Anne Antoine d'Aché
Anne Antoine, d’Aché, comte d'Aché et seigneur de Marbeuf où il est né le et mort à Brest le , est un officier de marine et gentilhomme français du XVIIIe siècle. Il termine sa carrière avec le grade de vice-amiral de la flotte du Levant.
Anne Antoine d'Aché comte d'Aché | ||
Naissance | Marbeuf |
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Décès | Brest |
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Origine | Français | |
Allégeance | Royaume de France | |
Arme | Marine royale française | |
Grade | Lieutenant général des armées navales Vice-amiral du Levant |
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Années de service | 1717 – 1770 | |
Commandement | Flotte du Levant | |
Conflits | Guerre de Succession d'Autriche Guerre de Sept Ans |
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Distinctions | Grand-croix de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis | |
Famille | Famille d'Aché | |
Biographie
Enfance et origine
Anne Antoine d'Aché est né au château de Marbeuf, le [alpha 1]. Il est le fils de Pierre-François-Placide d'Aché (1670-1746), seigneur de Marbeuf, et de Anne du Rollet, dont le père est gouverneur de Louviers. La fratrie comptera cinq garçons : Gabriel-Claude, Jacques, Jean-Renaud, Anne-Antoine et François-Placide[2].
Il est issu de la famille d'Aché, petits gentilshommes normands, dont les terres de Serquigny et de Marbeuf sont situées au nord de Beaumont-le-Roger. Les d'Aché ont donné un capitaine du château de Tancarville à la fin du XVIe siècle, dont le fils aîné est l'auteur de la branche « d'Aché de Serquigny » et le cadet de la branche « d'Aché de Marbeuf ». La famille d'Aché a, en outre, donné quatre officiers généraux au royaume de France et notamment Guillaume d'Aché de Serquigny (v. 1647-1713), chef d'escadre[3] lui-même proche parent du vice-amiral de Tourville, puisque fils de Renée de Péricard, fille d'Esther de Tourville, la tante de l'amiral[4] - [alpha 2].
Première période 1717-1758 : de garde-marine à capitaine
Anne Antoine d'Aché commence sa carrière dans la marine en 1717[5]. le , il est garde-marine, et fait ses premières campagnes en Méditerranée, participant au bombardement de Tripoli en 1728. C'est avec le grade d'Enseigne qu'il participe à une campagne en Amérique en 1731. Devenu aide-major il est embarqué sur le Lys, commandé par Duguay-Trouin, en 1734. Puis, promu Lieutenant en 1738, il effectue un voyage en Suède et en Amérique[5].
Durant la guerre de Succession d'Autriche, il participe aux opérations dans la Manche et dans l’Atlantique. Promu capitaine de vaisseau le , il prend le commandement de la Vénus en 1744, puis du Saint-Michel en 1745. Cette même année il est en mer, près des côtes de la France, lorsque son navire est démâté par un fort coup de vent puis attaqué par des navires corsaires anglais. À l'issue d'un engagement qui dure quatre heures les Anglais rompent et s'éloignent. Quelque temps plus tard il est de nouveau attaqué, mais par un vaisseau de cinquante canons de la marine anglaise. La bataille est intense, les deux navires étant à portée de voix, au bout de cinq heures de combats l'anglais est coulé[5].
En 1746, il est commandant du Norhumberland lors de l'expédition du duc d’Anville, dont l'objectif est de reprendre la citadelle à l'entrée du Saint-Laurent. Elle échoue, car l'escadre ne peut engager un combat du fait d'un manque d'hommes valides, les équipages étant décimés par le scorbut[6].
Guerre de Sept Ans : chef d'escadre
Lorsque se déclenche la guerre de Sept Ans, il est nommé chef d'escadre en 1756 grâce à la protection du duc de Penthièvre, amiral de France. Il reçoit le commandement d'une division navale qui doit conduire aux Indes le nouveau gouverneur Lally-Tollendal en compagnie d'un renfort de 4 000 hommes. Il appareille en avec un vaisseau de guerre suivi de huit navires armés de la Compagnie des Indes. Il lui faut sept mois de traversée – alors que la normale était de quatre à six – pour arriver à l'île de France, où il s’attarde plus que de raison.
Il livre, le , un très difficile combat au large de Gondelour pour accéder à Pondichéry. Il repousse néanmoins l'escadre de Pocock et peut débarquer les renforts ce qui permet aux Français, dans un premier temps, de pouvoir prendre victorieusement l'offensive. Il livre un deuxième combat difficile au même chef anglais le 3 août devant Negapatam, puis se retire sur l'Isle de France à l'approche des tempêtes de la mousson d'hiver[7] - [8]. Ce retrait, dicté par les conditions climatiques, lui est souvent reproché car il prive Lally-Tollendal de soutien naval pour s'emparer de Madras.
On lui reproche aussi de rester trop longtemps stationné à l'île de France. Sa division navale y reste en effet un an, mais il n'en est que très partiellement responsable, car la Compagnie des Indes, qui équipe les navires, a toutes les peines du monde à rassembler le ravitaillement et les renforts nécessaires. Ce n'est qu'en septembre 1759, alors que la situation militaire en Inde est déjà très compromise pour les Français, qu'il arrive à Pondichéry avec 4 vaisseaux de ligne et 7 navires de la Compagnie. Il repousse encore une fois, le 10 septembre, lors d'un dernier combat, les vaisseaux de Pocock, et réussit à débarquer les hommes et l'argent qu'attend Lally-Tollendal. Il doit cependant, comme l'année précédente, quitter les lieux () à cause de l'arrivée de la mousson d'hiver, même si son départ semble avoir été précipité par un désaccord avec Lally-Tollendal. Ce départ scelle le destin des établissements français de l'Inde, désormais coupés de la métropole.
Il rentre en France en , peu de temps après la chute et la destruction de Pondichéry. D'Aché est un bon marin qui a été blessé sérieusement dans les trois combats difficiles livrés à des vaisseaux anglais supérieurs en puissance de feu[9]. Il a par deux fois accompli sa mission, c'est-à -dire apporter des renforts à Pondichéry, même si on peut lui reprocher un certain manque d'imagination tactique. En rentrant en effet sur l'Isle de France, base située à deux mois de navigation, il s'est éloigné du théâtre des opérations alors qu'il y avait la possibilité d'hiverner à Aceh (Sumatra), à trois semaines seulement de voile des côtes indiennes. La possibilité d'utiliser ce mouillage bien connu des capitaines de la Compagnie des Indes ne semble pas avoir été envisagée par d'Aché, alors qu'il permettait de faire pièce à l'utilisation par les Anglais de Bombay, rare port indien à l'abri de la mousson d'hiver. Il faudra attendre Suffren, lors de la guerre suivante, pour que cette option permettant à une escadre française d'opérer presque en permanence sur les côtes indiennes soit retenue.
Retour en France et dernières promotions
Rentré en France, d'Aché se joint aux accusateurs de Lally-Tollendal qui est condamné à mort tandis que d’Aché est fait lieutenant général des armées navales (1761), Grand-croix de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis (1761) et vice-amiral de la flotte du Levant (). Il ne navigue plus cependant. Mis en disponibilité, il termine ses jours à Brest, le , à l'âge de 79 ans.
Mariage et descendance
Il avait épousé, le en l'église Saint-Louis de Brest, dans l'évêché de Léon en Bretagne, Marguerite Guyomar, fille de Jean Guyomar et de Marguerite de Trémic.
Notes et références
Notes
- Hubert Granier, dans Marins de France au combat, indique le , comme date de naissance[1].
- Les d'Aché de Serquigny sont venus dans la marine dans le sillage immédiat de Tourville, en même temps que ses neveux, Tourville et Châteaumorand[4]
Références
- Granier 1995, p. 242.
- Granier 1995, § Origine.
- Vergé-Franceschi 2002, p. 21.
- Vergé-Franceschi 2002, p. 1067.
- d'Épinay 1890, p. 147.
- Granier 1995, § (1717-1757).
- Villiers, Duteil et Muchembled 1997, p. 105-106.
- Zysberg 2002, p. 273-274.
- Taillemite 2002, p. ?.
Voir aussi
Bibliographie
Classement chronologique :
- Comte d'Aché, Sieur de Leyrit et Aubry, Copies des lettres écrites par le Comte d'Aché au Comte de Lally, avec un extrait des lettres du Sieur de Leyrit, Paris, Imprimerie de Simon, , 76 p. (lire en ligne).
- Adrien d'Épinay, Pour servir à l'histoire de l'Île de France jusqu'à l'année 1810 exclusivement : précédés de notes sur la découverte de l'île sur l'occupation hollandaise, etc, Île Maurice, Nouvelle Imprimerie Dupuy, , 577 p. (lire en ligne), 1757-1758, p. 146-161.
- Olivier Le Gouic, L'escadre du comte d'Aché, mémoire de maîtrise (dir. C. Nières), université Rennes 2, 1990, 239 p.
- Hubert Granier, Marins de France au combat, t. 3 : 1715 1789, France Empire, , 454 p. (ISBN 978-2-7048-0758-1, lire en ligne), « Aché de Marbeuf 1702-1780 ».
- Jean de Viguerie, Histoire et dictionnaire du temps des Lumières : 1715-1789, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », (réimpr. 2003, 2007), 1730 p. (ISBN 978-2-221-04810-8, OCLC 499720919, BNF 36684998)
- Patrick Villiers, Jean-Pierre Duteil et Robert Muchembled (dir.), L’Europe, la mer et les colonies, XVIIe-XVIIIe siècle, Paris, Hachette supérieur, coll. « Carré Histoire » (no 37), , 255 p. (ISBN 978-2-01-145196-5, BNF 35864311).
- André Zysberg, Nouvelle Histoire de la France moderne, vol. 5 : La monarchie des Lumières, 1715-1786, Point Seuil,
- Michel Vergé-Franceschi (dir.), Dictionnaire d'Histoire maritime, Éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », (ISBN 978-2-221-08751-0 et 978-2-221-09744-1, OCLC 300962854)
- Étienne Taillemite, Dictionnaire des marins français, Tallandier, , 576 p. (ISBN 978-2-84734-008-2), p. 8
- Guy Le Moing, Les 600 plus grandes batailles navales de l'Histoire, Marines Éditions, , 620 p. (ISBN 978-2-35743-077-8 et 978-2-357-43077-8, OCLC 743277419)
- Claude Hartmann, Maria Romo-Navarrete (dir.) et Sarah Mohamed-Gaillard (dir.), « Les trois batailles aux Indes d'André-Antoine de Serquigny comte d'Aché (avril et août 1758-septembre 1759) », Outre-Mers, nos 370-371 « Le contact colonial dans l'empire français : XIXe-XXe siècles »,‎ 1er semestre 2011, p. 231-243 (lire en ligne, consulté le ).
- Auguste Toussaint, Biographie du Comte d'Aché, Dictionnaire de Biographie Mauricienne (DBM) de la Société de l'Histoire de l'Ile Maurice, N° 4, p. 4-5, Curepipe, 1942.