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Antoine Ignace Melling

Anton Ignaz (en français Antoine Ignace) Melling, né le à Karlsruhe (Margraviat de Bade-Durlach), mort le , est un architecte, peintre, graveur, dessinateur topographique et voyageur français appartenant à une famille originaire de Saint-Avold en Lorraine.

Antoine Ignace Melling
Antoine Ignace Melling
Naissance
Décès
(Ă  68 ans)
Paris
Période d'activité
Nationalité
Activités
Lieu de travail
Enfant
Adèle Clerget (d)
Parentèle
Joseph Melling (oncle paternel)

Biographie

Palais de la sultane Hatice

Son père était sculpteur à Karlsruhe, dans le Bade-Wurtemberg, où il travaillait à la cour de Charles Ier de Bade. À sa mort, Anton Ignaz va vivre auprès de son oncle, Joseph Melling, peintre à Strasbourg, en Alsace. Il fait des études d'architecture et de mathématiques à l'université de Klagenfurt, où se trouve déjà son frère aîné. À l'âge de 19 ans, en 1782, il se rend en Italie, en Égypte, et enfin à Constantinople (Istanbul), en 1784, en tant que membre de la suite de l'ambassadeur de Russie. Il dessine pour divers dignitaires. Il est présenté à la princesse Hatice, sœur et confidente du sultan ottoman Selim III.

Sur proposition de la sultane Hatice, il devient en 1795 architecte impérial de Selim III. Elle le charge de dessiner un labyrinthe pour son palais d'Ortaköy, dans le style du jardin de l'ambassadeur danois, le baron Hübsch. Ravie du résultat, elle lui confie la décoration intérieure du palais, puis un nouveau palais néoclassique à Defterdarburnu. Melling dessine aussi pour elle des vêtements et des bijoux.

Au cours des dix-huit ans qu'il passe comme architecte impérial, Melling occupe une position privilégiée pour observer la cour, étant plus familier avec le palais ottoman que n'importe quel artiste occidental depuis Gentile Bellini. Il réalise de nombreux dessins des palais du sultan, de la société ottomane, d'Istanbul, et des vedute de la ville et ses environs : il est connu comme le peintre sans rival du Bosphore. Un voyageur anonyme écrit en 1817 : « Parfois ces tableaux contiennent un nombre excessif de détails, dans une tentative de refléter la réalité, mais ils dépeignent les bâtiments modernes et les paysages de la ville, dont chaque vue est plaisante, d'une manière plus réussie que dans les descriptions écrites les plus sensibles. », et d'une façon beaucoup plus réaliste que le travail de Matthäus Merian (1593-1650). La gravure de Merian montrant un panorama d'Istanbul, publiée en 1653 et abondamment reproduite, qui prétend représenter une vue d'Istanbul depuis les hauteurs de Galata et de Beyoglu, montre la ville comme uniquement constituée de minarets. il aimait beaucoup la mer

Paris

Antoine Ignace Melling retourne à Paris en 1803, après un passage par Gênes, et publie un prospectus pour son Voyage pittoresque de Constantinople et des rives du Bosphore. Impressionné par ce travail sur Constantinople, Talleyrand le recommande à l'impératrice Joséphine, épouse de Napoléon Ier, qui l'appointe comme paysagiste. En 1809, il crée un atelier de gravure destiné à reproduire ses dessins. Des séries de Facsimilés sont vendus par souscription entre 1809 et 1819. Gravées par Schroeder, Duplessi-Bertaux, Pigeot, plus tard coloriées à la main par des professionnels, ces estampes représentent entre autres :

  • CĂ©rĂ©monie d'une noce turque.
  • Fontaine de Sari-YĂ©ri, près Buyuk-DĂ©rĂ©.
  • IntĂ©rieur d'une partie du Harem du Grand-Seigneur.
  • Kiâhd-HanĂ©, lieu de plaisance du Grand-Seigneur.
  • Prairie de Buyck-DĂ©rĂ©, sur la rive europĂ©enne du Bosphore, Ă  quatre lieues de Constantinople.
  • Vue de l'un des Bend, dans la forĂŞt de Belgrade.
  • Vue d'AĂŻnali-Kavak près de l'Arsenal, dans l'intĂ©rieur du port de Constantinople.
  • Vue d'une partie de la ville de Constantinople, avec la pointe du SĂ©rail, prise du faubourg de PĂ©ra, rĂ©sidence des ministres Ă©trangers.
  • Vue de Hounkiar-Iskelesi, Ă©chelle du Grand-Seigneur.
  • Vue de Kara-Aghatch, au fond du port.
  • Vue de l'embouchure de la mer Noire.
  • Vue de l'Isle de TĂ©nĂ©dos, dans l'Archipel.
  • Vue de la grande arcade de l'aqueduc de BaktchĂ©-KieuĂŻ, et du vallon de Buyuk-DĂ©rĂ©.
  • Vue de la partie orientale de Buyuk-DĂ©rĂ©, sur la rive europĂ©enne du Bosphore.
  • Vue de la première cour de SĂ©rail.
  • Vue de la seconde cour intĂ©rieure du SĂ©rail.
  • Vue de la ville de Scutari, prise Ă  PĂ©ra.
  • Vue du Champ des Morts, près de PĂ©ra.
  • Vue du château des Sept-Tours, et de la ville de Constantinople, telle qu'elle se prĂ©sente du cĂ´tĂ© de la mer de Marmara.
  • Vue du grand Bend, dans la forĂŞt de Belgrade.
  • Vue du village Tarapia, sur la rive europĂ©enne du Bosphore.
  • Vue gĂ©nĂ©rale de Constantinople, prise du chemin de Buyuk-DĂ©rĂ©.

Voyages

Vue d'une partie du harem, gravure de Duplessi-Berteaux d'après un dessin de Melling (1811)

En 1812, le voyage de Melling en Hollande, alors sous administration française, est documenté par non seulement un grand nombre de dessins, mais aussi par les lettres qu'il envoie à sa famille à Paris. Les joies et les désagréments de ce voyage, qui le mène jusqu'aux villes hanséatiques, sont rapportés dans un style vivant, comme les divers aspects de la vie hollandaise, les monuments et les habitants des grandes villes, Rotterdam et Amsterdam, et l'appel invincible de villages tels que Broek à Waterland, et l'atmosphère dominicale paisible de Zwolle. Ces lettres illustrées et annotées, précédées d'une introduction, un journal de voyage envisagé comme Voyage pittoresque, ne furent jamais publiées de son vivant.

En 1815, il voyage avec sa fille Adèle, dessinant les chefs-lieux des départements français. En 1817, il visite l'Angleterre.

Après 1821, il est envoyé par le gouvernement français dans les Pyrénées[1], afin de démontrer que leurs beautés naturelles peuvent rivaliser avec celles des Alpes. Il en résulte 72 aquatintes, basées sur les aquarelles originales sépia, qui sont publiées, avec un texte de son ami Joseph Antoine Cervini, sous le titre Voyages pittoresques dans les Pyrénées françaises et les Départements adjacents, Treuttel et Wurtz, Paris, 1826-1830. Parmi les aquatintes colorées à la main, on peut citer :

L'ermitage Saint-Antoine de Galamus vu par Melling
  • Port de VĂ©nasque
  • Le Pont d'Espagne
  • Le Lac de Gaube
  • Vue prise de l'HĂ´tel Gassion Ă  Pau
  • Le Perthus et le Fort de Bellegarde
  • Le Lac de SĂ©culejo et ses Cascades
  • Grotte du Mas-d'Azil
  • Site de la VallĂ©e d'Aure
  • Ermitage Saint-Antoine de Galamus
  • Fontestorbes

Postérité

Après un article de Richard Melling, le premier travail faisant redécouvrir Melling est dû à Jacques Perot (1987), bientôt rejoint dans ses recherches par Cornelis Boschma, puis Frédéric Hitzel. En 1999, à l'occasion du 700e anniversaire de la fondation de l'État ottoman, la correspondance entre Antoine Ignace Melling et la sultane Hatice, entre 1763 et 1801, a été publiée dans un article de Frédéric Hitzel, lors du congrès international sur l'enseignement et l'éducation dans le monde ottoman. Le congrès était organisé par l'IRCICA, en coopération avec la Société d'Histoire turque, la Société turque pour l'Histoire de la Science, avec le soutien du ministre des Affaires étrangères de la République de Turquie.

Le Voyage pittoresque de Constantinople et des rives du Bosphore a fait l'objet d'une réédition en fac-similé, d'après une édition originale de Ahmet Ertug, imprimé et relié en Suisse.

L'Ă©crivain turc Orhan Pamuk mentionne le travail de Melling dans son livre sur Istanbul[2].

Notes

  1. Voir sur Wikisource Lettre sur les Pyrénées : Lettres sur les Pyrénées
  2. Orhan Pamuk, Istanbul, souvenirs d'une ville, Paris, Gallimard, 2007

Ĺ’uvres

  • Antoine-Ignace Melling, Lettres de Hollande et des villes ansĂ©atiques. La correspondance d'un artiste-voyageur avec sa famille Ă  Paris en 1812, prĂ©sentĂ© et annotĂ© par C. Boschma, Waanders, Zwolle/Fondation Custodia, Paris, 1997.
  • Melling, Antoine-Ignace, Un travail complet sur les PyrĂ©nĂ©es : Antoine-Ignace Melling et Joseph-Antoine Cervini en voyage dans le Midi de la France en 1821 pour rassembler les matĂ©riaux du « Voyage pittoresque dans les PyrĂ©nĂ©es françaises et les dĂ©partements adjacents », Paris-Strasbourg 1826-1830 / lettres prĂ©sentĂ©es et annotĂ©es par Cornelis Boschma, FrĂ©dĂ©ric Dutheil, HĂ©lène Saule-SorbĂ© ; trad. de l'italien, Sophie Bondois ; trad. du nĂ©erlandais, Jean-Raoul Mengarduque. Pau, Éd. du Pin Ă  crochets, 2000, 287 p.
  • Correspondence between Antoine Ignace Melling (1763-1801) and Hatice Sultan, FrĂ©deric Hitzel, Session VII, C. Papers in English (Vol. 2): Proceedings of the International Congress on Learning and Education in the Ottoman World on the Occasion of the 700th Anniversary of the Foundation of the Ottoman State, Istanbul, 12-, 3 volumes. 2000-2002, IRCICA Publications (ISBN 92-9063-090-6)
  • Voyage pittoresque dans les PyrĂ©nĂ©es françaises et dans les dĂ©partements adjacents, texte de J. A. Cervini, Marseille Laffitte reprints, 1977, rĂ©impression de l'Ă©dition de Paris, 1826-1830 contenant 72 reproductions des gravures de M. Melling, reprĂ©sentant les sites, les monuments et les Ă©tablissements les plus remarquables du pays basque, de la Navarre, du BĂ©arn, du Bigorre, des comtĂ©s de Comminges et de Foix, et du Roussillon.

Bibliographie

  • Jacques Perot, « Un artiste lorrain Ă  la cour de Selim III : Antoine-Ignace Melling (1763-1831) Â», Bulletin de la sociĂ©tĂ© de l’Histoire de l'art français, annĂ©e 1987 (1989), p. 125-150, ill.
  • Cornelis Boschma, Jacques Perot, Antoine-Ignace Melling, 1763-1831, Reizend Kunstenaar, Uniepers, 1991
  • Cornelis Boschma, Jacques Perot, Antoine-Ignace Melling, artiste voyageur, ouvrage publiĂ© Ă  l’occasion de l'exposition prĂ©sentĂ©e au Rijksmuseum d'Amsterdam et au musĂ©e Carnavalet, Paris-musĂ©es, 1992
  • FrĂ©dĂ©ric Hitzel, Jacques Perot, Antoine-Ignace Melling et Hatice Sultan, Istanbul, Tarik Vakfi Yurt Yay, 1999
  • Robert Anhegger, FrĂ©dĂ©ric Hitzel, Jacques Perot, Hatice Sultan ile Melling Kalfa, Mektupla, Istanbul, 2001
  • FrĂ©dĂ©ric Hitzel, Jacques Perot, « Un artiste europĂ©en Ă  la cour de Selim III, Antoine-Ignace-Melling Â», Olusum/Genèse, no 74-76, 2001.
  • HĂ©lène Saule-SorbĂ©, PyrĂ©nĂ©es, voyage par les images, Ă©ditions de Faucompret, 1993
  • GĂ©rald Schurr et Pierre Cabanne, Dictionnaire des Petits MaĂ®tres de la peinture, 1820-1920, Paris, Ă©ditions de l'Amateur, 2008.
  • Jacques Perot, « Persistantes souvenances du Bosphore : Melling, Le Corbusier, Ara GĂĽler », Istanbul, traversĂ©e, Lille 3000, Palais des Beaux-Arts, , p. 62–68

Liens externes

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