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Anton Dohrn

Biographie

Ses origines

D’une famille aisée, son grand-père, Heinrich Dohrn, est un marchand d’épice et de vin, la famille ayant fait fortune avec le commerce de sucre. Le père d’Anton Dohrn, Carl August Dohrn (1806-1892), se consacre à ses passions comme les voyages, la musique populaire et les insectes.

Anton, le plus jeune fils, étudie la zoologie et la médecine dans diverses universités allemandes (Königsberg, Bonn, Iéna et Berlin) sans manifester un grand intérêt pour ses études.
Anton Dohrn aura lui-même trois fils : Reinhard qui lui succédera à la direction de l'institut Stazione Zoologica Anton Dohrn, Wolf et Harald, résistant au nazisme.

La découverte de la biologie

Sa vie est bouleversée lorsqu’il retourne à Iéna durant l’été 1862 où Ernst Haeckel (1834-1919) l’initie à l’œuvre et aux théories de Charles Darwin (1809-1882). Dohrn devient un partisan de la théorie darwinienne de l’évolution par la sélection naturelle.

À cette époque, l’embryologie comparée est l’élément majeur des études sur la morphologie évolutive, basée sur la Théorie de la récapitulation d’Ernest Haeckel. Celle-ci affirme qu’un organisme, lors du développement embryonnaire, connaît tous les stades morphologiques correspondant à son histoire évolutive. La morphologie devient, à la fin du XIXe siècle, l’une des principales voies utilisées par les zoologistes pour développer la théorie darwinienne. Dohrn choisit alors de devenir l’un de ces zoologistes.

Dohrn reçoit son doctorat en 1865 à l’université de Breslau et son habilitation à Iéna en 1868. Durant cette période, il travaille dans des laboratoires maritimes : à Heligoland aux côtés d’Ernst Haeckel en 1865, Hambourg en 1866, à Millport en Écosse en David Robertson (1806-1896) en 1867 et 1868, et à Messine en Italie durant l’hiver 1868 avec son ami Nikolaj Nikolajewitsch Miklucho-Maclay (1846-1888).

La création de la station de biologie marine de Naples

À Messine, Miklucho-Maclay et Dohrn conçoivent un plan pour établir autour du globe un réseau de stations de recherche zoologique semblables aux gares. Les scientifiques pourraient ainsi s’y arrêter, rassembler du matériel, faire des observations et conduire des expériences, avant de repartir dans une autre station. Dohrn se rend compte qu’il serait utile que les scientifiques arrivant dans une station puissent trouver un laboratoire prêt à l’emploi. Dohrn loue deux pièces pour installer la Stazione Zoologica di Messina mais réalise rapidement les difficultés pour étudier la vie marine sans structure permanente, sans équipements, tout comme en l'absence de personnel qualifié ou d'une bibliothèque.

Il décide alors de partir à Naples pour fonder la station. Son choix est conditionné par plusieurs facteurs : la richesse biologique du golfe de Naples est plus grande qu’à Messine, mais il est aussi plus facile de fonder un centre de recherche dans une ville comprenant déjà une université de renommée internationale.

Après avoir visitĂ© un aquarium rĂ©cemment ouvert Ă  Berlin, il dĂ©cide de crĂ©er un aquarium ouvert au public afin de gagner suffisamment d’argent pour payer un aide permanent. Naples, grande ville de 500 000 habitants, l’une des plus grandes et des plus attrayantes villes d’Europe, attirait de nombreux touristes (environ 30 000 par an), autant de visiteurs potentiels pour l’aquarium.

Dohrn convainc les autorités de lui donner une parcelle de terrain au bord de la mer en s’engageant à construire à ses frais les bâtiments de la Station biologique. Celle-ci ouvre ses portes aux scientifiques en et au grand public en .

Afin de donner Ă  la Station un statut international et de garantir son indĂ©pendance et sa libertĂ© Ă©conomiques, par consĂ©quent sa politique de recherche, Dohrn conçoit une sĂ©rie de mesures novatrices afin de financer son projet. Tout d’abord, il loue les espaces de travail et de recherche annuellement aux universitĂ©s, aux gouvernements, aux institutions scientifiques publics ou privĂ©es, les chercheurs venant travailler Ă  la station Ă©tant certains d’y trouver les moyens nĂ©cessaires (animaux et matĂ©riel de laboratoire, produits chimiques, bibliothèque de haut niveau et personnel qualifiĂ©). Ces moyens Ă©tant fournis librement et les chercheurs peuvent mener les projets de leur choix de façon totalement libre. Le système fonctionne très bien. Ă€ la mort de Dohrn en 1909, plus de 2 200 chercheurs europĂ©ens ou nord-amĂ©ricains ont travaillĂ© Ă  Naples. On considère que la collaboration scientifique moderne est inventĂ©e, basĂ©e sur une communication des idĂ©es, des mĂ©thodes et des rĂ©sultats rapides et gratuits.

Il est fait membre Ă©tranger de la Royal Society en 1899 et membre Ă©tranger de la Zoological Society of London en 1885.

Son héritage

Le succès de la Stazione Zoologica conduit à la création de nombreuses stations scientifiques inspirées de son modèle de fonctionnement et financement. En 1878, l’université Johns-Hopkins fonde le laboratoire zoological Chesapeake qu’il place sous la direction de William Keith Brooks (1848-1908). Ensuite, en 1888, un laboratoire de biologie marine (le Laboratoire de biologie marine (MBL)) est fondé à Woods Hole et en 1892 le premier laboratoire sur la côte ouest des États-Unis, la station marine Hopkins, ouvre ses portes. En Grande-Bretagne, des laboratoires de biologie marine sont créés : la Station marine écossaise (aujourd’hui SAMS) ouvre en 1884, le laboratoire marin Gatty (de l’université de St Andrews) ouvre en 1884, le laboratoire marin Dove (de l’université de Newcastle) ouvre en 1897, le laboratoire de recherche sur les pêches (à Aberdeen) ouvre en 1899 et la station marine de Bangor (de l’université Queen's de Belfast) ouvre en 1903.

Bibliographie

  • Reinhard Dohrn (de) (1951). Stazione Zoologica Napoli, Notes and Records of the Royal Society of London, 8 (2) : 277-282. (ISSN 0035-9149)
  • Christiane Groeben (1993). Karl Ernst von Baer [1792-1876], Anton Dohrn [1840-1909]: Correspondence, Transactions of the American Philosophical Society, 83 (3) : 1-156. (ISSN 0065-9746)
  • Andreas W. Daum: Wissenschaftspopularisierung im 19. Jahrhundert. BĂĽrgerliche Kultur, naturwissenschaftliche Bildung und die deutsche Ă–ffentlichkeit, 1848–1914. 2., erg. Auflage. Oldenbourg, MĂĽnchen 2002, (ISBN 978-3-486-56551-5).

Notes et références

    Liens externes

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