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Alliance internationale Jeanne d'Arc

L'Alliance internationale Jeanne d'Arc est une association féministe catholique fondée à Londres en 1911. Elle bénéficie du statut consultatif (II) auprès de l'ONU (UNESCO) depuis 1952, et elle est accréditée auprès de la Conférence des organisations internationales catholiques.

Elle lutte pour le vote des femmes et pour les droits familiaux, sociaux, politiques des femmes avec un intérêt spécial pour les femmes du Tiers-Monde. Elle demande l'accès des femmes à toutes les fonctions ecclésiales.

But

En 1977, Anne-Marie Pelzer définissait ainsi le but de l'Alliance : « L'Alliance lutte pour la reconnaissance de l'identité des droits entre femmes et hommes, ce qui n'implique pas nécessairement l'identité de choix ! L'Alliance ne désire pas que les femmes imitent les hommes d'aujourd'hui dans leurs caractéristiques, leurs options, leur style de vie ; elle ne tient pas à les masculiniser ni à déféminiser la société. L'Alliance lutte pour que les hommes et femmes puissent,selon leur personnalité et leurs talents individuels, choisir librement leur travail parmi tout l'éventail des tâches utiles à la société. Elle veut détruire les stéréotypes qui, arbitrairement, confient les femmes à certains genres d'activités et qui écartent les êtres masculins de ces rôles étiquetés « féminins ». Loin d'appauvrir l'humanité par un nivellement des sexes, le féminisme préserve l'originalité individuelle : cette lutte contre l'abaissement des personnes enrichit et épanouit tout l'humanité. L'Alliance est toujours restée exclusivement orientée vers cet objectif, soucieuse de préserver son action féministe de toute équivoque qu'entraîneraient des engagements politiques ou religieux, aussi louables qu'ils puissent être. »

DĂ©nominations successives

  • 1911 : Catholic Women's Suffrage Society (CWSS)
  • 1923 : St. Joan's Political and Social Union
  • 1954 : St Joan's International Alliance / Alliance internationale Jeanne d'Arc
  • 2002 : St. Joan's International Alliance / Alliance Terre des Femmes

DĂ©veloppement de l'Alliance

Au début du XXe siècle en Grande-Bretagne la loi organisait la subordination des femmes aux hommes dans la famille et la société. Quant aux Églises, notamment l’Église catholique romaine qui nous intéresse ici, elles accordaient souvent un sceau divin à la domination masculine[1], si bien que le mouvement féministe naquit largement hors de l’Église.

Des femmes catholiques considèrent pourtant que la doctrine chrétienne authentique réclame au contraire l’égalité des droits pour les femmes et les hommes. S’affirmant « féministes et catholiques », elles fondent en 1911 « The Catholic Woman's Suffrage Society » avec Kathleen Fitzgerald pour présidente et Gabrielle Jeffery pour secrétaire. Leur première réunion publique a lieu en , au Kensington Town Hall de Londres. Elles établissent bientôt des sections locales à Liverpool, Brighton et Hastings puis à Bristol et Édimbourg, et elles se dotent d’un organe de communication en 1914 - The Catholic suffragist - , qui sera renommé The Catholic Citizen en 1918.

Au suffragisme viennent s’ajouter d’autres revendications, si bien qu’en 1923, le groupe prend le nom de St. Joan's Social and Political Alliance.

En 1954, l'Alliance est établie dans plusieurs pays. Elle prend donc le nom de St Joan's International Alliance (Alliance internationale Jeanne d'Arc) tandis que sa section britannique est nommée Great Britain and Northern Ireland Section of the St Joan's International Alliance.

En 1995, l’Alliance compte 5 sections nationales (Belgique, France, Royaume-Uni, Italie, États-Unis) et des membres individuels en Allemagne, en Suisse et au Zaïre.

Chronologie du développement de l’Alliance

  • 1911 : fondation de The Catholic Woman's Suffrage Society et première rĂ©union publique en juillet, au Kensington Town Hall de Londres
  • 1912 : affiliation au Federated Council of Suffrage Societies
  • 1924 : membre fondateur du ComitĂ© de Liaison des Organisations internationales fĂ©minines (Liaison Committee of the International Organisations of Women).
  • 1951 : obtention du statut consultatif de catĂ©gorie II auprès du Conseil Ă©conomique et social des Nations unies (ECOSOC). Participation notamment Ă  sa Commission sur la Condition de la Femme.
  • 1952 (?) : reconnaissance officielle par l’Organisation internationale du travail (OIT)
  • ? : reprĂ©sentation officielle Ă  l’UNESCO
  • ? : inscrite sur les registres du Conseil pontifical pour les laĂŻcs
  • ? : membre associĂ© de la ConfĂ©rence des organisations catholiques internationales.
  • ? : la secrĂ©taire gĂ©nĂ©rale internationale, Florence Barry, est honorĂ©e de la croix « Pro Ecclesia et Pontifice ».

Chronologie des campagnes de l’Alliance

  • 1937 : rapport Ă  la SociĂ©tĂ© des Nations sur la condition des femmes en Afrique et en Asie.
  • ? : campagne contre la prostitution, l’esclavage et la traite, rapport d’enquĂŞte Ă  la SociĂ©tĂ© des Nations (Commission contre l’esclavage) et au gouvernement britannique.
  • 1952 : intervention pionnière contre les mutilations sexuelles infligĂ©es aux jeunes filles (MSF) auprès du Conseil Ă©conomique et social des Nations unies.
  • 1961 : requĂŞte auprès de Rome en faveur de l’ordination de femmes au diaconat.
  • 1962 : requĂŞte auprès de Rome pour la prĂ©sence de laĂŻcs, femmes et hommes, au deuxième concile Ĺ“cumĂ©nique du Vatican (« Vatican II »), en tant qu’observateurs et experts.
  • 1962-1965 : DĂ©clarations Ă  la clĂ´ture de chacune des AssemblĂ©es gĂ©nĂ©rales du second concile du Vatican
  • 1963 : requĂŞte auprès de Rome pour l’ordination de femmes au ministère presbytĂ©ral (prĂŞtres).
  • 1965 : Ă  partir de cette date, requĂŞte pour la rĂ©vision des articles discriminatoires dans le code de droit canonique (droit de l’Église) – 17 articles furent ainsi modifiĂ©s ou supprimĂ©s.
  • 1967 : sur l’insistance de la prĂ©sidente de l’Alliance, le Congrès mondial des laĂŻcs Ă  Rome se prononce en faveur des droits des femmes dans l’Église catholique.
  • 1971 : Ă  la suite de l’intervention de la section canadienne de l’Alliance, la ConfĂ©rence des Ă©vĂŞques catholiques du Canada se dĂ©clare en faveur de l’ordination des femmes aux ministères de l’Église. Au synode de Rome en 1971, ils obtiennent la crĂ©ation d’une Commission d’étude sur le rĂ´le des femmes dans la sociĂ©tĂ© et dans l’Église. Mais le Rome choisit elle-mĂŞme les membres de la commission au dĂ©triment des fĂ©ministes et Ă©carta de ses attributions la rĂ©flexion sur l’ordination des femmes.
  • 1974 : Frances McGillicuddy prĂ©sente Ă  la Commission sur la condition des femmes (ONU) un rapport sur la nouvelle approche du rĂ´le des femmes.
  • 1975 : Ă  la suite du rapport de la Commission d'Ă©tude sur le rĂ´le des femmes dans la sociĂ©tĂ© et dans l'Église, l’Alliance envoie Ă  Rome une critique qui est accueillie avec bienveillance par le prĂ©sident de la Commission, Mgr Bartolletti. Si bien que l’Alliance appuie dĂ©sormais les bonnes recommandations de la Commission malgrĂ© leur portĂ©e concrète très rĂ©duite.
  • 1981 : requĂŞte officielle auprès du Saint-Siège pour qu’il ratifie la « Convention pour la suppression du trafic d’êtres humains et l’exploitation de la prostitution d’autrui ». Nouvelle tentative en 1990.
  • 1988-1998 : requĂŞtes officielles auprès du Vatican, des confĂ©rences Ă©piscopales et de la ConfĂ©rence des organisations catholiques, dans le cadre de la DĂ©cennie de solidaritĂ© des Églises avec les femmes initiĂ©e par le Conseil Ĺ“cumĂ©nique des Églises.
  • 1990 : campagne contre la prĂ©fĂ©rence donnĂ©e aux enfants de sexe masculin et pour la protection des filles.
  • Participation active aux rĂ©dactions successives de la Lettre des Ă©vĂŞques amĂ©ricains aux femmes.

Relations avec l'Église catholique

Pour assurer sa liberté d’action, l’Alliance a préféré être une « organisation de catholiques » plutôt qu’une « organisation catholique » officielle. Mais elle est inscrite sur les registres du Conseil pontifical pour les laïcs et membre associé de la Conférence des organisations catholiques internationales. Par ailleurs la secrétaire générale internationale Florence Barry a été honorée de la croix « Pro Ecclesia et Pontifice ».

L’Alliance intervient auprès des conférences épiscopales et auprès du Saint-Siège pour la ratification des conventions internationales concernant les femmes.

Dès 1928, des membres de l'Alliance avaient publié un ouvrage sur l'accès des femmes aux fonctions ecclésiales.

L’Alliance prit le tournant décisif d'une revendication officielle intra-ecclésiale en 1961 avec la présidente internationale Magdeleine Leroy-Boy. Pionnière, l'Alliance lutta longtemps seule sur ce front.

Auprès des conférences épiscopales et de l'évêque de Rome (le pape) elle exerce une pression en faveur de l'accès des femmes aux ministères ordonnés (prêtre, diacre), de la participation des femmes aux décisions qui les concernent en matière de doctrine et de morale (notamment la régulation des naissances. Parmi ses membres, des théologiennes effectuent un travail de recherche sur une réinterprétation non-sexiste des Saintes Écritures, l'accès des femmes à l'enseignement théologiques, l'adoption d'une liturgie et d'un langage qui prenne en compte les femmes (« langage inclusif »), l'avenir des religieuses, etc.

Personnalités

  • Anne-Marie Arbeit
  • Pauline Archambault, prĂ©sidente de la section française et membre avec CĂ©cile de Corlieu, de l'Union spirituelle des femmes
  • Florence Barry, SecrĂ©taire internationale de l'Alliance pendant plusieurs dĂ©cennies. Titulaire de la croix Pro Ecclesia et Pontifice
  • Phyllis Challonner, aborda en 1928 la question de l'accès des femmes aux fonctions ecclĂ©siales dans le livre Towards Citizenship. A Handbook of Women's Emancipation.
  • Mary Daly
  • Vera Laughton Matthews, aborda en 1928 la question de l'accès des femmes aux fonctions ecclĂ©siales dans le livre Towards Citizenship. A Handbook of Women's Emancipation
  • Rita Hannon (sĹ“ur), Britannique.
  • Tina Govaert-Halkes, Hollandaise.
  • G. Heinzelmann, Suissesse, dirige en 1961 un ouvrage collectif fondateur en faveur de l'admission des femmes Ă  la prĂŞtrise sous le titre (allemand) de : Nous ne nous tairons plus ! Des femmes s'adressent au deuxième concile du Vatican[2]. Une avocate et cinq thĂ©ologiennes de l'Alliance en sont les signataires.
  • Marie LenoĂ«l, fondatrice et prĂ©sidente de la section française de l'Alliance internationale Jeanne d'Arc en 1937 : « Il est temps de dĂ©montrer que non seulement on peut ĂŞtre fĂ©ministe bien que catholique, mais fĂ©ministe parce que catholique »[3]. Elle lance la campagne contre l'esclavage et la traite.
  • Magdeleine Leroy-Boy (1941-1974), prĂ©sidente internationale de l'Alliance, elle entama le tournant des revendications concernant l'Église catholique.
  • Frances McGillicuddy, dĂ©lĂ©guĂ©e de l'Alliance Ă  la Commission sur la condition des femmes (New York)
  • Joan Morris, Britannique.
  • Agnès Mac Laren, une des premières membres de l'Alliance, docteure en mĂ©decine, fondatrice en 1909 Ă  Rawalpindi d'un hĂ´pital pour les femmes avec un personnel exclusivement fĂ©minin, qui permit aux femmes musulmanes de recevoir des soins qualifiĂ©s.
  • Ida Raming, Allemande.
  • Carla Ricci, fondatrice de la section italienne de Alleanza Internazionale Giovanna d'Arco et prĂ©sidente de 1987 Ă  2001. Docteure en lettre et philosophie de l'universitĂ© de Bologne. Thèse en histoire du christianisme sur Les Femmes qui suivaient JĂ©sus dans Luc 8,1-3
  • ThĂ©rèse Royer
  • Dr.Fede Shattock, Vice-President de l'Aliance internationale
  • Mme Stephan, prĂ©sidente de la section française
  • Leo Swidler, États-Unis, fonde le groupe Ĺ“cumĂ©nique de fĂ©minisme religieux Genesis III. Women Task Force in Religion

Bibliographie

Revues officielles

  • en anglais : The Catholic Citizen (1915-...)
  • en français : L'Alliance (1973-2002) puis Terre des Femmes (2002-...)
  • en italien : Alleanza (1989-2002) puis Terra delle donne (2003-...)

Articles

  • Alliance suffragiste Jeanne-d’Arc section française de Saint-Joans’s Social and Political Alliance, lettre adressĂ©e Ă  Georges Pernot signĂ©e de la prĂ©sidente V. Pesson-Depret et de la secrĂ©taire gĂ©nĂ©rale Mlle LenoĂ«l, La Française,
  • Pelzer Anne-Marie, Brève histoire de l'Alliance internationale Jeanne d'Arc : 1911-1977, L’Alliance, Bruxelles, 1992, p. 1-16.
  • Pelzer Anne-Marie, Courte histoire d'un mouvement catholique fĂ©ministe, L’Alliance Internationale Jeanne d'Arc, Bruxelles, 1992.

Fonds d'archives

  • Centre d'archives et de recherches pour l'histoire des femmes - CARHIF : Le Carhif a Ă©tĂ© crĂ©Ă© en . Cette association sans but lucratif est hĂ©bergĂ©e dans les locaux du Centre de rencontre et de confĂ©rences des femmes "Amazone", situĂ© Ă  Bruxelles. On y trouve notamment les fonds de l'Alliance internationale Jeanne d’Arc. Adresse : 10 rue du MĂ©ridien, 1210 Bruxelles.
  • Centre Louise-LabĂ© : Le Centre Louise-LabĂ© est un site de l'universitĂ© Lumière Lyon-2. On y trouve notamment les fonds sur l'Alliance Jeanne d'Arc qui Ă©taient auparavant situĂ©s au dĂ©funt Centre Femmes et Christianisme gĂ©rĂ© par Femmes et hommes en Eglise et hĂ©bergĂ© par l'Institut Catholique de Lyon. Adresse : Campus Porte des Alpes, 5, avenue Pierre-Mendès-France 69676 Bron cedex, bâtiment K, salle 226. Le fonds a quittĂ© le Centre Louise-LabĂ© en 2010.
  • Women's Library : Records of St Joan's International Alliance (rĂ©fĂ©rence 2SJA), Records of the St Joan's International Alliance (German Section) 1952-1981 (rĂ©fĂ©rence 5SJG) et publications de l'Alliance. Adresse : The Women's Library, London Metropolitan University, 25 Old Castle Street, London E1 7NT.
  • Notre Dame University (États-Unis) : rĂ©fĂ©rence CMBL 3/11-13.
  • En Italie, l'association de thĂ©ologiennes Voce Donna, tient la bibliothèque du Centre d'archive du Suffrage catholique (Biblioteca del Centro l'archivio del suffragismo cattolico) liĂ© Ă  l'Alliance Jeanne d'Arc (Alleanza Giovanna d'Arco)
  • Gard Robin, The archives of the Catholic Lay Societies. 1 : St. Joan's International Alliance, Catholic Archives, 21 (2001), Catholic Archives Society, p. 65-69. (ISSN 0261-4316)

Sources et notes

  1. CLARK Elaine, Catholics and the campaign for women's suffrage in England, Church History, 01/09/04, en ligne.
  2. G. Heinzeilmann et al., Ă©d. Interfeminas, Zurich, 1961.
  3. Van Lunen Chenu Marie–Thérèse, Femmes et hommes, Paris, Cerf, 1998, p. 100.

Ă€ voir aussi

Bibliographie complémentaire

  • RĂ©pertoire des sources du fĂ©minisme en Belgique, par E. Flour et C. Jaques sous la direction de E. Gubin et L. Van Molle, INBEL, Bruxelles 1993.
  • Clark Elaine, Catholics and the campaign for women's suffrage in England, Church History, 01/09/04, American Society of Church History (ASCH). En ligne.
  • Gubin, É. et Jaques, C., Dictionnaire des femmes belges, XIXe et XXe siècles, Bruxelles, 2006.
  • Heinzelman G. et al.We shall keep quiet no more! Women speak to the Second Vatican Council, Interfeminas, Zurich
  • Kane Paula M., The Willing Captive of Home?: The English Catholic Women's League, 1906-1920, Church History, 1991, American Society of Church History.
  • Mason F. M., The Newer Eve : The Catholic Women's Suffrage Society in England, 1911-1923, The Catholic historical review, 1986, vol. 72, n°4, Catholic University of America Press, Washington (États-Unis), pp. 620-638 (ISSN 0008-8080)
  • Kennedy Sally, Faith and feminism: Catholic women's struggles for self-expression, Studies in the Christian Movement, Sydney (Australie), 1985
  • Pelzer Anne-Marie, ThĂ©ologienne et fĂ©ministe, Les Cahiers du GRIF : Des femmes accusent l'Église, n°8, , Bruxelles, p.47-48.
  • Vanlommel Sofie, FĂ©ministe parce que catholique': de Saint Joan's International Alliance en Magdeleine Leroy-Boy (1941-1974), mĂ©moire de master Ă  l'universitĂ© catholique de Louvain sous la direction de H. Van Molle, 2007.

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