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Aphrodite du Capitole

L’Aphrodite du Capitole (ou VĂ©nus capitoline) est un type statuaire de l'Ă©poque hellĂ©nistique reprĂ©sentant la dĂ©esse Aphrodite, dĂ©rivĂ© du type de l'Aphrodite de Cnide crĂ©Ă© par Praxitèle. L'un des meilleurs exemplaires est conservĂ© aux musĂ©es du Capitole, dans le Palais Neuf (Rome), dans une petite salle polygonale, d'oĂą son nom, sculpture en marbre de 193 cm, copie romaine d'un original grec du IIe siècle av. J.-C.

VĂ©nus Capitoline
Aphrodite du Capitole, musées du Capitole, Rome
Date
IIe siècle av. J.-C.
Type
Nu, sculpture mythologique (d)
Matériau
Hauteur
193 cm
Mouvement
Localisation
Coordonnées
48° 51′ 40″ N, 2° 20′ 11″ E
Carte

Il existe de nombreux types de Vénus Pudica (« Vénus pudique ») (certains incluent le type de la Vénus de Médicis), dont plusieurs exemples existent. La Vénus du Capitole et ses variantes sont reconnaissables à la position des bras : debout après un bain, Vénus commence à couvrir ses seins avec sa main droite et son aine avec sa main gauche.

L'original de ce type (dont dérivent les copies suivantes) est une copie du IIIe , ou au moins du IIe siècle av. J.-C., des travaux de Praxitèle en Anatolie, qui modifie la tradition praxitélien par un charnel et voluptueux traitement du sujet et le geste modeste de la déesse avec les deux mains, plutôt qu'une seule sur l'aine, dans l'original de Praxitèle.

Histoire

La statue qui donne son nom au type est citée pour la première fois par le graveur Pietro Santi Bartoli (1635-1700), qui relate qu'elle a été découverte dans des jardins appartenant aux Stazi, près de la basilique San Vitale de Rome, sur la colline de Viminal, sous le règne de Clément X (1670-1676)[1]. Le pape Benoît XIV l'achète en 1752 à la famille Stazi et la confie aux musées du Capitole[2] où elle est installée dans une niche à part, appelée « Le Cabinet de Vénus », au premier étage du palais Neuf sur le Capitole.

La Vénus capitoline peut être considérée comme une des premières et des plus fidèles répliques du type originel, probablement destinée, comme toutes les représentations de ce genre, à décorer un complexe impérial particulièrement raffiné[3].

Sa réputation vis-à-vis de la Vénus de Médicis à Florence n'a grandi que lentement, selon Haskell et Penny, alimentée en partie par une sensibilité négative aux restaurations importantes qui ont détériorées la Vénus florentine. Elle fut triomphalement transportée à Paris en 1797 par Napoléon aux termes du traité de Tolentino ; l'empereur commanda une réplique en marbre à Joseph Chinard, aujourd'hui au Palais de Compiègne. Lorsque l'original a été rendu aux musées du Capitole en 1816[4], le moulage en plâtre qui l'avait remplacé à l'époque napoléonienne a été expédié au Royaume-Uni où John Flaxman en a fait l'éloge à ses étudiants[5].

La statue revint à Rome en 1815 et fut dès ce moment exposée aux musées du Capitole, grâce à l'intervention de Antonio Canova après le congrès de Vienne. En termes de renommée, elle était égal à l'Apollon du Belvédère, à la Vénus de Médicis, au Laocoon, au Discobole ou aux Chevaux de Saint-Marc.

La statue a été prêtée aux États-Unis et a été exposée dans la rotonde du bâtiment ouest de la National Gallery of Art à Washington (district de Columbia) du 8 juin au [6].

  • VĂ©nus Campo Iemini (British Museum).
    VĂ©nus Campo Iemini (British Museum).
  • Aphrodite of Menophantos  (Museo Nazionale Romano).
    Aphrodite of Menophantos (Museo Nazionale Romano).

Description

Cette sculpture est de dimensions lĂ©gèrement supĂ©rieures Ă  la rĂ©alitĂ©, mesurant 1,93 m. Elle est faite d'un marbre prisĂ©, probablement du marbre de Paros[3]. Il s'agit d'une copie antonine d'une sculpture hellĂ©nistique tardive qui dĂ©rive finalement de Praxitèle[7].

Le type représente la déesse Aphrodite cachant sa nudité, penchée en avant. Debout, le poids du corps reposant sur la jambe gauche, la jambe droite fléchie en avant, elle place la main gauche devant son sexe et la main droite devant sa poitrine. Ses bras soulignent l'arrondi d'un corps à l'ossature fine, tendre et charnue[3]. A côté d'elle, un tissu est posé sur une grande amphore.

L'attitude se rapproche de celle de l'Aphrodite de Cnide créée par Praxitèle, au point que Johann Joachim Winckelmann pensait qu'il s'agissait d'une copie, mais présente des différences notables : la jambe d'appui n'est pas la même et la position des mains est inversée. Le geste de la déesse est plus nettement un geste de pudeur. La coiffure est bien plus sophistiquée que le chignon de la Cnidienne : une partie de la chevelure forme un nœud en rosette sur le haut du front, le reste est rassemblé en un autre nœud sur le bas de la nuque et retombe en deux mèches sur l'arrière des épaules.

L'expression du visage paraît souligner une absence, dont le rendu psychologique est souligné par les yeux petits et languissants et par la petite bouche charnue[3]. La recherche d'un rendu naturaliste et idéalisé du corps féminin nu est évidente, qui à l'époque avait éclipsé les significations sacrées associées à la figure de la déesse dans les représentations précédentes.

Postérité

La Vénus des musées du Capitole définit ce que l'on appelle le « type du Capitole ». Ce type statuaire comprend de très nombreuses copies de toutes tailles, dont on connait aujourd'hui une bonne centaine de copies[3]. Elles diffèrent généralement par le choix du support contre lequel la déesse est appuyée : au Capitole, il s'agit d'un vase sur lequel est posé un linge, ailleurs, ce peut être un dauphin et/ou un Éros, ou un tronc d'arbre. La plupart d'entre elles exposées en Europe :

Aphrodite Syracuse.
  • L'Aphrodite de MĂ©nophantos a Ă©tĂ© trouvĂ©e au monastère camaldule San Gregorio Magno (Italie). Elle porte la signature (« Apo tis en troadi afroditis minofantos epoiei ») de Menophantos, un sculpteur grec, apparemment du Ier siècle av. J.-C., dont on ne sait rien de plus. Les cĂ©nobites camaldules occupent l'ancienne Ă©glise et monastère de S. Gregorii Ă  Clivo Scauri fondĂ© vers 580 par GrĂ©goire Ier sur sa propre propriĂ©tĂ© familiale, sur le versant (clivus) de la colline Cælius. Sa fondation a Ă©tĂ© consacrĂ©e en l'honneur de l'apĂ´tre AndrĂ©. Au Xe siècle, le nom de GrĂ©goire a Ă©tĂ© ajoutĂ© Ă  celui de l'apĂ´tre, qu'il a finalement supplantĂ©[8]. La sculpture est entrĂ©e en possession du prince Chigi. Johann Joachim Winckelmann a dĂ©crit cette sculpture dans son Geschichte der Kunst des Altertums (vol V, ch. II)[9].
  • La VĂ©nus de Campo Iemini, une autre sculpture du mĂŞme modèle, a Ă©tĂ© exhumĂ©e au printemps 1792 parmi d'autres sculptures lors de la fouille d'une villa romaine Ă  Campo Iemini, près de Torvaianica, dans le Latium. Les fouilles Ă©taient dirigĂ©es par le marchand anglais d'antiquitĂ©s romaines Robert Fagan (1761-1816) sous le patronage du prince Auguste-FrĂ©dĂ©ric de Sussex en partenariat avec Sir Corbet Corbet du British Museum. Au moment de sa dĂ©couverte, les Anglais, notamment, la trouvèrent supĂ©rieure Ă  la VĂ©nus capitoline. Après restauration Ă  Rome, elle fut expĂ©diĂ©e Ă  Londres, oĂą le prince Auguste la donna Ă  son frère, le futur George IV, qui l'installa Ă  Carlton House. Après sa mort, lorsque Carlton House fut remplacĂ©e par des maisons, Guillaume IV (roi du Royaume-Uni) en fit don au British Museum.
  • Une copie romaine du IIe siècle en marbre de Paros a Ă©tĂ© trouvĂ©e Ă  BaĂŻes.
  • Une version de VĂ©nus Pudica a Ă©galement Ă©tĂ© trouvĂ©e dans les bains d'Hadrien Ă  Leptis Magna. Les bains d'Hadrien ont Ă©tĂ© fouillĂ©s dans les annĂ©es 1920 et la copie lepcitanie de la VĂ©nus du Capitole a Ă©tĂ© emportĂ©e en Europe par Benito Mussolini, qui l'a donnĂ©e au dirigeant nazi Hermann Göring. La statue ornait la chambre de sa propriĂ©tĂ© de campagne près de Berlin, Carinhall. Elle a Ă©tĂ© rendu Ă  la Libye en 1999 et aujourd'hui, elle se trouve au MusĂ©e national d'archĂ©ologie de Tripoli (Libye).
  • Une autre copie sans bras de la VĂ©nus du Capitole est conservĂ©e au musĂ©e Jamahiriya de Tripoli en Libye.
  • Une variante est conservĂ©e au MusĂ©e de l'Ermitage Ă  Saint-PĂ©tersbourg[10], ainsi que la VĂ©nus Tauride similaire[11] - [12].
  • La VĂ©nus Landolina au MusĂ©e archĂ©ologique rĂ©gional de Syracuse en Sicile est une copie impĂ©riale romaine sans tĂŞte du IIe siècle, semblable Ă  l'Aphrodite Syracuse conservĂ©e Ă  Athènes.
  • Une copie du IIIe siècle a Ă©tĂ© trouvĂ©e lors de fouilles archĂ©ologiques Ă  Scupi, une ancienne ville romaine de MacĂ©doine du Nord.
  • Une copie en marbre italien du IIe au IIIe siècle de VĂ©nus du Capitole est le rĂ©sultat de l'assemblage de la partie infĂ©rieure d'un corps antique, d'un torse du XVIe siècle et d'un visage et du sommet de la tĂŞte antiques. Elle faisait auparavant partie de la collection Borghèse et est maintenant conservĂ©e au musĂ©e du Louvre, Ă  Paris, Inv n° MR. 279 (habituel No Ma 369).
  • Une copie de la VĂ©nus capitoline est conservĂ©e Ă  la Galerie des Offices. Elle est entrĂ©e dans les collections des MĂ©dicis après un achat auprès de la famille Colonna. La statue manquait de bras, de tĂŞte et de jambe droite. Les MĂ©dicis les firent intĂ©grer par le sculpteur Silla en 1584 et la statue acquit ainsi son aspect actuel, fidèle reproduction de la VĂ©nus capitoline.
  • Une copie du IIe siècle de la VĂ©nus du Capitole est conservĂ©e au MusĂ©e national de Varsovie.
  • Une statue sans tĂŞte de la VĂ©nus du Capitole, rĂ©alisĂ©e au IIe – IIIe siècle, est conservĂ©e au MusĂ©e archĂ©ologique national de Naples.
  • Une copie en marbre peinte sans tĂŞte d'Ă©poque romaine du IIe siècle d'Aphrodias, en Asie Mineure, a Ă©tĂ© fouillĂ©e par l'universitĂ© hĂ©braĂŻque de JĂ©rusalem (H : 159 cm; L : 60 cm).
  • Une ancienne copie endommagĂ©e de la VĂ©nus du Capitole est conservĂ©e au musĂ©e archĂ©ologique d'Antalya.
  • Un torse en marbre blanc du IIe siècle de provenance inconnue est conservĂ© au MusĂ©e national romain des thermes de DioclĂ©tien, inv. 2000656.
  • Une tĂŞte en marbre blanc, datĂ©e du dernier quart du Ier siècle av. J.-C. - dĂ©but du Ier siècle, est conservĂ©e Ă  CrĂ©mone, au musĂ©e archĂ©ologique de San Lorenzo. Origine : CrĂ©mone, p-zza Marconi.
  • Un torse en marbre d'Ă©poque romaine, semblable Ă  celui d'Aphrodite Syracuse, est conservĂ© au musĂ©e de Chypre.

Notes et références

  1. Mémoires de Pietro Santi Bartoli, rapportées par Haskell and Penny 1981:318).
  2. Accession number MC 0409
  3. Commune di Roma, Les musées capitolins, guide, p. 48.
  4. Nancy Thomson de Grummond, Encyclopedia of the History of Classical Archaeology, Routledge, , 240–241 p. (ISBN 978-1-134-26854-2, lire en ligne)
  5. Haskell et Penny 1981 : 319
  6. « National Gallery of Art. "A Masterpiece from the Capitoline Museum, Rome: The Capitoline Venus" » [archive du ] (consulté le )
  7. Helbig 1972 : 128-30
  8. Christian HĂĽlsen, Le Chiese di Roma nel Medio Evo: S. Gregorii in Clivo Scauri
  9. William Smith, A Dictionary of Greek and Roman Biography and Mythology, (1870) vol. II.1044.
  10. Atsma, Aaron.Of Type Capitoline Venus Theoi Project. Consulté le 13 mai 2008.
  11. Atsma, Aaron. "Tauride Venus". Theoi Project. Consulté le 13 mai 2008.
  12. "Aphrodite: Tauride Venus". State Hermitage Museum. Consulté le 13 mai 2008.

Bibliographie

  • Francis Haskell et Nicholas Penny (trad. François Lissarague), Pour l'amour de l'antique. La Statuaire grĂ©co-romaine et le goĂ»t europĂ©en [« Taste and the Antique. The Lure of Classical Sculpture, 1500–1900 »], Paris, Hachette, coll. « Bibliothèque d'archĂ©ologie », 1988 (Ă©dition originale 1981) (ISBN 2-01-011642-9), no 173.
  • Alain Pasquier, « Les Aphrodites de Praxitèle », dans Alain Pasquier et Jean-Luc Martinez, Praxitèle. Catalogue de l'exposition au musĂ©e du Louvre, -, Ă©ditions du Louvre & Somogy, Paris, 2007 (ISBN 978-2-35031-111-1), chap. III (« Praxitèle : un choix romain »), p. 146-148.
  • (en) Brunilde Sismondo Ridgway, Hellenistic Sculpture, vol. I : The Styles of ca. 331-200 B.C., Madison, University of Wisconsin Press, (ISBN 0-299-11824-X), p. 355-356.
  • Commune di Roma, Les musĂ©es capitolins, guide, Milan, Mondadori Electa S.p.A., , 221 p. (ISBN 978-88-370-6260-6).
  • Helbig, Wolfgang, FĂĽhrer durch die öffentlichen Sammlungen klassischer AltertĂĽmer in Rome, 4th edition, 1963–72, vol. II.
  • Wilton, A. and I. Bignamini (editors), Grand Tour: the lure of Italy in the eighteenth century, London, Tate Gallery Publishing, 1996. no. 228, pp. 269–270, (the Campo Iemini Venus).
  • Pierluigi De Vecchi et Elda Cerchiari, I tempi dell'arte, volume 1, Bompiani, Milan 1999 (ISBN 88-451-7107-8).

Articles connexes

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