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Altobello Melone

Altobello Melone est un peintre italien né à Crémone vers 1491 et mort dans cette même ville le . Selon l'historien d'art Roberto Longhi il est :

« uno dei giovani più moderni ed audaci che contasse nei primi decenni del Cinquecento la pittura dell'Italia settentrionale ».
« un des peintres les plus modernes et audacieux qui comptent dans les premières décennies du XVIe siècle de la peinture de l'Italie septentrionale ».
Altobello Melone
Naissance
Décès
Activité
Lieu de travail
Parentèle
Giovanni V. Melon (d) (neveu)

Vie et profil artistique

Melone naquit à Crémone autour de 1490. On sait peu de chose sur son apprentissage et ses premières années de labeur : sa première œuvre officiellement reconnue fut la peinture de fresques du Duomo (cathédrale) de Crémone en 1516.

Dans ses débuts, comme en témoignent sa Vierge et l'enfant avec saint Jean (à l'Académie Carrara de Bergame) et son Adoration de l'Enfant Jésus entouré de saints (au Kunsthaus de Zurich) datée autour de 1510, Melone était à la recherche de son style, et subissait à la fois les influences de ses racines vénitiennes, ainsi que celles de Léonard de Vinci et de Bramante.

Il devint un disciple attentif d'Il Romanino, comme en témoigne sa Lamentation sur le Christ mort (Compianto su Cristo morto) datée de 1512 et conservée à la pinacothèque de Brera. Ce tableau fut probablement destiné à la décoration de l'église San Lorenzo de Brescia.

La convergence des styles de Melone et du Romanino fut telle au cours de la deuxième décennie du Cinquecento que l'écrivain Marcantonio Michiel cita Melone dans ses Notizie comme « un disciple d'Armanin ». Il devint même difficile de différencier les œuvres de l'élève de celles du maître, comme en témoigne pendant cette période la Transfiguration (au Szépmüvészeti Museum) et Les Amants (à la Gemäldegalerie de Dresde). Dans ce dernier tableau (dont Melone fit d'ailleurs plusieurs copies) son style s'éloigne radicalement du style et de la poésie du Titien. Comme l'a dit Mina Gregori : « À Venise, on rechercherait en vain ce mélange inextricable de misère et de noblesse que reflêtent ce bohème mélancolique et sa compagne ».

Portrait d'un gentilhomme

À cette période particulièrement fertile appartient l'œuvre la plus connue de Melone : le Portrait d'un gentilhomme, longtemps appelé aussi Portrait de César Borgia. L'œuvre, datée d'environ 1515, conservée à l'académie Carrara de Bergame, est frappante tant par le sujet que par le fond :

  • le sujet : un homme jeune, Ă©paules de face, regarde fixement vers sa droite, Ă  l'extĂ©rieur du cadre. Son cou musculeux sortant du col bas d'une chemise brodĂ©e qui dĂ©gage le haut du torse, son nez cassĂ©, ses yeux noirs au regard exaspĂ©rĂ©, vindicatif et passionnĂ© lui composent une physionomie qui pourrait correspondre Ă  celle de CĂ©sar Borgia. Seuls obstacles : le modèle semble Ă  l'Ă©vidence âgĂ© de 25 ans au plus et ĂŞtre dans la force de sa jeunesse, et le tableau parait avoir Ă©tĂ© peint autour de 1513, alors que CĂ©sar Borgia, usĂ© par une vie agitĂ©e, Ă©tait mort en 1507. Mais il est possible que Melone ait voulu peindre un Portrait de CĂ©sar Borgia Ă  25 ans.
    La main droite du jeune homme, petite, gainée dans un gant de chevreau blanc serré au poignet par un lac doré, est crispée sur son sternum, comme s'il avait couru pour se mettre à l'abri de l'orage dépeint en arrière fond. Le poing serre le pommeau d'une épée (qu'on ne voit pas sur la photo du tableau, photo de plus affectée d'une dominante rougeâtre...). Ses cheveux noirs sont mouillés, du moins les pointes qui touchent ses épaules et ne sont pas protégées par son élégant béret de velours vert foncé, orné sur le front d'un floc de fils d'or, et sur le côté d'une médaille d'or.
  • le fond : un terrible orage « Ă  la Giorgione » balaye le fond du tableau, derrière l'homme, de sa droite Ă  sa gauche. Sur fond de nuĂ©es bleuâtres, les branches issues d'un tronc d'arbre creux (rĂ©miniscence de la Tentation de saint Antoine de Joachim Patinier ?) s'inclinent sous la bourrasque qui chasse devant elle deux personnages : une femme moulĂ©e dans ses jupes plaquĂ©es Ă  son corps par l'ondĂ©e, et son compagnon, sabre au cĂ´tĂ©, qui se protège de son mieux avec un manteau dont les pans volent Ă  l'horizontale devant lui. Ă€ droite du tableau, un paysage qui semble inspirĂ© de JĂ©rĂ´me Bosch : des vagues se brisent sur des blocs de rocher, Ă  la base d'une falaise surmontĂ©e par un bâtiment tassĂ© sur lui-mĂŞme au pied d'un arbre Ă©chevelĂ©. Peut-ĂŞtre s'agit-il d'une allĂ©gorie : L'Intelligence et le Sens moral fuyant devant l'Ouragan des passions ?

Autre preuve du talent de portraitiste de Melone : son Portrait de dame (1510 ou 1515, à la Pinacothèque de Brera) : devant la citadelle de Brescia, pose une noble dame mélancolique, au collier fait de tortils de diverses couleurs.

1515 et 1518 sont deux dates importantes dans la carrière de Melone : il travailla à cette époque aux fresques de La vie du Christ sur les murs Duomo de Crémone.

Dans ce « temple de la peinture padouane », il est commissionné entre et 1518 aux fresques de la nef centrale, et son contrat exige même que ses fresques soient plus belles que celles de son prédécesseur Boccaccio Boccaccino, et que celles de son concurrent Giovanni Francesco Bembo.

Melone utilisera dans ses sept fresques le langage anticlassique et expressionniste qu'il a hérité du Romanino. La tendance transgessive du peintre apparaît en particulier dans Le Massacre des innocents, où l'exaspération de la gestuelle et la distorsion des visages font penser à Albrecht Dürer et à Altdorfer. Son style choque les commanditaires des fresques, au point qu'ils demandent (en 1517) au Romanino de cautionner cette œuvre de son disciple - puis même de prendre sa suite.

Cette touche grotesque, étonnante dans des œuvres sacrées, se retrouve par la suite dans d'autres œuvres de Melone, comme Sur le chemin d'Emmaus (National Gallery de Londres), ou le Voyage de sainte Hélène à Jérusalem à la recherche de la Vraie Croix (Collection Privée).

Plus tard, Melone atténuera cette tendance, et évoluera, dans le courant de la nouvelle tendance maniériste des peintres crémonais (Giulio Campi, Camillo Boccaccino), vers le langage plus attendri du Lotto ou du Corrège.

Son style fusionne alors celui de l'école lombarde au maniérisme.

Ĺ’uvres

Sur la route d'EmmaĂĽs
1516-1517
National Gallery de Londres

Notes

Bibliographie

  • Mina Gregori, Altobello e G. Francesco Bembo, dans Paragone, VIII, 93 (1957)
  • Mina Gregori, Altobello Melone, dans I Campi e la cultura artistica cremonese del Cinquecento, catalogue de l'exposition de CrĂ©mone, Electa, Milan (1985)
  • Marco Tanzi, Riflessioni sull'attivitĂ  di Altobello Melone dopo il 1520, dans Studi e bibliografie 3, Annali della Biblioteca Statale e Libreria Civica di Cremona, xxxvii/1, CrĂ©mone (1986)
  • Francesco Frangi, Sulle tracce di Altobello giovane, dans Arte Cristiana, 729 (1988)

Articles connexes

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