Amorgós
Amorgós (grec moderne : Αμοργός) est une île grecque, la plus orientale des Cyclades[1]. Elle dispose de deux ports sur sa côte ouest : Katápola au centre et Órmos Egiális (ou Aighialis) au nord.
Amorgós Αμοργός (el) | ||
Vue de la baie et du port de Katápola. | ||
Géographie | ||
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Pays | Grèce | |
Archipel | Cyclades | |
Localisation | Mer Égée (mer Méditerranée) | |
Coordonnées | 36° 50′ 25″ N, 25° 53′ 15″ E | |
Superficie | 121 km2 | |
Côtes | 112 km | |
Point culminant | Mont Krikellos (821 m) | |
Géologie | Île continentale | |
Administration | ||
Périphérie | Égée-Méridionale | |
District régional | Naxos | |
Dème | Amorgós | |
Démographie | ||
Population | 1 851 hab. (2001) | |
Densité | 15,3 hab./km2 | |
Plus grande ville | Chóra | |
Autres informations | ||
Découverte | Préhistoire | |
Fuseau horaire | UTC+02:00 | |
Site officiel | http://www.amorgos.com | |
Géolocalisation sur la carte : Grèce
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Île en Grèce | ||
Le chef-lieu, appelé Chóra ou Amorgós, est situé à 320 m d'altitude. L'île est plus ou moins divisée en trois pôles regroupant plusieurs villages :
- Egiáli au nord (Langáda, Tholária, Potamós, O. Eghialis) ;
- Katapola et Chóra au centre ;
- les káto meriá (« le pays d'en bas ») au sud.
L'île est célèbre pour son monastère de la Chozoviótissa accroché à la falaise.
Elle a acquis une nouvelle notoriété avec le film de Luc Besson Le Grand Bleu, dont plusieurs scènes ont été tournées en 1987 à Chóra et au pied du monastère de la Chozoviótissa[2].
Géographie
Amorgós s'étend sur 121 km2 et compte 112 km de côtes. Elle fait 33 km de long sur une moyenne de 2 à 6 km de large[3]. Elle se situe à 138 milles marins du Pirée (256 km). Sa population s'élevait à 1 973 habitants (en 2011).
Sur toute sa longueur, l'île est traversée par une chaîne de montagnes qui descend abruptement dans la mer le long de la côte sud-est. Le mont Krikellos, situé à l'est d'Egiáli, culmine à 821 m.
Amorgós n'est plus autosuffisante en eau. Elle en reçoit toute l'année, surtout l'été à cause de la saison touristique. L'approvisionnement se fait par bateau-citerne depuis le port du Laurion en Attique, pour un coût moyen de 8,30 € le mètre-cube[4].
Au nord de l'île à mi-chemin entre Hora et Aegiali se trouve l'îlot longiligne et désertique de Nikouria (4 km de long).
Administration
Depuis 1997, le dème (municipalité) d'Amorgós regroupe les districts municipaux d'Egiáli (Langada), Amorgós (Chóra), Arkesíni, Vroutsis, Tholária et Katápola.
Tourisme
Comparaison du poids du tourisme dans diverses îles des Cyclades
Amorgós | Naxos | Paros | Mykonos | Santorin | |||||||||
Nombre de lits (2006)[5] | 298 | 4 239 | 6 616 | 9 274 | 9 789 | ||||||||
Lits/km2 (1997) | 11,2 | 17,9 | 81,8 | 154,2 | 253,4 | ||||||||
Lits/habitants (1997) | 0,71 | 0,43 | 1,25 | 1,36 | 1,6 | ||||||||
Nuitées/habitants (1997) | 2,9 | 8,5 | 47,2 | 127,2 | 20,6 | ||||||||
Nuitées/superficie (1997) | 41,5 | 351,9 | 3 102,8 | 14 374,3 | 3 264,3 | ||||||||
Source : Ioannis Spilianis, Tourisme et développement durable en Méditerranée. La Grèce., Université de l'Égée, 2003. |
Le tourisme s'y développe peu à peu, mais les caractéristiques de l'île la préservent du tourisme de masse. L'île n'est accessible que par bateau. Les trois principaux sites d'hébergements touristiques sont Katápola, Egiáli et Chóra. Les circuits de randonnées sont relativement bien entretenus. Les autres activités sont la plongée sous-marine, les activités relatives au bien-être, et les plages (mais ce n'est pas l'attrait principal de l'île en comparaison avec d'autres îles grecques).
Histoire
Préhistoire
- Amorgós est habitée dès le Néolithique (pointes de flèches en obsidienne remontant à 4500 avant notre ère).
- La période protocycladique, entre 3000 et 2000 avant notre ère, est l'âge d'or de l'île. Une douzaine d'acropoles avec palais et nécropoles ont été identifiées. Surtout, Amorgós produit alors de très nombreuses idoles cycladiques, donnant leurs noms à deux variétés de statues du type « canonique », celles de Kapsala et de Dokathismata.
Antiquité
- L'île est peuplée par les Ioniens vers 1200 av. J.-C.. À partir de la période archaïque, trois cités-États indépendantes se partagent l'île : Egiáli au nord, Minoa (située sur une colline au-dessus de Katapola), et Arkesini au sud.
- Amorgós tombe à l'époque archaïque sous la domination de Naxos, puis de Samos. Elle intègre ensuite l'alliance athénienne puis appartient aux Ptolémées d'Égypte et enfin aux Romains qui l'utilisent comme lieu d'exil. En -322, durant la "guerre lamiaque" eut lieu au large de cette île une bataille navale entre la flotte athénienne et la flotte d'Antipater, régent de Macédoine. La défaite athénienne consacra la fin définitive de la puissance navale de la cité.
Moyen Âge
- En 727 - 728, Amorgós se révolta contre l'empereur iconoclaste Léon l'Isaurien[6]. Elle fut attaquée par les Sarrasins, installés en Crète tout au long du IXe siècle et encore en 1027 et en 1035 : les habitants sont emmenés en esclavage[7]. Au XIe siècle, l'île est dépeuplée et le contrôle du pouvoir central s'efface : la défense et la collecte des impôts deviennent impossibles, Amorgós devient un lieu d'exil pour les dignitaires byzantins devenus indésirables et occasionnellement un nid de pirates, restant quasi abandonnée jusqu'à la fondation du monastère de la Chozoviótissa[8].
- Elle est annexée par Marco Sanudo au duché de Naxos vers 1206. Le kastro vénitien de Chóra est construit alors. Elle est reprise à Angelo Sanudo par Jean III Doukas Vatatzès en 1250, auquel succède un autre vénitien, Filippo Ghisi, cousin des Sanudi. Le corsaire byzantin Licario s'en empare en 1276 pour le compte de Michel VIII Paléologue. Elle est reconquise par des membres d'une branche des Ghisi installée en Crète, et incluse dans le traité entre Venise et l'Empire byzantin en 1303. Elle est cependant disputée aux Ghisi par les ducs de Naxos, qui l'occupent pendant plusieurs années. En 1312, elle est le théâtre de la bataille d'Amorgós entre l'émirat turc de Menteşe et l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem. En 1419, un traité entre les Ottomans et Venise confirme que l'île est sous la souveraineté vénitienne. En 1446, Giovanni Querini, comte d'Astypaléa, achète Amorgós aux Ghisi et au Sénat de Venise qui en possède un quart en propre[9].
Colonisation ottomane
- L'île est conquise par Barberousse pour l'empire ottoman en 1537, comme la plupart des Cyclades.
- Amorgós a souvent été la proie des pirates. Elle subit un dernier raid dévastateur par des bandits Maniotes en 1797[10].
Époque contemporaine
- Au terme de la guerre d'indépendance grecque, Amorgós est libérée avec le reste des Cyclades en 1832.
- Elle est de nouveau utilisée comme lieu d'exil au cours du XXe siècle : par le gouvernement de Venizélos en 1917, par le Régime du 4-Août de Ioánnis Metaxás dans les années 1930, puis pendant la dictature des colonels de 1967 à 1974.
- L’idole d’Amorgós, une des plus grandes statues cycladiques retrouvées.
- Site de Minoa, sur la colline dominant Katapola.
- Acropole d'Arkesini.
Le monastère de la Panagía Chozoviótissa
Ce monastère est un des plus spectaculaires de Grèce et une des plus anciennes constructions byzantines des Cyclades. Il est jusqu'au XIXe siècle un des plus riches de Grèce, possédant un vaste patrimoine foncier.
Il n'existe pas de document relatifs à sa fondation, mais des traditions orales parfois divergentes et des documents plus tardifs. Elle remonterait au XIe siècle[11]. Le monastère aurait été restauré ou véritablement fondé par l'empereur byzantin Alexis Ier Comnène en 1088. Il aurait été créé pour abriter une icône sauvée des iconoclastes par une femme pieuse originaire de Khoziva, un village de Terre Sainte.
Il est construit littéralement à flanc de falaise, à 300 m au-dessus de la mer. Par endroits, le monastère ne fait guère plus d'un mètre cinquante de large. La chapelle est installée dans une des anfractuosités du rocher. Tournefort, dans son Voyage d'un botaniste (1700) dit qu'il « ressemble de loin à une armoire appliquée vers le bas d'un rocher effroyable, taillé naturellement à plomb ». Il estime qu'une centaine de moines pouvaient y loger. En 1989, il n'y en avait plus que deux. Il semblerait que depuis les évolutions politiques en Europe de l'Est, de nombreux jeunes moines d'origine russe se soient installés à Amorgós, comme dans d'autres monastères de Grèce.
Ce monastère, dont les murs sont d'une extrême blancheur, a aussi l'allure d'une forteresse.
- Entrée du Monastère; l'arc brisé indique une influence latine.
- Escalier principal.
Littérature
- Pour se faire une idée de la vie à Amorgós à la fin du XIXe siècle, se reporter à l'œuvre de Gaston Deschamps La Grèce d'aujourd'hui au chapitre « six semaines dans l'île d'Amorgós »[12].
- Le poète Lorand Gaspar écrit au monastère de Chozoviótissa le poème Monastère, inclus dans le recueil Égée Judée.
- L'île est longuement décrite dans le roman Amorgós, de Jean-Luc Bermond (éd. Le Plein des sens, 2003).
Notes et références
- Brisson 2008, p. 2126.
- Cyclades du Sud : bleu, blanc, noir (2009).
- Cyclades du Sud : bleu, blanc, noir (2009) - diffusé sur la chaîne Arte le samedi 11 mai 2014.
- e-Kathemerini, 4 août 2008.
- Office national grec de la Statistique
- E. Malamut, Les îles de l'Empire byzantin., p. 106.
- E. Malamut, Les îles de l'Empire byzantin., p. 109-114.
- Paul Hetherington, The Greek Islands. Guide to the Byzantine and Medieval Buildings and their Art, p. 14-16.
- Guillaume Saint-Guillain, Amorgós au XIVe siècle. Une seigneurie insulaire entre Cyclades féodales et Crète vénitienne.
- (en) Paul Hetherington, The Greek Islands. Guide to the Byzantine and Medieval Buildings and their Art, Londres, 2001, p. 12-13. (ISBN 1-899163-68-9).
- « Amorgós, l'ile du grand bleu et l'un de nos coups de cœur », sur Hellenica - Découvrez les iles grecques et organisez votre voyage (consulté le ).
- Gaston (1861-1931) Deschamps, La Grèce d'aujourd'hui : Gaston Deschamps, A. Colin, (lire en ligne)
Voir aussi
Bibliographie
- (fr) Luc Brisson (dir.) (trad. du grec ancien), Platon, Œuvres complètes, Paris, Éditions Flammarion, (1re éd. 2006), 2204 p. (ISBN 978-2-08-121810-9)
Articles connexes
Liens externes
- Site officiel
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Ressource relative à la géographie :
- Ressource relative aux beaux-arts :
- (en) Grove Art Online
- (en) Tour d'Agia Triada, sur le site du ministère grec de la culture.