Alisarda
Alisarda est une compagnie aérienne italienne basée à Olbia en Sardaigne, fondée dans les années 1960[1], qui a changé son nom en Meridiana après trois décennies puis en Air Italy dans les années 2010.
Histoire
Les 3 premières décennies
Alors qu'elle apparait encore à la fin des années 1980 comme un exemple de « développement maitrisé du tourisme insulaire en Sardaigne »[2], la compagnie doit renforcer sa flotte u début des années 1990, pour se préparer à la libéralisation des transports, dans le cadre européen[3].
Alisarda a été fondée le 29 mars 1963 à Olbia par Karīm al-Husaynī, mieux connu sous le nom d'Imam Aga Khan IV. Créée dans le but de promouvoir le développement de la Costa Smeralda en Sardaigne, notamment dans sa station balnéaire de luxe de Porto Cervo[4], cette compagnie aérienne a commencé ses opérations de taxi aérien le 1er avril 1964 à l' aéroport de Venafiorita, une bande de terre au sud d' Olbia, avec deux pistons bimoteurs Beechcraft C-45 de huit , connu sous le nom civil Beechcraft Model 18 Twin Beech. Le modèle enregistré I-SARE a été restauré et exposé à l'intérieur du terminal de l'aéroport d'Olbia.
La naissance de la compagnie aérienne Alisarda faisait partie des "retombées" économiques du développement touristique, dans les premières décennies d'existence du Tourisme en Sardaigne[1]. Au cours de la première année d'activité, les passagers transportés étaient 186. En 1966, première année d'activité en tant que transporteur régulier, 662 vols commerciaux ont été effectués sur la seule liaison autorisée, à savoir Olbia - Rome Fiumicino - Olbia, pour un total de 957 heures de vol et transporté 5 640 passagers. Dès 1968, Alisarda transporte plus de 20 000 passagers relie la Sardaigne aussi bien à la France qu'à l'Italie [5]. La même année une liaison vers Milan est aussi mise en place[6].
Au début des années 1970, la compagnie opère aussi une desserte régulière en saison entre Olbia et Ajaccio, en Corse[7], alors qu'elle dépend de la région sarde[8]. En 1971, le tronçon Olbia - Turin est entré en service avec une escale à Nice et en 1972 c'est le lien aérien vers Gênes, Bologne et Pise, la flotte ayant dans l'intervalle été étendue à trois Fokker F27 tandis qu'est lancé un service de fret aérien.
Alors que la compagnie aérienne publique italienne Alitalia, confrontée à une série de grèves "sauvages " dans le sillage du Premier choc pétrolier de 1974 et essuie des pertes de 235 millions de francs en 1976 après 292 millions en 1975, ses rivales Itavia et Alisarda tentent en 1977 d'obtenir de nouveaux droits de trafic[9] au moment où émerge un débat sur le fait que l'État italien consacre beaucoup d'argent aux transports[8].
Deux décennies après sa fondation, Alisarda comptait environ 600 employés et transportait 700 000 passagers en 1982[1].
Les années 1990
Alisarda a changé de nom, prenant le même pavillon que Meridiana fly, une compagnie-sœur sur le marché espagnol[10], le , année de ses premiers vols internationaux vers Barcelone, Paris, Londres et Francfort. Encore très rentable en 1998[10], sa situation se détériore ensuite[10].
Les années 2000
En 2000, la compagnie sarde, toujours détenue par l'Aga Khan, à hauteur de 79 %, se déclare « officiellement à la recherche d'un repreneur »[10]. Sa flotte est alors composée d'une vingtaine d'appareils moyen-courriers, en grande partie des BAe 146 et des McDonnell Douglas[10].
Les années 2010
Résultat de ce désengagement, en , Meridiana fusionne avec Eurofly, une compagnie spécialisée dans les vols charters. Le nouveau groupe prend le nom de Meridiana fly, deuxième transporteur aérien d'Italie, derrière Alitalia. Disposant d'un hub à Milan, en Lombardie[4], la compagnie effectue des liaisons vers les Etats-Unis, le Canada et l'Afrique, en plus des vols intérieurs en Italie[4].
En , Meridiana fly, nouveau nom d'Alisarda, s'empare d'une autre compagnie charter, Air Italy. Air Italy était une compagnie aérienne italienne qui avait initialement cessé ses opérations en 2002, avant d'être reprise par le capitaine Giuseppe Gentile, chef de Marchin Investments, avec le soutien de BVMS (Grande-Bretagne, 40 %) et Pathfinder (Luxembourg, 20 %).
En , Meridiana fly change une nouvelle fois de nom pour redevenir Meridiana, adoptant au passage une nouvelle livrée[11]. Elle opère alors une flotte de 17 avions.
En 2014, dans le cadre de mesures de réduction des coûts[12], une partie des 1600 salariés devait être licencié[12]. Une partie d'entre eux se sont retournés contre les trois PDG, les accusant de faute financière grave, en particulier, Massimo Chieli, PDG jusqu'en juillet 2011[12] et Giuseppe Gentile, à la tête d'Alisarda jusqu'au début de 2013 lorsqu'il a cédé la place à Roberto Scaramella, qui a démissionné en 2014[12].
La faillite après l'association avec Qatar Airways
En 2016, la compagnie Qatar Airways évoque le fait d'acquérir une partie du capital de la compagnie italienne. En , la Commission européenne donne son feu vert à cet achat et la compagnie qatarienne. Le tandem composé d'Air Italy et Alisarda s'est ainsi allié avec Qatar Airways en septembre 2017[13], cédant à la compagnie arabe la moitié de son capital[4], pour tenter de devenir durablement la marque numéro 1 du transport aérien en Italie[13], en proposant une classe business sur chaque vol[14] et en tentant de trouver une opportunité dans les difficultés d'Alitalia. L'objectif est alors de passer, en seulement 4 ans, de 11 à 50 appareils et de seulement 2,6 millions à 10 millions de passagers[4].
Privatisée en 2008 via la Compagnie aérienne italienne, et fusionnée avec Air One, Alitalia avait été reprise par la compagnie Etihad à hauteur de 49 % en 2014, puis soumise à une procédure de mise en faillite le [15].
Le , la compagnie change à nouveau de nom et devient Airitaly (en prenant son nom commercial de sa filiale Air Italy) sur impulsion de son principal actionnaire qatarien, Qatar Airways, avec la volonté affichée de devenir « le vecteur national pour l'Italie »[16] - [17].
Mais après moins de deux ans et demie après l'entrée au capital de Qatar Airways, l'aventure s'est traduite par des centaines de millions de pertes financières, causant l'arrêt de l'exploitation[13] et la mise en liquidation. Air Italy a subi en 2018 une perte de 164 millions d'euros, puis de 200 millions en 2019[13], ce qui met 1200 emplois en jeu [4]. Malgré ses difficultés, Alitalia a maintenu la concurrence contre Alitalia, se battant plus que jamais, en particulier sur les vols vers la Sardaigne, déclenchant un différend entre les deux rivales. Concurrencée aussi par EasyJet et Ryanair sur le segment des vols dits "moyen-courrier"[14], le duo Air Italy-Alisarda a souffert en particulier de l'arrêt du Boeing 737 MAX[14], qui constituait un quart, à lui seul de sa flotte de 12 avions[14]. En , à la suite des deux accidents mortels impliquant les 737 Max, la compagnie avait envisagé alors de se tourner vers un avion rival, l'A320 et plus globalement Airbus avec une possibilité d'annulation des commandes de 787 et de 737 Max.
Articles connexes
Notes et références
- Philippe Pons, Le Monde, « L'Aga Khan claque la porte en Sardaigne », 29 janvier 1983, lire en ligne
- "Avec la bénédiction de la GMF Nouvelles Frontières et Groupe A s'associent dans le transport aérien et la location de voitures", le 17 novembre 1989 dans Le Monde
- "Tourisme et peuplement de la côte en Sardaigne: les tendances en cours" par Maria Luisa Gentileschi, dans la revue Méditerranée en 1991
- "La compagnie Air Italy met la clef sous la porte, 1200 emplois en jeu" par l'AFP le mercredi 12 février 2020
- LIFE du 22 août 1969
- "Regional Airports", par M. N. Postorino, en 2011, page 28
- "Les liaisons aériennes de la Corse", par Jean-Marie Spill, professeur de géographie à l'université de Marseille, dans la revue Méditerranée 1972
- Le Monde du 24 juin 1977
- "Alitalia lance une vaste offensive commerciale", par Jacques de Barrin, le 6 juillet 1977 dans Le Monde
- "La compagnie italienne Meridiana à la recherche d'un repreneur" par Denis Fainsilber, dans Les Echos, le 25 janvier 2000
- (en)Meridana drops fly brand, ch-aviation, 29 mars 2013
- "Meridiana parent to revert to Alisarda as ex CEOs in hot water" le 1er décembre 2014, sur le site de Ch-aviation, société qui collecte et publie des informations sur le secteur aérien, basée à Coire, en Suisse
- "Clap de fin pour Air Italy", sur le site de Capital le 11/02/2020
- "Deux ans après sa relance, la compagnie aérienne Air Italy est déjà en faillite" par Olivier Chicheportiche, pour BFM TV, le 11 février 2020
- « Alitalia Starts Bankruptcy Proceedings After Turnaround Fails », Bloomberg.com, (lire en ligne, consulté le )
- (it) Mara Monti, « Meridiana diventa AirItaly: flotta di 50 aerei entro il 2020 e nuove rotte », sur Il Sole 24 ORE, (consulté le ).
- (en) « Italy’s Meridiana Relaunches as Air Italy », sur airlinegeeks.com,