au haras d'El Zahraa. L'Arabe égyptien se distingue par un profil de tête très concave et un port de queue très relevé.

Arabe égyptien
Jument Arabe égyptien de robe grise au Kentucky Horse Park en 2010
Jument Arabe égyptien de robe grise au Kentucky Horse Park en 2010
Région d’origine
Région Drapeau de l'Égypte Égypte
Caractéristiques
Morphologie Cheval oriental
Taille 1,44 m à 1,54 m environ
Tête Profil concave
Autre
Utilisation Courses, selle et shows principalement

Histoire

relief montrant deux chevaux de couleur brune devant un char, avec des hommes.
Relief représentant les chars de l'armée d'Horemheb, XVIIIe dynastie égyptienne, à Saqqarah.

Bien que quelques auteurs greco-romains, dont Strabon, citent de rares exportations de chevaux depuis l'Égypte[1], l'origine du cheval Arabe en Égypte remonterait à une fourchette située entre le IVe siècle et le VIIIe siècle, par importation depuis les steppes arides de la péninsule arabique voisine[2]. Durant son règne de 1848 à 1854, Abbas Ier Hilmi importe des chevaux de bédouins arabes depuis la péninsule arabique : une rumeur veut qu'il ait payé 7 000 livres d'or pour une jument Jellabieh, et 11 000 livres pour une jument de lignée Saklawi, qu'il importe dans son haras particulier à Dar El Beïda[3]. Après sa mort, son successeur Mohamed Saïd Pacha vend ces chevaux aux enchères publiques et abandonne le haras[3]. Ali Pacha Shérif rachète certains des meilleurs chevaux pour son haras de Sheikh Obeyd, repris après sa mort en 1897 par l'Anglaise Anne Blunt, qui préserve ces lignées[3].

La Royal Agricultural Society d'Égypte, sous la houlette du prince Kamal ed Din Hussein, gère la préservation de ces lignées au début du XXe siècle[4]. En 1908, le centre d'élevage d'El Zahraa est créé, et devient rapidement incontournable, de même que l'élevage privé du prince Mohammed Ali[4]. El Zahraa souffre des conséquences de la Seconde Guerre mondiale, mais reprend ensuite son essor[4]. Le célèbre Nazeer, exporté vers l'Allemagne, provient de cet élevage[4]. La popularité de l'Arabe égyptien à l'échelle mondiale découle indirectement de la situation critique de l'élevage local destiné à la remonte de cavalerie après la Seconde Guerre mondiale, ce qui incite le général Pettko von Szandter, un réfugié hongrois chargé de la jeune Organisation égyptienne de l'agriculture, à favoriser l'exportation des chevaux dits « purs égyptiens », en particulier vers les États-Unis[5]. En 1970, un groupe d'éleveurs américains crée la Pyramid Society, chargée de sélectionner un type « nouveau » d'Arabe égyptien, tout en conservant les qualités « ancestrales » de cette lignée[5].

D'après Philippe Barbié de Préaudau (1987), l'Égypte est « peut-être [le pays] où un élevage arabe de qualité a le mieux survécu »[4].

En 1993, entre 1 500 et 2 000 chevaux arabes sont recensés en Égypte[2].

Description

Jument Arabe égyptien, au modèle.

D'après le dictionnaire de CAB International, il toise en moyenne de 1,44 m à 1,54 m[6]. Le poids de naissance se situe entre 40 et 43 kg[2].

Tête d'un cheval dans des tons marron-bruns.
Portrait d'Imperial Baareg, étalon Arabe égyptien bai, montrant bien le profil de tête concave et la finesse du museau.

L'Égyptien présente une morphologie de cheval arabe typique, avec une croupe plate, un port de queue haut et un profil de tête concave[6]. Il présente des caractéristiques génétiques spécifiques qui le différencient des autres chevaux arabes, en termes notamment de morphologie de la tête[R 1]. Les chevaux du haras d'El Zahraa sont réputés pour leur profil de tête très concave (parfois qualifié d'« extrême »), leur port de queue très relevé, et leur grande « distinction »[4].

Robe

La robe est habituellement baie, alezane ou grise, une particularité de l'Arabe égyptien étant la possibilité de patrons de robe sabino[6].

Sélection

La base de données DAD-IS indique l'existence de trois familles de chevaux arabes en Égypte : Kuhailan, Saklawi et Hamdani[2]. L'élevage national est géré par l'Egyptian Agricultural Organization[4]. Il existe des sociétés de race et des stud-books d'Arabe égyptien séparés dans différents pays[6].

Santé

Modélisation dimensionnelle.
Relations de proximité génétique entre chevaux arabes par pays d'origine, d'après Cosgrove et al. (2020) : le pur égyptien est ici modélisé en points verts[R 2].

L'Arabe égyptien est touché par des problèmes de santé spécifiques, d'origine génétique. L’épilepsie idiopathique juvénile a été étudiée chez 22 poulains nés entre 1985 et 2005[7]. Le syndrome du poulain lavande, dû à une délétion de myosine, ne touche que les Arabe égyptiens[8] - [9]. La prévalence de l'herpès équin (EHVs) a également été analysée : sur une cohorte de 93 chevaux arabes recrutés au hasard en Égypte, 36.56% sont positifs[10].

Utilisations

Il est destiné principalement à la selle, que ce soit pour les sports équestres ou pour les loisirs[2], et aux courses de plat[6]. L'Arabe égyptien a influencé de nombreuses autres souches de chevaux, entre autres les Arabe espagnols[11].

Diffusion de l'élevage

L'élevage est concentré en Basse-Égypte et dans le delta du Nil, notamment autour du Caire, et dans la partie est du delta, vers Charkieh[4]. On trouve aussi des élevages en moyenne et Haute-Égypte[2]. Al Zahraa est le plus grand élevage de chevaux arabes au niveau mondial[12].

C'est pourtant aux États-Unis que se trouvent le plus grand nombre d'Arabe égyptiens, nommés Straight egyptians, portés par une association d'éleveurs très active[4]. Depuis sa création en 2007, le Dubai Arabian Horse Stud a acquis une bonne réputation d'éleveur d'Arabe égyptiens[13]. Après une interdiction de 8 ans, l'export des chevaux arabes depuis l'Égypte est de nouveau autorisé vers l'Europe[14] en , puis la Jordanie en [15], enfin vers le Koweit en [16]. Ces levées entraînent une forte augmentation des exportations, correspondant à la volonté du ministère de l'agriculture égyptien de devenir une plate-forme d'investissement dans le Pur-sang arabe[17]. Bien que le nombre d'Arabes égyptiens soit limité au niveau international, leur influence dans l'élevage mondial est importante[18].

Notes et références

Notes

Références

  1. Christian Robin et Saud Soliman Theyab, « Arabie antique : aux origines d'une passion » dans Digard 2002, p. 29-32.
  2. DAD-IS.
  3. Barbié de Préaudeau 2002, p. 156.
  4. Barbié de Préaudeau 2002, p. 188.
  5. Derry 2003, p. 123.
  6. Porter et al. 2016, p. 461.
  7. (en) Monica Aleman, Leah C. Gray, D. Colette Williams et Terrell A. Holliday, « Juvenile Idiopathic Epilepsy in Egyptian Arabian Foals: 22 Cases (1985–2005) », Journal of Veterinary Internal Medicine, vol. 20, no 6, , p. 1443–1449 (ISSN 1939-1676, DOI 10.1111/j.1939-1676.2006.tb00764.x, lire en ligne, consulté le ).
  8. (en) Douglas F. Antczak, Deborah Cook, Jason Mezey et Cassandra Streeter, « Whole-Genome SNP Association in the Horse: Identification of a Deletion in Myosin Va Responsible for Lavender Foal Syndrome », PLOS Genetics, vol. 6, no 4, , e1000909 (ISSN 1553-7404, PMID 20419149, PMCID PMC2855325, DOI 10.1371/journal.pgen.1000909, lire en ligne, consulté le ).
  9. (en) H. H. Fanelli, « Coat colour dilution lethal (‘lavender foal a’): syndrome tetany syndrome of Arabian foals », Equine Veterinary Education, vol. 17, no 5, , p. 260–263 (ISSN 2042-3292, DOI 10.1111/j.2042-3292.2005.tb00386.x, lire en ligne, consulté le )
  10. (en) Haitham M. Amer, « Prevalence of equine herpes viruses 1, 2 and 4 in Arabian horse population in Egypt », African Journal of Microbiology Research, vol. 5, no 27, (DOI 10.5897/AJMR11.421, lire en ligne, consulté le )
  11. (en) I. Cervantes, « Population history and genetic variability in the Spanish Arab Horse assessed via pedigree analysis », Livestock Science, (DOI 10.1016/j.livsci.2007.02.011, consulté le ).
  12. (en) M. H. Sadek, A. Z. Al‐Aboud et A. A. Ashmawy, « Factor analysis of body measurements in Arabian horses », Journal of Animal Breeding and Genetics, vol. 123, no 6, , p. 369–377 (ISSN 1439-0388, DOI 10.1111/j.1439-0388.2006.00618.x, lire en ligne, consulté le )
  13. (en) « Dubai Arabian Stud horses in DIAHC limelight », sur gulfnews.com (consulté le ).
  14. (en) « 40 Arabian horses exported to EU after 8-year ban », sur EgyptToday (consulté le )
  15. (en) « Egypt exports fine Arabian horses to Jordan after eight-year ban », sur en.royanews.tv (consulté le )
  16. (en) « Egypt to resume Arabian horses exportation to Kuwait », sur EgyptToday (consulté le )
  17. (en) Walaa Hussein, « Egypt's horse exports growing now that most bans are lifted », sur Al-Monitor, (consulté le )
  18. Barbié de Préaudeau 2002, p. 189.

Annexes

Articles connexes

Liens externes

  • (en) « Arabian / Egypt (Horse) », Domestic Animal Diversity Information System of the Food and Agriculture Organization of the United Nations (DAD-IS) (consulté le )

Bibliographie

  • [Barbié de Préaudeau 2002] Philippe Barbié de Préaudeau, Le Cheval arabe, Les éditions du Jaguar, , 2e éd., 224 p. (ISBN 2-86950-358-X)
  • [Cosgrove et al. 2020] (en) Elissa J. Cosgrove, Raheleh Sadeghi, Florencia Schlamp et Heather M. Holl, « Genome Diversity and the Origin of the Arabian Horse », Scientific Reports, vol. 10, no 1, , p. 1–13 (ISSN 2045-2322, DOI 10.1038/s41598-020-66232-1, lire en ligne, consulté le )
  • [Derry 2003] (en) Margaret Elsinor Derry, Bred for perfection : shorthorn cattle, collies, and arabian horses since 1800, Johns Hopkins University Press, (ISBN 0-8018-7344-4 et 978-0-8018-7344-7, OCLC 916524725, lire en ligne)
  • [Digard 2002] Institut du monde arabe et Jean-Pierre Digard (dir.), Chevaux et cavaliers arabes dans les arts d'Orient et d'Occident, Éditions Gallimard et IMA, , 304 p. (ISBN 2-07-011743-X)
  • [Culbertson 2014] (en) Cynthia Culbertson (photogr. Nasr Marei), The Arabian horse of Egypt, The American University in Cairo Press, , 160 p. (ISBN 978-977-41-6665-5 et 9774166655, OCLC 896856127, lire en ligne)
  • [Porter et al. 2016] (en) Valerie Porter, Lawrence Alderson, Stephen J. G. Hall et Dan Phillip Sponenberg, Mason's World Encyclopedia of Livestock Breeds and Breeding, CAB International, , 6e éd., 1 107 p. (ISBN 1-84593-466-0, OCLC 948839453)
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