Almudena Grandes
Almudena Grandes Hernández, née le à Madrid et morte le dans la même ville, est une romancière et journaliste espagnole.
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Décès |
(Ă 61 ans) Madrid |
SĂ©pulture | |
Nom de naissance |
MarĂa Almudena Grandes Hernández |
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- |
Conjoint |
Luis GarcĂa Montero (de Ă ) |
A travaillé pour | |
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Genres artistiques |
RĂ©cit (d), roman Ă©rotique, nouvelle, chronique, roman |
Site web | |
Distinctions | Liste détaillée Premio La Sonrisa Vertical () Premios Cálamo (d) () Prix de la fondation José Manuel Lara (d) () Prix Méditerranée () Prix sœur Juana Inés de la Cruz (en) () Prix national de littérature narrative () Prix Jean-Monnet de littérature européenne du département de Charente () Médaille d'or du mérite des beaux-arts () Hijo Predilecto de Madrid () Docteur honoris causa de l'université de Cadix |
Les Vies de Loulou, Le CĹ“ur glacĂ© (d), Te llamarĂ© Viernes (d), Atlas de geografĂa humana (d), Malena c'est un nom de tango (d) |
Elle a étudié la géographie et l'histoire à l'université complutense de Madrid. Elle a remporté en 1989 le prix La Sonrisa Vertical pour Les Vies de Loulou, un roman érotique qui a été traduit en plusieurs langues et adapté au cinéma par le réalisateur Bigas Luna sous le même titre. D'autres réalisateurs ont également adapté ses livres au cinéma : Gerardo Herrero, Malena es un nombre de tango et Juan Vicente Códoba, Aunque tú no lo sepas (adapté du roman El lenguaje de los balcones).
Ses œuvres, situées dans l'Espagne de la fin du XXe siècle et du début du XXIe siècle, témoignent d'un grand réalisme et d'une pénétrante analyse psychologique des personnages.
En , elle a reçu le prix Sor Juana InĂ©s de la Cruz[1] qui rĂ©compense « le travail littĂ©raire dans le monde hispanophone »[2] pour InĂ©s y la alegrĂa.
Biographie
Depuis toute petite, Almudena Grandes a voulu ĂŞtre Ă©crivaine mais sous la volontĂ© de sa mère — qui souhaitait que sa fille se consacre Ă des « Ă©tudes de filles » — elle est entrĂ©e Ă la FacultĂ© d'histoire et de gĂ©ographie de l'UniversitĂ© complutense de Madrid. NĂ©anmoins, elle avoue qu'elle aurait prĂ©fĂ©rĂ© Ă©tudier le latin (Lettres classiques). Après avoir terminĂ© ses Ă©tudes, elle a commencĂ© Ă travailler en Ă©crivant des textes pour des encyclopĂ©dies. Elle a aussi jouĂ© quelques rĂ´les au cinĂ©ma (A contratiempo, de Oscar Ladoire (es). Étant fille et petite-fille « d'Ă©crivains amateurs de poĂ©sie », l'auteure dĂ©clare qu'elle ne s'est jamais dĂ©diĂ©e Ă un autre genre que le narratif, Ă l'exception de son Ĺ“uvre dramatique Atlas de geografĂa humana, genre pour lequel elle Ă©prouve « une grande passion et, en mĂŞme temps, une grande frustration ». Le premier roman publiĂ© par Almudena Grandes n’est autre que Les Vies de Loulou (1989), une Ĺ“uvre Ă©rotique qui a gagnĂ© le 11e Prix de La Sonrisa Vertical et qui a Ă©tĂ© adaptĂ©e au cinĂ©ma par Bigas Luna l'annĂ©e suivante. Le livre a eu un grand succès et il a Ă©tĂ© traduit en plus de 20 langues. Le succès dĂ©mesurĂ© de son premier roman, l'a amenĂ©e Ă dĂ©clarer que : « il lui a offert la vie qu'elle voulait vivre et jamais elle ne pourra rembourser cette dette ».
Son roman suivant, Te llamarĂ© Viernes (1991), alors exclu du genre Ă©rotique, n'a pas eu un grand succès. En revanche, Malena es un nombre de tango (1994) qui a Ă©tĂ© adaptĂ© au cinĂ©ma par Gerardo Herrero en 1996 a eu un grand succès. Dans la mĂŞme annĂ©e, un recueil d'histoires intitulĂ© Modelos de mujer a Ă©tĂ© publiĂ©, certaines d'entre elles dĂ©jĂ connues car parues dans une de ses frĂ©quentes collaborations dans la presse. Entre elles, « El vocabulario de los balcones », inspirĂ© d'un poème de son mari, Luis GarcĂa Montero, a servi de base pour le long mĂ©trage Aunque tĂş no lo sepas, dirigĂ© par Juan Vicente CĂłrdoba en 2000.
Atlas de geografĂa humana (1998), Los aires difĂciles (2002) y Castillos de cartĂłn (2004) font suite Ă l'Ĺ“uvre romanesque de l'auteure. Comme dans ses Ĺ“uvres prĂ©cĂ©dentes, toutes ont lieu en Espagne, dans le dernier quart du XXe siècle ou au dĂ©but du XXIe siècle, montrant, Ă l'aide de techniques rĂ©alistes et de l'introspection psychologique, la vie quotidienne des personnages de cette Ă©poque.
En 2003, une sĂ©rie d'articles parus dans le journal espagnol El PaĂs ont Ă©tĂ© publiĂ©s sous le nom de Mercado de BarcelĂł. En 2005, elle poursuit son Ĺ“uvre courte avec Estaciones de paso, un nouveau livre composĂ© de cinq courtes histoires Ă propos de plusieurs adolescents qui doivent aborder diverses situations qu'ils ne sont pas en mesure de comprendre, mais comme il s'agit de leur vie, ils doivent la vivre.
Le film Los aires difĂciles, dirigĂ© par Gerardo Herrero, tirĂ© du roman homonyme, est sorti en 2006. Les rĂ´les principaux ont Ă©tĂ© jouĂ©s par JosĂ© Luis PĂ©rez, Cuca Escribano et Roberto EnrĂquez.
En 2007, elle a publié El corazón helado, un récit long et complexe qui aborde le sujet de la vie de deux familles espagnoles tout au long d'une grande partie du XXe siècle. L'année suivante, ce roman a gagné deux prix importants, le prix José Manuel Lara et le prix du Gremio de Libreros de Madrid.
Le , le film Atlas de geografĂa humana sort sur les Ă©crans. TirĂ© du roman homonyme, il est rĂ©alisĂ© par Azucena RodrĂguez, amie de l'Ă©crivaine, et les rĂ´les principaux sont jouĂ©s par Cuca Escribano, Montse Germán, MarĂa Bouzas et Rosa Vilas.
Son roman InĂ©s y la alegrĂa (2010), avec lequel on commence la sĂ©rie Episodios de una guerra interminable – qui a gagnĂ© au Mexique le Prix Elena Poniatowska – a Ă©tĂ© qualifiĂ© d'« Ĺ“uvre narrative prodigieuse, liĂ©e Ă la tradition de GaldĂłs, Ă©crit contre vents et marĂ©es, contre la tendance gĂ©nĂ©rale de notre temps, qui marche Ă toute vitesse, tant du cĂ´tĂ© de celui qui la crĂ©e que de celui qui veut le lire ». Cette sĂ©rie romanesque sur l'après-guerre civile comprend 5 volumes publiĂ©s, et un sixième qui n'a pu ĂŞtre achevĂ©[3].
Vie privée
Elle est mariĂ©e au poète Luis GarcĂa Montero.
Elle meurt des suites d’un cancer à Madrid, le , à l'âge de 61 ans[4].
Orientation politique
Almudena Grandes est chroniqueuse rĂ©gulière du journal El PaĂs et elle participe souvent aux programmes de la chaĂ®ne de radio Cadena SER. Elle s'est distinguĂ©e par ses positions politiques de gauche, en montrant son soutien public au parti politique Gauche unie prĂ©cĂ©demment (par exemple, lors des Ă©lections gĂ©nĂ©rales de 2011). En ce qui concerne les rĂ©centes dĂ©clarations qu'elle a faites Ă propos de la rĂ©alitĂ© politique actuelle, l'auteure a affirmĂ© que pour les Ă©lections gĂ©nĂ©rales de 2015 « elle ne se tournera vers aucun parti », parce que, selon elle, aucun d'entre eux ne reprĂ©sente son idĂ©ologie. Dans une interview accordĂ©e en 2010, l’une des questions qu'on lui avait posĂ©es Ă©tait « depuis quand elle avait son cĹ“ur inclinĂ© Ă gauche », elle a rĂ©pondu que, – comme beaucoup d'autres questions idĂ©ologiques vitales dans lesquelles repose sa pensĂ©e–, elle a rejoint la gauche en lisant.
L'auteure a aussi signalé que l'Espagne, tout au long de la première décennie du dernier siècle, est devenu un pays de « vulgaires et niais ». À son avis, c'est une société très désagréable et insensible, pleine de gens égoïstes plongés dans un mirage de consumérisme et matérialisme. Le roman Los besos en el pan (2015) traite de la crise espagnole de 2008 et revendique l'idée de vivre dignement, comme nos grands-parents. Cette idée est très importante parce que figure dans les dialogues entre grands-parents et petits-fils, le besoin d'être suffisamment humble pour se rendre compte de la pauvreté qu'il y a eu dans l'Espagne et comment lutter contre elle.
En ce qui concerne l'après-guerre et la transition démocratique espagnole, Grandes affirme que la culture la plus développée (à propos de la Guerre d'Espagne et l'après-guerre) est en rapport avec le silence et les informations que « les grands-parents » conservaient. Les générations suivantes n'ont pas su comprendre l'histoire contemporaine espagnole à cause de ce silence général. D'après les déclarations de l'auteure, le franquisme fut une dictature prototypique à cause de son application nette de la terreur ; tout était mis en place par le gouvernement pour que personne ne puisse bouger ni même changer les choses. La Transition espagnole fut montrée comme exemple dans tous les pays du monde, en particulier dans les pays d'Amérique latine. Selon elle, d'un point de vue institutionnel, la Transition eut un succès sans précédent par l'introduction d'une démocratie inédite et exemplaire, solide et réelle. Cependant, en partant d'un point de vue moral, l'auteure pense que trente ans après son implantation, la Transition a été un échec quant à l'idéologie pour la génération suivante : « en ne reconnaissant pas les règles du jeu établies dans les années 70 ». Malgré cela, Grandes admet que : « Cette génération (celle de la transition) a fait de façon honnête ce qu'elle pensait qu'elle devait faire ».
Dans un entretien publié en , l'auteure affirmait que la littérature est une « vie pour les gens qui sont en vie, elle te permet de vivre, en plus de ta propre vie, beaucoup d'autres vies ». Selon elle, la littérature « donne des ailes et accroît les connaissances des lecteurs sur la réalité », c'est pourquoi elle dit avoir appris beaucoup de choses dans la vie, mais plus encore à travers les livres qu'elle a lus. En outre, l'auteure soulignait que le besoin instinctif d'entendre d'autres histoires et de connaître d'autres vies est la force qui nous pousse en tant qu'êtres humains à lire. En même temps, l'auteure affirmait dans le même entretien que le langage est l'expression de la pensée, car il n'existe que ce que l'on peut dire : « S'il nous manque des mots qui nomment des choses il nous manquera aussi ces choses ; les gens n'arrivent pas à comprendre jusqu'où le langage pauvre appauvrit la pensée, les expériences et les plaisirs de la vie ».
En ce qui concerne la passion que réveillent sa littérature et ses lecteurs, Grandes ajoutait aussi lors de l'entretien de 2010 : « Mes lecteurs représentent ma liberté, tant qu'ils seront là , je continuerai à écrire les livres que je pense que je dois écrire au lieu des livres que d'autres pensent que je dois écrire. Cependant, lorsque j'écris, j'écris pour me faire plaisir à moi-même ; pour convaincre la lectrice que je suis (la plus critique de toutes) ; pour leur faire plaisir à eux ; pour leur rendre, d'une certaine manière, tout ce qu'ils m'ont donné, parce que nous sommes inséparables. »
Le parti d’extrême-droite Vox déclenche une polémique à sa mort, l'une de ses sections régionales publiant sur les réseaux sociaux le message : « Dans la haine tu as vécu et dans la haine tu es mort »[5].
Influence de son Ĺ“uvre
L'influence, en particulier pendant son adolescence, d'auteurs comme Benito Pérez Galdós, Daniel Defoe – surtout son livre Robinson Crusoé – et Homère et son Odyssée a été très importante dans son œuvre. Ces livres montrent l'attachement de l'auteure au personnage archétype du survivant, pas nécessairement à celui du naufragé, mais à ceux qui survivent pour eux-mêmes, de préférence aux héros, antihéros, etc. De même, comme pour de nombreux écrivains espagnols, l'influence de Cervantes est très importante, amenant Almudena Grandes à produire des histoires complexes avec imbriqués à l'intérieur d'autres récits plus courts .
Non seulement des Ă©crivains ont influencĂ© Almudena Grandes, mais aussi des cinĂ©astes comme Buñuel: « C'est difficile Ă voir, mais (…) la fin de Los aires difĂciles est influencĂ©e par la fin de Viridiana. »
Ĺ’uvre
Romans
- Las edades de LulĂş (Tusquets, 1989) (ISBN 8472237486)
- Te llamaré Viernes (Tusquets, 1991) (ISBN 8472238350)
- Malena es un nombre de tango (Tusquets, 1994) (ISBN 8483106558) Malena c'est un nom de tango, Paris, Plon, 1996 ; réédition, Paris, Pocket no 10274, 2000 (ISBN 978-2-266-07753-8)
- Atlas de geografĂa humana (Tusquets, 1998) (ISBN 8483100738) Atlas de gĂ©ographie humaine, Paris, Grasset, 2000 (ISBN 978-2-246-58531-2)
- Los aires difĂciles (Tusquets, 2002) (ISBN 8483101955)
- Castillos de cartĂłn (Tusquets, 2004) (ISBN 8483102595)
- El corazĂłn helado (Tusquets, 2007) (ISBN 9788483103739)
- InĂ©s y la alegrĂa (Tusquets, 2010) (ISBN 9788483832530)
- El lector de Julio Verne (Tusquets, 2012) (ISBN 9788483833889) Le Lecteur de Jules Verne, Paris, JC Lattès, 2013 ; réédition, LGF, coll. « Le Livre de poche » no 33462, 2014 (ISBN 978-2-253-17947-4)
- Las tres bodas de Manolita (Tusquets, 2014) (ISBN 9788483838457) Les Trois Mariages de Manolita, Paris, JC Lattès, 2016 ; réédition, Le Livre de poche no 35259, 2019 (ISBN 978-2-253-06989-8)
- Los besos en el pan (Tusquets, 2015) (ISBN 9788490661918)
- Los pacientes del doctor GarcĂa (Tusquets, 2017) (ISBN 9788490664322) Les Patients du docteur Garcia, Paris. JC Lattès, 2020 ; rĂ©Ă©dition, Le Livre de poche, 2022 (ISBN 978-2-253-24211-6)
- La madre de Frankenstein (Tusquets, 2020) (ISBN 9788490667804) Les Secrets de Ciempozuelos, Paris. JC Lattès, 2022
Prix et reconnaissances
- Prix La Sonrisa Vertical 1989 pour Les Vies de Loulou
- Prix à la Cohérence 2002 (attribué chaque année par l’Assemblée Locale du parti politique Izquierda Unida de Guardo, Palencia)
- Prix Julián Besteiro des Arts et des Lettres 2002 pour l'ensemble de son œuvre
- Prix Cálamo au Meilleur Livre de l'AnnĂ©e 2002 pour Los aires difĂciles
- Prix Crisol 2003 pour Los aires difĂciles
- La bibliothèque municipale d'Azuqueca de Henares, inaugurée en , porte son nom
- Prix Fondation José Manuel Lara 2008 pour El corazón helado
- Prix du Gremio de Libreros de Madrid 2008 pour El corazĂłn helado
- Premio de la Critique de Madrid 2011 pour InĂ©s y la alegrĂa
- Prix Latino-AmĂ©ricain du Roman Elena Poniatowska 2011 pour InĂ©s y la alegrĂa
- Prix Sor Juana InĂ©s de la Cruz 2011 pour InĂ©s y la alegrĂa
- Le centre d'éducation maternelle et primaire (CEIP en espagnol) du quartier de Las Morillas (Málaga) a son nom
- Médaille d'or du mérite des beaux-arts, décernée par le Ministère de l'Éducation, de la Culture et des Sports, à titre posthume, en 2021[6]
Notes et références
- (es) « Almudena Grandes : 'España jamás agradeció al exilio todo lo que le debemos' », sur El Mundo (consulté le ).
- « Feria internacional del libro de guadalajara : : premio de literatura sor juana… », sur fil.com.mx via Wikiwix (consulté le ).
- « La mort de l’écrivaine espagnole Almudena Grandes », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
- Camille Pauvarel, « La littérature espagnole en deuil après la mort de la romancière Almudena Grandes », sur euronews.com, (consulté le ).
- « El miserable comentario de Vox ante el fallecimiento de Almudena Grandes: “Con odio has vivido y con odio has muerto” », luhnoticias.es,‎ (lire en ligne)
- (es) « 1064/2021, de 30 de noviembre, por el que se concede, a tĂtulo pĂłstumo, la Medalla al MĂ©rito en las Bellas Artes, en su categorĂa de oro, a doña MarĂa Almudena Grandes Hernández », sur Bulletin officiel de l'État, Ministère de la Culture, (consultĂ© le ).
Liens externes
- (es) Site officiel
- Ressources relatives Ă l'audiovisuel :
- Allociné
- (en) AllMovie
- (de + en) Filmportal
- (en) IMDb
- Ressource relative à la littérature :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :