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André Devigny

André Devigny est un militaire et résistant français, né le à Habère-Lullin (Haute-Savoie), mort le à Hauteville-sur-Fier.

André Devigny
Biographie
Naissance
Décès
Nationalité
Activités

Une suite ininterrompue d’actions et d’engagements pour l’honneur de la France, plusieurs blessures, 12 citations, les distinctions de compagnon de la Libération et de grand officier de la Légion d'honneur, de nombreuses décorations étrangères, ponctuent un parcours militaire exceptionnel.

Son arrestation, sa détention à la prison Montluc et son évasion sont relatées dans une série d'articles du Figaro Littéraire d'après-guerre, puis dans son livre publié en 1956 intitulé Un condamné à mort s'est échappé[1]. Son histoire est portée à l'écran en 1956 par Robert Bresson, dans un film du même titre que le témoignage du général André Devigny, Un condamné à mort s'est échappé, accompagné du sous-titre « Le vent souffle où il veut ». Le film reçoit le prix de la mise à scène au festival de Cannes[2] en 1957.

Biographie

André Devigny est né dans une famille d’agriculteurs et de militaires de forte tradition patriotique.

Élève pupille de la Nation à l’École normale d’instituteurs de Bonneville, la préparation militaire supérieure et la déclaration de guerre conduisent le jeune sous-lieutenant du 5e régiment de tirailleurs marocains André Devigny en première ligne en Lorraine.

André Devigny 23 ans reçoit la 1ère Légion d'Honneur de la guerre janvier 1939-1945
André Devigny reçoit, à 23 ans, la 1ère Légion d'Honneur de la guerre le 4 janvier 1940

En , après une préparation d’artillerie, la position tenue par sa section est violemment attaquée par une compagnie allemande. Dans cet affrontement meurtrier à un contre trois, il engage une contre-attaque à la baïonnette après épuisement des munitions et les survivants parviennent à repousser l'ennemi en lui infligeant de lourdes pertes[3]. Cette action lui vaut, à 23 ans, la première Légion d'honneur de la guerre à Villers-Cotterets remise par le Général de Juvigné. Grièvement blessé à Ham en , il est évacué vers l’hôpital de Bordeaux[4]. Voulant rejoindre Londres à la fin de 1940, André Devigny contacte les services de renseignements britanniques à Genève. Compte tenu de son appartenance au 5e RTM ceux ci l’orientent sur le Maroc, à Port-Lyautey, pour participer à la préparation du débarquement allié, lequel aura lieu le à cet endroit. Après avoir appris son admission à l'école St Mexent il rejoint la Métropole le 1er juillet 1942 pour intégrer celle ci du 16 juillet jusqu'au 1er octobre.

La RĂ©sistance

Afin de poursuivre le combat, André Devigny prend contact avec le consul anglais à Genève qui le recommande au Colonel Groussard. Ce dernier lui confie la mission d'organiser un réseau de renseignement militaire couvrant la zone sud de la France. Ce réseau, dit « Gilbert », pseudonyme du Colonel Groussard, est rapidement constitué, opérationnel et efficace par la disponibilité des officiers mis en congé d'armistice par l’invasion de la zone sud, en . La préparation du débarquement en Provence, du sabotage de la poudrerie de Toulouse, et l’exécution du dangereux chef du contre-espionnage italien, sont parmi ses premières tâches. Il crée également un service de passage vers la Suisse qui sera utilisé par toute la Résistance.

Infiltré par un redoutable agent double de l'Abwehr, Robert Moog (le même qui arrêta Jean Moulin à Caluire le 21 juin 1943), le réseau est trahi, mais reste opérationnel grâce à son cloisonnement. André Devigny est arrêté en gare d’Annemasse par la Gestapo le [5], et l’un de ses adjoints, le capitaine Bulard abattu à Lyon. Interné à la prison Montluc à Lyon[6], il passe une première nuit dans la cellule No 13 au rez-de-chaussée du bâtiment cellulaire. Dès le lendemain, il est emmené au siège de la Gestapo pour poursuivre son interrogatoire. Dès son retour à Montluc le soir du , il est transféré dans la cellule No 45. Ces interrogatoires se poursuivent jusqu’au , période pendant laquelle il est notamment torturé par Klaus Barbie. Au cours d'un transfert de la prison au siège de la Gestapo, il tente une première évasion mais est aussitôt repris.

De la cellule 45, situé au rez-de-chaussée dans le quartier des condamnés à mort, il réussit à entrer en contact avec un détenu politique, Charles Bury (ancien chef de la censure à Saint-Étienne) qui lui permet de faire sortir quelques lettres de la prison, destinées à sa famille et son réseau. Il est ensuite transféré dans la cellule 107 le au 2e étage du bâtiment cellulaire de la prison.

Prison Montluc et l'une des cordes.jpg

De cette cellule, il prépare minutieusement un plan d'évasion. Constatant la présence d'un bois plus tendre faisant la jonction entre les planches de sa porte, il se met à creuser ce bois à l'aide de sa cuillère. Après trois semaines de travail, il est capable de sortir dans le couloir du 2e étage. Après avoir reçu un colis, il découpe en lanières les vêtements reçus ainsi qu'une couverture, et en tresse des cordes avec les fils de fer de son sommier. Il fabrique également 2 crochets avec l'armature métallique de la lanterne de sa cellule.

Le , sa condamnation à mort lui est notifiée par la cour martiale allemande. Le même jour, un nouveau détenu arrive dans sa cellule. Après quelques jours d'hésitation, il se confie à son codétenu et décide de l'emmener avec lui. Dans la nuit du 24 au , il met son projet à exécution et ils s'évadent de nuit dans des conditions spectaculaires. Cette évasion a été portée à l'écran en 1956 par Robert Bresson sous le titre "un condamné à mort s'est échappé[1]" . Après une courte halte chez un ami lyonnais, ils reprennent leur fuite et seront arrêtés aussitôt par des militaires en manoeuvre le long du Rhône. André Devigny réussit à s'échapper en sautant dans le fleuve et en s'y cachant pendant près de 5 heures. Il trouve alors refuge dans une famille de Lyonnais. Après 3 semaines de repos, il parvient à regagner la Suisse grâce aux faux papiers procurés par un cadre de la SNCF. Afin de rejoindre la 1ere armée française du général De Lattre en cours de constitution à Alger, il rejoint l'Espagne sous une fausse identité, et de là, l'Afrique du Nord. Volontaire au bataillon parachutiste de choc, il participe au débarquement en Provence en et remonte vers l'Allemagne avec les armées alliées.

En 1944, il est nommé capitaine, en 1945 fait Compagnon de la Libération, et en 1946 promu chef de bataillon. Il a trente ans.

Les forces françaises en Allemagne

André Devigny effectue ensuite son temps de commandement, en Allemagne au 7e régiment de tirailleurs algériens, où il s’attache à faire de son unité un exemple d’excellence, particulièrement aux yeux des Alliés. Le général Eisenhower, commandant des forces alliées en Europe, lui fait l’honneur d’une visite en souvenir du débarquement de 1942 au Maroc.

Les sports militaires

Au cabinet du ministre des Armées, en 1951, il assure la direction des sports militaires, du bataillon de Joinville et de l’École de haute montagne de Chamonix. Il s’attache à développer les synergies entre les valeurs sportives et militaires, puis engage résolument les sports militaires dans de nombreuses compétitions internationales. Il est élu président du CISM (Comité international des sports militaires) à l’unanimité des 23 nations adhérentes.

L’Algérie

Colonel, chef de secteur opérationnel dans le sud algérien de 1955 à 1962, André Devigny est de nouveau blessé au combat en . Son avion de reconnaissance est abattu et s'écrase dans le sable (le pilote est tué). Sérieusement blessé et recouvert d'essence (par miracle non enflammée) il sera récupéré par hélicoptère et reprendra aussitôt la direction des opérations.. Son efficacité opérationnelle est remarquée une fois de plus dans cet épisode. Bien après et durant près de trois décennies, des délégations de nomades sahariens viendront régulièrement lui soumettre, en France, les différents problèmes de leur collectivité légitimant ses qualités d'administrateur et d'homme de paix

Durant la tragique période d’achèvement du conflit, ayant conduit à l'indépendance de l'Algérie, il aura pris position pour la légalité républicaine.

Les défis des années soixante

Rentré en métropole, il dirige la préparation militaire supérieure de Paris et la préparation militaire parachutiste pour l’ensemble du pays. Le général de Gaulle le nomme également haut magistrat à la Cour de sûreté de l'État, où ses positions modérées et pragmatiques sont appréciées par toutes les parties.

Il est affecté en 1965 au cabinet du chef d’état major de l’Armée de terre en tant que directeur du « Service Action » du SDECE avec direction de la délégation annuelle française au comité allié. Il met en œuvre la réorganisation de grande ampleur nécessitée par la nouvelle donne internationale. Les missions du « Service Action » dans un contexte d’enjeux majeurs et de tensions exacerbées au Moyen-Orient, dans le Pacifique, en Afrique, et à l’Est, ont porté très haut les responsabilités confiées par l’État à André Devigny. Par ailleurs, il s’attache avec opiniâtreté à faire admettre l’importance de préparer la guerre clandestine dès le temps de paix. Il fait partie des cadres du SDECE à conserver leur poste après l'arrivée d'Alexandre de Marenches au poste de Directeur général.

Promu général en 1971, il se retire ultérieurement dans sa Haute-Savoie natale. Il acquiert le château des Onges à Hauteville-sur-Fier, qu'il remet en état et l'accompagne par la plantation d'un parc boisé[7]. De là, à l’occasion de nombreuses interventions publiques, il adresse aux jeunes générations un message « martelant la valeur de l’exemple et le prix de la liberté ». André Devigny s'est marié en aout 1937 avec Olga Caccia et ils auront 4 enfants.

Après son décès en , André Devigny[8] - [9] - [10] sera inhumé au petit cimetière d’Hauteville-sur-Fier (Haute-Savoie ou la place de la mairie porte son nom). De nombreux hommages lui seront rendus dans la Presse aussi bien en France[4] - [11] - [12] qu'à l'étranger[8] - [13].

DĂ©corations

Publications et bibliographies

  • Un condamnĂ© Ă  mort s'est Ă©chappĂ©, Gallimard, 1956[1]
  • Je fus ce condamnĂ©, Presse de la CitĂ©, 1978 [3]
  • Allier Adrien, AndrĂ© Devigny – dossier historique, dans publication (bande dĂ©ssinĂ©e) L’évasion, Rebière Mathieu Éditions Jarjille, 2021[17].
  • Biographie sur le site de l'Ordre de la LibĂ©ration[18]
  • Montluc - Antichambre de l'inconnu[19], 1942-1944 de Bruno Permezel - Livre - Decitre
  • Amazon.fr - 1061 Compagnons[20] : histoire des compagnons de la libĂ©ration - Auteur Notin - Editeur Librairie AcadĂ©mique Perrin

Notes et références

  1. « Un condamné à mort s'est échappé - L'Air du Temps - GALLIMARD - Site Gallimard »
  2. Robert Bresson, « Bande annonce Festival de Cannes film "un condamné à mort s'est échappé" », .
  3. André Devigny, « Je fus ce condamné », sur Ministère des Armées,
  4. « Dailymotion : André Devigny le plus jeune héro décoré de la Résistance »
  5. Fiche 3335 W 29 / 333 Archives départementales du Rhône / Fonds Montluc
  6. Victor Vaissade, « Histoire : mémoire d’une évasion en 1943 »,
  7. Christian Regat et François Aubert, Châteaux de Haute-Savoie : Chablais, Faucigny, Genevois, Yens/Morges Saint-Gingolph, Ed. Cabédita, coll. « sites et villages », , 193 p. (ISBN 978-2-88295-117-5), p. 94
  8. Library of Congress USA, « Devigny, André, 1916-1999 »
  9. « Detailed Pedia André Devigny »
  10. Éditions Larousse, « André Devigny - LAROUSSE », sur www.larousse.fr (consulté le )
  11. François Leterrier, « Une histoire vraie (Arte) »
  12. Jacques Isnard, « Le Monde »
  13. Douglas Johnson "The Independant" UK, « General Andre Devigny »,
  14. « Archives de la Défence »
  15. « André DEVIGNY », sur Musée de l'Ordre de la Libération (consulté le )
  16. « - Mémoire des hommes », sur www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr (consulté le )
  17. Mathieu Rebière, « L'évasion Lyon juin 1943 », Dossier historique d'Adrien Allier avec photos, fac simile des lettres authentiques d'André Devigny et plans de la prison de Montluc (pages 111 à 120) en support de la publication illustrée de Matthieu Rebière. Éditions Jarjille (bande déssinée),
  18. Musée de l'Ordre de la Libération, « André Devigny »
  19. Bruno Peremezel, « Montluc antichambre de l'inconnu 1942-1944 »
  20. LAP Perin / Jean-Christophe Notin, « 1061 Compagnons »,

Voir aussi

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