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Approximation forte

L'approximation forte est une notion en probabilitĂ© thĂ©orique qui est apparue durant la seconde moitiĂ© du XXe siĂšcle, notamment aprĂšs le thĂ©orĂšme de Strassen de 1964. Les rĂ©sultats d'approximation forte permettent de crĂ©er des espaces de probabilitĂ© convenables sur lesquels les sommes partielles ou le processus empirique, vont ĂȘtre proches des objets (comme le mouvement brownien ou le pont brownien) vers lesquels ils convergent.

Principe

Le théorÚme de représentation de Skorokhod énonce qu'une suite de variables aléatoires converge en loi vers une variable aléatoire s'il existe un espace aléatoire sur lequel sont définies des copies et respectivement de et tels que la suite converge presque sûrement vers .

L'approximation forte consiste donc Ă  construire ces espaces de probabilitĂ©s sur lesquels les objets que l'on Ă©tudie, comme les sommes partielles ou le processus empirique (oĂč est la mesure empirique et la loi des variables supposĂ©es i.i.d.). vont ĂȘtre proches de leurs limites, comme le mouvement brownien ou le pont brownien. En outre de donner un moyen pratique d'Ă©tablir une convergence en loi, l'approximation forte donne une vitesse de convergence vers l'objet limite.

Approximation forte des sommes partielles

Soient des variables i.i.d. et la somme partielle de ces variables alĂ©atoires. En 1961, le thĂ©orĂšme de Skorokhod Ă©tablit qu'on peut Ă©crire en loi une somme partielle comme un mouvement brownien Ă©valuĂ© en des temps d'arrĂȘts.

À la suite de ce rĂ©sultat, le thĂ©orĂšme de Strassen apparaĂźt en 1964 et introduit pour la premiĂšre fois la notion d'approximation forte. Il Ă©tablit que sous la seule condition que les variables admettent un moment d'ordre deux, on peut approcher presque-sĂ»rement sur un espace de probabilitĂ© convenable la somme partielle par un mouvement brownien avec une borne en . Bien qu'il soit optimal et puissant, ce rĂ©sultat n'est pas suffisant pour dĂ©montrer des thĂ©orĂšmes comme le thĂ©orĂšme de Donsker.

En 1975-1976[1] - [2], les mathématiciens Komlós, Tusnådy et Major établissent que si la fonction génératrice des variables aléatoires est définie sur un voisinage de 0 alors on peut approcher presque-sûrement par un mouvement brownien avec une borne en . Ce résultat est connu comme le théorÚme d'approximation KMT. C'est un résultat optimal aussi bien par rapport à la borne d'approximation que par l'hypothÚse d'existence de la fonction génératrice au voisinage de 0.

Approximation forte du processus empirique

Approximation du processus empirique

Le premier résultat concernant l'approximation forte du processus empirique est dû à Brillinger en 1969[3]. Celui-ci établit que si est une suite de variables i.i.d. de loi uniforme sur alors il existe une suite de copies et une suite de ponts browniens tel que presque-sûrement

Dans leurs articles[1] - [2], Komlós, Tusnådy et Major ont établi que si est une suite de variables i.i.d. de loi uniforme sur alors il existe une suite de ponts browniens tel que presque-sûrement

oĂč sont des constantes universelles positives. Ce qui entraĂźne d'aprĂšs le lemme de Borel-Cantelli : presque-sĂ»rement,

L'approximation du processus empirique fourni par KMT est encore cette fois optimale.

Approximation du processus empirique par un processus de Kiefer

Jack Kiefer fut le premier mathĂ©maticien Ă  considĂ©rer le processus empirique comme un processus Ă  deux paramĂštres et que celui-ci devait par consĂ©quent ĂȘtre approchĂ© par un processus gaussien bidimensionnel. Il prouve notamment que si est une suite de variables i.i.d. de loi uniforme sur , il existe un processus de Kiefer vĂ©rifiant presque-sĂ»rement, [4]

Par la suite, le théorÚme KMT fournit une meilleure approximation du processus empirique par le processus de Kiefer : si est une suite de variables i.i.d. de loi uniforme sur alors il existe un processus de Kiefer tel que[5]

oĂč sont des constantes universelles positives. Ce qui entraĂźne d'aprĂšs le lemme de Borel-Cantelli : presque-sĂ»rement,

Approximation du processus empirique indexé par une classe de fonctions

Berthet et Mason ont généralisé en 2006[6] l'approximation forte du processus empirique indexé par une classe de fonctions soumises à des conditions d'entropie. On travaillera avec des variables i.i.d. de loi définies sur un espace de probabilité à valeurs dans un espace , avec une classe de fonctions incluses dans l'ensemble des fonctions mesurables de à valeurs réelles. On pose les hypothÚses suivantes :

HypothĂšse : ;

HypothÚse : est ponctuellement mesurable, i.e. il existe un sous-ensemble dénombrable tel que tout élément de puisse s'écrire comme limite d'une suite d'éléments de .

HypothĂšse VC : et une enveloppe de fonction de tel que

oĂč

  • le supremum est pris parmi toutes les mesures de probabilitĂ© de pour lesquelles ;
  • est le nombre de recouvrement de par des boules de rayon pour une distance .
  • est la semi-mĂ©trique avec une mesure de probabilitĂ© sur .

HypothĂšse BR : oĂč est l'entropie avec crochets de de rayon avec la distance , c'est-Ă -dire du log du nombre de recouvrement avec crochets avec les mĂȘmes paramĂštres.

Si vĂ©rifie les conditions , VC ou BR alors , il existe , une suite de rĂ©els strictement positifs et de limite nulle, des variables i.i.d. de loi et une suite indĂ©pendante de processus de -pont brownien dĂ©finis sur un mĂȘme espace de probabilitĂ© vĂ©rifiant

et

La deuxiĂšme relation provient de la premiĂšre en effectuant un raisonnement par blocs et en appliquant le lemme de Borel-Cantelli.

Remarques :

  • L'hypothĂšse est une condition sur l'existence d'une enveloppe de la classe de fonction, i.e. d'une fonction mesurable telle que ;
  • La seconde condition permet de s'assurer de la bonne dĂ©finition du processus limite ;
  • L'hypothĂšse VC n'est pas la dĂ©finition d'une classe VC mais une propriĂ©tĂ© vĂ©rifiĂ©e par les classes VC Ă  savoir que ce sont des classes polynomiales, c'est-Ă -dire que le recouvrement d'une classe VC est polynomiale en son rayon .

Références

  1. (en) J. Komlos, P. Major et G. Tusnady, « An approximation of partial sums of independent RV’-s, and the sample DF. I », Z. Wahrscheinlichkeitstheorie verw, no Gebiete 32,‎ , p. 211-226 (lire en ligne)
  2. (en) J. Komlos, P. Major et G. Tusnady, « An approximation of partial sums of independent RV'-s and the sample DF. II », Z. Wahrscheinlichkeitstheorie verw, no Gebiete 34,‎ , p. 33-58 (lire en ligne)
  3. (en) D. L. Brillinger, « An asymptotic representation of the sample distribution function », Bulletin of the American Mathematical Society, vol. 75,‎ , p. 545-547 (lire en ligne)
  4. (en) Jack Kiefer, « Skorohod Embedding of Multivariate RV's and the sample DF », Z. Wahrscheinlichkeitstheorie verw. Gebiete, vol. 24,‎ , p. 1-35
  5. (en) M. Csörgo et P. Révész, Strong approximations in probability and statistics
  6. (en) Philippe Berthet et David Mason, « Revisiting two strong approximation results of Dudley and Philipp », IMS Lecture Notes–Monograph Series High Dimensional Probability, vol. 51,‎ , p. 155-172 (lire en ligne)
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