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Allée couverte et menhir de Prajou-Menhir

L' allée couverte et le menhir de Prajou-Menhir sont situés à Trébeurden dans le département français des Côtes-d'Armor. L'édifice est caractéristique des allées couvertes armoricaines à vestibule et cellule terminale. Elle comporte un décor pariétal intérieur exceptionnel. Le mobilier funéraire qui y a été retrouvé traduit une influence nordique indéniable.

Allée couverte et menhir de Prajou-Menhir
Image illustrative de l’article Allée couverte et menhir de Prajou-Menhir
L'allée couverte et au fond le menhir
Présentation
Type allée couverte, menhir
PĂ©riode NĂ©olithique
Protection Logo monument historique ClassĂ© MH (1956)
Caractéristiques
DĂ©cor paires de seins, idoles, lances
GĂ©ographie
CoordonnĂ©es 48° 47′ 42″ nord, 3° 33′ 53″ ouest
Pays Drapeau de la France France
RĂ©gion Bretagne
DĂ©partement CĂ´tes-d'Armor
Commune Trébeurden
GĂ©olocalisation sur la carte : CĂ´tes-d'Armor
(Voir situation sur carte : CĂ´tes-d'Armor)
Allée couverte et menhir de Prajou-Menhir
GĂ©olocalisation sur la carte : Bretagne
(Voir situation sur carte : Bretagne)
Allée couverte et menhir de Prajou-Menhir
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Allée couverte et menhir de Prajou-Menhir

Protection

L'ensemble est classé au titre des monuments historiques en 1956[1].

L'Allée couverte

L'allĂ©e couverte mesure environ 12 m de long et comporte deux parties distinctes. La chambre (9,50 m de long pour m de large) est dĂ©limitĂ©e par deux rangĂ©es parallèles d'orthostates (neuf cĂ´tĂ© sud, dix cĂ´tĂ© nord) et une dalle de chevet Ă  l'ouest. La hauteur sous dalle est rĂ©gulière(1,80 m en moyenne). L'ensemble est recouvert par trois grandes tables de couverture. La première porte des traces de tentative de dĂ©bitage, la seconde est inclinĂ©e vers le sud et la troisième est brisĂ©e en deux morceaux. La chambre est prolongĂ©e, derrière la dalle de chevet, par une cellule terminale, de forme trapĂ©zoĂŻdale, dont les parois sont approximativement alignĂ©es sur celles de la chambre. Cette cellule terminale est elle-mĂŞme recouverte par deux massives tables de couverture[2].

Intérieur de l'allée couverte

L'entrĂ©e se situe Ă  l'extrĂ©mitĂ© l'est de l'allĂ©e (azimut 105°). Elle est constituĂ©e d'un passage Ă©troit de 0,60 m de large dĂ©bouchant sur un vestibule de 1,75 m de long et 1,80 m de large. Le vestibule s'achève sur une porte constituĂ©e d'une dalle transversale laissant un passage de m de large cĂ´tĂ© sud pour accĂ©der Ă  l'intĂ©rieur de la chambre. Cet enchaĂ®nement architectural d'un vestibule, d'un passage Ă©troit, d'une chambre et d'une cellule se retrouve dans d'autres allĂ©es couvertes du dĂ©partement (La Roche-aux-FĂ©es, Liscuis II et III) ou dans le Finistère (AllĂ©e couverte de Lesconil, Men-Meur au Guilvinec)[2].

Sculptures et gravures

Trois orthostates de la chambre comportent sur leur face intérieure des sculptures d'une paire de seins, dont deux dalles situées face à face vers le fond de la chambre avant la dalle de chevet. Quatre orthostates de la cellule terminale, dont le verso de la dalle de chevet, comportent des motifs gravés ou sculptés[2] :

  • une dalle cĂ´tĂ© sud est dĂ©corĂ©e de deux paires de seins juxtaposĂ©es, mises en relief par un Ă©videment ovale qui les entoure tel un cartouche.
  • la dalle situĂ©e face Ă  elle, au nord, est ornĂ©e d'une gravure reprĂ©sentant un carrĂ© approximatif, de 420 mm de cĂ´tĂ© aux coins arrondis, prolongĂ© par une excroissance en forme d'Ă©querre tournant vers la droite dans la partie supĂ©rieure. Les bords intĂ©rieurs du carrĂ© sont soulignĂ©s par une rangĂ©e de petites cupules (15 mm de diamètre en moyenne). Deux autres cupules sont creusĂ©es Ă  l'intĂ©rieur du carrĂ© Ă  la base de l'Ă©querre. Ce motif a Ă©tĂ© reconnu comme la schĂ©matisation d'une idole, les deux cupules intĂ©rieures figurant les seins, l'excroissance reprĂ©sentant le cou et la tĂŞte dĂ©calĂ©e Ă  90°.
  • la dalle voisine, cĂ´tĂ© nord, comporte plusieurs motifs diffĂ©rents : une paire de seins sculptĂ©s surmontant un collier gravĂ© et une pointe de lance gravĂ©e (longueur 700 mm) surmontant une cupule.
  • la dalle de chevet est dĂ©corĂ©e d'un vaste panneau constituĂ© d'une idole carrĂ©e surmontĂ© d'un appendice sans tĂŞte, d'une pointe de lance gravĂ©e, d'une deuxième idole carrĂ©e surmontĂ©e d'un appendice en forme de crosse, d'une deuxième pointe de lance.

Les pointes de lance s'apparentent à celles figurées dans l'allée couverte du Mougau-Bihan mais dans le cas présent les pointes sont aplaties et les bords de lames parallèles. Ce type de décor a été rapproché avec les pointes de lances chypriotes à longue soie[2]. A Prajou-Menhir, la figuration de la «déesse-mère» prend deux formes distinctes : la double paire de seins jumelée comme à la Maison des Fées de Tressé, la paire de sein surmontant un collier comme à Crec'h Quillié. La représentation d'idoles carrées est le seul cas connu dans les allées couvertes[2], de même l'utilisation répétée et très ordonnancée des cupules comme motif de décoration est peu courante[2].

Selon Jean L'Helgouach, cette richesse du décor dans la cellule terminale accrédite l'idée qu'il s'agissait d'un sanctuaire.

Mobilier funéraire

Les fouilles archéologiques ont permis de découvrir un petit matériel lithique : 2 pointes de flèche tranchante et 1 grattoir en silex, plusieurs outils fabriqués à partir de galets avec une extrémité en biseau. Les éléments de parure se limitent à une perle circulaire en quartz. En dehors des tessons de poterie d'époque moderne, médiévale ou de l'âge du bronze, l'essentiel de la céramique retrouvée correspond à des poteries assez grossières (éléments dégraissants de grosse taille et cuisson médiocre) à fond plat, exempte de tout décor. Cette céramique s'apparente à celle de la culture Seine-Oise-Marne.

Deux vases intacts, du type « bouteille à collerette », ont été découverts. Ce type de vase a aussi été découvert dans les allées couvertes de Kergüntuil et de Mélus. Ces vases bouteilles s’apparentent aux Kragenflaschen nordiques (Pays-Bas)[2].

Essais de datation

«L'absence de charbons de bois dans le remplissage de cette allĂ©e couverte empĂŞche toute tentative de datage par le radiocarbone»[2], seuls le mobilier funĂ©raire et le dĂ©cor pariĂ©tal permet de proposer une estimation. «L'ensemble de la poterie appartient Ă  un faciès de la civilisation de Seine-Oise-Marne»[2] d'oĂą est absent tout Ă©lĂ©ment campaniforme, «il s'agirait donc bien d'un NĂ©olithique final pur»[2]. Le dĂ©cor (pointes de lance et idoles) peut-ĂŞtre assimilĂ© aux motifs similaires du Chypriote ancien III et du Cycladique Ancien, soit la fin du IIIe millĂ©naire (2 100 av. J.-C +/- 100) mais la prĂ©sence des vases de type Kragenflaschen pourrait encore repousser cette datation de 200 Ă  300 ans plus tĂ´t[2].

Le Menhir

Le menhir est situĂ© Ă  14 m Ă  l'est de l'entrĂ©e de l'allĂ©e, dans l'alignement de la paroi nord. Les fouilles archĂ©ologiques ont dĂ©montrĂ© qu'il s'agissait bien d'un menhir : la trace de la fosse d'installation et les petites pierres de calage ont Ă©tĂ© retrouvĂ©es sur place. Il mesure m de large Ă  la base pour m au sommet. Sa hauteur totale est de 2,20 m dont 0,80 m enfoncĂ© dans le sol[2]. Il s'agit manifestement d'un menhir indicateur signalant la tombe.

Notes et références

Annexes

Bibliographie

  • Jean L'Helgouach, « L'allĂ©e couverte de Prajou-Menhir en TrĂ©beurden (CĂ´tes-du-Nord) », Annales de Bretagne,‎ (lire en ligne)
  • Jean L'Helgouach, « Fouilles de l'allĂ©e couverte de Prajou-Menhir en TrĂ©beurden », Bulletin de la SociĂ©tĂ© prĂ©historique française,‎ (lire en ligne)

Articles connexes

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